LE VIN DES POETES (Episode 4)

Pour accompagner ces premiers propos à caractère « historique », écoutez cette création du guitariste Marc Roger, du groupe Soleil Nomade,  en hommage à l’écrivain et journaliste marseillais Jean-Claude Izzo. (A la 2ème guitare : Jean-Loïc Hannais; à la contrebasse : Laurent Clain; au saxo : Richard Altier).

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Soleil-nomade-Olé.mp3|titles=Soleil nomade – Olé]

 

Pour commencer

Le vin est apparu il y a près de 8000 ans, dans le triangle fertile

du Proche-Orient, ce creuset des civilisations, berceau de l’agriculture

autant que de l’écriture et des premières grandes métropoles.

Philippe Brénot

(Le Vin et l’Amour – Editions Féret) 

De tout temps et en tous lieux le vin a inspiré les écrivains, les poètes, les chansonniers… Depuis la plus haute Antiquité et jusqu’en Chine ! Pas une littérature qui y échappe (seuls les Eskimos peut-être, ou les Indiens d’Amérique), pas une époque… Pas une religion, pas une philosophie… si l’on veut bien ignorer certes les tribus aborigènes d’Australie, ou les Pygmées d’Afrique, qui ont trouvé dans d’autres sources les breuvages nécessaires, aux rives de la magie, pour continuer à affronter leurs peurs, dialoguer avec leurs Dieux, continuer à croire à des lendemains meilleurs, même immuables.

En vérité il serait sans doute plus juste de dire que le vin est surtout présent à l’origine de nos civilisations dites développées… En Méditerranée d’abord, puis partout où nous avons pu mener les échanges commerciaux sans que cela nuise aux qualités du produit, partout ensuite où nous nous sommes installés dans le monde… Y sont donc aussi présents tout ce que le vin a apporté avec lui : la patience et l’ivresse, l’introspection et l’humanisme, la poésie la plus intime et les chants communs, l’égoïsme et l’amour le plus échevelé définitivement mêlés au cœur des bouteilles, des cuves, des amphores, des gourdes, des citernes…

Les écrivains, les poètes, les chansonniers n’ont cessé de le dire et de le répéter : le vin est homme !

La vigne des temps préhistoriques

Depuis quelques années les recherches s’intensifient pour essayer de détecter les plus anciennes traces de vin.

Shoulaveris Gora, site situé entre le mont Ararat et le Caucase, daté d’environ 8000 ans a livré des pépins de raisin de vigne cultivée et des poteries présentant des traces de vin.

Un autre site situé un peu plus à l’ouest, Arslan Tepe daté également d’environ 8000 ans a livré également des pépins et des enduits vinaires sur des céramiques.

Une équipe de chercheurs américains a décelé la présence d’acide tartrique sur une amphore vieille de près de 6000 ans produite par la civilisation sumérienne d’Uruk.

La civilisation sumérienne est bien antérieure à celle de l’Egypte qui ne livrera les premières traces de vin que vers 3500 av. J.C. Uruk, Suse et Babylone ont donc fait bien avant une large place à la vigne et au vin.

Vigne et vin apparaissent en Grèce il y a environ 4500 ans. Nos vignes cultivées occidentales proviennent-elles du travail de nos ancêtres sur diverses souches locales de lambrusques ou s’agit-il d’importation de ceps provenant d’Asie ?…

 Michel Bouvier

(Le vin c’est tout une histoire – JEAN-PAUL ROCHER Editeur)

 

Dès les premiers écrits de l’histoire des hommes, le vin est présent comme un facteur de civilisation…

Ainsi bien avant la Bible, l’épopée de Gilgamesh raconte l’histoire du Déluge, l’histoire de Noë ici nommé Utanapishtim, un roi viticulteur doté de la vie éternelle qui, sur le conseil d’un dieu, construit un immense bateau pour sauver ce qui reste de l’humanité…

Chaque jour je tuais des bœufs et des moutons, raconte-t-il, et pour les travailleurs je fis couler à flots le vin rouge, le vin blanc et le vin nouveau… C’était la fête comme au temps de l’année nouvelle. Au septième jour la construction du bateau était terminée.

Ailleurs dans la légende, on découvre Enkidu, créé à l’image de Gilgamesh pour le combattre. Façonné dans l’argile, c’est en lui apprenant à manger du pain et à boire du vin qu’on lui donne son humanité…

 

 

Les origines du vin

 

Pour les amateurs de vin, plongés dans le monde d’aujourd’hui, qu’elle est étrange cette carte des origines du vin ! La Mésopotamie, l’Euphrate, Babylone… comme ils chantent ces noms qui pourraient être ceux d’appellations magnifiques : Mésopotamie contrôlée, Côtes d’Euphrate ou du Tigre, château Babylone ou Ninive… Comme ils chantent ces noms pourtant livrés à présent à tant de barbaries nouvelles, à tant de négations humaines !

Mais nous savons n’est-ce-pas que là où est né le vin, là où nos civilisations prirent leur envol, la vie, la vraie vie ne peut que renaître…

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Gilbert-Maurin-Mes-voyages-en-ballon.mp3|titles=Gilbert Maurin – Mes voyages en ballon]

« Sur la carte la géographie de la liberté et celle du vin sont les mêmes » 

chante donc Gilbert Maurin mon complice dans le cabaret du vin

à qui je dédie ce livre.

Gilbert est l’auteur d’un très beau disque intitulé VINS

qui regroupe 16 chansons

dont il a écrit – avec quelle belle conviction – la plupart des paroles et des musiques. 

 

 

(à suivre)

LE VIN DES POETES (Intermède)

C’est ce dimanche la 6ème édition de la Fête des Vignes de Montpellier agglomération… J’ai décidé de vous offrir un cadeau à cette occasion : ce très beau « double portrait au verre de vin » du peintre Marc Chagall dont vient de parler « d’Art d’Art » et que le poète Louis Aragon aimait tout particulièrement.

… En plus ça vous fera patienter jusqu’à lundi pour le quatrième épisode du Vin des Poètes. Que du bonheur !

LE VIN DES POETES (Episode 3)

Puisqu’il faut tout vous dire…

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Michel-Guéry-Les-verres-de-lamitié.mp3|titles=Michel Guéry Les verres de l’amitié]

INTRODUCTION

Seule dans le règne végétal,

la vigne nous rend intelligible ce qu’est

 la véritable saveur de la terre.

Colette

(Prisons et paradis)

N’est-il pas merveilleux de pouvoir aussi facilement que je le fais ici proclamer son amour du vin ? Et ce, quels que soient les interdits absurdes attachés de plus en plus à sa consommation ?… Or je dis bien « amour » – pas seulement le goût du vin – pour nous tous qui n’hésitons pas par exemple à passer plus ou moins régulièrement quelques heures de nos vies à nous rendre, sans autre addiction que le plaisir de la découverte, dans des domaines isolés, toujours un peu mystérieux au fond de leur campagne, et là, dans la lumière indirecte totalement complice d’une sorte d’oubliette magique, un caveau, aligner quelques verres sur le bord d’une table, verres aussitôt remplis, vidés et re-remplis après l’épreuve quasi professionnelle et déjà recommencée, de l’œil, du nez, du goût, ramenés à leurs vertus essentielles dans la quête assumée du plaisir… Les bruits eux-mêmes : tintements, chocs, gloussements liquides, participent à cet hallali où le corps et l’âme, simultanément, se réchauffent et triomphent…

Et n’est-il pas merveilleux que l’on puisse, même moins facilement, proclamer aussi son amour de la littérature du vin ?… Ô tous ces livres à couverture de cuir ou chatoyants de couleurs et d’images, ces pages, cent fois peut-être caressées, feuilletées, parcourues de long en large pour un poème qui vous laisse pantelant d’émotion ou de rire, un texte d’une profondeur abyssale pour mieux comprendre nos existences, nos désirs, nos forces et nos faiblesses face à la nature ou au temps… Ici un peu d’histoire, là beaucoup de rêve, le bateau tonitruant de l’ivresse et de ses éclats de vie, puis le regard silencieux du philosophe agenouillé à terre et qui laisse glisser entre ses doigts le trésor imagé des futures récoltes… Des centaines de pages et de livres tendrement repliés sur nos cœurs.           

 C’est de ce double émerveillement, pour l’amour du vin et sa littérature, qu’est né (du moins je m’en suis persuadé) le Cabaret du Vin.

Dans une autre vie, il est vrai que je fus aussi œnologue, et bien déçu d’ailleurs par ce métier technique ne laissant place à aucune rêverie, et dont on ne me fit découvrir que les vicissitudes : les analyses à la chaîne sur la paillasse des labos, les relations vite inamicales (en tout cas incomprises de part et d’autre sans doute) quand les ressources – sous la dictature grinçante du degré-hecto – étaient en jeu : salaires et/ou revenus… Oui ! j’ai été œnologue et je n’en retiens presque rien finalement du vin lui-même, celui-là même auquel pourtant j’ai contribué sans que cela me marque autrement, ici que par les tonnes de sucre en poudre que j’ai mêlés aux moûts d’une SICA corse, là par les concours féroces – et rarement joyeux en vérité – auxquels mesurer un degré ou une acidité volatile donnaient lieu sur le coin d’une paillasse coopérative.

Foin des cuves en folie d’où jaillit la musique effrénée des fermentations, du long silence des couloirs de la cave au bout des premiers froids, du ballet pataugeant des manches et des pressoirs, des éclats de voix si humains au bout des passions contrariées… J’ai conscience soudain d’avoir eu bien de la chance d’avoir vu naître et s’imposer ces émerveillements dont je parlais tout à l’heure… Et que dire encore de ces jours, de ces heures passées aux côtés de ceux qui se battaient pour éviter de mourir, de disparaître sur l’autel des exigences européennes profitant de leur éloignement pour proférer d’absurdes et scandaleux diktats, sans le moindre souci des hommes, de leur histoire, de leur culture, de leur travail, de leur vie, tant il est vrai que c’est tout cela qui fut en jeu à l’extrême fin des luttes et que je découvris, humble journaliste localier pourtant, aux côtés des grands leaders d’une époque. Oui ! aujourd’hui la viticulture languedocienne est devenue une sorte d’épiphénomène dans les soubresauts d’une bourgeoisie en crise, …, et je sais, plus que jamais, que j’ai eu bien de la chance d’avoir su y découvrir malgré tout le Plaisir répandu sur toute la surface d’une langue ou d’un palais, le Bonheur au coin de l’œil ou dans les méandres du nez, la Passion dans la poussière d’un livre brillant au soleil d’été.

En vérité, j’aime tellement tout ça et ce que l’on en dit, que j’ai voulu le partager.

 Le Cabaret du Vin est donc aussi devenu un spectacle qui a une histoire, et je me souviens avec beaucoup d’émotion de cette première fois où, embauché par l’Office d’Action Culturelle du département de l’Hérault, je découvris devant moi la grande salle du Mas de Saporta – siège vivant des Coteaux du Languedoc – et son public, attentif et connaisseur… Je me souviens d’une chanson de Georges Brassens et de mes premiers calligrammes partagés… En solitaire j’eus la chance de participer alors bien des fois – dive bouteille trônant bien en vue sur mes bagages d’artiste – aux programmations des « Primeurs d’Hérault Primeurs d’automne » mis en place par le département et qui, en ces temps reniés, portaient la rencontre artistique jusques dans les plus petits villages.

Ai-je besoin de parcourir encore cette géographie intime qui me conduisit en effet de village en village, certains en appelant aussitôt d’autres qui m’ouvraient grand leurs portes le temps d’une soirée, d’un goûter, ou d’un vin nouveau à peine soutiré et déjà mis en bouteille pour prétendre à la fête ? … Et puis un jour il y eut cette tentative – c’était à Montpellier, au Sax’Aphone de Jean-Pierre Lesigne – de réunir la plupart des auteurs-compositeurs de la région ayant écrit sur le thème du vin.      Il y eut alors un disque et, très vite, un « vrai » spectacle que je voulais collectif, multiple, vibrant de ces maintes sensibilités une fois déjà réunies, mais qui sombra tout aussi vite dans le chaos des caractères, des envies et des contradictions des uns et des autres. Une formule à quatre fut présentée avec succès au festival d’Avignon en juillet 2001 mais se perdit, la fête à peine terminée.

 Aujourd’hui cependant, plus que jamais le Cabaret du Vin existe, sous deux formes : l’une solo que j’appelle « La dive bouteille » en hommage bien sûr à François Rabelais, l’autre, avec l’ami Gilbert Maurin, nos deux voix et nos deux guitares et qui nous a conduits un peu partout en France. Je crois pouvoir affirmer, au bout d’une expérience désormais acquise de plusieurs années, que nous nous y plaisons sans réticence et que le public aussi s’y trouve bien… J’espère en vérité que ce livre – ce « Vin des poètes » ainsi autrement baptisé comme peut l’être une cuvée nouvelle – permettra à ce public qui est celui de l’Art et de la Culture, c’est-à-dire de la curiosité et de l’ouverture, d’en retrouver l’éternelle substance, celle de la vigne, du vin et de l’humanité qu’ils ont portée dans les bouteilles comme dans les livres, et donc dans la vie.

                                Jacques Palliès (le 22 juin 2009)

(à suivre)

LE VIN DES POETES (2ème épisode)

Et voici venu le temps de la préface, illustrée ici par la très belle « femme au vin » signée Isabelle Marsala… Je suis sûr que Jean Clavel appréciera.

Pour lire la préface on peut aussi écouter « La vigneronne » enregistrée  en 2007 à la fête de Coursan par la chorale occitane Lo Cocut.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/la-vigneronne.mp3|titles=la vigneronne]

PREFACE 

 Encore que son auteur soit un « œnologue » quelque peu désorienté par des pratiques vinicoles d’un autre âge, ce livre  n’est pas un guide pour boire le vin, mais pour le penser. C’est un hommage au plaisir donné par le chant et la musique qui accompagne l’opinion autrefois attribuée à Platon selon laquelle « le vin est la chose de plus grande valeur et la plus excellente que les dieux aient offerte à l’homme ». L’auteur a la conviction « que si le vin accompagne à merveille la nourriture, il démontre encore mieux la pensée ».

            Comme le dit Roger Scruton : «  En pensant avec le vin, on n’apprend pas seulement à boire en pensant, mais aussi à penser en buvant !! Aussi, retournons vers la véritable justification du vin, c’est-à-dire la pratique vertueuse. Voici une manière de l’exercer. Tout d’abord, entourez-vous d’amis. Puis servez quelque chose d’intrinsèquement intéressant : un vin enraciné dans un terroir qui vient vers vous depuis un lieu privilégié, qui invite à la discussion et à l’exploration, qui éloigne l’attention de vos propres sensations et l’ouvre au monde. Dans l’arôme qui s’échappe du verre, faire apparaître du mieux que vous pouvez l’esprit des choses absentes. Partagez chaque souvenir, chaque image et chaque idée avec vos compagnons. Recherchez un état d’esprit détendu et sincère, et surtout pensez au sujet en vous oubliant. »

            Lorsque j’ai défini et réalisé le Mas de Saporta, dont Jacques parle dans son introduction, j’ai souhaité que vin et culture, vin et histoire, le vin «  lubrifiant social » soient associés dans la vocation de chaque espace, dans leur désignation, leur décoration, et dans la qualité de l’accueil : Saporta et l’Ecole de Médecine qui inventa l’Aqua Vitae (eau de vie), Rabelais qui aima le Muscat de Mireval,… Ici une amphore de l’époque romaine, là le père nourricier de Dionysos : Silène, ailleurs le créateur de nombreuses abbayes bénédictines, Witiza, appelé par la suite Saint Benoît d’Aniane,..  Et puis les Troubadours, Jacques Cœur, le Gustarium et les fondateurs de l’agronomie et de l’œnologie à Montpellier… Le domaine de Saporta est maintenant ouvert à toutes sortes de publics. Le Cellier, grande salle du premier étage, accueille des assemblées générales. Des sessions de découverte, de perfectionnement, ont lieu toutes les semaines au Gustarium, une sélection des meilleurs vins du Languedoc est à la disposition des clients habituels et des touristes…….

            A notre époque quelque peu intransigeante sur des règles obscurantistes, rappelons nous que des philosophes proches de Mohamed, chantaient le vin, Jacques cite Omar Khayam, je préfère Ibn Al Farid qui écrivit au 9° siècle, un ouvrage «  l’Éloge du vin » dans lequel il est dit : «… C’est une limpidité et ce n’est pas de l’eau, c’est une fluidité et ce n’est pas de l’air, c’est une lumière sans feu, c’est un esprit sans corps. Ils ont dit: «  Tu as péché en le buvant » « – Non, certes, je n’ai bu que ce que j’eusse été coupable de me priver !! Car jamais, nulle part il n’habite avec la tristesse, comme n’habitent jamais ensemble les chagrins et les concerts. Prends le pur ce vin, ou ne le mêle qu’à la salive de la bien aimée, tout autre mélange serait coupable. Qu’il pleure sur lui même, celui qui a perdu sa vie sans en prendre sa part »…

            Mais revenons à notre époque contemporaine. Nous avons célébré, en 1907, le centenaire de la révolte des vignerons du Midi dont la récolte était abaissée, dévoyée, vilipendée à cause d’agissements irresponsables de fraudeurs inconséquents. Une chanson « La vigneronne » fut écrite et chantée par les acteurs principaux déclencheurs de la révolte, ceux d’Argeliès. Leur action parfois violente, à Narbonne et à Béziers, eut des effets positifs et durables. La définition légale et scientifique du vin, est désormais protégée par la loi et les services de la répression des fraudes  furent créés à cette occasion. Le vin est le produit obtenu exclusivement par la fermentation alcoolique totale ou partielle de raisins frais, foulés ou non, ou de moûts de raisin…

Il est vrai que depuis cette époque bien des péripéties ont émaillé la vie languedocienne. Bernard Pivot en trace une synthèse illustrative : « D’un côté, on survit dans la tradition, l’archaïsme, la pléthore, d’un autre on vit de mieux en mieux dans la transgression, l’innovation, la sélection, l’audace… »

Je souhaite que « Le Vin des Poètes », de Jacques PALLIES, livre et chants, trouve auprès du grand public un accueil à la mesure de la magnifique qualité de son contenu.

                                                                               Jean Clavel (11/07/2011)

                                                                               http://www.1907larevoltevigneronne.midiblogs.com/

 

(à suivre)

LE VIN DES POETES (1er épisode)

Et voici donc le premier épisode de notre feuilleton à paraître ces prochaines semaines sur ce blog… On peut même écouter Georges Brassens chanté par Jacques Palliès [audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/01-Le-vin1.mp3|titles=01-Le vin]

Quoi ? Un feuilleton ?… Oh! bien sûr il ne s’agit pas ici de l’avatar romancé d’un Alexandre Dumas du nouveau siècle : à peine la publication en quelques dizaines d’épisodes du livre-disque de Jacques Palliès « Le Vin des Poètes », dont la parution était annoncée en cet automne 2011 mais qui dépend en fait de l’obtention des dizaines d’autorisations et droits divers liés à la publication de tel poème, de tel texte de chanson, voire de telle photo ou dessin…

La création d’un livre n’est pas un fleuve tranquille quand on entend se passer d’éditeur. Dans cette région en effet n’est considéré comme un auteur digne d’intérêt que celui qui a un éditeur (de même qu’un « vrai » professionnel de la musique se doit d’avoir un producteur… Vous vous souvenez?)

Et bien disons-le, avoir un éditeur autre que notre propre structure administrative et créative, ne nous intéresse pas. Tout le travail est fait et ne demande qu’à exister aux yeux et aux oreilles du public… Alors allons-y ! Et puisque tout est là, dans l’attente de l’objet classique bénéficiant de toutes les autorisations, utilisons internet pour en propager les grandes lignes et commencer à en dévoiler les beautés.

Voici donc le premier épisode de notre feuilleton… du côté de ce que le vin a inspiré aux poètes, aux écrivains, aux chansonniers.

 

                                                                                                                                                  J.P. 

Au fait, on peut aussi écouter Gilbert Maurin… chanté par Gilbert Maurin ! :

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/04-Le-vin-cest-divin.mp3|titles=04 Le vin c’est divin]

L’AUTEUR : Jacques Palliès

Né à Montpellier, Jacques Palliès a d’abord été œnologue, puis journaliste et conseiller en communication. Ecrivain, il a publié, au tournant des années 80, des nouvelles (Les oiseaux et la mer, l’Homme debout), des poèmes (L’Immédiat des caresses, Là où l’arbre se parle à lui-même) ainsi que des ouvrages documentaires sur sa ville et la région (Montpellier mémoire, les châteaux du Bas-Languedoc).

Depuis presque 15 ans, il se consacre à un travail de création autour de la chanson. Outre de nombreux concerts créés à partir de ses propres compositions et plusieurs spectacles de cabaret-théâtre musical, il a également conçu plusieurs spectacles musicaux à partir de l’œuvre des poètes. Citons : Le Cabaret du Vin, Un amour cerise, Monsieur Monsieur Tardieu, La mise en couleurs (hommage à Aragon), Chansons primales,…

Plusieurs CD ont également jalonné ce parcours créatif : Autoportrait, Chansons primales 1 et 2, Mille vies (Est-ce cela la poésie ?)

                                                                                                    (à suivre)

Après Brassens… Et maintenant ?

Après le festival « Saint-Gély chante Brassens » que nous venons d’organiser, la compagnie « L’Acte Chanson » entre dans une période nettement plus calme, que le « statut d’intermittent du spectacle » permet cependant d’aborder sans trop de crainte, et qui peut se vouer avant tout à l’écriture et à la création.

C’est ainsi qu’à l’exception de quelques rendez-vous dans le courant de ce mois de novembre : une soirée privée autour de Jean Ferrat (le 12), une « Dive bouteille » dans le cadre de la sortie à Pérols du Beaujolais nouveau (le 17), l’accompagnement administratif d’un concert de Marakay au Casino de la Grande Motte (le 20) et la sonorisation du dernier concert à Montpellier de notre ami Yamari Cumpa avant son retour définitif en Argentine (le 25),…, nous allons essentiellement nous occuper de la publication du « Vin des Poètes » (en « feuilleton » sur ce blog à partir de la semaine prochaine, puis sous la forme du livre-disque prévu dès que l’ensemble des autorisations aura été réuni.)

Nous allons également préparer un « Hommage à Allain Leprest » dont on connaissait les liens avec Julien Heurtebise, et qui, à la mi-janvier, devrait ouvrir une série de rendez-vous réguliers avec la chanson, dans le caveau de Trinque Fougasse à Montpellier aménagé en cabaret d’une soixantaine de places.

Nous allons enfin commencer les répétitions du spectacle autour de l’oeuvre de Louis Aragon mis en musique par de très nombreux compositeurs dans la deuxième moitié du siècle dernier. En compagnie de Cécile Veyrat (dont je salue le retour) et de Julien Heurtebise, c’est une sorte de prolongement naturel du spectacle consacré à Jean Ferrat que nous entendons mener.

Et puis n’en doutez pas : il y aura sans doute beaucoup d’autres rendez-vous que nous ignorons nous-mêmes totalement à cet instant. C’est passionnant la chanson quand ce n’est pas une marchandise !

Brassens : Toujours la même musique ?

Difficile d’ignorer que cela fait trente ans que Georges Brassens a cassé sa pipe et la chanterelle de son coeur, car c’est le moment des hommages – et c’est très bien !. Un bon coup de Brassens, avant de partir, c’est le coup de l’étrier sur le dur chemin de la vie. Personnellement, j’ai vécu jusqu’à ce jour trente ans avec Brassens et ses chansons et trente ans sans Brassens, mais heureusement toujours avec ses chansons.

A ce sujet, s’il est une chose qui m’exaspère, ce sont les propos de certaines personnes (que René Fallet qualifiait d' »oreilles de lavabo ») affirmant avec l’assurance des imbéciles : « Brassens c’est toujours la même musique », alors que ce dernier disait toujours que ses musiques étaient encore plus travaillées que ses textes… De plus si on fouille dans les chansons des uns et des autres (je ne citerai pas de noms pour ne vexer personne) on peut s’apercevoir que l’on trouve souvent des musiques peu variées ou construites sur des suites harmoniques plutôt éculées mais qui peuvent faire impression sur le profane par des arrangements pléthoriques (nappes de violon, synthé, etc…).

Chez Brassens, rien de tout ça. Sur scène, l’accompagnement était minimaliste, et avec juste une guitare et une contrebasse, difficile de sonner comme le big band de Count Basie, mais cela sonnait… Sur disque, une deuxième guitare (« madame plus » de l’enregistrement) se glissait sur les harmonies que ceux qui, comme moi, ont appris la guitare avec les chansons de Brassens, ont mis quelque temps à apprivoiser… Je tiens d’ailleurs à rendre hommage à ces guitaristes de talent : Barthelemy Rosso, Victor Apicella (à ne pas confondre avec « Gégé a pissé là » qui est le surnom de Depardieu dans les compagnies aériennes) et le dernier et non le moindre, Joël Favreau, qui continue à chanter l’oeuvre du maître.

Tout ceci pour dire que si « les oreilles de lavabo » faisaient l’effort de bien écouter les mélodies de Brassens et de les comparer à celles de ses pairs, ils s’apercevraient que les seules « mêmes musiques » qu’ils entendraient seraient celles du coeur !

Commentaires sur commentaires

Il faudra me pardonner ma naïveté, mais voilà que je viens de découvrir ce soir que la plupart de vos commentaires échappaient à notre lecture… Comment ? Pourquoi ? Je n’en sais rien… Est-ce un mauvais réglage ? Je n’imagine pas une punition. Pour qui ? Pour quoi ?… En tous cas ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai lu tout ce que vous avez écrit sur notre ami Chango, sur Camaret, sur les différents billets de Jean-Pierre et sur quelques unes de mes colères, pas toujours bien comprises d’ailleurs… Ah ! les vieux amis qui nous faisaient signe et qui devaient se demander pourquoi nous ne répondions pas ! Ceux qui tenaient à participer au débat ouvert sur telle ou telle question et qui rencontraient le silence…

Amis, nous ne savions pas… Et à cet instant je ne sais toujours pas pourquoi, et cela me chagrine…

Alors un seul mot supplémentaire à ce billet de contrition : nous allons tout faire pour que cela ne se reproduise pas !

Cora Vaucaire : ma Dame Blanche !

On connaît tous la fameuse histoire de la Dame Blanche, cette auto-stoppeuse toute de blanc vêtue que certains automobilistes prenaient en charge sur le bord de la route du côté de Palavas et qui, quelques  kilomètres plus loin, poussait soudain un grand cri et disparaissait comme par enchantement… On apprenait plus tard (les faits étaient relatés par notre grand quotidien local) qu’à l’endroit où la Dame Blanche avait hurlé un dramatique accident avait eu lieu quelques trente ans auparavant.

… Il y a longtemps, j’ai moi aussi croisé la route d’une Dame Blanche qui faisait de l’autostop pour pénêtrer dans mon coeur et dans mon âme. Elle venait de Saint-Germain-des-Prés et sur quelques petites notes de musique, comblait soudain mon désir de mélodie et de poésie : Ferré, Fanon, Prévert, Apollinaire, Colpi, Debronckart… « Bonne chanson dans la mémoire » aurait dit Philippe Forcioli… Et puis, par un triste jour, sans pousser de cri effrayant, ma Dame Blanche a disparu, sur la pointe de deux petits chaussons, blancs comme sa robe…

N’en doutez pas, si je la croise un jour sur la route des quatre chansons, je m’arrêterai pour la prendre. Au revoir Mme Cora Vaucaire !

                                                                                                                               Jean-Pierre Leques

Les statistiques du CNV : fragile ?

Le CNV (centre national de la chanson, des variétés et du jazz) vient de publier ses statistiques annuelles sur les spectacles de variétés et de musiques actuelles en France. Globalement en France, en 2010, cela concerne 45000 représentations (dont 15% gratuites), 20,4 millions de spectateurs et… un peu plus de 600 millions d’euros de billeterie.

Ce dernier chiffre, impressionnant mais qui à mon avis devrait être encore valorisé (1 milliard d’euros ne serait-il pas plus proche de la vérité ?)révèle pourtant pour le CNV une fragilité du secteur dûe : hier (en 2009) aux difficultés croissantes des projets « difficiles » et des artistes émergents, aujourd’hui (en 2010) au ralentissement des grosses productions…

A l’échelle de la région Languedoc-Roussillon, les chiffres indiquent 1200 représentations en 2010 (1000 en 2009) dont plus de 40 % sont gratuites, 350000 spectateurs et… un peu plus de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires.

On notera également que, bien qu’en baisse, la chanson reste le genre le plus important du secteur en termes de recettes et de fréquentation. C’est vrai à l’échelle nationale, comme dans notre région ce qui peut paraître surprenant quand on sait ici le petit nombre de festivals de chansons.

En Languedoc-Roussillon, chansons et comédies musicales génèrent 8 millions d’euros d’entrées et de contrats de cession, la pop, le rock et le rap également 8 millions, les spectacles d’humour 1,2 million, les musiques du monde 1 million, le jazz et les musiques improvisées 900000 €, enfin les musiques électro près de 300000 €…

Faut-il s’étonner que les « marchands » aient les dents de plus en plus longues sur ce gâteau ?