Chanson : Un projet pour Montpellier

La chanson est l’expression artistique la plus en difficulté à Montpellier. Elle souffre certes des problèmes généraux de la Culture dans notre pays (réduction des budgets, « crise » de l’intermittence…) mais aussi d’une sorte d’abandon dans lequel, volontairement ou non, les pouvoirs publics la maintiennent. En fait tout se passe comme si on laissait la chanson entre les mains des seuls « marchands de variété » (c’est à dire au bout du compte entre les mains des seules industries culturelles). C’est grave car c’est une expression artistique à part entière qui est ainsi laissée sur le bord des routes créatrices, alors qu’à l’inverse il y a – notamment dans notre ville – un véritable bouillonnement créatif en matière de chanson, avec des artistes confirmés solides et de jeunes « émergents » pleins de fougue et de talent. C’est pourquoi nous pensons nécessaire de tracer les grandes lignes d’une politique culturelle pour la chanson à Montpellier.

1 – Favoriser la création dans son ensemble Mettre la création au cœur de la politique culturelle est la condition première de toute mesure prise en faveur de la chanson. A cet égard nous pensons qu’il faut multiplier les initiatives où tous les créateurs chanson auront l’occasion de présenter les fruits de leur travail. Ainsi « Chansons sous les étoiles » à Dionysos, le premier samedi de septembre. De même, pourquoi ne pas établir une convention avec les Maisons pour Tous pour que des concerts « d’auteurs » aient lieu régulièrement dans les quartiers (en plus des manifestations habituelles), concerts associant artistes confirmés et jeunes talents (dans des petites formes) : 12 à 15 concerts sur l’année pourraient ainsi être organisés. De même il faut maintenir le concert d’auteur à la salle Molière à l’occasion de la Fête de la Musique, là encore en associant artistes confirmés et émergents.

2 – Révéler et encourager les jeunes talents Cela passe bien sûr par la pérennisation de VOIX LIBRES en ouvrant les sélections à l’ensemble de l’agglo (voire au département) et en plaçant la manifestation sous l’égide d’une « vedette » de la chanson (ex : Lavilliers ou Juliette…). La finale aurait lieu dans le cadre de QuARTiers Libres, au printemps donc, avec des sélections débutant dès la rentrée de septembre. Par ailleurs, pourquoi ne pas renouveler les soirées « jeune chanson montpelliéraine » telles que nous les avions initiées voici quelques années : 3 groupes ou artistes émergents au programme + 1 parrain (ou marraine) de la soirée.

3 – Se donner des outils à la hauteur Il est évident que Montpellier souffre d’un manque de salles dédiées à la chanson… Il faut doter la ville d’un tel lieu, et pourquoi pas dans le cadre d’une Maison des arts de la proximité (contes, chansons, poésie) vivante et ouverte, équipée également de salles de répet, d’une biblio-discothèque, et apte à organiser des concerts, des conférences, des spectacles de petite forme…

4 – Donner un écho conséquent à cette politique Cela veut dire bien entendu, inscrire le tout dans une vraie politique de communication à l’échelle nationale, voire européenne (Montpellier pôle méditerranéen de la chanson et des arts de la proximité, par exemple) Cela sous-entend aussi aider les artistes locaux (confirmés et émergents) à exporter leur travail, par exemple en soutenant matériellement leur présence dans des festivals ou des concours, ou encore en favorisant les échanges avec d’autres villes, d’autres régions… Enfin cela veut dire s’inscrire dans le grand courant des technologies modernes d’enregistrement et de diffusion de la musique et des spectacles en permettant, notamment aux plus jeunes, de disposer des outils nécessaires (formation indispensable…)

Il resterait à étudier l’organisation d’un grand festival chansons à Montpellier (chansons à texte bien sûr) hors de l’influence des « marchands » et qui pourrait avoir lieu au mois d’août… Quant à la question des « premières parties » ce serait bien déjà que tous les lieux institutionnels les proposent systématiquement à des artistes locaux.

Adieu Nouma!

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Il est des coups de fil qui vous laissent abasourdis, tremblants, en colère contre tout et tous de n’avoir rien pu faire pour éviter l’irréparable… Tel cet appel, très tôt ce matin, sur le portable et la voix chargée de pleurs de Sophie : « Nouma est décédé ! » Impossible ! Et pourtant… Nous le savions malade depuis quelques jours, mais qui pouvait imaginer qu’il n’y résisterait pas ? Nous savions qu’affaibli par les excès, alors qu’il allait avoir 47 ans, il allait lui falloir lutter et que tout incident pouvait dégénérer, mais comment imaginer une issue aussi brutale ? … Nouma est décédé, et nous saurons dans les heures qui viennent ce qu’il convient de faire pour l’accompagner jusqu’au bout, dans la dignité, dans cette fraternité qui, à sa manière, a guidé toute sa vie.

Nouma connaissait notre ville, ses recoins, ses personnages, mieux que quiconque et rien ne lui faisait plus plaisir que d’en découvrir aussi un peu son histoire… Nouma adorait la chanson, et sans lui l’Acte Chanson dont il était membre fondateur, n’aurait pas accompli tout ce qui a été fait pendant 12 ans ; il était de toutes nos batailles… Nouma aimait les rencontres, la chaleur des contacts humains, la fraternité, même parfois superficielle, née d’une discussion, d’une explication, d’un échange… Nouma était notre ami, notre frère de Kanaky, et sa disparition nous remplit de désespoir. Oui ! de désespoir !

Quand t’as dit dandy, là, doudou t’as tout dit

Lorsque les chroniqueurs de disques n’ont pas grand-chose à dire sur un artiste ils qualifient ce dernier de dandy. Tout de suite ça en jette. Bien sûr cela ne veut rien dire car ce n’est pas parce qu’Oscar Wilde était un dandy dandinant qu’il était un bon écrivain, mais enfin placer le mot dandy permet de remplir un article… Aussi avons-nous eu droit au dandy Dimoné, au dandy Alain Chamfort, au dandy Alain Bashung et même mal rasés et oscillants les regrettés Serge Gainsbourg et Fred Chichin ont été dandyfiés à titre posthume…

Actuellement les journalistes politiques ont aussi ce travers : ils nous parlent d’un président de la république bling-bling… ça veut pas dire dandy ça ?

Mais après tout n’est-on pas toujours le dandy de quelqu’un ? Moi-même lorsque j’avais des velléités artistiques et que je courrais les auditions (à l’époque on n’avait pas encore inventé les castings) on m’a toujours dit : revenez nous voir dandy z’ans quand vous aurez fait des progrès…

Montpellier en manque de salle pour la chanson

A propos de l’absence de salle de chanson à Montpellier, problème que nous avons déjà souligné dans un courrier adressé au maire de Montpellier le 18 novembre dernier, nous avons reçu de Coko (Corentin Ratonnat) la lettre suivante signée par de nombreux jeunes artistes montpelliérains.

                                                 Madame le Maire,                                                  Monsieur l’adjoint à la Culture,

Nous, jeunes artistes chanteurs et musiciens de la région montpelliéraine, nous permettons de vous soumettre un projet qui nous tiendrait à cœur. Nous ne sommes bien sûr qu’une force de proposition, mais nous souhaitons profiter de votre écoute et de votre dynamisme pour vous faire part des réalités. En matière de chanson, la Ville de Montpellier connaît un paradoxe : malgré le peu de professionnels (producteurs, programmateurs, tourneurs, distributeurs,…) spécialisés en chanson dans la région, une dynamique évidente se crée autour de jeunes talents émanant de Montpellier :

Les Belles Musettes, zOrozora, Cédric (plus de 120 000 visites sur MySpace), Yéti (présélectionnée au Printemps de Bourges et assurant les premières parties de Bénabar, Arthur H, Magyd Cherfi, Didier Super), Coko (lauréat du Pic d’Or à Tarbes, et sélectionné pour représenter la France aux Jeux de la Francophonie 2009 au Liban), Laurent Montagne (en tournée dans toute la France, dont les FrancoFolies de La Rochelle), Elsa Gelly (passant sur France Inter et travaillant avec Vincent Roca), Scotch & Sofa (repéré par les FrancoFolies de la Rochelle et « Alors Chante ! » à Montauban et vainqueur du tremplin Musik’Elles de Meaux), Olivier l’Hôte (première partie de Renan Luce, Les Ogres de Barback, Les Têtes Raides, Aldebert), Brazùk, La Veuve Marceline, Flavia (lauréate des concours « Génération Brassens » en Ile-de-France et « Les Amoureux de la Scène » en Avignon) et tant d’autres jeunes artistes connaissent un succès qui commence à dépasser le cadre régional, et qui pour certains est très prometteur.

Cette richesse et cette diversité de la jeune chanson montpelliéraine méritent de trouver un ancrage local plus profond ; il est regrettable en effet que ces chanteurs en émergence soient forcés de quitter la Région et monter à Paris pour « décoller ». Nous, jeunes groupes et artistes, sommes persuadés qu’une salle dédiée à la chanson serait l’opportunité pour la Ville de Montpellier de : permettre aux artistes émergents de jouer, se faire connaître, et travailler dans de bonnes conditions (résidence,…), attirer les professionnels nationaux de la chanson, fidéliser et démocratiser un public très demandeur et très varié (il suffit de voir le succès des soirées « chanson » au Théâtre Jean Vilar, toujours complet, même quand les artistes ne sont pas des têtes d’affiches), faire venir jouer à Montpellier des chanteurs et groupes (émergents ou confirmés) d’autres régions, élargir son rayonnement culturel autour de la chanson française, au-delà des limites régionales, proposer, en plus de la programmation, des ateliers d’écriture, résidences, fond de documentation, cours de chant , etc…

Avec la crise du disque, c’est en effet de plus en plus par la scène que se font connaître les chanteurs et groupes de chansons : Bénabar, Jeanne Cherhal, Juliette ou encore Loïc Lantoine ont décollé grâce à la scène. Il existe à Montpellier des lieux dédiés au rock, l’électro, le jazz et bien sûr la musique classique, mais pas à la chanson (celle qui peut être écoutée assis et qui ne remplit pas forcément les Zénith). Ce genre de salles existe pourtant à Toulouse (Le Bijou, Théâtre du Grand Rond), Lyon (Salle des Rancy, A Thou Bout d’Chant) ou Valence (Train-Théâtre) pour ne citer que celles-là.

Vous êtes une équipe neuve, porteuse de projets et à l’écoute des Montpelliérains. Nous ne sommes pas organisateurs, directeurs ou programmateurs mais juste des artistes qui vous soumettons quelques propositions. Si vous voulez rencontrer certains d’entre nous pour comprendre plus en détails nos besoins et les réalités de notre métier, ce serait bien sûr avec grand plaisir. En vous remerciant de votre attention et en vous adressant nos plus sincères salutations,

Premiers signataires :

zOrozora, Cédric, COKO, Les Belles Musettes, Guilam, Laurent Montagne (ex Les Acrobates), Gabrielle, Flavia, Marine Desola, La Veuve Marceline, Les P’tites Causes, Elody Margot, Olivier L’Hôte, La Paix des Méninges, Yéti, Elsa Gelly, Le Kom’un des zotres, Une Touche d’Optimisme

Bonne année 2009 !

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Toute l’équipe de l’Acte Chanson (de gauche à droite: Claude Avenante, Julien Heurtebise, Soisic, Jacques Palliès, Christine Besnaïnou, Jean-Pierre Leques) est heureuse de vous souhaiter une année 2009 pleine de chansons, de spectacles vivants et des bonheurs – simples ! – que sont la fin des guerres, la disparition de la misère et la baisse (sensible !… sans cible ?) de la bétise humaine.

Ah ! être jeunes, que c’est bon !

Par ailleurs et en même temps, toute l’équipe de l’Acte Chanson (de gauche à droite : les mêmes) est heureuse de vous faire part de la naissance de l’association Crescendoo dont les objectifs visent à « l’émergence, la professionnalisation et l’accompagnement des artistes et des techniciens du spectacle… ».

Efficacité et longue vie à elle.

Léo effraie

J’ai appris récemment que Léo Ferré pouvait faire peur, très peur : le chanteur Dimoné a avoué que lorsqu’il était enfant, il avait les jetons en voyant cet artiste. Je dois admettre qu’outre le fait que ses parents avaient dû lui dire en le menaçant : « Dimoné mange ta bonne soupe ou le vilain Monsieur au crâne dégarni et aux longs cheveux filasses t’emportera dans son piano à queue ! », Léo Ferré était quelqu’un d’effrayant, même pour moi. Pas physiquement, bien sûr, car il ressemblait à Juju le photographe qui venait faire la photo annuelle des classes quand j’étais enfant au début des années soixante, non Léo Ferré était impressionnant par son talent, c’est cela qui faisait peur.

Sur scène, il était sur le fil du rasoir dans son interprétation et là il n’y avait que deux solutions : soit tu es dans le sublime, l’émotionnel, et tu es Léo Ferré ; soit tu te vautres et tu es dans le ridicule, tu es Francis Lalanne. Dans la chanson, Léo Ferré a tout fait : raconté les premières blagues sur les blondes (cf. Le Scaphandrier), fait du slam, dirigé des orchestres symphoniques, fait de la pop music avec le groupe Zoo, cartonné avec un slow d’enfer (Je me souviens en 69 année ô combien érotique avoir tenté d’emballer une allemande sur « C’est extra »…) Léo Ferré a mis tous les poètes – ou presque – en musique : Rimbaud lui expédiait ses textes d’Abyssinie, Verlaine de prison, Baudelaire du cabaret avec des taches d’absinthe sur les feuilles et Apollinaire lui envoyait ses œuvres depuis le Front… Il nous a aussi fait découvrir René Baer, Luc Bérimont, Pierre Seghers et surtout Jean-Roger Caussimon.

Bien que monégasque, Léo Ferré n’était pas Johnny et il ne s’est pas réfugié dans un paradis fiscal, il est allé officialiser ses amours ancillaires en Italie, où la camarde lui fit un pied de nez et un croc en jambe en le faisant décéder un quatorze juillet, jour où les graines d’ananar restent dans leur lit douillet.

Je terminerai en disant comme Bourvil : l’alcool non mais Léo Ferré (gineuse) oui !

Dernière!?

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C’est sur un revigorant « Hommage à Henri Salvador » vendredi dernier à Montferrier que viennent de s’achever 12 années d’actions militantes « pour la chanson en Languedoc Roussillon »… Chanson d’auteur d’abord à laquelle nous avons consacré des centaines de concerts, depuis la plus anonyme scène ouverte jusqu’au récital d’artistes reconnus (tels Michèle Bernard, Allain Leprest ou Henri Tachan)… Mais aussi chanson-passion pour laquelle nous avons multiplié les hommages ou les thématiques.

Depuis la seule rentrée de septembre, 17 spectacles ont constitué l’ossature de nos programmations et 1500 spectateurs ( !) y ont participé : depuis le tremplin VOIX LIBRES, les concerts d’auteur de Bonfils, Marc Hévéa, Jean Tricot, Chango Ibarra, les soirées d’hommages à Brel, Ferré, Salvador, jusqu’aux spectacles de cabaret théâtre musical : « Les cerises sont-elles cuites ? » (sur Mai 68), « Un Amour Cerise »(autour des chansons de Jean Ferrat) ou « Chants d’Honneur »… 1500 spectateurs, disons-le, c’est à quelques unités près le maximum de ce que nous pouvions réunir comme public à Montpellier, Montferrier, Le Crès, Castelnau, Lodève,…

Pourtant au-delà de la fierté légitime que nous procurent ces résultats, au-delà de la conscience du devoir très accompli pour la chanson pendant les 12 années qui viennent de s’écouler il nous reste aussi une sorte d’amertume : alors que le public n’a jamais été aussi nombreux, c’est presque dans l’indifférence des professionnels, des institutions, des médias que tout cela s’achève. Certes, comme nous l’avons fait pendant 12 ans, cela ne nous empêchera pas de faire ce que nous estimons devoir faire. Mais tout de même…

Décidemment, alors que le creuset créatif de la chanson n’a jamais été aussi dense et passionnant, bien des obstacles demeurent pour que la chanson aussi soit reconnue comme une expression artistique à part entière et non pas seulement comme une marchandise. Or à cette dernière aune-là, nous aurions perdu.

Jacques a dit

Jacques a dit rêve
Et devant nous le Far West est apparu

Jacques a dit danse
Et sur la place une bohémienne venue d’outre horizon s’est mise a Esméralder

Jacques a dit gueule et la colère a grondé

Jacques a dit regarde et derrière la saleté la lumière a jailli

Jacques a dit ris, Jacques a dit pleure
Et dans le miroir de ses chansons on a vu nos sales gueules

Jacques a dit fait silence et il a chanté
Ses postillons ont guidé la diligence des mots et on a applaudi

Jacques a dit suis-moi, il a quitté la scène et s’est envolé sur les écrans, un coup devant la caméra, un coup derrière

Puis Jacques a dit ciao et il est parti
Voulez-vous danser Marquises sur le dernier temps de la valse

Alors Jacques a dit chut et il s’est tu
Et voici trente ans que le silence, tonitruant oxymore, nous porte encore sa voix

Sans Blague!

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Bientôt, très bientôt sans doute, -au 1er janvier 2009 pour tout dire !- va se dessiner ici le premier blog de l’Acte Chanson…

Oui, après 2 sites classiques et l’adresse Myspace, nous allons enfin bloguer. Bloguer c’est-à-dire pour nous non seulement transmettre le plus possible d’informations concernant les activités de la compagnie, mais aussi échanger avec vous en essayant de tenir le rythme de l’expression neuve, de la chronicité des billets, des infos, des agendas… et des spectacles disponibles jetés sur les routes de France dans le grand maëlstrom du spectacle vivant. Spectacle vivant… le gros mot est lâché.

Est-ce que vous mesurez que des milliers d’artistes inconnus s’adressent quotidiennement à des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes dans ce pays, en faisant tout simplement leur métier de passeurs de sens et d’émotion… pendant que quelques poignées, totalement soumis aux ordres des marchands d’illusions, se disputent les ors du prime time et occupent seuls l’espace médiatique ?

Ridicule ? Ecoeurant ? Certes… mais rassurez-vous, seul l’inconnu, l’ailleurs, l’étoile (celle de Jacques Brel bien sûr !) nous intéressent… La création seule est désormais notre boussole, notre astrolabe, notre sextant, notre compas, notre carte du tendre et du réel, du rêve et de l’émoi, du sens et du combat.

Tiens, et si on faisait un blog avec tout ça ? !