LE VIN DES POETES (2ème épisode)

Et voici venu le temps de la préface, illustrée ici par la très belle « femme au vin » signée Isabelle Marsala… Je suis sûr que Jean Clavel appréciera.

Pour lire la préface on peut aussi écouter « La vigneronne » enregistrée  en 2007 à la fête de Coursan par la chorale occitane Lo Cocut.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/la-vigneronne.mp3|titles=la vigneronne]

PREFACE 

 Encore que son auteur soit un « œnologue » quelque peu désorienté par des pratiques vinicoles d’un autre âge, ce livre  n’est pas un guide pour boire le vin, mais pour le penser. C’est un hommage au plaisir donné par le chant et la musique qui accompagne l’opinion autrefois attribuée à Platon selon laquelle « le vin est la chose de plus grande valeur et la plus excellente que les dieux aient offerte à l’homme ». L’auteur a la conviction « que si le vin accompagne à merveille la nourriture, il démontre encore mieux la pensée ».

            Comme le dit Roger Scruton : «  En pensant avec le vin, on n’apprend pas seulement à boire en pensant, mais aussi à penser en buvant !! Aussi, retournons vers la véritable justification du vin, c’est-à-dire la pratique vertueuse. Voici une manière de l’exercer. Tout d’abord, entourez-vous d’amis. Puis servez quelque chose d’intrinsèquement intéressant : un vin enraciné dans un terroir qui vient vers vous depuis un lieu privilégié, qui invite à la discussion et à l’exploration, qui éloigne l’attention de vos propres sensations et l’ouvre au monde. Dans l’arôme qui s’échappe du verre, faire apparaître du mieux que vous pouvez l’esprit des choses absentes. Partagez chaque souvenir, chaque image et chaque idée avec vos compagnons. Recherchez un état d’esprit détendu et sincère, et surtout pensez au sujet en vous oubliant. »

            Lorsque j’ai défini et réalisé le Mas de Saporta, dont Jacques parle dans son introduction, j’ai souhaité que vin et culture, vin et histoire, le vin «  lubrifiant social » soient associés dans la vocation de chaque espace, dans leur désignation, leur décoration, et dans la qualité de l’accueil : Saporta et l’Ecole de Médecine qui inventa l’Aqua Vitae (eau de vie), Rabelais qui aima le Muscat de Mireval,… Ici une amphore de l’époque romaine, là le père nourricier de Dionysos : Silène, ailleurs le créateur de nombreuses abbayes bénédictines, Witiza, appelé par la suite Saint Benoît d’Aniane,..  Et puis les Troubadours, Jacques Cœur, le Gustarium et les fondateurs de l’agronomie et de l’œnologie à Montpellier… Le domaine de Saporta est maintenant ouvert à toutes sortes de publics. Le Cellier, grande salle du premier étage, accueille des assemblées générales. Des sessions de découverte, de perfectionnement, ont lieu toutes les semaines au Gustarium, une sélection des meilleurs vins du Languedoc est à la disposition des clients habituels et des touristes…….

            A notre époque quelque peu intransigeante sur des règles obscurantistes, rappelons nous que des philosophes proches de Mohamed, chantaient le vin, Jacques cite Omar Khayam, je préfère Ibn Al Farid qui écrivit au 9° siècle, un ouvrage «  l’Éloge du vin » dans lequel il est dit : «… C’est une limpidité et ce n’est pas de l’eau, c’est une fluidité et ce n’est pas de l’air, c’est une lumière sans feu, c’est un esprit sans corps. Ils ont dit: «  Tu as péché en le buvant » « – Non, certes, je n’ai bu que ce que j’eusse été coupable de me priver !! Car jamais, nulle part il n’habite avec la tristesse, comme n’habitent jamais ensemble les chagrins et les concerts. Prends le pur ce vin, ou ne le mêle qu’à la salive de la bien aimée, tout autre mélange serait coupable. Qu’il pleure sur lui même, celui qui a perdu sa vie sans en prendre sa part »…

            Mais revenons à notre époque contemporaine. Nous avons célébré, en 1907, le centenaire de la révolte des vignerons du Midi dont la récolte était abaissée, dévoyée, vilipendée à cause d’agissements irresponsables de fraudeurs inconséquents. Une chanson « La vigneronne » fut écrite et chantée par les acteurs principaux déclencheurs de la révolte, ceux d’Argeliès. Leur action parfois violente, à Narbonne et à Béziers, eut des effets positifs et durables. La définition légale et scientifique du vin, est désormais protégée par la loi et les services de la répression des fraudes  furent créés à cette occasion. Le vin est le produit obtenu exclusivement par la fermentation alcoolique totale ou partielle de raisins frais, foulés ou non, ou de moûts de raisin…

Il est vrai que depuis cette époque bien des péripéties ont émaillé la vie languedocienne. Bernard Pivot en trace une synthèse illustrative : « D’un côté, on survit dans la tradition, l’archaïsme, la pléthore, d’un autre on vit de mieux en mieux dans la transgression, l’innovation, la sélection, l’audace… »

Je souhaite que « Le Vin des Poètes », de Jacques PALLIES, livre et chants, trouve auprès du grand public un accueil à la mesure de la magnifique qualité de son contenu.

                                                                               Jean Clavel (11/07/2011)

                                                                               http://www.1907larevoltevigneronne.midiblogs.com/

 

(à suivre)

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