LCAP : Non à la casse des métiers d’artistes interprètes !  

La Fédération du spectacle, de l’audiovisuel, du cinéma et de la presse (FASAP-FO), la Fédération Cgt   Spectacle, la F3C-CFDT et la CGC s’insurgent contre l’amendement présenté par le gouvernement lui- même, au projet de la loi LCAP dans la nuit du 16 au 17 septembre dernier, à la Commission Culture de   l’Assemblée nationale.

 Le ministère a décidé d’arrêter la concertation pour imposer ses vues.Le texte amendé remet en cause, pour la première fois depuis 1969, le salariat des artistes-interprètes, donc l’ensemble de leurs droits sociaux et la législation sur le travail des enfants.

 Il impose le travail gratuit et va permettre la totale exploitation dans un cadre lucratif des artistes pratiquant en amateur, comme c’est le cas à la Philharmonie de Paris avec le cœur amateur de l’Orchestre de Paris.

 C’est pourquoi les Fédérations FASAP-FO, Cgt Spectacle, F3C-CFDT et CGC demandent au gouvernement de retirer son amendement et le cas échéant exhortent les députés de ne pas le voter.

 A l’heure où l’emploi salarié des artistes se raréfie, où des artistes comme les artistes lyriques se mobilisent contre le recours abusif d’amateurs-bénévoles, favoriser par la loi le travail gratuit au nom de l’exposition de « pratiques amateurs » menace gravement toutes les catégories d’artistes-interprètes.

 A la vei lle de l a Conférence pour l’emploi décidée par le Premier Ministre, l’adoption d’un tel amendement serait un bien mauvais coup porté à son objet même.

 Les fédérations FASAP-FO, Cgt Spectacle, F3C-CFDT et CGC attirent tout particulièrement l’attention du gouvernement sur cette question à l’occasion du débat en séance plénière à l’Assemblée nationale.

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Le Syndicat Français des Artistes (SFA CGT) très mobilisé contre cet amendement qui vient casser la présomption de salariat des artistes interprètes, sous couvert de valorisation des pratiques en amateur, a lancé une pétition et appelle à la signature de toutes et tous : artistes professionnels, amateurs, public,…

https://www.change.org/p/mesdames-et-messieurs-les-parlementaires-ne-votez-pas-la-casse-de-nos-m%C3%A9tiers  

N’hésitez pas à la signer et à la relayer auprès de vos réseaux. Fraternellement.

Le statut de salarié des artistes interprètes est en danger !

Le Syndicat des artistes-interprètes (SFA affilié à la CGT) alerte tous les artistes-interprètes du grave danger qui pèse sur les conditions qui font d’eux des salariés bénéficiant des mêmes droits sociaux que l’ensemble des salariés. Le syndicat déclare :

« 46 ans après la reconnaissance de la présomption de salariat pour les artistes de spectacle, le gouvernement s’attaque à ce principe qui protège au quotidien des dizaines de milliers d’artistes interprètes. Qu’est-ce que la présomption de salariat ? C’est la possibilité de bénéficier de toute la protection sociale qu’apporte un contrat de travail : indemnisation pour le chômage, assurance maladie, formation continue, pension de retraite, etc. Tout un édifice qui s’effondre ! Nous vous invitons à consulter le site du SFA pour plus d’informations.
Il est encore temps d’agir ! Le projet de loi « Liberté de création, Architecture et Patrimoine » sera examiné dès lundi à l’Assemblée Nationale. Nous avons le pouvoir d’empêcher le vote de l’amendement qui, sous couvert de valoriser les pratiques en amateur, casse la présomption de salariat des artistes professionnels. »

Et le syndicat appelle à plusieurs actions : notamment alerter directement les élus en signant une pétition disponible et mise en oeuvre sur internet.

Rappelons que cette mesure de dénonciation de la présomption de salariat est une vieille exigence de l’Europe contre les droits des artistes français… 

JP

Guy Béart : anonyme du 21ème siècle

Admirateur quasi inconditionnel de Guy Béart, fin connaisseur de ses mots, de son oeuvre, Dominique Boudet a accepté que nous publions ici le texte d’hommage qu’il lui a consacré sur son propre blog, sur www.trinquefougasse.com. 

guy-beart-1442851956-32940En toute modestie, je voudrais en quelques mots dire ce qui m’a séduit dans ce chanteur que j’ai découvert peu à peu, après avoir été surpris, interpellé par cette voix si singulière : un esprit différent abordant les problèmes sous un angle nouveau, une liberté totale, un regard transperçant, un humour décapant, une curiosité boulimique, un bon sens paysan, une perception du monde inouïe, et une fantaisie bien réelle.

La première chanson que je fis mienne, si on excepte « l’eau vive » qu’on fredonnait tout petit en colonie, fut « Les Souliers ». « Dans la neige, y avait 2 souliers… », un rythme, une musique, un paysage où l’on sent le froid, deux souliers perdus au milieu dans la neige… Le décors est planté, situation dramatique et cocasse suivant les passants : ils sont trop petits, dit le premier, le second trop vite est reparti, une femme qui regarde mieux (c’est normal) n’en croit pas ses yeux… combien d’hommes qui passent sans voir, combien d’hommes qui n’ont pas d’espoir !  Et quelle chance : je suis arrivé, je les ai trouvés, et ils sont juste à mon pied ! Comme très souvent dans les chansons de Béart, après la nuit, une lueur d’espoir : dans la neige, je cherche une amie !

Béart croit ou veut se forcer à croire en l’homme. Dans « Qui suis-je, qu’y puis-je ? », il fait un constat de ce monde en émoi où pas grand-chose tourne rond, et il termine en disant : « et pourtant je me jette, et j’aime et je combats pour des mots pour des êtres, pour cet homme qui va ! » C’est « l’Espérance folle », c’est changer les « Couleurs » du temps, c’est « Demain je recommence » après son cancer ! C’est « il fait toujours beau quelque part »…

Alors on comprend mieux ce qui s’est passé sur le plateau d’Apostrophes quand Béart se fait traiter de blaireau par Gainsbourg bourré : la Chanson n’est pas un art mineur ! La chanson, c’est une arme terrible, c’est un concentré de vie, c’est un cri, c’est une perle rare !

Il est bien regrettable que cet incident dans lequel Guy Béart avait raison se soit retourné contre lui et l’ai desservi tout au long de sa carrière en le faisant passer pour ringard, mais c’est ainsi… « Les proverbes d’aujourd’hui, à notre époque ressemblent, les proverbes d’aujourd’hui sont les clameurs de la nuit… »

Les grands sujets de société ont été perçus  par Béart souvent avant les autres : « Couleurs » vous êtes des larmes qu’il chante en 1963, « Parodie », « La Vérité », « La télé », « Liban Libre », « Le grand chambardement » !

Guy Béart non seulement n’était pas ringard, mais il était un précurseur, un visionnaire, et il a  été le premier au moins dans deux domaines : Il a été le premier artiste à créer sa propre maison d’édition pour être libre de choisir son avenir. Quant aux émissions « Bienvenue » à la télé elles ont été les premières émissions de ce type et ont ouvert la voie aux Grands Échiquiers de Jacques Chancel et à toutes celles qui suivront… « Bienvenue » à Brassens, à Trenet, à Aragon, à Raymond Devos, et à tant d’autres ! Un vrai régal quand on a la chance de pouvoir les revoir.

Ce portrait ne serait pas complet si je n’évoquais pas son côté satirique, son humour décapant, sa bonne humeur inébranlable, sa lucidité, sa tolérance dans les hommes et son amour des femmes.

Que de succès : « Chandernagor », « Le Quidam », « Les grands principes », « Un Monsieur aimait un jeune homme », « Vous », « Qu’on est bien », « La Gambille », « Il n’y a plus d’après… », « Poste restante », « Suez », « La Vénus Mathématique »… et tant d’autres.

Peut-être aurons-nous l’occasion d’organiser une soirée « Bienvenue à Guy Béart » dans quelque temps à Trinquefougasse, où nous pourrons chanter ensemble :

« J’appelle dans le vide / vers le sud ou le nord sans savoir / mes mots s’en vont rapides / Iront-ils jusqu’à toi aujourd’hui / Allo, allo tu m’entends / est-ce qu’il fait beau temps / là bas sous ton ciel… »

Dominique B.

Guy Béart : la disparition d’un très grand de la chanson

Photo GBCe mercredi le chanteur, auteur, compositeur Guy Béart, après avoir fait récemment ses adieux à la scène, a hélas fait ses adieux à la vie.

Sa carrière avait commencé vers 1957 dans les cabarets parisiens où cet ancien ingénieur des Ponts et Chaussées chaussa sa guitare pour chanter ses propres compositions. Soutenu par Patachou il lui écrivit de nombreuses chansons, de même que pour Juliette Gréco et tant d’autres.

La chanson « l’eau vive » écrite pour le film du même nom lui assura alors la célébrité ; dès 1960 où il accéda au titre de chanteur populaire, un de ces chanteurs dépassé par leur œuvre… Oui ! Guy Béart était un grand « anonyme » du 20ème siècle ! Un des plus connus !

Malgré le contrecoup de la vague yéyé il continua toujours de chanter et enregistra même nombre de chansons nées sous la plume d’autres « anonymes » des siècles précédents et qu’il réussit à faire siennes.

De 1955 à 1970 il produisit et anima à la télévision une soixantaine de « Bienvenue » où il accueillit nombre de célébrités et développa son œuvre.

Etait-il un grand de la chanson française ? Le troisième B après Brel et Brassens ? La polémique qui accompagna ces questions est pour moi complètement stérile. L’œuvre existe faite de nombreuses magnifiques chansons que l’on a toujours grand plaisir à entendre et à chanter.

« Depuis le temps qu’on me présente des chansons, en voilà un au moins qui sait en faire » a dit Brassens à propos de Guy Béart débutant. Peu nombreux en vérité sont ceux qui ont mérité un tel éloge…

 

Il y a dix ans, Guy Béart était venu chanter à Montpellier dans le cadre des Internationales de la guitare. C’était à l’Opéra Comédie. Le théâtre était plein et toute la salle reprenait en chœur ses chansons… Le lendemain, nous avons eu le privilège et le plaisir de déjeuner en sa compagnie au Trinque Fougasse dont le patron, Dominique Boudet, est le fan le plus absolu de Guy Béart dont il connaît l’œuvre complète sur le bout de ses dix doigts et sur les 6 cordes de sa guitare.

Si Guy Béart nous a quittés, il y aura toujours un peu de son cœur à Trinque Fougasse… Aller ! Va-s-y Dominique ! Chantes-nous « Chandernagor ». Et puis « Les grands principes », « A Saint-Germain des prés » et…

 

Jean-Pierre Leques

Dialogue social : A quoi joue le ministère de la Culture et de la Communication ?

La Cgt revendique depuis des années une loi de programmation et d’orientation pour la culture.

Un projet de loi « liberté de création architecture et patrimoine » (LCAP) est présenté par le Ministère de la Culture au parlement et doit être examiné le 28 septembre à l’Assemblée nationale. Non seulement ce texte n’est pas à la hauteur des ambitions que nécessite un véritable service public des arts, de la culture, de l’audiovisuel et du cinéma. (Aucune disposition ne concerne l’audiovisuel public par exemple.)… Mais certains articles représentent une véritable provocation pour nos professions. C’est le cas notamment des artistes interprètes pour qui le Ministère de la culture et de la communication réserve la remise en cause de la présomption de salariat inscrite dans le Code du travail au prétexte de favoriser l’exposition des pratiques artistiques en amateur.

Lors de la dernière réunion de « concertation », organisée par le Ministère à la fin du premier trimestre 2015, la proposition portée par la Direction générale de la création artistique (DGCA) a été rejetée en bloc par l’ensemble des syndicats de salariés, ralliés autour d’un projet de position commune entre la CGT et la COFAC (Coordination des fédérations d’associations de culture et de communication qui regroupe notamment les fédérations de pratiques artistiques en amateur). Un accord pouvait être largement trouvé mais la DGCA a décidé de maintenir, sans rien vouloir entendre, un texte qui met littéralement en danger la présomption de salariat des artistes interprètes !

Au nom de l’exposition de la pratique artistique en amateur, parfaitement légitime, le ministère souhaite pouvoir permettre aux entreprises subventionnées, en mal de financement, de boucler leurs programmations en remplaçant les artistes salariés par des artistes non rémunérés, au prétexte qu’ils ne seraient pas professionnels.

Nous assistons à un simulacre de concertation !

En outre les projets de décrets et arrêtés qui doivent accompagner l’application de la future loi LCAP, notamment ceux concernant les cahiers des charges et les labels, sont élaborés, discutés avec certains employeurs, et semblent figés avant même qu’une pseudo concertation ne voit le jour. Il en est de même pour les comptes-rendus des groupes de travail préparant la conférence pour l’emploi, où les interventions des différentes organisations syndicales de salariés n’apparaissent pas, préparant ainsi le «Diktat » de la DGCA sur ces sujets…

Les 15 et 16 octobre prochains doit avoir lieu la conférence pour l’emploi, annoncée et pilotée par le Premier Ministre et les ministères de la Culture et de la Communication et du Travail.

Cette conférence fait suite à la concertation nationale sur l’emploi et l’intermittence. Celle-ci  a déjà abouti à l’adoption d’articles dans la loi Rebsamen, prévoyant le maintien de dispositions spécifiques pour l’assurance chômage aux salariés intermittents et de nouvelles règles de négociation pour les annexes 8 et 10.

Dans ce contexte la Fédération Cgt Spectacle et ses syndicats sont particulièrement inquiets du déroulement et des conclusions de la prochaine conférence sur l’emploi. Le gouvernement va-t-il reprendre la pratique antisociale du ministère de la Culture et imposer aux professionnels du secteur les conclusions de ce rendez-vous qui doit être fondamental pour l’emploi dans le spectacle vivant, l’audiovisuel, le cinéma et la musique ?

Nous attendons une réponse claire du Premier Ministre et des ministres de la Culture et du Travail. Nous exigeons le retrait du projet de remise en cause de la présomption de salariat des artistes interprètes, la reprise immédiate de la concertation et du dialogue social (notamment autour du projet de loi LCAP) seule à même de nous convaincre de l’utilité de la conférence pour l’emploi.

Nous tenons par ailleurs l’ensemble des textes cités dans ce communiqué à la disposition de la profession.

Flics de haut vol et chanteur de bas étage…

jplequesDimanche dernier j’ai participé, du mieux que j’ai pu, à la grande messe en l’honneur de la police nationale organisée par le Cardinal Michel Drucker. Hé oui ! En ces temps troubles et angoissants la police française devient une valeur forte de la république et à défaut d’avoir en nous quelque chose de Tennessee, voilà qu’on a tous en nous quelque chose de la police…

Or ce fut la totale : papy Drucker en sauveteur de haute montagne, Dany Boon en train de nettoyer les chiottes du Raid, Richard Berry en ambassadeur traqué crachant ses rochers d’or Ferrero mais sauvé et hélitreuillé par le GIGN, Daniel Auteuil qui se verrait bien encore à 65 ans dans le rôle d’un flic sur le retour se sentait déjà dans un remake de Navarro ou des Cinq dernières minutes (sic !)… Tous les flics cagoulés comme dans un clip de Michael Young, ou bien visages découverts étaient là sur le plateau… Bref le jour rêvé pour une attaque terroriste ! Il y avait même Shym qui devant cette mâle assistance n’avait pas osé enfiler sa tenue « presqu’à poil » comme dans tant d’autres émissions de télé-variétés… Quand Drucker a précisé que tous les artistes présents étaient fort appréciés per les forces de l’ordre ce fut du délire : il y avait là Calogero, M Pokora, Angun, Thomas Dutronc… Quelle originalité ! Nous découvrions avec stupeur que les flics ont les mêmes goûts formatés que la plupart des téléspectateurs !

Si je me retrouve en garde à vue il suffira aux policiers, plutôt que de m’attacher à poil à un radiateur en me bourrant le pif avec un Bottin,  de me passer en boucle les chanteurs susnommés, pour me faire avouer que c’est moi qui ai cassé le vase de Soissons.

Pour ma part le clou (dans le pied !) de cette amère démonstration fut le dandy dandinant Thomas Dutronc fils de professionnel. Dans un magazine de guitare celui-ci expliquait récemment qu’il avait découvert un merveilleux texte de Louis Aragon intitulé « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » et que, subjugué par la beauté de l’œuvre, il en avait fait une chanson… Et donc de nous l’infliger aussitôt lors de l’émission de Drucker. Alors là c’est pas Dutronc, c’est Dugland ! Ce grand benêt a quand même 42 balais et malgré son aspect juvénile il est loin d’être un perdreau de l’année. Je veux bien que, comme beaucoup d’artistes, il soit persuadé d’avoir tout inventé et qu’il n’y a donc aucun intérêt à écouter ce qui s’est fait avant. Je veux bien que Dutronc junior considère Léo Ferré comme un artiste mineur, ringard et particulièrement chiant. Ne parlons pas de Catherine Sauvage ou de Marc Ogeret… Mais j’ai peine à croire que ce mal entendant ne soit pas tombé un jour ou l’autre sur l’interprétation de Bernard Lavilliers… Cela s’apparente  à de l’ignorance crasse et au plus grand désintérêt pour tout ce qui concerne la chanson. La tête, les bras et les jambes m’en tombent. Appelez-moi Dutronc !

Et s’il n’y avait que cela. Le plus insupportable finalement est que sa chanson est une grosse daube sans aucune originalité, avec une mélodie simpliste et même simplette. Comme le disait Jean-Pierre Koff : « Mais c’est de la merde ! »

Et voilà donc un type, excellent guitariste de jazz manouche, qui se rend compte, comme le fit Sacha Distel 60 ans plus tôt, que le jazz ne nourrit pas vraiment son guitariste, alors que la chanson peut être un pactole. Voilà un type « découvrant » un texte déjà mis en couleurs (comme disait Aragon) et chanté par tous les grands interprètes et qui trouve le moyen d’en faire une purge indigeste.

Par pitié ne lui dites pas que l’œuvre poétique d’Aragon fait 15 volumes superbes et que près de 100 compositeurs se sont déjà emparés des textes du poète, ne lui dites pas qu’un certain Victor Hugo en a fait tout autant près d’un siècle avant… Imaginez « Que serai-je sans toi ? » ou « La légende de la nonne » passés au filtre des « découvertes » dutronciennes. Vu le résultat de son premier aveu je ferais mieux de lui envoyer la liste de mes courses ce serait plus à sa portée.

J’espère de tout cœur que ce message lui parviendra.

Pour la reconnaissance du métier d’artiste

Le Synavi communique.

NOUS, compagnies, structures de production et de diffusion, lieux de fabrique,
Artistes de toutes disciplines, Responsables des politiques culturelles sur les territoires, Publics et Citoyens, sommes choqués et déçus que le Projet de Loi sur la Liberté de Création, l’Architecture et le Patrimoine, présenté le 28 mai 2015 par le Ministère de la Culture sonne comme un nouveau recul, un nouveau renoncement et une trahison.

Nous attendions un texte ambitieux affirmant une volonté politique forte pour la création artistique garantissant les principes fondamentaux de bien commun, d’intérêt général, d’équité sociale et territoriale. Depuis trois ans au fil des remaniements et des rabotages successifs, le projet de loi s’est vu peu à peu vidé de sa substance, réduisant d’autant sa portée politique.

A minima, la version du texte de Loi  de décembre 2014 affirmait la place éminente de l’artiste dans la société et reconnaissait ses différents champs d’intervention.
La simple phrase « Elle (la Nation) reconnait que l’activité des artistes peut s’exprimer également au travers de leurs actions d’éducation artistique et culturelle » légitimait enfin la réalité de l’implication des artistes dans la société. Elle mettait fin à une hypocrisie collective enfermant l’artiste dans sa seule fonction d’interprète sur une scène.

Le nouveau projet de loi revient à une vision archaïque de l’artiste de spectacle qui ne reflète plus la réalité.

Ce recul est d’autant plus paradoxal que, partout, sur tout le territoire, État et collectivités déclarent depuis des années l’action artistique comme une priorité des politiques publiques pour la culture. Au point, d’ailleurs, d’oublier parfois de soutenir la création et la diffusion des œuvres…
Dans les hôpitaux, les prisons, les établissements scolaires, les compagnies artistiques sont sollicitées pour transmettre, sensibiliser et créer. Elles salarient des artistes pour cela.
Dans les lieux de fabrique, les studios de répétition, dans les murs et hors les murs, en résidence de création, les artistes commencent par chercher, essayer, inventer avant de produire.
Tout ce que nous appelons actions connexes et recherche, c’est à dire tout le travail réalisé en amont ou en aval d’une production doit être reconnu comme partie prenante du métier de l’artiste.

Nous revendiquons l’appellation d’artiste-interprète autant que celle d’artiste-intervenant ou de chercheur.

Nous revendiquons l’intégralité du processus de création et de présentation d’un spectacle de la première utopie à sa rencontre avec le public quel que soit le lieu et les modalités.

Nous revendiquons que le métier d’artiste de spectacle ne se fait pas qu’en représentation et dans le cadre d’une production mais qu’il est un parcours plus complexe.

Nous demandons à Madame la Ministre de la Culture et aux Parlementaires qui vont examiner le Projet de Loi dans les prochaines semaines, de réintégrer le paragraphe initial qui reconnaissait le métier de l’artiste dans toutes ses composantes.

Signez la pétition en ligne !

Et partagez la dans vos réseaux ! 

jacques552Cette déclaration-pétition du Synavi est particulièrement importante à l’heure où l’exercice de nos métiers est sans cesse mis en cause et où l’artiste dans l’acceptation la plus large de ce mot tout de noblesse et de quotidienneté voit peu à peu son territoire attaqué, réduit, rabaissé, ses conditions de création et de vie malmenées… 

Signez la pétition. Agissez !

 

…Et la fête de la Musique ?!

Certes on peut ne plus apprécier ce grand rendez-vous multiforme autour de la musique qui, de plus en plus, se voue à la main mise des marchands sur les lieux – et les crédits – les plus emblématiques tandis qu’ailleurs croît et se multiplie la cacophonie la plus insupportable…

Que d’illusion au nom de la musique !

Surnageant, des rendez-vous plus sympathiques se perpétuent, ici dans un cadre institutionnel, là par la volonté d’une équipe de commerçants (mais oui ! cela arrive !) ou l’engagement d’une association. Deux groupes professionnels de notre catalogue (mais d’autres aussi) sont cette année concernés :

A Montpellier le duo Scotch et Sofa jouera vers 20h au domaine d’O dans le cadre des Folies Lyriques.

A Anduze, le groupe Marakay fera retentir à 22h au Plan de Brie, ses accords latinos.

Deux rendez-vous que nous vous conseillons dans la multitude.

 

 

Patachou

jplequesC’est avec tristesse que nous avons appris jeudi dernier le décès de la chanteuse et actrice Patachou, à l’âge de 96 ans.

Née Henriette Ragon en 1918, elle avait, après la dernière guerre, tenu une boulangerie qu’elle transforma (d’abord l’annexe puis plus tard la totalité du fond de commerce), en cabaret, à Montmartre. Etant boulangère, c’est tout naturellement qu’elle prit le pseudonyme de Lady Patachou pour ses premières tournées… Bien sûr elle aurait pu choisir Lady Tatin mais, entre nous, cela aurait fait un peu tarte…

Elle débuta dans son cabaret en chantant un répertoire un peu grivois et, armée d’une paire de ciseaux, elle coupait les cravates des messieurs venus s’encanailler.

– Tiens les amis, il paraît qu’il y a là-bas, à Montmartre , un super cabaret, très smart, je ne sais pas trop ce qui s’y passe mais on m’a dit que l’ambiance était extra, je vais m’y rendre ce soir, je mettrai mon chouette costar en alpaga angora de Bornéo avec ma nouvelle merveille de cravate de soie, incrustée de diamants et venue de Chine à dos de mulet. Elle m’a coûté une petite – que dis-je, une grosse fortune – mais alors elle en jette… Patatras, jette la cravate !

Maurice Chevalier venant en voisin avec un nœud papillon – il était trop radin pour accepter de se faire bousiller une cravate – suggéra à Patachou de choisir un répertoire mieux adapté aux salles de spectacles et aux spectateurs amoureux de la chanson plus que des salles de garde et de leurs carabins… Ce qu’elle fit de bon cœur.

Au fil des années on put entendre dans son cabaret de nombreux artistes débutants : Raymond Devos, Hugues Aufray, Jean-Claude Darnal, Guy Béart, Maurice Fanon, Frida Boccara et surtout, au début des années 50, Georges Brassens  avec qui elle chanta « Maman, papa » et qu’elle força à monter sur scène pour chanter ses propres chansons… Par la suite elle eut toujours la modestie de se défendre de lui avoir mis le pied à l’étrier.

A son tour, Patachou fit une grande carrière : elle chanta des chansons de notre Sétois national, puis elle élargit son répertoire d’Aristide Bruant à Mick Micheyl, de Guy Bontempelli à Frédéric Botton, de « n’en jetez plus » à « la cour est pleine »… Elle partit en tournée au Japon, en Chine, en Suède, pendant près de 20 ans, elle fit des concerts en Amérique, passant au Carnegie Hall et, plusieurs fois à l’Ed Sullivan Show… Polnareff peut s’accrocher lui qui en est réduit à attaquer la pub Cetelem pour crime de lèse-sosie.

Dans les années 50, toute la gouaille, l’émotion, l’intelligence et le talent qu’elle mettait dans l’interprétation de ses chansons, elle les mit au service du théâtre et du cinéma. En 50 ans de carrière elle tourna une quinzaine de films avec Renoir, Guitry, Roger Hanin, et même dans le dernier opus de Leo Carax… Elle a aussi tourné dans treize téléfilms ou séries télévisées.

Comme pour beaucoup de ses collègues son œuvre artistique aurait pu lui valoir la légion d’honneur, mais elle s’est contenté de l’avoir pour faits de résistance… Autres temps autres mœurs.

Je rappellerai enfin qu’elle était la mère du chanteur, auteur, compositeur Pierre Billon auquel je présente symboliquement mes condoléances car je doute fort qu’il consulte le site de l’Acte Chanson.

Reposez  en paix Patachou, et que les sillons de nos disques s’abreuvent encore longtemps de vos chansons.

Jean Ferrat : 5 ans déjà !

Cecile et JacquesOui ! 5 ans déjà que Jean Ferrat est parti et, sans que le show bizz y soit pour quoique ce soit, nous laissant avec notre peine et ce sentiment d’avoir perdu un frère, un ami de toujours… Nous nous souvenons de tant de moments magnifiques vécus sur scène avec lui, grâce à lui, nous nous souvenons de tous ces moments partagés, depuis la place d’un petit village cévenol jusqu’aux scènes les plus connues de la région, avec des publics aux yeux brillants qui nous font penser qu’il est encore temps de croire que le monde enfin peut changer.

… Je n’achèterai ni n’écouterai le CD des soit-disant vedettes de la variété. A quelques exceptions sans doute, notre Ferrat est à l’opposé de ce qu’ils ont fait.