Non ! Non ! Non ! l’Acte Chanson n’est pas mort…

Je sais, mon titre n’est pas terrible… Mais avouez qu’il est assez extraordinaire que notre spectacle « Les Amis de Georges » donné samedi dernier place Dionysos à Montpellier devant 350 spectateurs – en création « mondiale » s’il vous plait et consacré au grand Sétois dont le trentième anniversaire de la disparition donne lieu quasi quotidiennement à des informations dans la presse – n’ait suscité aucune autre information dans les médias régionaux que trois lignes dans un hebdomadaire et deux minutes sur une radio locale…

Etant le premier concerné, je confirme avoir adressé à tous les organes de presse toutes les informations concernant notre rendez-vous. De plus cela fait dix ans que cette initiative, bâtie avec le soutien de la ville de Montpellier, existe à la même date et au même lieu… Alors vous comprendrez que je tienne à préciser que nous ne sommes pas encore morts et que, n’en déplaise à ceux qui font silence, nous continuons à chanter, à créer, à monter des spectacles, à affirmer notre passion pour la chanson, mais aussi à exercer notre exigeant métier d’artiste…

Et tant pis pour les minables qui ne réussiront pas à nous décourager.

Après la disparition d’Allain Leprest

Quelques paroles seulement pour arrêter le temps…

Mec il fait nuit t’es là sur ta chaise et la vie n’est jamais autant là que quand tu fais le mort avec juste la voix de ta main qui écrit…

Tu es l’enfant le fils tout craché de tes pleurs tu passes entre les vents les murs et les amours les pluies les lits sans sueur les phrases sans contour les printemps gris les cris les cailloux les couleurs les siècles les chansons les jours…

J’ai peur des rues des quais du sang des croix de l’eau du feu des becs d’un printemps fragile et cassant comme les pattes d’un insecte j’ai peur de moi de vous j’ai peur des yeux terribles des enfants du ciel des fleurs du jour de l’heure d’aimer de vieillir et du vent…

Va fais leur l’affront d’une rime un vers qui coupe un vers qui blesse d’une encre pourpre chaude épaisse enfante une mémoire au crime…

Nous aimions Allain Leprest, mort dans la nuit du 14 au 15 août 2011 à Antraygues-sur-Volane où vécut Jean Ferrat.

Adieu Chango !

Notre ami Chango Ibarra n’est plus. En tournée avec la compagnie Musicabras, il a été retrouvé mort dans son lit au matin d’un jour qui devait être comme les autres, entièrement voué à son métier d’artiste, à sa passion, à son art…

Chango ne chantera plus. Nous n’entendrons plus sa voix argentine, puissante et nuancée,… Nous ne vibrerons plus avec sa guitare, ses percus et, de plus en plus, avec les mots, les poèmes en français qu’il avait choisi d’éparpiller dans ses spectacles, lui l’Argentin jusqu’au bout des ongles, devenu citoyen du monde par les nécessités de sa vie.

Pour moi, et pour beaucoup d’entre nous à l’Acte Chanson, Chango personnifiait avant tout le chant, le chant dans toute sa pureté, toutes ses exigences,… Mais aussi quel musicien il était ! Je pense à toutes ces harmonies latines qu’il a fait découvrir à tant de musiciens de jazz de notre région : Christian Lavigne bien sûr, mais aussi Michel Marre, Michel Altier et tant d’autres avec qui il continuait de travailler… Chango était aussi musicien de rue, depuis le steel band de Montagnac dont il avait été un des membres fondateurs jusqu’à la compagnie Musicabras avec laquelle il tournait depuis plusieurs années…

Qu’on me permette enfin de me souvenir et de réentendre la flûte andine qu’il avait mise sur une de mes chansons. C’était aux tout-débuts de l’Acte Chanson… Adieu Chango ! Et merci !

Hécatombe !

Moi, je crois que c’est le syndicat d’initiatives de Brive-la-Gaillarde qui a fomenté cette opération baptisée « Hécatombe » par un certain Brassens…

Après tout les flics ne sont pas si bêtes d’avoir attendu 60 ans, ou presque, pour prendre enfin leur revanche et prétendre faire taire Georges – 30 ans après sa mort !- en interdisant sa chanson… Et j’ai bien dit « en interdisant » car on ne peut appeler autrement la mise au placard d’un inconnu nantais, puis de quelques Toulousains, parce qu’ils ont osé chanter « Hécatombe » au nez et à la barbe de policiers…

Il est vrai que parlant des pandores en voie d’extinction grâce à l’action gendarmicide que l’on sait, Georges écrivait : « Moi j’bichais car je les adore sous la forme de macchabés ! », ce que des milliers de rappeurs dans le monde ne cessent depuis de répéter – pas tout à fait avec les mêmes octosyllabes, mais tout de même… – en tous cas avec les mêmes conséquences judiciaires…

Ferrat lui, dans sa chanson « Hou ! Hou ! Méfions-nous ! », se contentait de gloser sur les mœurs à la mode en usage dans les commissariats : « Dieu seul sait quel fut mon supplice quand je lui grimpais sur le dos / Mais pour une fois que la Police on peut la baiser comme il faut… »

Le Léo Ferré post soixante-huitard appelait lui le pavé salvateur qui, inévitablement, devait finir sa course dans la tronche d’un flic (« Comme une fille »)…

Beaucoup d’autres sans doute, même des repentis, dont on va redécouvrir avec appétit les œuvres anarcho-meurtrières…

Ils sont très forts à Brive.

… Et Claude Guéant se masturbait tout triste.

Tu te rappelles, Frédéric ?

J’étais une bonne chanson… – Oui ! je sais ! Henri Salvador a écrit et chanté la même chose il y a 45 ans, mais ça ne fait rien : J’étais une bonne chanson ! – Mon nom ? Ou plutôt, mon titre ? C’était « Frédéric »… Vous vous souvenez ? Bien sûr je m’adresse à ceux qui ont un certain âge, parce que je suis née au début des années soixante, juste avant que les yéyés fassent leurs premiers dégats… Et ça faisait : Je me fous du monde entier / Quand Frédéric me rappelle / Les amours de nos 20 ans… C’était bon !

Mon père s’appelait Claude Léveillée, auteur-compositeur-interprète canadien qui m’a donné beaucoup de grandes et de petites soeurs, et même des demi-soeurs quand des gens comme Gilles Vignault par exemple écrivait des paroles sur sa musique… Certaines de ces chansons sont même allées se nicher dans la bouche d’Edith Piaf. Excusez du peu !

En vérité, mon père a fait mille choses. C’était, comme disaient les journalistes d’alors, « un artiste protéïforme ». Il fut aussi acteur au cinéma et à la télé. Il a écrit des scénarii, composé des comédies musicales,…, pendant près de 50 ans. Robert Charlebois le considérait comme son grand frère… Hélas, le 10 juin dernier, je suis devenue orpheline. A 78 ans mon père s’en est allé pour jouer sur le piano céleste au paradis des musiciens…

Depuis, je suis très triste… Mais je sais aussi que si quelqu’un écoute ou chante une de ses chansons, où qu’il soit mon père doit faire un large sourire… Tu te souviens Frédéric ?

Adieu Ricet !

Ricet Barrier, c’était la déconnade, l’oeil pétillant façon Dom Pérignon – à poil sous la bure – le sourire malicieux, genre écolier fripon, prompt à dégainer le verre pour un apéro kir ou communard, mais surtout c’était un artiste, un chanteur-poète comme on les aime ici, comme on en veut… Ah ! Oui ! Comme on en veut à la Camarde d’avoir fauché le troubadour !

Avec Ricet, on n’était pas dans le showbiz avec grand orchestre, paillettes et ricettes en body autour de lui… Juste une guitare, un banjo ou un ukulélé, et une voix, celle du canard Saturnin de nos enfances, et c’était parti, parti pour la poésie, l’émotion, l’humour avec juste ce qu’il fallait de gauloiseries pour se fendre un peu la pipe…

Adieu Ricet ! Si nous on a la larme à l’oeil, y’en a qui doivent se poiler au paradis !

Tous à la manif du 1er mai !

Le SFA ( Syndicat Français des Artistes) appelle tous les artistes-interprètes à participer aux manifestations unitaires qui auront lieu à travers le pays ce dimanche 1er mai.

Les raisons pour une mobilisation massive des artistes ne manquent pas: les théâtres ferment, les ressources des compagnies diminuent, les jours de tournage se compriment, les salaires fondent, les droits voisins sont bafoués, les droits sociaux sont menacés, le pouvoir d’achat des actifs et des retraités regressent …

En même temps, nous devons exprimer notre solidarité avec les nombreux peuples en lutte contre les dictatures brutales ou qui, s’étant débarrassés de régimes autoritaires, se battent pour reconstruire une société juste et de l’espérance.

C’est aussi la dernière fête des travailleurs avant le début de la campagne présidentielle. Nous aurions tort de nous priver de cette occasion pour exprimer haut et fort nos doléances et nos revendications!

Tous à la manif à 10h dimanche à Montpellier (re ndez-vous au Peyrou).

Pour lire la déclaration intersyndicale pour le 1er mai, tapez : http://www.cgt.fr/Solidarite-internationale-et.html

Pour lire le texte lu aux noms de la Fédération du Spectacle CGT et du Syndeac lors de la récente cérémonie des Molières, tapez : http://www.fnsac-cgt.com/actulong.php?IDactu=116

Salut Jean-Claude !

Quelques lignes pour dire adieu à quelqu’un qui a quitté récemment le monde de la chanson : Jean-Claude Darnal né à Douai le 24 juin 1929 et qui a définitivement rangé sa guitare et son banjo le 12 avril dernier.

Sa carrière avait commencé au début des années 50. Il avait d’abord fait la manche à Saint-Germain-des-Prés puis…un tour du monde avorté. Ses chansons avaient eu du succés, interprétées par Edith Piaf, Juliette Gréco, Pétula Clark, les Frères Jacques, les Compagnons de la Chanson, Eddie Constantine et Raoul de Godewarsvelde (à qui il avait donné « Quand la mer monte »)

Lui-même avait enregistré de nombreux disques, même ces dernières années. Il appartenait en fait à cette génération de chanteurs victimes de la vogue et de la vague yéyé.

Au milieu des années 60 il fut aussi animateur d’émissions pour enfants à la télévision.

Marié à la comédienne allemande Uta Taeger, il fut enfin le chantre de l’Europe et du rapprochement des peuples qu’il prona avec une grande sincérité dans sa chanson « Les chemins de l’Europe ».

Salut Jean-Claude ! Bienvenue au paradis des ch’tis !

De la culture, des festivals…

Grâce à notre ami Alain Garcia nous avons pris connaissance d’un remarquable éditorial sur le blog d’un certain Aristide. En voici la transcription (sous le titre : « De la Culture, des festivals, de l’argent public et surtout de la critique de tout ceci »).

L’intérêt de l’article que l’on peut lire à l’adresse Internationales de la guitare : 390 000 € de subventions et des interrogations est évident. Il met en lumière la collusion des politiques et des industriels du spectacle qu’ils soient sous forme associative ou commerciale. Par ailleurs, chose qui n’est pas toujours connue des gens il met en évidence la survie totalement artificielle ( commercialement parlant ) de tous ces événements culturels de grande envergure médiatico commerciale.

Toutefois, la critique reste un peu frileuse et ne va pas à l’essentiel : les activités « culturelles » qui ont la faveur d’un large public sont précisément celles qui bénéficient de l’argent (des  subventions des collectivités essentiellement ) qui coule à flot alimentant la publicité et les manœuvres de marketing. Le lien est évident ici entre les diverses composantes du pouvoir : les médias, le pouvoir politique, les commerçants du show biz. Où est la culture là dedans ? uniquement dans les têtes des moribonds illusionnés qui fréquentent ces lieux de culte (plutôt que de culture ! ) que sont les grands festivals subventionnés.

On se souvient de la prestation de Josuah Bell, talentueux violoniste reconnu dans le milieu ‘classique’, qui a bien voulu se prêter à l’expérience suivante : il a joué gratuitement dans le métro de Washington offrant sa musique à des milliers de gens qui passaient. Bilan : seules 7 personnes se sont arrêtées. Le soir même pour écouter le même Josuah Bell à  l’auditorium de la ville les prix d’entrée étaient astronomiques et la salle était comble ! certains évoqueront bien sûr l’argument de l’empressement que subissent les citadins dans le métro pour justifier l’absence de réactions des passants à sa musique. C’est largement insuffisant… car l’essentiel est ailleurs.

La culture au sens d’un questionnement sur le monde et des réponses que chacun peut y apporter est complètement absente de ces manifestations « culturelles » ; leur signification ne tient qu’à l’enrobage. La forme ( commerciale ) y précède largement le fond. La fonction première de ces événements ( outre le fait de ‘faire marcher le commerce’ ) est l’hypnose qu’ils produisent sur une ( faible ) partie de la population. Cette hypnose est nécessaire à la bonne marche du système. A chacun son monde : la fascination de la technologie ( bagnoles, gadgets électroniques, …) pour une partie des cadres et petits cadres sous cultivé(e)s, les fringues pour les un(e)s, les voyages pour les autres, etc… tout ça relève de la même subordination à l’ordre du monde : consommez et restez tranquilles ! on peut être de surcroît certain que le spectacle prend d’autant plus le pas sur le contenu que l’apparence culturelle est plus insistante. Le consommateur des festivals est l’humain le plus illusionné car il croit vraiment être au contact de la culture.

Autant dire que les organisateurs de festival qui se plaignent de ne pas avoir assez d’argent ( ou d’argent public ) ne voient dans leur ‘misère’ que le manque d’argent et de moyens pour accéder à un statut de star qu’ils envient et convoitent. Prouvant ainsi qu’ils ne valent pas ( toujours ) mieux que ceux qu’ils envient. Quand ils évoquent leur manque d’argent, celui ci est du reste tout relatif car beaucoup de ceux qui n’ont aucune ou quasiment aucune subvention pourraient bien les voir comme des nantis au même titre que les Internationales de la Guitare.  On ne peut même pas dire que ceux qui n’ont rien soient les heureux détenteurs de la vraie culture car souvent ils sont tout comme les ‘riches’ : envieux de ceux que les autres ont ; et ils possèdent les mêmes schémas attristants dans la tête.

Si l’on peut déplorer que de très nombreux gogos préfèrent dépenser 50 € au zénith pour voir un navet avéré mais ‘vu à la télé’, plutôt que de prendre le risque de voir pour pas cher un groupe de musiciens locaux dans un concert tout près de chez eux, on n’est pas sûr du tout que les organisateurs de spectacles locaux et les artistes eux mêmes – fussent-ils locaux – n’ont pas dans leurs têtes le même environnement idéologique que les promoteurs de l’industrie du spectacle. Sans en avoir les moyens bien sûr. 

Je crois vraiment que cet article mérite d’être pris en compte. N’est-ce pas ? 

 

Merci… et bravo !

Oui ! Merci à celui qui nous a permis de prendre trois jours sans internet en s’attaquant à notre messagerie électronique : un clic et tout s’efface, et vous perdez des heures à essayer de tout récupérer, avant – désespéré – de faire appel à un spécialiste qui, en quelques heures encore, vous rétablit tout… Oui ! Merci… et bravo ! Car ça ne sert à rien d’autre qu’à emmerder et c’est bien ce qu’il voulait démontrer… Du moins je crois !