Le vin des poètes – épisode 11 : UN GRAND VOYAGE EN POESIE (1)

 

CHARLES BAUDELAIRE

 

Parmi les grands poètes classiques (je veux dire ceux dont l’oeuvre ne tourne pas exclusivement autour du vin), Charles Baudelaire est sans doute celui qui a consacré le plus de pages au divin breuvage (… et parfois aussi au haschich, mais c’est une autre histoire). Plusieurs de ses livres, tels Les Paradis artificiels, nous offrent de pleins chapitres sur le sujet, où le poète exerce superbement son art.

Dans Les Fleurs du mal il y consacre plusieurs poèmes dont Le Vin du solitaire mais aussi Le Vin des amants que chante Gilbert Maurin.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Gilbert-Maurin-Le-Vin-des-amants.mp3|titles=Gilbert Maurin – Le Vin des amants]

LE VIN DU SOLITAIRE

Le regard singulier d’une femme galante

Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc

Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant

Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante

 

Le dernier sac d’écus dans les doigts d’un joueur

Un baiser libertin de la belle Adeline

Les sons d’une musique énervante et câline

Semblable aux cris lointains de l’humaine douleur

 

Tout cela ne vaut pas ô bouteille profonde

Les baumes pénétrants que ta panse féconde

Garde au cœur altéré du poète pieu

 

Tu lui verses l’espoir la jeunesse et la vie

Et l’orgueil ce trésor de toute gueuserie

Qui nous rend triomphants et semblables aux dieux 

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jacques-Palliès-Le-vin-du-solitaire.mp3|titles=Jacques Palliès – Le vin du solitaire] 

ENIVREZ-VOUS

 J’entends encore la voix de Serge Reggiani criant ce poème.

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

Et, si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit , à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise ! »

Dans son célèbre essai sur le poète, Jean-Paul Sartre écrit : L’attitude originelle de Baudelaire est celle d’un homme penché. Penché sur soi, comme Narcisse…

 J’ajouterais : et comme Narcisse, toujours prêt à tomber, se noyer, pourvu qu’en effet il en eut conscience. Car, ajoute Sartre : Baudelaire est l’homme qui ne s’oublie jamais. Il se regarde voir; il regarde pour se voir regarder.

En vérité ce regard, comme le montrent les extraits qui suivent est souvent admirable.

 

PROFONDES JOIES DU VIN…

Profondes joies du vin, qui ne vous a connues ? Quiconque a eu un remord à apaiser, un souvenir à évoquer, une douleur à noyer, un château en Espagne à bâtir, tous enfin vous ont invoqué, dieu mystérieux caché dans les fibres de la vigne. Qu’ils sont grands les spectacles du vin illuminés par le soleil intérieur ! Quelle est vraie et brûlante cette seconde jeunesse que l’homme puise en lui !… 

… NOTRE EGAL ?

Le vin est semblable à l’homme : on ne saura jamais jusqu’à quel point on peut l’estimer et le mépriser, l’aimer et le haïr, ni de combien d’actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. Ne soyons donc pas plus cruels envers lui qu’envers nous-mêmes, et traitons-le comme notre égal ! 

… En votre âme et conscience, juges, législateurs, hommes du monde, dites, qui de vous aura le courage impitoyable de condamner l’homme qui boit du génie ?

 

GUILLAUME APOLLINAIRE

« Je suis ivre d’avoir bu tout l’univers » écrivait Guillaume Apollinaire à qui cette consommation universelle ne déplaisait pas… comme elle ne déplaisait pas à Baudelaire, à Verlaine et tant d’autres. Connaît-on d’ailleurs des poètes de l’abstinence et de l’eau claire ? Des musiciens de la privation et de la retenue ?

Soyons clairs : faire l’apologie de l’ivrognerie et de l’ivresse permanente, donner l’alcoolisme et la cirrhose comme objectifs ultimes à la vie, est évidemment très loin d’être notre propos. Nous voulons seulement rendre compte des beautés magiques que les poètes – seuls ! – ont puisé dans le vin, transcris dans leurs œuvres et partagé avec le monde telle une offrande posée sur le bord d’un abîme…

 NUIT RHENANE

Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme

Ecoutez la chanson lente d’un batelier

Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes

Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds

 

Debout chantez plus haut en dansant une ronde

Que je n’entende plus le chant du batelier

Et mettez près de moi toutes les filles blondes

Au regard immobile aux nattes repliées

 

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent

Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter

La voix chante toujours à en râle-mourir

Ces fées aux cheveux d’or qui incantent l’été

 

Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire

 

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jacques-Palliès-Nuit-rhénane.mp3|titles=Jacques Palliès – Nuit rhénane]

Vin des Poètes, épisode 10 : VIVE L’OCCITANIE !

                                                                                                        Ô mon païs… (Claude Nougaro)

Evidemment nul besoin d’aller aux quatre coins du monde pour célébrer le vin. Qui peut encore ignorer que l’hymne légué à la Catalogne, à la Provence, à l’Occitanie et au monde entier par Frédéric Mistral (sur une musique de Nicolas Saboly) est un hymne au vin ?

COUPO SANTO

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Coupo_Santo.mp3|titles=Coupo_Santo]

La Coupo santo, chantée par Patric, le chanteur occitan sans doute le plus populaire aujourd’hui… et que nous retrouverons plus avant dans ce livre au chapître des « Chansons d’ici ».

CHANSON DE LA COUPE 

Frédéric Mistral, auteur de cette coupe sainte offerte aux Catalans, leader incontesté de la cause du félibrige, est né à Maillane en 1830. Militant de l’indépendance de la Provence, il s’attacha à produire une oeuvre très vaste en langue occitane, qui lui vaudra le prix Nobel de Littérature en 1904.

Son oeuvre majeure est Mireïo, plus tard mise en musique par Gounod, mais on lui doit aussi le fameux Trésor dau Félibrige qui est encore aujourd’hui une référence de la lengo nostre.

 

LOU VIN PROVENçAU

Lo souléu me fai canta disait Mistral qui ornait son ex-libris d’une cigale d’or sur champ d’azur… Mais sait-on qu’en occitan la cigale signifie aussi l’ivresse ?

 

 

Né à Sisteron en 1843, mort à Antibes en 1896, Paul-Auguste Arène fut un de ces félibres qu’on appela « parisiens ». Pendant plusieurs années il fut en effet journaliste à Paris.

Ami de Roumanille et de Mistral, il fut également lié à Alphonse Daudet qui lui doit, semble-t-il, quelques Lettres de mon moulin. Jean des figues est son oeuvre la plus connue.

 

 

CAMINAREM

En décembre 2010 le troubadour occitan Joanda nous écrivait : J’ai depuis quelques années une très forte envie d’avoir des vignes bien que je ne sois pas du métier. Peut être plus par désir d’entrer en communion avec la terre que de goûter ce qui pourrait sortir de ces quelques grappes. Juste une profonde envie de soulever  la poussière par temps sec et de marcher dans la boue après nos averses languedociennes. Car il y a un temps languedocien comme il y a une terre languedocienne. Me retrouver là entre le ciel et la terre d’un pays qui a appris à grandir entre félicité et souffrance, c’est d’abord saisir ce que peut être l’humilité mais aussi éprouver la solitude de la création. Et il y a incontestablement création lorsqu’on élève un vin. J’ai choisi pour ma part de composer et de chanter. Je le fais en langue occitane parce que je retrouve dans chaque mot un puissant dialogue avec notre pays. Mais c’est au creux d’un fauteuil ou sur le bord d’une scène que je joue. C’est curieusement dans ces instants là que je ressens l’infinie valeur de ce que chaque artiste vigneron possède et que nous n’avons pas : le monde dans les mains. Et ils nous sauvent peut-être pendant que nous nous amusons.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Joanda-Caminarem.mp3|titles=Joanda – Caminarem]

La chanson Caminarem est une adaptation du célèbre article Qui nous sommes du journal des vignerons de 1907 Le Tocsin.

 

 

 

CANçON DE VENDEMIAS

C’était peu après les événements de mai 68. Des revendications nouvelles naissaient dans la foulée libertaire et franche du grand mouvement étudiant et ouvrier qui avait tant fait trembler la bourgeoisie française…

En Languedoc, c’était soudain en occitan que s’écrivaient aussi les luttes. Dans les chansons de Marti, de Mans de Breich, de Jan Pau Verdier, dans les pièces de la Carriera, de la Rampe… un peuple différent écrivait son histoire.

Claude Marti, instituteur à Couffoulens, chanteur, militant occitaniste, ami de Jean-Pierre Chabrol avec qui il a écrit plusieurs livres, en était la voix principale.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/cançon-de-vendemias4.mp3|titles=cançon de vendemias]

 

 

CANTAM LO VIN

 

Cantam lo vin (paroles René Samson, musique Auguste Bosc) fait partie de l’inépuisable répertoire de la chorale occitane Lo Cocut qui s’est donné pour ambition de porter, partout où cela lui est possible, la culture populaire occitane à travers les chansons qui en sont, comme dans toutes les cultures, l’expression la plus partagée.

 

(à suivre)

Vin des poètes : intermède 10

… Et comment trouvez-vous ce faune de Paul Dardé, le grand sculpteur lodévois, partant à l’assaut d’un cep de vigne ? Eloquent, n’est-il pas ?! Avec tous nos remerciements au Musée de Lodève.

LE VIN DES POETES : Episode 9 – De tout temps et en tous lieux (suite)

Après une première exploration dans la Bible, chez Ovide, les poètes chinois et… Pablo Neruda, nous poursuivons nos chemins du vin, partout et toujours, dans le monde.

 

SONETO DEL VINO (LE SONNET DU VIN)

Nous avions conclu le précédent épisode sur une oeuvre du poète chilien Pablo Neruda… Que dire à présent de ce superbe sonnet de l’écrivain argentin José-Luis Borges ?

Considéré comme un des classiques de la littérature mondiale du 20ème siècle, José-Luis Borges (1899 – 1986) est notamment l’auteur de L’Aleph, de L’autre, le même, du Livre de sable et de nombreux autres ouvrages oscillant de la poésie la plus pure à la réflexion philosophique et même politique.

 

¿En qué reino, en qué siglo, bajo qué silenciosa
conjunción de los astros, en qué secreto día
que el mármol no ha salvado, surgió la valerosa
y singular idea de inventar la alegría?

Con otoños de oro la inventaron. El vino
fluye rojo a lo largo de las generaciones
como el río del tiempo y en el arduo camino
nos prodiga su música, su fuego y sus leones.

En la noche del júbilo o en la jornada adversa
exalta la alegría o mitiga el espanto
y el ditirambo nuevo que este día le canto

otrora lo cantaron el árabe y el persa.
Vino, enséñame el arte de ver mi propia historia
como si ésta ya fuera ceniza en la memoria.

 

Sous quel règne, en quel siècle, sous quelle silencieuse

Conjonction des astres, par quelle journée secrète

Non immortalisée dans le marbre, est née la courageuse

Et singulière idée d’inventer la joie ?

 

Elle fut inventée avec les automnes dorés; le vin

Coule rouge tout au long des générations

Tel le fleuve du temps, et sur ce chemin ardu

Il nous prodigue sa musique, son feu et ses lions

 

Au cours des nuits de liesse ou des journées hostiles

Il exalte la joie ou atténue l’effroi

Et les louanges qu’aujourd’hui je lui chante

 

Lui furent autrefois chantées par l’Arabe et le Perse…

Vin apprends-moi l’art de voir ma propre histoire

Comme si elle était déjà cendre dans ma mémoire

(Traduction : Christine Besnaïnou) 

 

CHEZ LES ANGLO-SAXONS

C’est William Shakespeare le premier qui, à ma connaissance, donne la clef des rapports des anglo-saxons avec le vin. « Ô toi, invisible esprit du vin, si tu n’as pas de nom dont on te désigne, laisse-nous t’appeler démon. » écrit-il dans Othello… Démon ? Le mot est lâché… Démon en effet l’alcool qui asservit Jack London et ses voleurs d’huitres dans « Le Cabaret de la dernière chance » ; démon le gros rouge dont se nourrit le Miller parisien vivant des « jours tranquilles à Clichy »… Démon, puisqu’on ne résiste pas.

Heureusement souvent l’humour s’en mêle. Ecoutez John Steinbeck…  

« Deux gallons, c’est beaucoup de vin, même pour deux paisanos. Moralement voici comment on peut graduer les bonbonnes. Juste au-dessous de l’épaule de la première bouteille, conversation sérieuse et concentrée. Cinq centimètres plus bas, souvenirs doux et mélancoliques. Huit centimètres en dessous, amours anciennes et flatteuses. Deux centimètres de plus, amours anciennes et amères. Fond de la première bouteille, tristesse générale et sans raison. Epaule de la seconde bouteille, sombre abattement, impiété. Deux doigts plus bas, un chant de mort ou de désir. Encore un pouce, toutes les chansons qu’on connaît. La graduation s’arrête là, car les traces s’effacent alors et il n’y a plus de certitude : désormais n’importe quoi peut arriver. »

 

Tortilla flat est sans doute avec « Des souris et des hommes » l’œuvre la plus célèbre de John Steinbeck. Mais on lira aussi avec beaucoup d’intérêt son autre grand livre « Les raisins de la colère », histoire d’une révolte viticole en Californie qui ne peut laisser indifférent quiconque s’intéresse au vin.

LE CONSEIL DE PETER

Peter Mayle est le plus provençal des Anglais installés de plus en plus nombreux dans  nos régions sudistes… Le plus provençal et, de fait, le plus connaisseur de nos coutumes, de nos pratiques, de nos passions, de nos excès. Jugez-en, ô vous qui ne savez résister aux appels des barriques. Voici ce qu’il écrit dans son livre « Un bon crû » :

Manger la tête de deux choux crus permet de boire autant de vin que l’on veut sans problème. Les poumons de chèvre rôtis auraient le même effet, mais je n’ai jamais essayé… Le meilleur serait, paraît-il, les cendres de bec d’hirondelle : une ou deux pincées de cette poudre dans votre verre de vin et tout ce que vous boirez ensuite n’aura aucun effet sur vous…

Chiche ! Qui veut essayer ?

LE VIN POLONAIS

Il paraît que pour caractériser l’ivresse excessive, les Polonais usent d’une expression classique ; « Saoul comme un Français ! »… Mais qui a bien pu leur suggérer une idée pareille ? Il est vrai que Jarry / Ubu chantait :

On a bonne trogne / Quand on a bu / Viv’ la Pologne / Et l’Père Ubu…

Heureusement les Polonais ont aussi la poésie de Wislawa Szymborska, prix Nobel de Littérature en 1996.

D’un regard il me fit plus belle

Et je pris cette beauté pour moi.

Heureuse j’avalai  une étoile.

Il m’invente

Telle mon reflet dans ses yeux.

Et je danse, danse

Ailes déployées. 

La table est table, le vin est vin

Dans un verre qui est verre

Solidement posé sur la table.

Mais moi dans tout cela

Je ne suis qu’une illusion

Illusion sans limites

Illusion jusqu’au sang. 

Je lui parle de ce qu’il veut entendre :

Des fourmis mourant d’amour

Sous l’étoile du pissenlit.

Je lui jure que les roses

Chantent quand elles ont bu du vin. 

Je ris, je penche la tête

Prudente comme si je faisais une expérimentation

Et je danse, et danse

Dans une peau étonnée d’être à moi

Dans des bras qui me donnent forme. 

Eve de la côte, Vénus de l’écume

Minerve du front de Jupiter

Furent plus réelles que moi. 

Quand il ne me regarde plus

Je cherche mon reflet sur le mur

Et ne vois qu’un clou

Sans tableau.

(Traduction : Mary Telus)

 

IL VINO TRISTE

Picasso : Le buveur

« … Et pour que moins t’étonne ce que je dis, considère la chaleur du Soleil qui, jointe à l’humeur qui coule de la vigne, se  fait vin.

                                                                                               Dante

Deuxième pays producteur de vin au monde, pays des Arts et de la chanson populaire, l’Italie ne pouvait être à l’écart de ce livre… Les Romains déjà ne pouvaient concevoir leur expansion sans quelques pieds de vigne glissés dans leurs impedimentae, et rares sont les œuvres, même les plus contemporaines, d’où le vin est absent… Parfois on plonge même au plus profond du drame.

Né en 1908 dans une petite commune du Piémont italien, Cesare Pavese qui, toute sa vie, combattit le fascisme, se suicide à Turin en 1950…

  

Le plus dur c’est de s’asseoir sans se faire remarquer.

Le reste vient tout seul. Trois gorgées

Et puis l’envie renaît de penser solitaire.

Un décor de lointains qui bourdonnent se découvre soudain,

Chaque chose se perd, et être né et regarder son verre

devient un miracle. Le travail

(l’homme seul ne peut s’empêcher de penser au travail)

Redevient le destin très ancien qu’il est beau de souffrir

Pour pouvoir y penser. Puis, douloureux, les yeux

Se fixent dans le vide, comme ceux d’un aveugle.

 

Si cet homme se lève et qu’il rentre pour dormir,

Il a l’air d’un aveugle qui a perdu son chemin.

N’importe qui pourrait déboucher d’une rue et le rouer de coups.

Une femme pourrait déboucher et s’étendre dans la rue,

Jeune et belle, couchée sous un autre homme, gémissante

Comme jadis une femme gémissait avec lui.

Mais cet homme ne voit rien. Il rentre pour dormir

Et la vie n’est qu’un silence qui bourdonne.

 

A le déshabiller cet homme, on ne voit que des membres épuisés,

Et un peu de poil brutal, ça et là. Dirait-on

Que des veines où jadis la vie était ardente

Courent tièdes en cet homme ? personne

Ne croirait que jadis une femme ait caressé

Ce corps et embrassé ce corps qui frissonne

Et l’ait baigné de larmes, maintenant que l’homme,

Rentré pour dormir, n’y parvient pas mais gémit.

 

LE VIN, LE VENT, LA VIE

Difficile aujourd’hui de parler de vin, d’amour, de poésie, de joie, dans un monde arabe corseté par la religion… Que de richesses pourtant dans ce monde-là !

Né vers 757 et mort à Bagdad vers 815, Abû Nuwâs est considéré, deux siècles avant Omar Khayam, comme l’un des plus grands poètes arabes de son temps. Sa renommée s’est établie sur sa poésie érotique et bachique, celle d’un homme avant tout attaché au bonheur de vivre.

 

 

 

(à suivre)

VIN DES POETES : Intermède 9

En préparant l’exposition de dessins, tableaux, affiches et oeuvres diverses d’Allain Leprest qui doit accompagner l’hommage que l’Acte Chanson lui rendra le 19 janvier prochain dans le caveau de Trinque Fougasse, je suis tombé sur ce dessin fait à main levée sur un coin de nappe par Allain. Quelle belle femme au vin, n’est-ce pas ! Merci Sylvie !

Puisqu’on vous dit : culture !… camarades !

Longtemps je me suis certes levé de bonne heure, mais j’ai aussi lu avec naïveté les pages culture de Libération. Quoi ! ce journal issu de la mouvance soixantehuitarde consacrait tous les jours au moins deux pages aux événements culturels et je ne connaissais jamais personne des artistes dont il parlait, rien de leurs oeuvres… Quel ignare ! Quel provincial peut-être, à l’écart de tous les grands bouleversements culturels, de toutes les avancées artistiques !… J’étais nul, et c’est d’ailleurs à peu près à cette époque qu’a commencé à proliférer cette collection implacable : Les Nuls !

… Même en chanson je voyais tout à coup surgir des hordes de jeunes gens appelés à transformer le monde dès le lendemain matin grâce à leur musique, des groupes à l’esprit révolutionnaire évidemment chevillé aux guitares et aux provocations programmées par les attachés de presse… Or je n’en connaissais aucun (ni aucune me disais-je avec le souci de la parité.) Pourquoi ? Comment une telle nullité ? Avais-je râté un train ?

Et puis un jour je me suis rendu compte que, non content de méconnaître les artistes dont on me disait le génie purificateur, j’avais aussi la tendance irréversible de les oublier dans l’instant… et que je n’étais pas le seul dans ce cas. Tout le monde les avait aussitôt oubliés et je ne suis pas sûr que les journalistes de Libé eux-mêmes (ceux qui savaient pourtant) auraient été capables de se rappeler leurs immenses qualités.

En vérité, comme toute marchandise au firmament de notre société, ils étaient passés, remplissant plus ou moins efficacement leur rôle marchand, mais aussi idéologique… car en matière de culture la détente est double camarade artiste, et si ton destin est avant tout d’occuper une place dans la sphère marchande, il est aussi de contribuer à ce que l’édifice, pourtant contraire aux lois de la nature, ne se casse pas la figure.

A ce jeu je découvris soudain que Libération était très fort, parvenant à me convaincre de mon inutilité puisque je ne trouvais pas ma place dans ce que le journal décrivait, ni comme public, ni comme acteur…

Au fait savez-vous pourquoi je vous raconte tout ça ? J’ai lu ce matin l’Hérault du Jour (comme tous les matins, nul n’étant parfait) et notamment les deux pages consacrées au bilan 2011 de la culture à Montpellier… Or, à une exception près, je ne me suis reconnu dans aucun des spectacles, des événements, des moments, des artistes, évoqués par le journal…

Vous avez dit : nullité !?

Tiens ! Une chanson de Jacques Palliès ! (Aux guitares : Pascal Corriu)

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jacques-Palliès-Où-sont-les-équipages.mp3|titles=Jacques Palliès – Où sont les équipages]

Vin des Poètes : intermède 8

Une oeuvre catalane pour conclure l’année 2011… Oui ! catalane ! car, comme leur nom ne l’indique pas, les Pritchard’s qui ont signé l’affiche de la Saint-Vincent 2012 à Mèze sont un couple d’artistes (Eric et Sabine) étonnant, hors norme, truculent mais rigoureux, installé à Perpignan et qui depuis une quinzaine d’années donne à voir une oeuvre, une histoire plutôt, faite d’une profusion de personnages colorés aux formes toujours généreuses, gitans, camioneurs, femmes au bain ou sous la douche, en attente sur le velours d’un sofa, musiciens, cyclistes, amoureux,…, et désormais anges dégustateurs !

Pour en savoir plus http://lespritchards.net/

LE VIN DES POETES – Episode 8 : De tout temps et en tous lieux…

Depuis toujours le vin a inspiré les poètes.

LES NOCES DE CANA

Quand on consulte la Bible sur internet, le site « officiel » indique que le mot « vin » apparaît 176 fois sur l’ensemble du Livre (Ancien et Nouveau Testament). Le moins que puisse en dire un profane tel que moi est que les citations y sont plutôt contradictoires, saluant ici le « vin qui réjouit le cœur de l’homme », exaltant là « le vin de l’ardente colère du Dieu tout puissant »… Qui a raison au royaume de Dieu ? L’éclésiaste qui reconnaît que « le vin rend la vie joyeuse » ? ou Luc qui recommande de ne boire « ni vin, ni liqueur enivrante » ? Les Ephésiens qui affirment « Ne buvez pas de vin; c’est de la débauche » ou Jérémie qui ne cesse de conseiller « Buvez du vin. » ? Heureusement il y a la poésie… Miracle !

 

Les noces de Cana par Paul Véronèse

« Le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples. Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit  » Ils n’ont pas de vin ». Jésus lui dit  » Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue.  » Sa mère dit aux serviteurs : « Faites ce qu’il vous dira ».

Or il y avait là six jarres de pierre, pour les purifications des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau ces jarres ». Ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit :  » Puisez maintenant et portez-en au maître d’hôtel.  » Ils lui en portèrent. Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau devenue du vin – il en ignorait la provenance, mais les serveurs la savaient, eux qui avait puisé l’eau – il appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, alors le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent . » Tel fut le commencement des signes de Jésus ; c’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ». (Evangile selon Saint Jean, 2,1-11).

 

L’ART D’AIMER ET… DE BOIRE  

Le vin et les religions ont presque toujours fait bon ménage… Vertus euphorisantes obligent sans doute !

Toutes les grandes civilisations, de même. Chez les Phéniciens, les Grecs, les Romains, le vin est partout présent ;  les images de libations, de fêtes, débordent sur les ustensiles de la boisson, sur les parois des vases, des amphores, des coupes,… Chez les Egyptiens aussi dont Bernard Pivot note les larges dévotions à un jus de la treille évidemment venu d’ailleurs. Ainsi précise-t-il que dans la tombe du roi Scorpion à Abydos on découvrit quelques 700 jarres représentant 4500 litres d’un vin importé de Palestine… 

Car il n’est bien sûr pas que la religion pour, depuis toujours ou presque et sous tous les cieux, susciter la célébration du vin. Dans toutes les littératures antiques, il est présent et bien présent. Ainsi Pétrone, l’auteur du Satyricon, l’arbitre des élégances du temps de Néron, affirmait : « L’eau nous liquéfie le cœur un peu plus chaque jour, mais quand je me suis enfilé une bolée de vin au miel j’envoie le froid se faire foutre. »

Et puis relisez Ovide, le très étonnant Ovide quand on sait que l’Art d’aimer date du début de l’ère chrétienne… Quant à Athénée, c’est un chroniqueur du 3ème siècle, auteur du Banquet des Sophistes.

 

Quelle est la juste mesure à conserver en buvant ? Nous allons te l’indiquer. Que ton intelligence et tes pieds restent à même de remplir leur office. Evite surtout les discussions  qu’anime le vin et la trop grande propension aux combats cruels. Eurytion périt pour avoir bu sans mesure les vins qu’on lui offrait : combien mieux la table et le vin se prêtent-ils à d’agréables passe-temps. Si tu as de la voix, chante ; si tes bras sont gracieux, danse ; si tu as d’autres moyens de plaire, plais. L’ivresse, si elle est véritable, te fera tort ; si elle est feinte, elle peut t’être utile. Tâche que ta langue artificieusement prononce en hésitant des mots balbutiés, pour que toutes tes actions ou tes paroles un peu hardies soient attribuées à des libations trop copieuses… (Ovide – L’Art d’aimer – Le Livre de Poche)

 PROPOS DE TABLE

Je ne prépare que trois cratères aux gens sensés : l’un de santé, celui qu’ils boivent le premier, le deuxième d’amour et de plaisir, le troisième de sommeil ; celui-ci bu, ceux qu’on appelle les sages rentrent chez eux. Le quatrième n’est plus nôtre, il est à l’insolence, le cinquième aux cris, le sixième aux railleries, le septième aux yeux pochés, le huitième à l’huissier, le neuvième à la bile, le dixième à la folie, c’est celui-là qui fait trébucher. (Athénée – cité par Gilbert Garrier – Histoire sociale et culturelle du vin)

 

CHEZ LES POETES CHINOIS

Chez les poètes chinois que j’ai également longuement étudiés pour préparer ce voyage en compagnie de la Dive Bouteille, c’est le vin de raisin qu’on célébrait avec emphase. Ainsi Sine Kieu écrivait bien avant l’an mille : « Après boire on oublie que le ciel est au-dessus de l’eau, un plein bateau de rêves purs traverse la voie lactée. »

Et son collègue Du Fu renchérissait à peu près à la même époque : « Il faut cinq grandes mesures à Chiao Sui pour porter sa verve à son comble, mais il devient alors d’une éloquence à jeter ses convives dans la stupeur. »  Ah ! L’éloquence !

Mais voici deux poèmes de Li Po (701 – 761), par excellence le poète de l’ivresse disent de lui les spécialistes de la poésie chinoise, un des huit immortels du vin d’après Du Fu ! Pour avoir lu quelques uns de ses poèmes, je veux bien le croire.

 

BUVANT SEUL SOUS LA LUNE  

 un pichet de vin au milieu des fleurs,

je bois seul, sans compagnon

levant ma coupe je convie la lune claire

avec mon ombre nous voilà trois

la lune hélas ! ne sait pas boire,

et mon ombre ne fait que me suivre

compagnes d’un moment, lune et ombre,

réjouissons-nous, profitons du printemps

je chante, la lune musarde

je danse, mon ombre s’égare

encore sobres, ensemble nous nous égayons

ivres, chacun s’en retourne

mais notre union est éternelle, notre amitié sans limite

sur le fleuve céleste là-haut nous nous retrouverons

 

DEVANT LE VIN 

du vin de raisin,

 dans des coupes en or

une belle Wu de quinze ans, sur un cheval nain,

ses sourcils peints d’indigo, ses bottes de brocart rouge

elle trébuche sur les mots, mais espiègle chante

au banquet raffiné, ivre elle se serre contre moi

« derrière la tenture aux nénuphars, je ne pourrai te résister »

 

EN AMERIQUE LATINE

Il semble que tous les écrivains d’Amérique latine ont célébré le vin et ses diverses vertus… Et avec quelle verve ! Ecoutez par exemple ce chant de Pablo Neruda, le grand poète chilien victime d’un Pinochet.

ODE AU VIN

Vin couleur de jour, 

Vin couleur de nuit, 

Vin à pieds de pourpre ou sang de topaze, 

Vin, fils étoilé de la terre, 

Vin lisse comme une épée d’or, 

Suave comme un velours froissé, 

Vin enroulé comme une conque et suspendu, 

Amoureux, marin, 

Tu n’as jamais tenu dans un verre, 

Dans un chant, dans un homme,  

Corail, tu es partout, 

Et dans l’intime aussi. 

  

Tu te nourris parfois de mortels souvenirs, 

Nous allons, sur ta vague, de tombe en tombe, 

Tailleur de pierre de sépulcre glacé, 

Et pleurons des larmes provisoires, 

Mais ton bel habit de printemps est différent, 

Le cœur grimpe aux branches, 

Le vent agite le jour, 

Rien ne reste dans ton âme immobile.  

  Le vin excite le printemps, 

Fait croître la joie comme une plante, 

Les murs s’écroulent, et les rochers, 

Les abîmes se comblent, le chant naît. 

Oh toi, jarre de vin, 

Dans le désert avec ma délicieuse aimée, 

Disait le vieux poète. 

Que la cruche de vin 

Au baiser de l’amour ajoute son baiser. 

 

Mon amour, ta hanche tout à coup 

Est la courbe pleine de la coupe, 

Ta gorge est la grappe, 

La lueur de l’alcool ta chevelure,   

Les raisins sont la pointe de tes seins, 

Ton nombril le sceau pur imprimé 

Sur ton ventre de vase, 

Et ton amour la cascade d’inextinguibles vins, 

La clarté qui illumine mes sens, 

La splendeur terrestre de la vie. 

    

Tu n’es pas seulement l’amour, 

Baiser brûlant ou cœur brûlé 

Tu es, vin de vie, 

L’amitié, la transparence, 

Le chœur bigarré, l’abondance de fleurs.  

  

J’aime sur une table, quand on parle, 

La lueur d’une bouteille de vin intelligent. 

Buvez-le, et souvenez-vous qu’en chaque goutte d’or 

Ou coupe de topaze, ou cuillèrée de pourpre, 

L’automne a travaillé pour remplir de vin ces flacons 

Et apprend, homme obscur, 

Dans le cérémonial de ton commerce,

à te souvenir de la terre

et de ce qui lui est dû,

et à propager le cantique du fruit.

Pour saluer la mémoire de Pablo Néruda, permettez-moi de vous donner à entendre cette chanson que j’ai composée il y a une quinzaine d’années… Déjà !

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/08-Jacques-Palliès-Les-pierres-de-Neruda.mp3|titles=08-Jacques Palliès – Les pierres de Neruda]

 

(à suivre)

Vin des poètes : intermède 7

Le photographe montpelliérain Hervé Berteaux, également musicien spécialiste d’instruments anciens, a à son actif depuis quelques années plusieurs ouvrages consacrés au moyen-âge.

Il vient encore de publier « La cuisine au moyen-âge » d’où j’ai extrait cette recette d’Hypocras… Un cadeau de Noël en quelque sorte.

LE VIN DES POETES – Episode 7 : Chants à boire (suite)

Après les « Chevaliers de la Table Ronde », la « Vigne au vin » et « Entrez la belle en vigne », nous poursuivons notre plongée dans l’univers des Chants à boire.

 

LE VIN CLAIRET (Tourdion) 

 

Paradigme du tourdion, danse de couple rapide et sautillante, élément de base de la « basse danse » au 16ème siècle, le Vin Clairet a été popularisé dès 1530 par Pierre Attaignant et est depuis resté dans les répertoires de nombreuses chorales… Il n’est d’ailleurs pour s’en convaincre qu’à aller faire un tour sur internet.

Quand je bois du vin clairet,
amis, tout tourne.
Aussi, désormais
je bois Anjou ou Arbois.
Chantons et buvons
à ce flacon faisons la guerre.
Chantons et buvons,
mes amis, buvons donc

Le bon vin nous a rendu gais, chantons,
oublions nos peines, chantons.
En mangeant d’un gras jambon,
à ce flacon faisons la guerre.

Buvons bien, là buvons donc
à ce flacon faisons la guerre.
En mangeant d’un gras jambon
à ce flacon faisons la guerre.

Buvons bien, mes amis, trinquons,
buvons, vidons nos verres.
En mangeant d’un gras jambon
à ce flacon faisons la guerre.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Tourdion.mp3|titles=Tourdion]

 

DANS LE BOURGEOIS GENTILHOMME

Allons, qu’on donne du vin à Monsieur Jourdain, et à ces Messieurs et à ces Dames, qui nous feront la grâce de nous chanter quelques airs à boire… Nous sommes à la scène 1 de l’acte IV du Bourgeois Gentilhomme. Prêtons l’oreille et écoutons ces deux chansons à boire que nous propose Molière.

Cela est tout à fait beau commente Dorimène. En effet il n’y a rien à ajouter… 

 

JE VAIS VOUS CROQUER LE TABLEAU

Mesure-t-on bien que la chanson française est née de sa complicité avec le vin ? Bien des siècles se sont écoulés mais j’imagine tout à fait les lieux sombres et mal famés – des auberges déjà, des tavernes, bientôt des caveaux – où entre deux disputes d’ivrognes jaillissaient quelques vers de poètes, étonnamment repris à plusieurs voix, chantés d’étape en étape, simplement parce que l’homme, en toutes circonstances, a besoin de créer.

Plus tard, peu de temps avant la Révolution, Charles Collé (l’auteur de Je vais vous croquer le tableau) est membre de la confrérie du Caveau où l’on déguste le vin sous toutes ses formes, y compris poétiques et chansonnières. Il y  retrouve Antoine Gallet le fondateur, mais aussi Alexis Piron et… Charles-François Panard… Une belle équipe aurait dit Julien Duvivier.

Je vais vous croquer le tableau d’une guinguette folle ;

C’est là qu’on a du vin nouveau, qu’on rit, qu’on batifole ;

C’est là que Michau caresse Isabeau,

Sur le cul d’un tonneau.

 Refrain : Eh ! ziste, eh ! zeste, eh ! point d’chagrin !

L’on s’y ri, l’on s’y ri, l’on s’y rigole.

Eh ! ziste, eh ! zeste, eh ! point d’chagrin !

L’on s’y rigale avec du vin.

 L’on danse au son du tambourin, l’on fait la cabriole.

L’on s’y bat, l’on y prend au crin le brave qu’on enrôle ;

Puis l’on en revient au vin qui soutient

A Catin qui vous tient…

 Refrain : Ehh ! ziste, etc.

L’on s’y rigale avec Catin.

 La nuit, est-on las de Catin, l’on embrasse Nicole,

Qu’on abandonne le matin pour Suzon qu’on bricole ;

ou pour Jeanneton, ou pour Margotton,

ou pour Manzell’Tonton.

 Refrain : Eh ! ziste, etc.

L’on s’y rigale avec du vin.

 Le vin fait revivre l’amour, et lui rend la parole ;

L’amour altère, et tour à tour l’on boit et l’on s’accole ;

Quand l’amour se tait, un vin qui vous plaît

Fait que l’amour renaît.

 Refrain : Eh ! ziste, etc.

L’on s’y rigale avec du vin.

 

AH ! LE PETIT VIN BLANC

 

Et qui n’a chanté, et peut-être même dansé aux accents de ce  chef d’oeuvre de Jean Dréjac, sur une musique de Charles Borel-Clerc ?

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/13-Ah-Le-Petit-Vin-Blanc.mp3|titles=13 Ah ! Le Petit Vin Blanc] 

(à suivre)