Après le Lac du Salagou puis le Pic-Saint-Loup, c’est sous l’égide du Canal du Midi, tout près des écluses de Fonsérannes, que l’Acte Chanson inscrit son blog et sa programmation 2012… Quelle aventure ! en effet, 16 ans après sa création, que d’être toujours sur le pont de la défense et de la promotion de la chanson d’auteur dans notre région Languedoc-Roussillon. Cette région bien sûr nous l’aimons à la fois pour la beauté de ses sites, la diversité de sa culture, la richesse de son histoire, l’engagement de ses créateurs et c’est cela que nous avons voulu réunir dans notre nouvelle image,…, Et par la lente mais sûre avancée des péniches, faire le lien avec les certitudes que nous avons forgées : la chanson, la musique, l’art et la culture, sont décisifs pour envisager de changer le monde si l’on met l’humain au premier rang des nécessités.
Vin des Poètes : épisode 20 – Le temps des chansons (4)
Les Quatre Barbus
Ils s’appelaient Jacques Trisch, Marcel Quinton, Pierre Jamet et Georges Thibaut… et c’étaient les Quatre Barbus, un de ces groupes vocaux (tels encore Les Frères Jacques) nés dans l’immédiat après-guerre et qui entendaient porter auprès du plus grand nombre la chanson comique de qualité.
Appréciées à la fois par les publics populaires et par les intellectuels, leurs chansons, traditionnelles, paillardes, ou même anarchistes, étaient en effet drôles et intelligentes.
Comme tant d’autres ils furent balayés par la vague yéyé. La chanson que nous donnons ici est un chant traditionnel venu de Haute Bourgogne.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Les-4-barbus-Ah-que-nos-pères-etaient-heureux.mp3|titles=Les 4 barbus – Ah ! que nos pères etaient heureux]
AH ! QUE NOS PERES ETAIENT HEUREUX
Ah! Que nos pèr’s étaient heureux
Ah! Que nos pèr’s étaient heureux
Quand ils étaient à table
Le vin coulait à flot pour eux
Le vin coulait à flot pour eux
Ça leur était fort agréable!
Refrain :
Et ils buvaient à pleins tonneaux
Comme des trous
Comme des trous, morbleu!
Bien autrement que nous, morbleu!
Bien autrement que nous!
Ils n’avaient ni riches buffets
Ils n’avaient ni riches buffets
Ni verres de Venise
Mais ils avaient des gobelets
Mais ils avaient des gobelets
Aussi grands que leur barbe grise
Refrain
Ils ne savaient ni le latin
Ils ne savaient ni le latin
Ni la théologie
Mais ils avaient le goût du vin
Mais ils avaient le goût du vin
C’était là leur philosophie
Refrain
Quand ils avaient quelque chagrin
Quand ils avaient quelque chagrin
Ou quelque maladie
Ils plantaient là le médecin
Ils plantaient là le médecin
L’apothicair’, la pharmacie
Refrain
Celui qui planta le provin
Celui qui planta le provin
Au beau pays de France
Dans l’éclat du rubis divin
Dans l’éclat du rubis divin
Il a planté notre espérance
Refrain
Boris VIAN
Bien sûr il y eut la mythologie des caves de Saint-Germain-des-Prés, dans l’effervescence de la liberté retrouvée… Il y eut la trompinette et le jazz… une vie intense, multiple, sublimée par la maladie qui le guetta tout au long de ses 39 ans d’existence et qui finit évidemment par l’emporter… Mais c’était bien la maladie, pas les excès.
Car Boris Vian était aussi un homme très organisé qui sut mener de front les multiples taches qu’il s’était fixées : écrire (il faut relire ses romans), composer (avec Henri Salvador cela donna des dizaines de titres), chanter, inventer, aimer… vivre !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Boris-Vian-Je-bois.mp3|titles=Boris Vian – Je bois]
JE BOIS
Systématiquement
Pour oublier les amis de ma femme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier tous mes emmerdements
Je bois
N’importe quel jaja
Pourvu qu’il fasse ses douze degrés cinque
Je bois
La pire des vinasses
C’est dégueulasse, mais ça fait passer l’temps
La vie est-elle tell’ment marrante
La vie est-elle tell’ment vivante
Je pose ces deux questions
La vie vaut-elle d’être vécue
L’amour vaut-il qu’on soit cocu
Je pose ces deux questions
Auxquelles personne ne répond… et
Je bois
Systématiquement
Pour oublier le prochain jour du terme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier que je n’ai plus vingt ans
Je bois
Dès que j’ai des loisirs
Pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule
Je bois
Sans y prendre plaisir
Pour pas me dire qu’il faudrait en finir…
Ricet BARRIER
C’est en 1958 que le nom de Ricet Barrier apparaît pour la première fois parmi les chanteurs, auteurs-compositeurs, connus et reconnus de notre pays. Grâce à La servante du château il accède à la notoruété et débute une carrière qui, hier encore, à plus de 80 ans, l’amenait sur la plupart des grandes scènes françaises.
La chanson que nous donnons ici date de 1978 et la musique, comme souvent avec Ricet, est signée Bernard Lelou.
L’écriture de ce livre se terminait quand nous avons appris la disparition de Ricet Barrier. Au-delà du choix d’une chanson , ayons une pensée pour ce chanteur atypique qui a marqué son temps.
BACCHUS BOURREE
(parlé) Bacchus, Dieu du vin et de l’inspiration,
De la vigueur féconde et de la procréation.
Né du Feu, élevé par la Pluie,
C’est le Dieu des plaisirs de la Vie.
Il vide les tonneaux et remplit les vessies,
Fait rire les chameaux et pleurer le Messie.
Quand on fait la fête, qu’on est un peu bourré,
Qu’on trouv’ la vi’ belle et les fill’s à croquer,
Pour peu qu’un guitareux se mette à la gratter,
Ça y est c’est parti, Bacchus est arrivé …
Refrain : La Bourré’, la bourré’ qui balance,
La bourré’ des bourrés, c’est Bacchus qui la danse
Et tout en louvoyant de barrique en jupon,
Il goutte le bon vin et les jolis tétons.
La bourré’ fait sauter les fillettes,
Bacchus, l’oeil allumé, leur verse une piquette
Et dans la vigne au vin, dans le creux d’un sillon,
L’entonnoir à la main, il trousse leur cotillon.
Bacchus aime tout excepté … Le thé !
Il boit toujours en société, Santé !
Débondez les tonneaux, percez les barillets,
Allez, tous au goulot et videz les pichets,
Quand on voit la vie
Couleur de paradis,
On est bon pour danser
La Bourré’ des bourrés.
Refrain
La Bourré’ chasse tous les soucis,
La Bourré’ des bourrés vous fait voir du pays.
Dans les fumé’s du vin,
Le pauvre a des écus,
Les moines sont coquins
Et contents les cocus !
Bacchus ne connaît qu’un fléau C’est l’eau !
Un seul pays a sa confiance, La France !
Bacchus est malicieux,
En vidant les tonneaux
Il pouss’ les amoureux à remplir les berceaux,
Mariage ou enterrement,
Ca finit en buvant,
Les jamb’s en compote,
Mais l’printemps dans la culotte !
Pour Claude Vinci
Notre ami Christian Stalla vient de nous en informer : le chanteur Claude Vinci vient de mourir à Paris le 9 mars dernier… « Dans l’indifférence générale » écrit Christian.
Pourtant, chanteur, parolier, interprète depuis le milieu des années 50, militant syndical engagé dans la défense des droits des artistes, il était un de ces piliers incontournables de l’histoire de la chanson française, celle des cabarets, mais aussi celle des artistes qui ont conçu leurs métiers comme ceux d’artisans, à l’opposé des carrières dont on voudrait nous faire croire qu’elles sont le seul choix possible pour les créateurs…
Pour moi, Claude Vinci était avant tout l’incomparable interprète des poèmes de Paul Eluard qui détermina mon goût pour la poésie chantée. Combien de fois ai-je écouté Liberté, L’amoureuse, Dans Varsovie… ?
J’écoute Claude Vinci en écrivant ces quelques lignes… et je pleure !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/1-Liberté.mp3|titles=1-Liberté]VIN DES POETES : Episode 19 – Le temps des chansons (3)
Des goguettes aux comiques troupiers…
Charles GILLE
Alors qu’au coeur du 19ème siècle, la bourgeoisie étend son emprise économique et politique sur la société française, dans les goguettes mûrit l’esprit révolutionnaire. Charles Gille qui a vingt ans en 1840 est un de ces « goguettiers » qui confèrent à la chanson une véritable mission éducatrice : « Le grand peuple se réveille aux refrains du cabaret » écrit-il.
Vivant le plus souvent dans la misère, pourchassé par la police, il subsiste maigrement grâce à divers métiers toujours provisoires… et peu rémunérateurs. Fatigué, démoralisé, il finit par se suicider le 24 avril 1856. Il laissait derrière lui 150 chansons « une oeuvre qui compte dans l’histoire littéraire et philosophique du 19ème siècle et qu’il faut sauver de l’oubli ».
LE CABARET DE RAMPONNEAU
Nous allons à la Courtille,
N’en soyez pas étonnés.
Femme, laisse ta mantille,
Moi, mes habits galonnés.
Le casaquin des bourgeoises
Pour cet endroit est trop beau
(Refrain)
Vivent les chansons grivoises
Et le vin de Ramponneau.
C’est la… Regardez ces bandes
De buveurs autours des pots ;
On jurerait des guirlandes
De rouges coquelicots.
Point de figures sournoises,
De cafards, surtout pas d’eau.
(Refrain)
On y voit aussi des femmes
Venir avec leurs maris ;
Haut, tout haut, trop haut, ces dames
Les appellent leurs chéris,
Car de l’hymen ces matoises
Savent élargir l’anneau.
(Refrain)
A la table où l’on regarde
Deux vieux soldats s’étaient mis,
Le vin tapant la cocarde
En a fait deux ennemis.
Baisse le fer que tu croises,
On pleure sur le tombeau.
(Refrain)
Très simples dans leurs toilettes,
Mais avec de bien beau yeux,
Voici de gentes grisettes
Que suivent des amoureux.
Sans diamants, sans turquoises,
La jeunesse est leur joyau.
(Refrain)
Pas de prêtre qui dédaigne
De visiter le dit lieu,
Car on voit sur son enseigne
Le fantôme d’un vieux Dieu.
Il est là, bravant les noises,
A cheval sur un tonneau.
(Refrain)
Partons… Vêtus en livrée
De grands seigneurs vont venir.
Et bientôt, l’âme enivrée,
Ils oublieront l’avenir.
Grand, ce vilain que tu toises
Sape en riant ton tréteau.
(Refrain)
Pierre-Jean de BERANGER
Pierre-Jean de Béranger est un des premiers grands auteurs de chansons révolutionnaires de notre pays !… « L’homme-nation » dira de lui Lamartine, tant il sut se faire l’écho dans ses chansons de la voix du peuple.
Véritable star des goguettes qui fleurissaient alors à Paris (vers le milieu du 19ème siècle) il construisit en fait une œuvre véritable et consciente.
En préface à ses œuvres il écrivait : la chanson devait s’élever à la hauteur des impressions de joie ou de tristesse que les triomphes ou les désastres produisaient sur la classe la plus nombreuse. Le vin et l’amour ne pouvaient guère plus que fournir des cadres pour les idées qui préoccupaient le peuple… Ces « vendanges » en sont une parfaite illustration.
LES VENDANGES
BACH
Pourquoi les chansons qui parlent du vin – ici du pinard – échapperaient-elles à l’idéologie dominante ? On est ici dans l’état d’esprit franchouillard qui accompagne les va-t-en-guerre, les généraux toujours triomphants à la veille des batailles, les folliculaires toujours prêts à séduire les puissants…
Ah ! le pinard ! On sait aujourd’hui le rôle qu’il a joué dans le cours de la guerre 14 / 18 : amener les hommes à accepter l’inaccepteble.
« Vive le pinard » a été créé par Bach (interprète de La caissière du grand café, La Madelon) vers 1916 sur des paroles de Louis Bousquet et une musique de Georges Picquet pour servir de chanson de route au 140ème de ligne… Pas d’autres commentaires !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Les-Charlots-Vive-le-pinard.mp3|titles=Les Charlots – Vive le pinard]
Cette chanson mérite-t-elle mieux que cette interprétation par les Charlots ?
VIVE LE PINARD
Le soldat chante en portant son bazar
Une chanson authentique et bizarre
Dont le refrain est « Vive le pinard ! »
Refrain:
Un ! deux !
Le pinard c’est de la vinasse
Ça réchauffe là oùsque ça passe
Vas-y, Bidasse, remplis mon quart
Vive le pinard, vive le pinard !
Aimer sa sur, sa tante, sa marraine
Jusqu’à la mort, aimer son étendard,
Aimer son frère, aimer son capitaine,
Ça n’empêche pas d’adorer le pinard
On a donné ton nom à des esquarres
Mais dis-nous donc alors, que faut-il faire
Pour honorer l’inventeur du pinard ?
C’est ton devoir, mais songe que plus tard
Cette boisson te paraîtra z’amère,
Un vrai poilu ne boit que du pinard
Le vieux laid’ron, on le met z’au rencard,
La vieille bouteille est toujours bienvenue,
Plus il est vieux, plus on aime le pinard
De parfumer le repas d’un Boyard,
Tu ne vaudras jamais le cep de la vigne,
Vu que c’est lui qui donne le pinard.
N’a jamais soif, mais c’est des racontars,
S’il ne boit pas, c’est qu’il n’a que d’l’eau claire,
Il boirait bien s’il avait du pinard
On tue les puces avecque du coaltar,
On tue les rats avecque des acides
Et le cafard en buvant du pinard
On tend des pièges pour prendre le renard,
On tend son arc pour avoir la main sûre,
Moi j’tends mon quart pour avoir du pinard
Je vous en prie, ne soyez pas flemmards,
Prouvez-moi-le en chantant z’à tue-tête
Le gai refrain de « Vive le pinard ! »
Tous en coeur !
au Refrain
GEORGIUS
Georgius et Trémolo sont à l’oeuvre dans cette chanson datée de 1937… et qui raconte donc une mise en bouteille plutôt particulière dans un château bordelais. Sur une musique très alerte, dansante presque, Georgius est au meilleur de sa forme (c’est l’époque où il triomphe avec Au lycée Papillon ), juste grivois ce qu’il faut à l’heure où le Front Populaire est en train de perdre la rue et où, en Espagne, l’Histoire prépare quelques unes de ses pages les plus sombres.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Georgius-La-Mise-En-Bouteille.mp3|titles=Georgius – La Mise En Bouteille]
LA MISE EN BOUTEILLE AU CHATEAU
Où diable cours-tu si vite,
Jean le tonnelier ?
« Je m’en vais travailler
De mon beau métier
Au château de Bonne Cuite
Je vais mettre en train
Vingt barriques de vin
Livrées ce matin »
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
Pour respecter les tonneaux,
Faut avoir l’âme d’un héros
Y a d’l a mise en bouteille
Au château
Et Louis, le chauffeur,
Vous, soubrettes en fleur,
Et toi, le facteur ?
« Nous descendons à la cave
Jeter un regard
Et goûter le nectar
De ce vieux renard »
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
Mais l’bon vin, quand il fait chaud,
Fait bouillonner du chapeau
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
Qu’ils n’sont point r’montés
Dit l’châtelain, j’vais y aller
Voir c’ qui s’est passé…
Mais derrière mes barriques
Quels sont ces soupirs,
Ces baisers, ces gros rires ?
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
J’ crois qu’ les garçons du hameau
Ont dû s’tromper de goulot
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
Mais bien chancelant
D’où viens-tu, Père Jean
Au nez flamboyant ?
« Ça y est, mes tonneaux sont vides
Hélas, je ne puis
Dire qu’il en est ainsi
Des filles du pays »
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
Les soubrettes en prirent trop
Elles ont le ventre un peu gros
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
Le vieux médecin
Va nous donner, enfin,
Le mot de la fin
« Apprenez, c’ n’est pas un drame
Que depuis tantôt
Il y a au château
Douze petits jumeaux »
Au château
Ils aimeront nos treilles
Et l’ bordeaux
Car ils ont tous des marmots
Déjà douze petits pipeaux
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
(à suivre)
Musée Fabre : mais où sont les vignes ? où est le vin ?
Heureuse initiative que celle du Musée fabre à Montpellier qui, une fois par mois, accueille gratuitement le public. Au menu de ce dimanche écoulé : la vigne et le vin dans les collections du Musée… Pensez si j’y ai couru! Pensez si j’ai été déçu!
7 tableaux en tout et pour tout, pour l’essentiel des 16ème, 17ème et 18ème siècles, des écoles hollandaise et flamande, c’est sans doute passionnant pour mieux comprendre les différences entre catholiques et protestants, pour mieux connaître aussi les standards de la Bible (les Noces de Cana ou les Filles de Loth…),… , mais pour le vin, faudra revenir une autre fois, quand la politique d’acquisition du Musée aura changé et se voudra aussi à l’écoute d’une région, d’une économie, d’une passion très largement présente dans l’art contemporain, comme le montre ce blog.
Et notamment cette magnifique « Femme au vin » signée Isabelle Marsala. Mais on pourrait également citer Bocaj, Di Rosa, Jacques Rech, Masri et tant d’autres…
VIN DES POETES – Episode 18 : Le temps des chansons (2)
Pierre PERRET
Auteur splendide de chansons populaires de grande qualité, avec un nombre étonnant de « tubes », Pierre Perret a naturellement mis le vin à son répertoire. On est loin certes des Jolies colonies de vacances, de Tonton Cristobal ou de Lily, mais la chanson existe et mérite pleinement sa place ici.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/04-Le-Vin.mp3|titles=04 Le Vin]
LE VIN
Si le bon Dieu nous a donné
Dans sa largesse un trou sous le nez
Pour baiser nos maîtresses
Pour compléter son souhait divin
Il voulut qu’on y verse
De temps en temps un verre de vin
Je cherche une fille en vain
Qui m’aime autant que j’aime le vin
Qui boira mon Bourgogne
Et mon Bordeaux mon Saint-Julien
Et leur violente sève
Coulera le feu dans nos reins
REFRAIN:
Claque ta langue
Fille de Bacchus
Contre la mienne
Et gloire à Vénus
Tandis qu’elle goûte à mon Latour
Au Chambertin au Saint-Amour
Sous sa robe vermeille
Elle m’offrira le fin bouquet
De sa divine treille
Au parfum d’ambre et de muguet
J’écouterai le doux babil
Qu’engendre le Mouton-Rothschild
Et ses fraîches papilles
Cajoleront le grand Pétrus
Qui fait jouer aux filles
L’amour sur un stradivarius
REFRAIN
Elle saura se méfier de l’eau
Le nez dans le clos de Vougeot
Ou fleurant la vanille
Dans le gracieux Château Giscours
J’aimerai qu’elle s’habille
De ce parfum pour nos amours
Sortant mes lettres de cachet
Avec le noble Montrachet
La belle peut me rendre
Et en caresses et en bécots
En accolements tendres
Cent fois le prix de son écot
REFRAIN
Qu’un jour nos académiciens
Boivent quelques gouttes de vin
Ils auront le courage
De définir ce mot abscons
Qui est tout à leur image
Il rime avec le frais Mâcon
Si le bon Dieu nous a donné
Dans sa largesse un trou sous le nez
Pour baiser nos maîtresses
Pour compléter son souhait divin
Il voulut qu’on y verse
De temps en temps un verre de vin
REFRAIN
Guy BEART
Scientifique diplômé de l’Ecole des Ponts et Chaissées, Guy Béart débute dans la chanson en 1954. Comme la plupart des artistes de l’époque, il se multiplie dans les cabarets parisiens et le succés vient finalement assez vite puisqu’il est Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros dès 1958.
C’est au tout début des années 60 qu’il se consacre à des chansons françaises traditionnelles qu’il adapte au goût du jour et fait chanter à des millions de Français. Ainsi la complainte de ce Brave marin revenu en son auberge et où le vin joue d’évidence un rôle primordial, comme souvent dabns les drames.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Brave-Marin1.mp3|titles=Brave Marin]
Magnifique interprétation par Les Frères Jacques
BRAVE MARIN
Brave marin revient de guerre, tout doux (bis)
Tout mal chaussé, tout mal vêtu,
Brave marin, d’où reviens-tu, tout doux.
Madame, je reviens de guerre, tout doux (bis)
Apportez vite du vin blanc,
Que le marin boive en passant, tout doux.
Brave marin se met à boire, tout doux (bis)
Se met à boire et à chanter,
la belle hôtesse soupirait tout doux.
Ah! Dites-moi, la belle hôtesse, tout doux (bis)
Regrettez-vous votre vin blanc
Que le marin boit en passant? tout doux.
C’n’est pas mon vin que je regrette, tout doux (bis)
Mais c’est la mort de mon mari,
Monsieur, vous ressemblez à lui, tout doux.
Ah! Dites-moi, la belle hôtesse, tout doux (bis)
Vous aviez de lui trois enfants,
Et j’en vois quatre maintenant, tout doux.
On m’a écrit de ses nouvelles, tout doux (bis)
Qu’il était mort et enterré,
Que je me suis remariée, tout doux.
Brave marin vide son verre, tout doux (bis)
Sans remercier, tout en pleurant,
S’en retourne à son bâtiment, tout doux.
Jacques BREL
Naturellement plutôt porté sur la bière comme tous les gens du Nord, Jacques Brel a su apprécier le vin et le dire dans ses chansons. Le vin est chez lui un accompagnement indispensable de la fête mais aussi l’exutoire des plus sombres destins; comme dans ce funèbre Dernier repas.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jacques-Brel-Le-dernier-repas.mp3|titles=Jacques Brel – Le dernier repas]
Jacques Brel accueilli dans les années 60 par Jean-Pierre Lesigne
à l’Auberge du Pet au diable, près de Montpellier
A mon dernier repas
Je veux voir mes frères
Et mes chiens et mes chats
Et le bord de la mer
A mon dernier repas
Je veux voir mes voisins
Et puis quelques Chinois
En guise de cousins
Et je veux qu’on y boive
En plus du vin de messe
De ce vin si joli
Qu’on buvait en Arbois
Je veux qu’on y dévore
Après quelques soutanes
Une poule faisane
Venue du Périgord
Puis je veux qu’on m’emmène
En haut de ma colline
Voir les arbres dormir
En refermant leurs bras
Et puis je veux encore
Lancer des pierres au ciel
En criant Dieu est mort
Une dernière fois
A mon dernier repas
Je veux voir mon âne
Mes poules et mes oies
Mes vaches et mes femmes
A mon dernier repas
Je veux voir ces drôlesses
Dont je fus maître et roi
Ou qui furent mes maîtresses
Quand j’aurai dans la panse
De quoi noyer la terre
Je briserai mon verre
Pour faire le silence
Et chanterai à tue-tête
A la mort qui s’avance
Les paillardes romances
Qui font peur aux nonnettes
Puis je veux qu’on m’emmène
En haut de ma colline
Voir le soir qui chemine
Lentement vers la plaine
Et là debout encore
J’insulterai les bourgeois
Sans crainte et sans remords
Une dernière fois
Après mon dernier repas
Je veux que l’on s’en aille
Qu’on finisse ripaille
Ailleurs que sous mon toit
Après mon dernier repas
Je veux que l’on m’installe
Assis seul comme un roi
Accueillant ses vestales
Dans ma pipe je brûlerai
Mes souvenirs d’enfance
Mes rêves inachevés
Mes restes d’espérance
Et je ne garderai
Pour habiller mon âme
Que l’idée d’un rosier
Et qu’un prénom de femme
Puis je regarderai
Le haut de ma colline
Qui danse qui se devine
Qui finit par sombrer
Et dans l’odeur des fleurs
Qui bientôt s’éteindra
Je sais que j’aurai peur
Une dernière fois.
MON ONCLE BENJAMIN
Ayant abandonné la scène des music-halls, Jacques Brel choisit un jour de s’exprimer au cinéma. Comme acteur certes, mais aussi comme réalisateur (les succès du premier ne présageant pas d’ailleurs des difficultés du second).
Brel acteur ? Sur scène il était déjà le comédien-chanteur par excellence, vivant ses chansons comme personne. A l’écran il se révéla immense dans des rôles certes taillés sur mesure pour lui, mais auxquels il conféra une immédiate et pleine vérité… Ainsi cet Oncle Benjamin que le modeste écrivain Claude Tillier semble avoir écrit spécialement pour lui. Un siècle et demi plus tôt !
Ma foi c’est un triste soldat
Que celui qui ne sait pas boire
Mon oncle Benjamin, au dire de tous ceux qui l’ont connu, était l’homme le plus gai, le plus drôle, le plus spirituel du pays…
Toutefois mon oncle Benjamin n’était pas ce que vous appelez trivialement un ivrogne, gardez-vous de le croire. C’était un épicurien qui poussait la philosophie jusqu’à l’ivresse et voilà tout. Il avait un estomac plein d’élévation et de noblesse. Il aimait le vin, non pour lui-même, mais pour cette folie de quelques heures qu’il procure, folie qui déraisonne chez l’homme d’esprit d’une manière si naïve, si piquante, si originale, qu’on voudrait toujours raisonner ainsi. S’il eut pu s’enivrer en lisant la messe, il eut lu la messe tous les jours. Mon oncle Benjamin avait des principes : il prétendait qu’un homme à jeun était un homme encore endormi ; que l’ivresse eut été un des plus grands bienfaits du Créateur, si elle n’eût fait mal à la tête, et que la seule chose qui donnât à l’homme la supériorité sur la brute, c’était la faculté de s’enivrer.
Boire et manger sont deux êtres qui se ressemblent ; au premier aspect, vous les prendriez pour deux cousins germains. Mais boire est autant au-dessus de manger, que l’aigle qui s’abat sur la pointe des rochers est au-dessus du corbeau qui perche sur la cime des arbres. manger est un besoin de l’estomac ; boire est un besoin de l’âme. Manger n’est qu’un vulgaire artisan, tandis que boire est un artiste. Boire inspire de riantes idées aux poètes, de nobles pensées aux philosophes, des sons mélodieux aux musiciens ; manger ne leur donne que des indigestions…
(à suivre)
Vin des poètes : Intermède 17… où des plasticiens peignent le vin.
Permettre aux artistes du Languedoc-Roussillon de montrer dans leurs oeuvres le lien (affectif ? esthétique ? gustatif ? émerveillé ?…) qu’ils ont avec le vin, tel est le pari un peu fou lancé par Gérard Bru, le patron du domaine Puech Haut à Saint-Drézery dans l’Hérault. De ce pari sont nés en effet les Bib’Arts, petits tonnelets métalliques dont les surfaces courbes sont devenues les supports d’oeuvres d’art vouées au vin, à la vigne, aux personnages, aux gestes, aux outils, paysages, formes, traits, couleurs qui font notre région…
Un beau projet qui recense aujourd’hui des dizaines d’artistes parmi lesquels, pour la cuvée la plus récente, Bocaj, Lorenzi, Farina, Guyot, Canova, Cosset, Marcor, Zutter… et tant d’autres.
Au fait, qu’on se le dise sans crainte de se tromper : le contenu vaut très bien le contenant !
VIN DES POETES – Episode 17 : Le temps des chansons (1)
Il y a toujours un bistrot avec un type et une guitare…
(Michel Trihoreau)
Le temps des chansons, qui est quand même un des principaux temps de ce livre, est enfin arrivé… Qu’on se le dise !
GEORGES BRASSENS
A tout seigneur tout honneur ai-je envie de dire au moment de commencer ce premier chapitre chanson du « Vin des Poètes ». C’est avec Georges Brassens en effet que j’ai choisi d’ouvrir ces pages, et avec cette chanson qu’il me semble entendre depuis toujours : « Le Vin » ! Est-ce à cause des racines familiales évoquées dans la chanson ? Plutôt de mes études d’œnologie ? A moins que ce ne soit mon goût pour le vin ?…
Peu de viticulteurs pourtant du côté de Sète ; plutôt des négociants, à l’exception cependant des vignerons éleveurs de picpoul sur les bords de l’Etang de Thau. Le picpoul, un cépage qui donne un vin blanc sec idéal pour accompagner poissons et coquillages…
LE VIN
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Le-vin-chanté-par-Jacques-Palliès.mp3|titles=Le vin – chanté par Jacques Palliès]
Avant de chanter Ma vi’, de fair’ des Harangues,
Dans ma gueul’ de bois J’ai tourné sept fois Ma langue…
J’suis issu de gens Qui’étaient pas du gen- re sobre…
On conte que j’eus La tétée au jus D’octobre…
Mes parents ont dû M’trouver au pied d’u-ne souche,
Et non dans un chou, Comm’ ces gens plus ou Moins louches…
En guise de sang, (O noblesse sans Pareille !)
Il coule en mon cœur La chaude liqueur D’la treille…
Quand on est un sa-ge, et qu’on a du sa-voir-boire,
On se garde à vue, En cas de soif, u-ne poire…
Une poire…ou deux, Mais en forme de Bonbonne,
Au ventre replet Rempli du bon lait D’l’automne…
Jadis, aux Enfers, Certe’, il a souffert, Tantale,
Quand l’eau refusa D’arroser ses a- mygdales…
Etre assoiffé d’eau, C’est triste, mais faut Bien dire
Que, l’être de vin, C’est encore vingt Fois pire…
Hélas ! il ne pleut Jamais du gros bleu Qui tache…
Qu’ell’s donnent du vin, J’irai traire enfin Les vaches…
Que vienne le temps Du vin coulant dans La Seine !
Les gens, par milliers, Courront y noyer Leur peine…
LE BISTROT
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Georges-Brassens-le-bistrot.mp3|titles=Georges Brassens – le bistrot]
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur un’ place
L’est un vieux bistro
Tenu par un gros
Dégueulasse
Si t’as le bec fin
S’il te faut du vin
D’premièr’ classe
Va boire à Passy
Le nectar d’ici
Te dépasse
Mais si t’as l’gosier
Qu’une armur’ d’acier
Matelasse
Goûte à ce velours
Ce petit bleu lourd
De menaces
Tu trouveras là
La fin’ fleur de la
Populace
Tous les marmiteux
Les calamiteux
De la place
Qui viennent en rang
Comme des harengs
Voir en face
La bell’ du bistro
La femme à ce gros
Dégueulasse
Que je boive à fond
L’eau de tout’s les fon-
tain’s Wallace
Si dès aujourd’hui
Tu n’es pas séduit
Par la grâce
De cett’ jolie fée
Qui d’un bouge a fait
Un palace
Avec ses appas
Du haut jusqu’en bas
Bien en place
Ces trésors exquis
Qui les embrass’ qui
Les enlace
Vraiment c’en est trop
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse
C’est injuste et fou
Mais que voulez-vous
Qu’on y fasse
L’amour se fait vieux
Il n’a plus les yeux
Bien en face
Si tu fais ta cour
Tach’ que tes discours
Ne l’agacent
Sois poli mon gars
Pas de geste ou ga-
re à la casse
Car sa main qui claqu’
Punit d’un flic flac
Les audaces
Certes il n’est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse
Pas né le chanceux
Qui dégèl’ra ce
Bloc de glace
Qui fera dans l’dos
Les cornes à ce gros
Dégueulasse
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur un’place
Une espèc’ de fée
D’un vieux bouge a fait
Un palace.
GRAEME ALLWRIGHT
Lui nous vient de Nouvelle-Zélande, et toujours avec une guitare comme beaucoup en ces temps-là. On lui doit quelques chansons très oenophiles dont il a fait des classiques, de celles qu’on sait sans le savoir et qu’on reprend autour de la table, en famille ou entre amis. Il s’appelle Graeme Allwright… et il chante encore !
Mon pauvre ami tu vois pas clair, le vin t’a trop saoulé.
Ce n’est qu’une vieille casserole que grand-mère m’a donnée
Dans la vie j’ai vu pas mal de choses bizarres et saugrenues
Mais une vieille casserole en feutre ça je n’l’ai jamais vu.
… Ou bien encore cette célèbre « jolie bouteille » sur une musique de Tom Paxton.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Sacree_Bouteille.mp3|titles=Sacree_Bouteille]
JOLIE BOUTEILLE
Refrain :
Jolie bouteille, sacrée bouteille
Veux-tu me laisser tranquille
Je veux te quitter je veux m’en aller
Je veux recommencer ma vie
1-J’ai traîné dans tous les cafés
J’ai fait la manche bien des soirs
Les temps sont durs j’suis même pas sûr
De me payer un coup à boire
Refrain
2-J’ai mal à la tête et les punaises me guettent
Mais que faire dans un cas pareil
Je demande souvent aux passants
De me pater une bouteille
Refrain
3-Dans la nuit j’écoute la pluie
Un journal autour des oreilles
Mon vieux complet est tout mouillé
Mais j’ai toujours ma bouteille
Refrain
4-Chacun fait ce qui lui plait
Tout l’monde veut sa place au soleil
Mais moi l’m’en fous j’n’ai rien du tout
Rien qu’une jolie bouteille
Refrain
LEO FERRE
Ce n’est certes pas la meilleure chanson de Léo Ferré; pourtant, dit-il : Quand j’vois rouge ça fait jaser… comme si l’artiste ne pouvait jamais oublier ce qu’il est, ni qui il est.
Et comment ne pas noter à propos de cette chanson que Léo Ferré fut aussi vigneron en Toscane et que l’on peut toujours boire le vin issu de ses vignes.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Lame_du_rouquin.mp3|titles=L’ame_du_rouquin]
L’AME DU ROUQUIN
A coups d’ roulis
A coups d’ rouquin
Il n’est pas dit
Qu’ ça fass’ très bien
Moi j’ m’enlumin’ le genre humain
Du tiers du quart
Tout m’est égal
Mais quand l’ cafard
Déball’ ses mall’s
Moi j’ me débin’ jamais trop tard
L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Ça gueule un peu
Dégueule en deux
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En deux copains
Ça fait qu’on n’est jamais tout seul
Quand on s’ technicolor’ la gueul’
L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Suffit d’en jouer
Pour s’y bercer
Qu’ j’y voye tout blanc
Ou bien rosé
Ça m’fait bon vent
Et bon gosier
Mais quand j’ vois roug’ ça fait jaser
Y’a du canon
Dans la contrée
Ah ! nom de nom !
Quel bien ça fait
Mais quand ça boug’ y’a plus d’ question
L’âme du rouquin
C’est comm’ le pain
Ça fait pousser
Les p’tits français
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En moins de rien
Paraît d’ailleurs qu’on s’rait les seuls
A s’technicolorer la gueul’
Nous on s’en fout
Buvons un coup
Que chante enfin
L’âme du rouquin
(à suivre)
Vin des poètes : Intermède 16
Ah ! Vinisud, mesures-tu ta chance de pouvoir écouter cette voix d’un autre temps qui chante le poète Norge et ce magnifique poème « Du temps » que Piermy mit en musique dans les années soixante alors qu’il était élève au Conservatoire national d’art dramatique de Paris…
Merci à Patrick Hannais d’avoir retrouvé dans ses archives cet enregistrement et de nous l’avoir adressé. Encore un peu de vin profond !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Piermy-Du-temps.mp3|titles=Piermy Du temps]LE VIN DES POETES – Episode 16 : Calligrammes
C’est une unité de poids : le gramme, le kilogramme, le…
LA DIVE BOUTEILLE
Ici maintenons que non rire mais boire est le propre de l’homme;
et je ne dis pas boire simplement et absolument, car aussi bien boivent les bêtes,
je dis boire vin bon et frais.
Si j’en crois les spécialistes, le calligramme aurait été inventé au 4ème siècle par Simmias de Rhodes dont nous devons être un certain nombre à ignorer totalement l’existence et l’oeuvre. .. Bien entendu c’est Guillaume Apollinaire qui en est, en France, la référence, avec François Rabelais qui « inventa » avec cette technique la dive bouteille grâce à laquelle ce livre existe.
C’est dans le 5ème livre, quand Pantagruel arrive au temple de la Dive Bouteille où un oracle doit lui être rendu, qu’il invoque cet oracle sous la forme du calligramme universellement reconnu.
CHARLES-FRANCOIS PANARD
Oui ! Encore lui ! Ne sont-ils pas magnifiques ces deux célèbres calligrammes dus à Charles-François Panard ? Manifestement il s’agit bien de cristal du 18ème siècle, n’est-ce pas ? Dans le recueil de ses poésies « fugitives », ils se font face et, dans les jours de canicule, c’est eux que l’on entend glouglouter dans la poche des marcheurs intrépides qui affrontent le soleil mais ne sortent jamais sans les oeuvres du poète. Ah ! Se désaltérer à larges gorgées de poésie !
FREDERIC-JACQUES TEMPLE
Enfin un calligramme contemporain ! L’oeuvre d’un grand poète et romancier montpelliérain, longtemps homme de radio, ami d’Henri Miller, de Lawrence Durrel et de Joseph Delteil : Frédéric-Jacques Temple qui dans son recueil La chasse infinie a relevé le défi du calligramme et de la dive bouteille.
On remarquera qu’après l’amphore moyen-âgeuse et le cristal du 18ème siècle, on est ici dans une bouteille bourguignonne et… dans un magnifique poème d’amour !
DU VIN ESTHETIQUE ?
Pour conclure ce chapître consacré aux calligrammes, voici un autre exemple de leur utilisation dans un domaine que l’on pourrait certes qualifier de non-poétique puisqu’il s’agit de publicité.
En fait certains spectateurs du Cabaret du Vin m’ont transmis quelques-uns de ces calligrammes démonstratifs (que l’on peut même parfois qualifier de réussite esthétique), telle cette réclame pour un vin mousseux de Saumur.
Tiens ! Un lipogramme…
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Gilbert-Maurin-Chanson-sans-EAU.mp3|titles=Gilbert Maurin – Chanson sans EAU]
(à suivre)