Jean-Paul BONFILS
Ah ! Comme il eut été dommage de laisser Jean-Paul Bonfils (scientifique français de la fin du vingtième siècle) sur le bord de notre route en compagnie des poètes… Son ambition désormais – son deuxième album l’affiche clairement – est de nous traduire la poésie. Enfin !
… Alors bienvenue Jean-Paul, tu peux venir avec ton cubi, tu es ici chez toi !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Bonfils-Vénus.mp3|titles=Bonfils – Vénus]VENUS
Ahhhh ! Ohhhh !
J’ai rencontré une déesse
tout droit sortie de la mytho-
logie beauté aveyronnaise
une vraie Vénus de Millau
j’ai croisé cette beauté fatale
un jour sur un chemin communal
elle venait d’acheter un kilo d’olives
et moi un cubi de rouge à la coopérative
Ahhhh ! Ohhhh !
En arrivant à sa hauteur
elle m’a souri ça m’a mis en sueur
Je me suis senti l’âme d’un poète
et je lui ai proposé de la ramener dans ma brouette
sur le chemin du retour
j’ai voulu lui composer une chanson d’amour
trouver de belles tirades magiques
qui de nos poètes couperaient la chique
un madrigal une rhapsodie un acrostiche
ou une élégie une pastourelle un verset
ou même un quatrain bien torché
qui tourne rond tout en alexandrins
Mais ce qui sort de mon encéphale
C’est aussi fin qu’une statue de Nicky de Saint-Phalle
j’aurais beau me frapper la tête contre un baobab
y’aurait pas moyen d’en sortir un dodécasyllabe
Bouhhhh ! Bouhhhh !
On allait bientôt arriver
Et je n’avais toujours rien tenté
Je me dis j’y vais franco On verra bien
Ça passe ou ça casse
C’est la loi du tout ou rien
Mon tenon cherche une mortaise
Lui dis-je assez mal à l’aise
Mais à l’énoncé de ma métaphore
Elle me saute au cou en criant « je t’adore ! »
Ahhhh ! Ohhhh !
Mais elle rajoute « toi t’es pas bégueule
Comme ces intellos qui jouent au scrabble
Ça tombe bien j’ai acheté des amuse-gueules
Viens avec ton cubi on va se beurrer la gueule »
Euh ! Ne contrôlant plus la situation
Je largue la gueuse au pied de sa maison
Pris de panique je fous le camp avec ma brouette
Et je rentre chez moi tout seul comme un anachorète
Jean-François HOMO
Avant tout comédien et metteur en scène, directeur artistique de la compagnie du Beau Parleur à Nîmes, Jean-François HOMO avoue aussi une véritable passion pour la chanson. Malgré les difficultés rencontrées par tous ceux qui se vouent ici (je veux dire en Languedoc) à cet art (certains parlent même d’une « terre de mission ») il propose plus ou moins régulièrement de découvrir ses propres compositions soit en concert, soit en CD. Parmi les titres auxquels j’ai pu ainsi avoir accès, j’ai retenu ce « Bistrot du port » que j’ai toujours beaucoup aimé et qu’il m’est même arrivé de chanter sur scène… Non, mais !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jean-François-Homo-Le-bistrot-du-port.mp3|titles=Jean-François Homo – Le bistrot du port]LE BISTROT DU PORT
Tu choisis un bistrot du port
Le seul qui soit encore humain
Ça fera mieux dans le décor
Si t’as la guitare à la main
Tout l’monde te branche
Bois donc un coup joue nous Johnny
Une fille s’approche
Dis : tu connais Jeux interdits ?
Jolie bouteille sacrée bouteille
Non ce n’était pas le radeau
A la Bastille on aime bien
Hisse et ho Santiano
Et dans la nuit le cœur
Des naufragés résonne
Quand tu reprends :
I can get no satisfaction
Le bistrot largue les amarres
C’est toi qui hisses la grand voile
C’est l’amitié qui prend le quart
Et qui hurle à la belle étoile
Tes routes te ramènent
Toujours dans la marge
C’est là qu’on entend le mieux
L’appel du grand large
Tu choisis un bistrot du port
Le seul qui soit encore humain
Ça fera mieux dans le décor
Si t’as la guitare à la main
GABRIELLE
Comme dans toutes les régions de France j’imagine, la chanson connaît depuis quelques années un regain de créativité important – ignoré pour l’essentiel par les industries culturelles – relayé par de nombreux jeunes artistes.
C’est vrai bien entendu en Languedoc Roussillon, et tout particulièrement à Montpellier où un grand nombre de jeunes créateurs, auteurs – compositeurs – musiciens – interprètes se sont révélés.
Parmi eux Gabrielle nous est apparue comme une des rares a traiter au moins de l’ivresse dans l’une de ses chansons… Le monde nouveau en train nécessairement de naître serait-il étranger à l’humanisme porté par les civilisations du vin ?
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Gabrielle-Ivresse.mp3|titles=Gabrielle – Ivresse]
IVRESSE
Qui es-tu pour me surprendre ainsi
Toi mon ivresse ?
Tu déboules dans ma vie
Sur les trottoirs nocturnes de Paris
Tu me prends dans ton tourbillon de lumière
Et fait valdinguer les frontières
Je sens le sol s’éloigner
Et ma tête chavirer
Tout me semble plus léger
D’où viens-tu pour me parler ainsi
Toi mon ivresse ?
Du monde des fous ou de celui des fées ?
Eloigne-moi de cette prudence qui nous paralyse
Remplis-moi de cette jouissance qui te caractérise
Je sens les mots s’envoler
Et mon corps s’embaumer
D’un parfum de liberté
Mais ne te transforme pas en vice
Toi mon ivresse
Je t’aime belle, heureuse et douce
(à suivre)