Vin des poètes : épisode 29

Jean-Paul BONFILS

 

Ah ! Comme il eut été dommage de laisser Jean-Paul Bonfils (scientifique français de la fin du vingtième siècle) sur le bord de notre route en compagnie des poètes… Son ambition désormais – son deuxième album l’affiche clairement – est de nous traduire la poésie. Enfin !

… Alors bienvenue Jean-Paul, tu peux venir avec ton cubi, tu es ici chez toi !

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VENUS 

Ahhhh ! Ohhhh !

J’ai rencontré une déesse

tout droit sortie de la mytho-

logie beauté aveyronnaise

une vraie Vénus de Millau

j’ai croisé cette beauté fatale

un jour sur un chemin communal

elle venait d’acheter un kilo d’olives

et moi un cubi de rouge à la coopérative

 

Ahhhh ! Ohhhh !

En arrivant à sa hauteur

elle m’a souri ça m’a mis en sueur

Je me suis senti l’âme d’un poète

et je lui ai proposé de la ramener dans ma brouette

sur le chemin du retour

j’ai voulu lui composer une chanson d’amour

trouver de belles tirades magiques

qui de nos poètes couperaient la chique

 

un madrigal une rhapsodie un acrostiche

ou une élégie une pastourelle un verset

ou même un quatrain bien torché

qui tourne rond tout en alexandrins

Mais ce qui sort de mon encéphale

C’est aussi fin qu’une statue de Nicky de Saint-Phalle

j’aurais beau me frapper la tête contre un baobab

y’aurait pas moyen d’en sortir un dodécasyllabe

 

Bouhhhh ! Bouhhhh !

On allait bientôt arriver

Et je n’avais toujours rien tenté

Je me dis j’y vais franco On verra bien

Ça passe ou ça casse

C’est la loi du tout ou rien

Mon tenon cherche une mortaise

Lui dis-je assez mal à l’aise

Mais à l’énoncé de ma métaphore

Elle me saute au cou en criant « je t’adore ! »

 

Ahhhh ! Ohhhh !

Mais elle rajoute « toi t’es pas bégueule

Comme ces intellos qui jouent au scrabble

Ça tombe bien j’ai acheté des amuse-gueules

Viens avec ton cubi on va se beurrer la gueule »

Euh ! Ne contrôlant plus la situation

Je largue la gueuse au pied de sa maison

Pris de panique je fous le camp avec ma brouette

Et je rentre chez moi tout seul comme un anachorète

 

Jean-François HOMO

Avant tout comédien et metteur en scène, directeur artistique de la compagnie du Beau Parleur à Nîmes, Jean-François HOMO avoue aussi une véritable passion pour la chanson. Malgré les difficultés rencontrées par tous ceux qui se vouent ici (je veux dire en Languedoc) à cet art (certains parlent même d’une « terre de mission ») il propose plus ou moins régulièrement de découvrir ses propres compositions soit en concert, soit en CD. Parmi les titres auxquels j’ai pu ainsi avoir accès, j’ai retenu ce « Bistrot du port » que j’ai toujours beaucoup aimé et qu’il m’est même arrivé de chanter sur scène… Non, mais !

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LE BISTROT DU PORT 

Tu choisis un bistrot du port

Le seul qui soit encore humain

Ça fera mieux dans le décor

Si t’as la guitare à la main

Tout l’monde te branche

Bois donc un coup joue nous Johnny

Une fille s’approche

Dis : tu connais Jeux interdits ?

 

Jolie bouteille sacrée bouteille

Non ce n’était pas le radeau

A la Bastille on aime bien

Hisse et ho Santiano

Et dans la nuit le cœur

Des naufragés résonne

Quand tu reprends :

I can get no satisfaction

 

Le bistrot largue les amarres

C’est toi qui hisses la grand voile

C’est l’amitié qui prend le quart

Et qui hurle à la belle étoile

Tes routes te ramènent

Toujours dans la marge

C’est là qu’on entend le mieux

 L’appel du grand large

 

Tu choisis un bistrot du port

Le seul qui soit encore humain

Ça fera mieux dans le décor

Si t’as la guitare à la main

 

GABRIELLE

Comme dans toutes les régions de France j’imagine, la chanson connaît depuis quelques années un regain de créativité important – ignoré pour l’essentiel par les industries culturelles – relayé par de nombreux jeunes artistes.

C’est vrai bien entendu en Languedoc Roussillon, et tout particulièrement à Montpellier où un grand nombre de jeunes créateurs, auteurs – compositeurs – musiciens – interprètes se sont révélés.

Parmi eux Gabrielle nous est apparue comme une des rares a traiter au moins de l’ivresse dans l’une de ses chansons… Le monde nouveau en train nécessairement de naître serait-il étranger à l’humanisme porté par les civilisations du vin ?

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IVRESSE 

Qui es-tu pour me surprendre ainsi

Toi mon ivresse ?

Tu déboules dans ma vie

Sur les trottoirs nocturnes de Paris

Tu me prends dans ton tourbillon de lumière

Et fait valdinguer les frontières

 

Je sens le sol s’éloigner

Et ma tête chavirer

Tout me semble plus léger

 

D’où viens-tu pour me parler ainsi

Toi mon ivresse ?

Du monde des fous ou de celui des fées ?

Eloigne-moi de cette prudence qui nous paralyse

Remplis-moi de cette jouissance qui te caractérise

 

Je sens les mots s’envoler

Et mon corps s’embaumer

D’un parfum de liberté

 

Mais ne te transforme pas en vice

Toi mon ivresse

Je t’aime belle, heureuse et douce

 

(à suivre)

 

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