Les Pussy Riot et le peuple Dong

Attention ! Pensée unique s’abstenir !… D’accord Poutine est un drôle de mec pour qui je ne ferais pas campagne, pas plus que pour Sarkozy hier, Cameron ou Merkel aujourd’hui, et même Obama dans sa version « chef de la plus grande démocratie du monde »… Tous ces « puissants » qui prétendent en permanence nous dire ce qu’il faut penser, faire ou approuver, me laissent un goût très désagréable en bouche… Tous ! Et ce ne sont pas les rois d’Arabie, les princes pourris d’argent des états islamiques du golfe (grands défenseurs de nos valeurs démocratiques comme chacun sait, en Syrie, après la Lybie et quelques autres…) qui me soigneront l’appareil digestif. Au contraire ! Ils ajoutent aux relents vomitifs qui me travaillent ces derniers temps…

Donc, je n’aime pas Poutine et le rôle qu’il tient dans l’ex-URSS, la façon dont il le conçoit et le mène, sans grand respect pour son peuple, je crois.

Pour autant je n’aime pas non plus – et c’est un euphémisme ! – les grandes campagnes de bonne conscience dans lesquelles les médias aux ordres, les classiques comme les nouvelles, les TF1, Figaro, BHL, Madonna, Twitter, Facebook, etc… ne cessent de vouloir nous entraîner, à l’échelle universelle désormais.

Pour tout dire, l’empressement du monde au secours des Pussy Riot aurait même plutôt tendance à m’éloigner d’elles (pauvres punkettes manipulées peut-être), et je ne suis pas sûr que le peuple Dong du sud de la Chine, dont toute la vie depuis le VIème siècle est scandée par des chansons, apprenant ce qu’elles en faisaient, ne déciderait pas aussitôt de s’autocensurer et de se taire…

Il reste qu’on pourrait aussi envoyer la police sud africaine à Moscou pour régler tout ça !

Tiens : Saint-Saturnin !

Comme l’écrit le poète et chansonnier Patrick Deny :

« Fontaine

je ne boirai pas de ton eau !

Je préfère le vin nouveau

Qui parfume si bien les caves! »

Mais oui ! « Le Vin des Poètes » continue… Dans l’attente de la parution du livre prévue au début du mois d’octobre prochain, voilà que de nouveaux tableaux, de nouvelles chansons nous parviennent dans cette quête incessante qu’est notre vin des poètes.

Aujourd’hui, grâce à Christian Stalla nous avons saisi Saint-Saturnin en pleine action, annexant sans hésitation le terroir du crû éponyme aux vignes du seigneur… Qu’il en soit remercié, comme peut l’être Sophie Jase interprétant salle Pétrarque lors de Montpellier Temps Chante ce cri d’une Femme délaissée (chanson écrite par Guy-Michel Petit).

Je n’ai rien à ajouter.

Ponchon et cie… de Rémo Gary

J’avais vraiment à coeur de vous tenir informés de la dernière parution de Rémo Gary : Ponchon et cie un livre-disque à ouvrir « au couteau de cuisine, page après page », comme le dit l’auteur.

En fait il y a dans le livre des textes « écrits par des camarades, des amis, des collègues, des voisins… », mais aussi les paroles de 19 chansons chantées par Rémo lui-même et écrites par Michèle Bernard, Jacques Bertin, Gaston Couté et quelques autres de même acabit. Excusez du peu ! 

« Pourquoi Ponchon et cie ? » ajoute l’auteur. « Pour célébrer la poésie. Grâce à Raoul Ponchon ! »

Vous savez sans doute déjà le goût que j’ai moi-même pour ce poète. Alors allez sur le site de Rémo Gary et voyez comment vous pouvez vous procurer son livre-disque… Et puis dites-moi ce que vous en pensez. Le Vin des poètes est aussi une fraternité…

Saturation !

Un mois presque exactement que je ne me suis pas exprimé sur ce blog, un mois sans annonce ou commentaire, sans billet ou interview, sans un nouvel onglet où développer un événement… Certains penseront peut-être que j’étais en vacances et que je prenais mon temps – le bon ! – pour vous abreuver à nouveau de nouvelles et de faits… ?

Et bien non ! D’une part en ce mois de juillet 2012 j’ai dû beaucoup donner sur le terrain, multipliant les concerts et les événements, en préparant beaucoup d’autres,…, D’autre part j’ai éprouvé, à l’égard de mon ordinateur, un sentiment de saturation renforcé par les multiples sollicitations dont nous sommes l’objet : les forums Brassens, « Si ça vous chante » (le blog de Fred Hidalgo), le Grenier des artistes, sans oublier les multiples et divers messages Face Book, ceux de Trinque Fougasse, de l’ASEREF, de l’assos-thaumate ou de Copihues… les contacts réguliers des copains et / ou de ceux avec qui l’on travaille…

Quelquepart je dis : Stop ! A part quelques publicités ou documents administratifs, ma belle boîte aux lettres (qui date de mon grand-père, en 1958), reste désespéremment vide, mais la boîte de réception de ma messagerie électronique déborde et m’envahit. Je ne suis certes pas le premier à le dire, mais il est vrai que les trois-quarts des messages que je reçois, via internet, ne m’intéressent que très moyennement, voire pas du tout (et je ne parle pas de ceux que j’ai évoqués ci-dessus)…

Y’a-t-il moyen de sortir de cet engrenage ? De cette espèce de folie qui n’est pas toujours douce ?… Et s’il fallait, au contraire, en passer nécessairement par là ? Que vais-je faire d’ailleurs dans les heures qui vont suivre sinon parler ici de ce que avons fait et de ce qui va arriver ?

Alors ? Tant pis pour ceux qui vont me demander – c’est arrivé quelquefois – d’arrêter ? Aprés tout, c’est peut-être le prix de la modernité !

Pétrarque c’est maintenant !

Comme la presse l’indique assez généreusement, le festival Montpellier Temps Chante débute aujourd’hui… A la salle Pétrarque et dans une dizaine de salles montpelliéraines (cf le site www.montpellier-temps-chante.fr)

A la salle Pétrarque, l’Acte Chanson ouvre le bal (à 18h) avec un groupe venu de Manosque, le groupe MALAURIS qui, depuis plusieurs années, tourne un peu partout en France, avec de la belle chanson française. Ici ils nous présentent leurs créations… Leur succédera (à 20h) notre ami Julien Heurtebise qui, avec l’accordéoniste Laurent Borel, offrira les chansons de son dernier disque « Cordes et lames »… Enfin (à 22h) le Trio Vertigo nous fera découvrir son univers vocal extraordinaire construit autour des compsitions de Jean Tricot… (Voir l’onglet ci-contre Montpellier Temps Chante pour tout savoir du programme)

De belles soirées chansons en perspective pendant près de quinze jours.

Entrées 8€ et 5€. Renseignements 06 75 24 14 47 (pour l’ensemble du festival); 06 81 05 74 56 (pour la salle Pétrarque).

Toutes les chansons à Montpellier Temps Chante !

La Gazette encore ! Accrocheur, mais cahotant… car comment expliquer autrement que l’info concernant le groupe Malauris (qui vient de Manosque pour se donner à découvrir à la salle Pétrarque) ait disparue des annonces gazettières ?

Montpellier Temps Chante commence lundi

Paru dans Midi Libre ce matin… Un programme d’une variété étonnante liée aux principes mêmes de ce festival hors normes bâti sur le modèle du festival off d’Avignon et réservé à… toutes les chansons !

Quant à nous, nous vous attendons salle Pétrarque dès lundi à partir de 18h.

MTC (10) Michel Avalon et Marie d’Epizon en clôture de la salle Pétrarque du 19 au 22 juillet

Marie d’Épizon (chant) et Michel Avalon (chant et guitare) accompagnés par l’accordéoniste Dorine Duchez ont décidé de prolonger pour Montpellier Temps Chante le plaisir d’une collaboration heureuse et remarquée l’an dernier au festival international de Berlin-Basdorf.

Ce co-plateau, véritable spectacle coloré, nous invite à travers des arrangements originaux teintés de jazz, de swing, de tango, de bossa nova à revisiter le répertoire classique (Ferré, Barbara, Brassens), contemporain (Allain Leprest, Anne Sylvestre, Bernard Joyet, Gilbert Laffaille, Henri Tachan ) et à découvrir quelques-unes de leurs compositions personnelles.

De beaux moments de chansons pour clôturer la programmation de la salle Pétrarque.

Michel Avalon et Marie d’Epizon du 19 au 22 juillet à 22h salle Pétrarque (Attention : Michel Avalon se produira seul le 21 juillet)

Entrée 8 € (5 € réduit). Renseignements et réservations au 04 67 04 08 61 et sur www.montpellier-temps-chante.fr 

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Vin des poètes : Le dernier intermède…

 

Pour arriver enfin au bout, permettez-moi de vous offrir ce surréaliste dessin de Desclozeaux réalisé pour les vingt ans de Trinque Fougasse… Superbe n’est-il pas ?! En tous cas pour moi il est la conclusion rêvée pour ce Vin des Poètes virtuel, sublimé par le multimedia et qui nous a permis depuis plus de six mois d’aborder également le vin des peintres comme celui des musiciens… Une vraie aventure dont je suis particulièrement fier et à laquelle je suis heureux d’associer tous ceux, auteurs, passeurs, amis, qui m’ont permis d’accéder aux oeuvres.

Mais place à présent au temps du livre matériel, objet précieux s’il en est, que quelques uns voudraient enfermer dans le carcan des corporatismes, mais qui restera à jamais l’espace concret de la liberté.

Le Vin des Poètes paraîtra « pour de vrai » en octobre prochain ! Qu’on se le dise !

Le vin des poètes – épisode ultime… En guise de conclusion

Parce que je sais qu’il est temps de conclure notre voyage… Un seul mot d’ordre au moment d’accoster au port : plus que jamais, l’humain d’abord !

 

EN GUISE DE CONCLUSION

  Petite veille d’ivresse, sainte ! 

Quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifiés.

    Nous t’affirmons méthode !

Arthur Rimbaud

(Les Illuminations)

Arrivé au bout de ce livre, au moment de conclure donc, voilà que j’ai l’étrange sentiment que, si j’ai beaucoup donné (et à l’aune de mon propre plaisir, disons que je n’ai pas regardé à la dépense), finalement il me reste encore beaucoup de choses à dire. Au bout de quarante ans de « recherches », je n’ai fait finalement qu’effleurer mon sujet et si j’en ai consenti tous les échos, assumé tous les rebonds, il me reste encore bien du chemin à faire. Si j’ai conquis bien des évidences (et je ne m’attendais pas tout à fait, je l’avoue, à une telle récolte), elles ne sont finalement que celles de la poésie, fragiles : ici une chanson inconnue, un poème oublié, un texte, une image, là une poétesse polonaise, un chanteur occitan, un texte classique ou une citation, même sans source… Oui ! Vraiment une belle récolte, mais un peu hasardée, comme l’on va, un verre à la main et sans projet véritable, au-devant d’un domaine, d’un terroir, d’un crû, simplement par esprit d’aventure, une aventure naturiste et prude à la fois, sans religion et sans bravade, dans le naturalisme le plus immédiat !

Ah ! Si la poésie, la littérature, pouvaient se déguster par simples touches hésitantes, d’un coin à l’autre du palais ! Ah ! Si les écrivains, les chansonniers, pouvaient se décliner comme on décline les infimes nuances du parfum, du goût, de la couleur ou de la consistance !

Je l’ai dit quelquefois, le vin est une aventure humaine, le vin est homme… Et parce qu’il en est ainsi, le vin est une aventure très complexe dont on ne peut prétendre saisir facilement tous les bouts.

« Qu’est-ce que le vin ? » interroge par exemple le philosophe Gaston Bachelard dans son livre « La terre et les rêveries du repos ». « C’est un corps vivant » répond-il « où se tiennent en équilibre les « esprits » les plus divers, les esprits volants et les esprits pondérés, conjonction d’un ciel et d’un terroir. Mieux que tout autre végétal, la vigne trouve l’accord des mercures de la terre, donnant ainsi au vin son juste poids… Le vin n’oublie jamais, au plus profond des caves, de recommencer cette marche du soleil dans les « maisons » du ciel. C’est en marquant ainsi les saisons qu’il trouve le plus étonnant des arts : l’art de vieillir… Ainsi un vrai vin appelle le plus sensible des horoscopes. »

Philosophie, ou poésie, mais quel est donc soudain ce vin « alchimiste » qui m’apparaît comme une interrogation un peu délirante, dénuée de tout fondement rationnel et laissant délibérément de côté les données de la science ou de l’histoire ? « Que de poètes, croyant ne vivre que dans un monde de métaphores, ont chanté le vin comme un sang végétal ! L’alchimie parle d’un autre ton » insiste le philosophe qui rajoute : « L’or est le roi des métaux, le lion le roi des animaux. Et c’est la vigne qui est la reine du monde intermédiaire… Le vin est un archétype substantiel du monde de la matière. Il peut être grand ou petit, gros ou délicat, fort ou léger, mais il est toujours pur. »

Ainsi sans doute s’envolent les certitudes liées aux seuls plaisirs. Ainsi s’effritent les silencieux bonheurs de la lecture intime, au « premier degré »…

« Si la poésie a pour caractère de nous révéler une part de l’Etre, si elle naît parfois d’un accord subtil, discret, émouvant, des hommes, des lieux et des saisons, nous devons admettre que les usages ordinaires du vin sont poétiques » nous rassure Pierre Sansot dans son ouvrage « du bon usage de la lenteur ». Et c’est le mot « ordinaires » sans doute qui porte en lui la charge apaisante que procure en effet l’usage du vin, à l’opposé de la quête éternelle, angoissante et angoissée, qui est celle des alchimistes.

« Un certain usage du vin a pour effet de mettre en veilleuse toutes nos fonctions » souligne avec bonhommie Pierre Sansot, comme s’il était besoin de revenir au « naturel ». S’appropriant finalement l’Histoire, notre histoire, il écrit : « Je rapporte la vigne au paysage d’un certain Midi pauvre… En ce temps-là, des familles subsistaient dans des villages sans gloire. Tout y était d’une allure modeste, sans prétention excessive… La vigne recouvrait les terres. Elle n’avait pas la splendeur des blés d’or, ou la beauté ou la tendresse émouvante des vergers du Lot-et-Garonne ou la superbe des Alpes ou l’aménité de la Riviera française. Mais elle était en accord avec leur enfance, leurs manières. Beaucoup plus qu’à la grappe, leur vin se rapportait à ce qu’il y a de rude et de noueux et parfois de pathétique dans les ceps… Nous comprenons leur colère quand il fut question de maltraiter leurs vignobles. Il y eut la volonté de protéger leur survie mais aussi une violente colère à l’idée qu’on les tenait pour quantité négligeable à travers ce qu’ils produisaient et qui était comme leur œuvre. » Et plus loin : « J’associe la vigne à la Méditerranée… parce que dans ce paysage dépouillé, parfois difficile, le vin exprime le même dépouillement. Il nous apparaît non comme un luxe, un privilège, mais comme un élément originel… »

Beautés de la philosophie ! De la sociologie ! De l’ethnologie ! Splendeurs de la conscience collective qui s’inscrit au plus profond des êtres, même les plus simples, surtout chez les plus simples.

« Le vin est senti par la nation française comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture. C’est une boisson totem » proclame Roland Barthes dans ses « Mythologies ». Nous sommes en 1956. Il poursuit : « A vrai dire, comme tout totem vivace, le vin supporte une mythologie variée qui ne s’embarrasse pas de contradictions… » « Il peut servir d’alibi aussi bien au rêve qu’à la réalité, cela dépend des usagers du mythe ». Et il ajoute : Mais ce qui a de particulier à la France, c’est que le pouvoir de conversion du vin n’est jamais donné ouvertement comme une fin… Croire au vin est un acte collectif contraignant ; le Français qui prendrait quelque distance à l’égard du mythe s’exposerait à des problèmes menus mais précis d’intégration, dont le premier serait justement d’avoir à s’expliquer. » S’expliquer ? « Savoir boire est une technique nationale qui sert à qualifier le Français, » précise encore Barthes « à prouver à la fois son pouvoir de performance, son contrôle et sa sociabilité. Le vin fonde ainsi une morale collective à l’intérieur de quoi tout est racheté… »

Il reste cependant que le vin est aussi cette aventure intime, dramatique, que certains ont brandi comme l’ultime bravade, comme le pied-de-nez absolu face à la froideur et à la brutalité du monde.

« Dans le petit nombre des choses qui m’ont plu et que j’ai su bien faire, ce qu’assurément j’ai su faire le mieux, c’est boire… » proclame ainsi Guy Debord, fondateur de l’Internationale situationniste, « inventeur » de la société du spectacle, et qui érigea la provocation comme acte révolutionnaire par excellence. « J’ai aimé ce qui est au-delà de la violente ivresse : une paix magnifique et terrible, le vrai goût du passage du temps » décrit-il, avant de nous entraîner avec lui dans sa critique d’un système où « les progrès de l’industrie, comme le mouvement de disparition ou de rééducation économique des classes sociales… et donc le jeu des divers règlements étatiques » ont abouti à la disparition des boissons authentiques et vraies. « Ni moi, ni les gens qui ont bu avec moi, nous ne nous sommes à aucun moment sentis gênés de nos excès. Au banquet de la vie, nous nous étions assis sans avoir pensé un seul instant que tout ce que nous buvions avec une telle prodigalité ne serait pas ultérieurement remplacé pour ceux qui viendraient après nous. De mémoire d’ivrogne, on n’avait pas imaginé que l’on pouvait voir les boissons disparaître du monde avant le buveur. » Formidable constat que n’avaient pas vraiment imaginé les poètes, les chansonniers présents dans ce livre et dans ce « banquet de la vie » où ils se sont assis eux aussi avec tant de prodigalité.

Et si c’était Gaston Bachelard qui avait le dernier mot ? « Le vin est vraiment un universel qui sait se rendre singulier » écrit-il au bout de ses réflexions. Et il ajoute : « S’il trouve toutefois un philosophe qui sache le boire. » Santé !

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