Du 9 au 22 juillet Montpellier Temps Chante

Quel meilleur « tempo », pour les chanteurs professionnels, que de se produire devant un nombreux public et d’accueillir des programmateurs et des organisateurs de spectacles?

Tel est le mot d’ordre sous lequel se tient la 2ème édition du festival de Montpellier Temps Chante qui du 9  au 22 juillet 2012 sera à nouveau la fête de toutes les chansons à Montpellier.

15 salles montpelliéraines proposent des spectacles dont la salle Pétrarque qui sera gérée par l’Acte Chanson.

Vin des poètes : épisode 31…

Et nous voilà presque à la dernière étape… sur les routes de l’Orient, du côté de Samarkande et de Nichâpour, dans une maison du vin…

Omar KHAYAM

RUBAYAT

« Les Rubayat »… En ont-ils alimenté des chimères ces quatrains mythiques venus de la Route de la Soie, du côté de Samarkande, ou plutôt de Nichâpour, la ville qui, pour tous les caravaniers, au sortir du désert, avait le goût du paradis sur terre…

Or avec Omar Khayam, c’est le vin qui était le brasier de ces chimères, le vin et son inépuisable goût de la liberté.

Que ces quelques citations de Rubayat soient un hommage à tous ceux qui ont su et savent aujourd’hui encore, affirmer leur goût de l’indépendance d’esprit, leur rejet du fanatisme et de l’inhumanité que celui-ci implique nécessairement.

Nous utilisons ici la traduction d’Armand Robin parue initialement au Club Français du Livre puis reprise par les éditions Gallimard.

Le temps sans serveuse et sans vin c’est rien !

Sans les mélodies de la flûte c’est rien !

Plus je regarde les choses d’ici… et plus je me dis

Sans les filles et sans le vin c’est rien ! 

 

Khayam si tu as du vin trouve-toi bien

Près d’une jolie à joues de tulipe si tu es assis trouve-toi bien !

Puisque la fin des affaires du monde c’est rien

Dis rien à ce rien ! Puisque tu vis trouve-toi bien !

 

Ils disent tous : « il y aurait, il y a même un enfer »

Blablabla ! le cœur ne doit pas s’émouvoir

Si tous ceux qui boivent et font l’amour sont de l’enfer

Alors demain le Paradis comme le creux de ma main sera désert.

 

Poète, mais aussi savant, astronome, Omar Khayam, en dépit de toutes ses qualités d’homme, s’est très vite trouvé en butte aux injonctions des dogmatiques, aux ukases des religieux, des puissants, qui l’ont contraint à une sorte d’exil volontaire…

Entouré de quelques amis, inlassablement retrouvés dans les maisons du vin, toujours prêt aux plaisirs simples où le portaient ses goûts, il vécut loin de tout, écrivant de loin en loin quelques-uns de ses fameux quatrains.

J’ai envie de vin sincère ! et que ce soit perpétuellement !

Si après ma mort, le potier fait de ma poussière un pot,

Alors, que ce soit plein de vin sincère !

et que ce soit perpétuellement !

 

Tous les plaisirs, je les ai voulus… Et puis ?

Tous les livres, je les ai lus… Et puis ?

Khayam, tu vas vivre, admettons, cent ans…

Mettons, si tu veux, cent ans de plus… Et puis ?

 

Holà l’orchestre ! Holà du vin ! Que je puisse crier : vive le matin !

Qu’il est beau le sort de celui qui pense à remplir son verre de vin de bon matin

Sur terre il y a trois choses dont nous avons vraiment besoin ;

Le verre de vin, la jolie comme une tulipe, et les soupirs du matin.

 

 

Dans la Perse de la fin du 11ème siècle, pays aujourd’hui réparti entre l’Iran et l’ancienne république soviétique du Turkménistan, il y avait une civilisation brillante, à la pointe des arts et des sciences…

La plupart des Rubayat d’Omar Khayam font référence au vin, à l’ivresse et à la clairvoyance philosophique qu’ils suscitent chez celui qui boit.

Accessibles depuis le 19ème siècle ils ont donné lieu à de multiples traductions, parfois contradictoires.

 

Le vin bien que la Sainte Loi l’insulte est délicieux

Versé par une jolie à joues de tulipe il est tout à fait délicieux

Même amer même interdit je l’aime beaucoup

Et puis c’est une vieille loi : ce qui est interdit est délicieux !

 

Vends le Coran vends tous les livres saints pour du vin !

Aurais-tu des mosquées vends les pour du vin !

Echange un royaume pour un verre de vin :

Le ciel bol à l’envers redresse-le en bol de vin !

 

Un seul verre de vin ça vaut bien un empire !

Le bouchon sur le pot de vin ça vaut bien mille cœurs !

Le linge qui essuie la bouche des buveurs de vin

En vérité ça vaut bien mille manteaux austères.

 

Les journées qui passent font honte à celui

qui reste là chagrin sur ses jours

bois du vin en écoutant l’élégie de la flûte

avant que le verre soit brisé contre la pierre .

 

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/13-Rubayat1.mp3|titles=13-Rubayat]

Pour quelques hectares de moins !

Ah ! La sieste ! ce prodige de gestion des rythmes et de technologie de l’horizontalité… Sans doute fallait-il être vigneron – vigneron associant – du pic Saint-Loup pour en affirmer les principes rigoureux au moment grave du printemps naissant…

Ainsi en est-il en tous cas d’une des perles du nouvel ouvrage de Christophe Beau qui, après La danse des ceps poursuit ses aventures vigneronnes collectives pour vivre la vigne et le vin en liberté… Une perle dans un « collier » qui nous conduit d’un petit village du nord-est héraultais jusqu’au Chili, dans le Minnesota ou en Thaïlande, dans la quête échevelée de nouveaux modes de propriété, de nouveaux liens avec les consommateurs, de nouvelles pratiques culturales et de nouvelles formes d’économie des ressources…

On y apprend aussi l’existence des vins de fruits qui conduisent nécessairement à comprendre que le raisin est le fruit élu des dieux pour faire du vin naturel…

Un ouvrage indispensable pour qui aime le vin et… sa poésie !

Le vin des poètes – épisode 30…

Un grand coup de vent sur nos certitudes, avec deux écrivains atypiques…

 

Joseph DELTEIL

Fils de charbonnier, vigneron du midi choisissant un jour « la vraie vie »,…, grand écrivain de la première moitié du 20ème siècle, auteur de livres à l’écriture somptueuse, charnelle, mais pour certains justement oubliés, Joseph Delteil ne pouvait être tenu à l’écart de ce livre.

Né au fin fond des Corbières, à Villard-en-Val, installé pendant 40 ans à Grabels, tout près de Montpellier, il nous a en effet donné quelques très belles pages sur le vin, telles ce « Chant du vin » extrait de « La Foire à Paris ».

 

VA AU VIN…

Le serpent, madame, qui tenta Eve, il avait, je le sens, la forme  d’une bouteille de vin. Le vin est le plus antique compagnon de l’homme. Toujours il fut un peu là aux grandes dates de l’humanité. Quelque chose de mystérieux, de sacré même, est en lui…

Elever, créer le vin, quelle auguste fonction ! Il y faut les connaissances, les loisirs, les vertus les plus diverses et les plus rares. Car le vin est un être vivant qui, dans sa prison de verre, respire, mue, chante et peut-être pense…

Entre le vin et l’amour, de tout temps, les poètes ont pris soin de marquer l’alliance et la quasi-conjugaison. Le vin divin, le vin d’amour : voilà ses deux attributs, ses deux titres de gloire…  

Toi qui te repais de songe et d’absolu, va au vin ; toi qui cherches le sens des choses, toi qui hèles la justice et la vérité, va au vin ; toi qui aimes la sagesse, va au vin !

 

 Il y a réellement du mystère dans les choses du vin, vous savez, dans les choses de la vigne. Les gens de la ville ont toujours l’air de penser que le vin se fait tout seul. Moi, au contraire, chaque fois que nous vendangeons, je réfléchis, j’ai peur et je me dis : « Mais comment est-ce possible ? Peut-être que cette fois, ça ne va pas marcher du tout. » Je reste planté devant les tonneaux, j’écoute, mon cœur bat comme si, pour la première fois depuis que le monde est monde, j’assistais à la naissance du vin.

 

LA CUISINE PALEOLITHIQUE

Il s’agit de faire front, de retrouver terre, dans le grand affolement des cœurs et des âmes.

 Grand ami du journaliste Frédéric-Jacques Temple, Joseph Delteil a participé à des dizaines d’interviews sur les ondes de la radio diffusion régionale dont Temple était le directeur. C’est au cours d’un de ces entretiens qu’il précisa :

Pour le vin il faut, je vous jure, une espèce d’amour. Et si vous y mettez un peu de foi, d’amitié , alors seulement il se crée entre le vin et vous une espèce de connivence. Oui, c’est le mot : une connivence !

Profitons-en pour saluer la belle connivence qui s’établit un jour entre le vigneron Joseph Delteil et son jeune voisin grabellois, à la Tuilerie de Massane, Jean-Paul Court, grand delteillien s’il en est.

Cette « Cuisine paléolithique » transposée par Jean-Paul Court d’après l’œuvre de Delteil en est un magnifique fruit.

 

A la source à la source Entre cent j’choisis mon pain

A la source à la source De mes pieds je foul’ mon vin.

 

1- Sans un style à feu vif, comment parler cuisine ?

 C’est pure allégria, joie du cœur, bel canto.

Avec un grain de sel sur la queue de l’oiseau

Le patois que je parle est proche des origines ! 

Ne croyez surtout pas aux recettes mirifiques,

Ne vous attendez pas à de grandes trouvailles.

J’ai voulu préserver quelques points de détail :

La cuisine de Dieu est paléolithique.

 

2- Janvier, le mois du porc, cochonnailles et fromages,

Février belles viandes, truffes et coquillages,

La salade de mars, cannetons et poissons,

Avril et ses agneaux, les veaux, les champignons !  

Les asperges de mai, la fève, l’ortolan,

Juin : le temps des cerises et des adolescents.

Juillet avec la caille dans sa feuille de vigne,

Au mois d’août tous les fruits dans le verger s’alignent !

 

3- Septembre c’est la chasse, figues et champignons,

Octobre le grand mois, avec le vin nouveau,

Novembre le chapon et les marrons bien chauds,

Décembre encore la truffe et Seigneur Réveillon !… 

Recette du lapin à la paléolithique :

Attraper un beau gros lapin de garenne en pleine course, par les oreilles ; l’attacher par les pattes arrières à un joli tronc d’arbre – si possible un résineux – au centre d’un bois de quelque vingt, vingt-cinq hectares ; sans plus de façons mettre le feu à toute la forêt ; Manger la bête sans sel, assis sur les roches encore chaudes et parmi les odeurs divines de cet incendie sylvestre.  

Je veux vivre une vie comme les premiers hommes,

Une vie naturelle comme il y a cent mille ans,

J’ai inscrit au fronton de ma maison des champs :

Il faut vivre de peu ! A mort l’ère de l’atome !

 

Charles CROS

 

La chanson que nous donnons ici n’est peut-être pas le chef d’œuvre du Fabrezanais  Charles Cros auteur dans le dernier quart du 19ème siècle de divers travaux scientifiques et d’une oeuvre poétique toute de symbolisme… Mais elle lui permettra – sans doute – lui qui mourut d’excès de toutes sortes (et notamment dans le domaine de la boisson) de gagner l’immortalité.

 Mise en musique et harmonisée par Jean-Marc Boudet, musicien à l’Orchestre de Montpellier, compositeur, fondateur-animateur de la Guinguette à six sous,…, cette Chanson des Hydropathes était l’hymne du club du même nom, dans les années qui suivirent la Commune, à Paris.

LA CHANSON DES HYDROPATHES

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/08-Chanson-des-hydropathes.mp3|titles=08-Chanson des hydropathes]

Le vin est un liquide rouge

Sauf le matin quand il est blanc

On en boit dix on boit vingt coups et vlan

Quand on en a trop bu tout bouge

Buvons donc le vin rigolo

Blanc le matin rouge à la brune

Qu’il fasse clair de soleil clair de lune

Nous souffrons de l’eau, nous souffrons de l’eau 

Hy hy hy hy

hydropathes chantons en chœur

La noble chanson des liqueurs

hydropathes chantons en chœur

La noble chanson des liqueurs  

Dorée de futures aurores

La bière est un liquide amer

Il nous en faudrait une mer

Pour rincer nos gosiers sonores

Les bocks font bien dans le tableau

Buvons la bière blonde ou brune

Qu’il fasse clair de soleil clair de lune

Nous souffrons de l’eau, nous souffrons de l’eau

Refrain 

Le vermouth le bitter l’absinthe

Nous font des trous dans le gésier

On ne peut que s’extasier

Sur l’éclat de leur triple teinte

Rouge jeune vert triple flot

Diaprant la foule commune

Qu’il fasse clair de soleil clair de lune

Nous souffrons de l’eau, nous souffrons de l’eau

Refrain

 

Vin des poètes : épisode 29

Jean-Paul BONFILS

 

Ah ! Comme il eut été dommage de laisser Jean-Paul Bonfils (scientifique français de la fin du vingtième siècle) sur le bord de notre route en compagnie des poètes… Son ambition désormais – son deuxième album l’affiche clairement – est de nous traduire la poésie. Enfin !

… Alors bienvenue Jean-Paul, tu peux venir avec ton cubi, tu es ici chez toi !

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Bonfils-Vénus.mp3|titles=Bonfils – Vénus]

VENUS 

Ahhhh ! Ohhhh !

J’ai rencontré une déesse

tout droit sortie de la mytho-

logie beauté aveyronnaise

une vraie Vénus de Millau

j’ai croisé cette beauté fatale

un jour sur un chemin communal

elle venait d’acheter un kilo d’olives

et moi un cubi de rouge à la coopérative

 

Ahhhh ! Ohhhh !

En arrivant à sa hauteur

elle m’a souri ça m’a mis en sueur

Je me suis senti l’âme d’un poète

et je lui ai proposé de la ramener dans ma brouette

sur le chemin du retour

j’ai voulu lui composer une chanson d’amour

trouver de belles tirades magiques

qui de nos poètes couperaient la chique

 

un madrigal une rhapsodie un acrostiche

ou une élégie une pastourelle un verset

ou même un quatrain bien torché

qui tourne rond tout en alexandrins

Mais ce qui sort de mon encéphale

C’est aussi fin qu’une statue de Nicky de Saint-Phalle

j’aurais beau me frapper la tête contre un baobab

y’aurait pas moyen d’en sortir un dodécasyllabe

 

Bouhhhh ! Bouhhhh !

On allait bientôt arriver

Et je n’avais toujours rien tenté

Je me dis j’y vais franco On verra bien

Ça passe ou ça casse

C’est la loi du tout ou rien

Mon tenon cherche une mortaise

Lui dis-je assez mal à l’aise

Mais à l’énoncé de ma métaphore

Elle me saute au cou en criant « je t’adore ! »

 

Ahhhh ! Ohhhh !

Mais elle rajoute « toi t’es pas bégueule

Comme ces intellos qui jouent au scrabble

Ça tombe bien j’ai acheté des amuse-gueules

Viens avec ton cubi on va se beurrer la gueule »

Euh ! Ne contrôlant plus la situation

Je largue la gueuse au pied de sa maison

Pris de panique je fous le camp avec ma brouette

Et je rentre chez moi tout seul comme un anachorète

 

Jean-François HOMO

Avant tout comédien et metteur en scène, directeur artistique de la compagnie du Beau Parleur à Nîmes, Jean-François HOMO avoue aussi une véritable passion pour la chanson. Malgré les difficultés rencontrées par tous ceux qui se vouent ici (je veux dire en Languedoc) à cet art (certains parlent même d’une « terre de mission ») il propose plus ou moins régulièrement de découvrir ses propres compositions soit en concert, soit en CD. Parmi les titres auxquels j’ai pu ainsi avoir accès, j’ai retenu ce « Bistrot du port » que j’ai toujours beaucoup aimé et qu’il m’est même arrivé de chanter sur scène… Non, mais !

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jean-François-Homo-Le-bistrot-du-port.mp3|titles=Jean-François Homo – Le bistrot du port]

LE BISTROT DU PORT 

Tu choisis un bistrot du port

Le seul qui soit encore humain

Ça fera mieux dans le décor

Si t’as la guitare à la main

Tout l’monde te branche

Bois donc un coup joue nous Johnny

Une fille s’approche

Dis : tu connais Jeux interdits ?

 

Jolie bouteille sacrée bouteille

Non ce n’était pas le radeau

A la Bastille on aime bien

Hisse et ho Santiano

Et dans la nuit le cœur

Des naufragés résonne

Quand tu reprends :

I can get no satisfaction

 

Le bistrot largue les amarres

C’est toi qui hisses la grand voile

C’est l’amitié qui prend le quart

Et qui hurle à la belle étoile

Tes routes te ramènent

Toujours dans la marge

C’est là qu’on entend le mieux

 L’appel du grand large

 

Tu choisis un bistrot du port

Le seul qui soit encore humain

Ça fera mieux dans le décor

Si t’as la guitare à la main

 

GABRIELLE

Comme dans toutes les régions de France j’imagine, la chanson connaît depuis quelques années un regain de créativité important – ignoré pour l’essentiel par les industries culturelles – relayé par de nombreux jeunes artistes.

C’est vrai bien entendu en Languedoc Roussillon, et tout particulièrement à Montpellier où un grand nombre de jeunes créateurs, auteurs – compositeurs – musiciens – interprètes se sont révélés.

Parmi eux Gabrielle nous est apparue comme une des rares a traiter au moins de l’ivresse dans l’une de ses chansons… Le monde nouveau en train nécessairement de naître serait-il étranger à l’humanisme porté par les civilisations du vin ?

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Gabrielle-Ivresse.mp3|titles=Gabrielle – Ivresse]

 

IVRESSE 

Qui es-tu pour me surprendre ainsi

Toi mon ivresse ?

Tu déboules dans ma vie

Sur les trottoirs nocturnes de Paris

Tu me prends dans ton tourbillon de lumière

Et fait valdinguer les frontières

 

Je sens le sol s’éloigner

Et ma tête chavirer

Tout me semble plus léger

 

D’où viens-tu pour me parler ainsi

Toi mon ivresse ?

Du monde des fous ou de celui des fées ?

Eloigne-moi de cette prudence qui nous paralyse

Remplis-moi de cette jouissance qui te caractérise

 

Je sens les mots s’envoler

Et mon corps s’embaumer

D’un parfum de liberté

 

Mais ne te transforme pas en vice

Toi mon ivresse

Je t’aime belle, heureuse et douce

 

(à suivre)

 

Intermède : Lilac wine

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jeff-Buckley-Lilac-Wine.mp3|titles=Jeff Buckley – Lilac Wine]

Quelle magnifique interprétation que cette chanson de et par Jeff Buckley ! 

Lilac Wine (Vin Lilas)

I lost myself on a cool damp night
Je me suis perdu dans une nuit fraîche et humide
I gave myself in that misty light
Je me suis dirigé vers cette lumière brumeuse
I was hypnotized by a strange delight
J’étais hypnotisé par une grande joie étrange
Under a lilac tree
Sous un lilas

I made wine from the lilac tree
J’ai fais du vin à partir du lilas
Put my heart in its recipe
Mis mon coeur dans cette recette
It makes me see what I want to see
Cela m’a permis de voir ce que je veux voir
And be what I want to be
Et d’être ce que je veux être

When I think more than I want to think
Quand je pense plus que je ne veux penser
Do things I never should do
Je fais des choses que je ne devrais jamais faire
I drink much more that I ought to drink
Je bois beaucoup plus que je ne devrais boire
Because it brings me back you
Parce que ça me ramène près de toi

Lilac wine is sweet and heady,
Le vin lilas est doux et capiteux
Like my love
Comme mon amour
Lilac wine, I feel unsteady,
Vin lilas, je me sens instable
Like my love
Comme mon amour

Listen to me, I cannot see clearly
Ecoute-moi, je ne peux voir clairement
Isn’t that she, coming to me
N’est-ce pas elle, qui est en train de venir à moi
Nearly here
Près d’ici

Lilac wine is sweet and heady,
Le vin lilas est doux et capiteux
Where’s my love ?
Où est mon amour ?
Lilac wine, I feel unsteady,
Vin lilas, je me sens instable
Where’s my love ?
Où est mon amour ?

Listen to me, why is everything so hazy ?
Ecoute-moi, pourquoi tout est si brumeux ?
Isn’t that she, or am I just going crazy, dear
Est-ce elle, ou suis-je en train de devenir fou, chérie

Lilac wine, I feel unready for my love
Vin lilas, je ne me sens pas prêt pour mon amour
Feel unready for my love
Je ne me sens pas prêt pour mon amour

Merci Patricia !

Le vin des poètes – Episode 28… Toujours le temps des chansons d’ici !

Cinq épisodes encore et nous atteindrons le but… Vous l’avez mérité !

PATRIC

 

Dans une discographie presque entièrement vouée à la langue occitane, Patric, chanteur occitan sans doute le plus populaire de ces trente dernières années, a également donné quelques titres en français tel ce « Dieu me damne » véritable prière bachique dont après tout, il ne tient qu’à nous (et sans doute à une visite commentée des Coteaux du Languedoc) qu’elle atteigne à l’exhaustivité.

Né sur les bords de l’étang de Thau, après de nombreuses tournées dans le monde entier, notamment en Afrique, en Scandinavie et aux Etats-Unis, Patric est aujourd’hui à la tête d’une vingtaine de disques tous édités ou réédités par sa maison de production Aura.

DIEU ME DAMNE

1- Dès que le soleil se lève que j’entends le chant du coq

Je commence ma prière aux Coteaux du Languedoc

De St-Jean-de-la-Blaquière à St-Christol, St-Saturnin

De St-André, St-Georges d’Orques en passant par St-Guilhem 

Dieu me damne ! Ora te pro nobis

Dieu me damne ! volem beùre al pais  

2- Je veux me sauver des flammes en invoquant St-Chinian

Et chanter Dieu me damne parce que je suis fort croyant

Cette longue litanie me poursuit tard dans la nuit

Et ma journée se termine en priant St-Drézery 

Dieu me damne ! Ora te pro nobis

Dieu me damne ! volem beùre al pais  

3- St-Mathieu et St-Pargoire je vous implore tout haut

Et je chante votre gloire allongé sous le tonneau

Ste-Croix et St-Nazaire St-Bauzille et St-Guiraud

Ecoutez bien ma prière ma litanie des Coteaux 

Dieu me damne ! Ora te pro nobis

Dieu me damne ! volem beùre al pais  

4- Pour quelques fautes commises j’en implore St-Sériès

Le soir seul dans ma cuisine après quatre St-Genies

Et si la faute est trop grande trois St-Félix-de-Lodez

Et pour faire bonne amende quelques St-Gely-du-Fesc 

Dieu me damne ! Ora te pro nobis

Dieu me damne ! volem beùre al pais  

5- Entre Langlade et Faugères entre la Clape et Claret

Il y aurait de quoi refaire un nouveau calendrier

Que les Coteaux me pardonnent ceux que je n’ai pas cités

Mais leurs noms sur mes bonbonnes les ont bien canonisés 

Dieu me damne ! Ora te pro nobis

Dieu me damne ! volem beùre al pais  

6- Pardonne-moi grand St-Pierre si j’ai oublié ton nom

Tout au long de ma prière de mon humble procession

Et si tu me fermes ta porte pour le jugement final

Ne m’en veut pas si j’emporte avec moi un cardinal.

 

Yves DAUNES

« Je suis entré dans la chanson par la petite porte et j’en sortirai sans laisser de trace… » écrivait Yves Daunès, le troubadour Yves Daunès, à l’ouverture de son livre « Par la petite porte » où déjà, il y a plus de trente ans, il faisait un premier bilan de son parcours d’artiste (et je n’ai volontairement pas utilisé le mot « carrière »).

… Sans laisser de trace ? Trente ans après il suffit d’écouter un CD, de retrouver un vieux vinyl d’Yves Daunès pour se rendre compte que les traces sont là et… qu’elles comptent !

 

 

LE VIN DU DIABLE

Par une nuit sans lune

J’ai pris la clé des champs

La roue de la fortune

Grinçait en ce temps-là

J’ai visité la foire

Des idées toutes faites

Les ai mises dans ma tête

Pour essayer d’y croire. 

Refrain 1 :

J’écris ces quelques lignes en souvenir de moi

si je n’ai plus de vignes c’est depuis que je bois

la coupe que le diable me tendit sous la table

sur un rythme de valse s’en sont allées mes illusions

mais la vie s’en balance et tout finit par des chansons  

Par une nuit d’ivresse

J’ai pris la clé des cœurs

Bondissant d’allégresse

Dans un verre de liqueur

Au fond de quelque rêve

J’ai rencontré l’amour

La rencontre fut brève

L’extase tourna court 

Refrain 2 :

J’écris ces quelques lignes en souvenir de toi

si je n’ai plus de vignes c’est depuis que je bois

la coupe que le diable me tendit sous la table

sur un rythme de valse s’en sont allées nos illusions

mais la vie s’en balance et tout finit par des chansons  

Par une nuit de chance

J’ai pris la clé des vents

Au pays d’oubliance

J’ai trouvé le néant

La rencontre fut bonne

J’avais trouvé ma voie

Je ne suis plus personne

Je ne suis plus que moi

Refrain 3 :

J’écris ces quelques lignes en souvenir de rien

si je n’ai plus de vignes c’est que, je m’en souviens

c’est que le vin du diable je l’ai bu sous la table

sur un rythme de valse s’en sont allées nos illusions

mais la vie s’en balanceet tout finit par des chansons  

Par une nuit fantasque

J’ai pris la clé de sol

J’ai déposé le masque

Derrière un si bémol

J’ai courtisé les muses

Leur ai fait des enfants

Depuis je m’en excuse

Je modifie mon chant 

Refrain 3 :

J’écris ces quelques lignes en souvenir de vous

si je n’ai plus de vignes depuis que je suis fou

c’est que le vin du diable je le bois sur la table

sur un air de guitare sont revenues mes illusions

mais la vie s’en balance et je retourne à mes chansons

 

Bernard POCHET

Dans un monde policé, de plus en plus voué à la pensée unique, on a oublié que le vin, notre vin, nos vignes, ont aussi suscité l’imprécation…

Venue du fond de l’Aude, solitaire, absolue, la voix de Bernard Pochet « chansonnier d’origine incontrôlée » nous le rappelle presque avec violence. C’était pourtant il y a trente cinq ans à peine !

 

 

SUPPLIQUE AUX VIGNERONS DU LANGUEDOC

Le vin c’est sain mais c’est pas fait par des p’tits saints

On sulfate la vigne que veux-tu Minervois Var Corbières Hérault

Mais où donc est la joie de vivre des vignerons du Languedoc

Tu vends ton vin au mandataire coopérative interposée

Tu t’fais couillonner en beauté par Préfontaines et Nicolas

Les vins qui craquent l’estomac quelle publicité de choix

Quand Corbières ou quand Minervois est en vente au supermarché

De Paris ou de Levallois Il est trafiqué dégueulasse

C’est plus du vin c’est d’la vinasse Tous les promoteurs viticoles

Tous les traficotteurs d’alcool Et pour un prix bien dérisoire 

Vide ton vin d’son p’tit goût d’terroir C’est comme si t’envoyais tes filles

Se prostituer rue Saint-Denis Ton vin c’est tout ton horizon

Et tu le donnes pour un quignon Aux profiteurs et aux voleurs

Ne chiales donc plus sur les Cathares Sur l’Occitanie francisée

Pense plutôt qu’avec ton pinard Et si tu te démerdes bien

Sur le marché européen Tu vendras tes pots de vin

Mieux que Dassault donne les siens La France premier pays marchand d’canons

Des canons d’ rouge bien entendu De vin-purée pas corrosifs

Du genre laxatifs explosifs Mais un p’tit vin bien de chez nous

Que Montaigne, Rabelais, Ronsard Ont vanté jusque dans leur art

Fait qu’ ton p’tit vin d’gouttière D’Hérault du Var ou de Corbières

Ne soit pas pris dans le chaos D’la production outrancière

Car si in vino veritas La vérité est dans le vin

Elle peut se cacher dans le puits Et si le puits est asséché

Tu ne pourras plus arroser Ta vigne ta vigne.

 

(Ouf ! A suivre… j’espère)

 

 

Le vin des poètes :Episode 27…

Hervé TIREFORT 

Né dans les Corbières et… pharmacien diplômé, Hervé Tirefort est un des dignes descendants des grands chansonniers français passant l’actualité à leur moulinette verbale sans pitié.

Il cultive aussi avec bonheur la grande flamme fantaisiste et poétique allumée par Charles Trenet…

Avec un immense respect et d’étonnantes capacités mélodiques, il se met aussi régulièrement au service des poètes : Charles Cros, Germain Nouveau, Joseph Delteil et bien d’autres.

Le titre de la chanson que nous donnons ici est également le titre d’un spectacle qu’Hervé a entièrement consacré à la vigne et au vin.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/06-HTirefort-in-vino-veritas.mp3|titles=06-HTirefort – in vino veritas]

IN VINO VERITAS 

C’est un message d’amitié Qui nous vient de l’Antiquité.

C’est la sueur du journalier Sous le soleil, exténué.

C’est le chant de la moussaigne, La transsubstantiation

C’est le fromage et la châtaigne. C’est l’alchimie des relations.

 

C’est la révolte des ouvriers Un Chat Noir et théâtral

La table ronde du gibier Orphée Faust ou Parsifal

C’est boire mieux plutôt que trop C’est AOC VDQS

C’est le chabrol du gaspacho Et c’est plus

In vino veritas

 

Si tu bois dans mon verre de vin l’ami Jusqu’à la lie, d’un trait

Je saurai te dire qui tu es Bon ou mauvais

 

Père Noe j’ai le cafard Il m’faut un vin à câliner

Apporte-nous un bon Pommard Que je le fasse dodeliner

A chaque verre de vin convient un âge Et vu ton goût pour le célibat

Celui qu’je garde pour ton mariage Sera bien vieux quoiqu’il en soit

Refrain

C’est l’œuvre d’art de l’œnologue C’est l’écritoire des copieuses

C’est l’elixir du cardiologue Et le sanglot des variqueuses

C’est l’Eau-de-vie du bolchevik Et le gosier de la bécasse

Le nectar du Mont Alaric Et c’est plus in vino veritas 

Refrain

 

MEGOTS D’AMOUR 

Décidemment ce « Vin des poètes » ne recule devant aucun sacrifice. Voilà que, pour le même prix chers amis lecteurs, vous avez l’occasion de vérifier vos connaissances dans le domaine de la philosophie grecque grâce à ces « Conseils bachiques » d’un auteur anonyme du 18ème siècle mis en musique par Tonio Gemème…

En plus le conseil est avisé !

Pilier du duo « Mégots d’amour » Tonio Gemème, né pourtant à Perpignan, a beaucoup travaillé dans les cabarets parisiens. Ami du regretté Marc Robine, il a ainsi beaucoup enregistré pour l’anthologie « Poètes et Chansons » chez EMI.

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chanson chantée par Gilbert Maurin

CONSEILS BACHIQUES

Le cynique Diogène

Ce philosophe d’Athènes

Dormait au fond d’un tonneau

Ce choix-là nous signifie

Que jamais philosophie

Ne s’apprit le bec dans l’eau

Platon cet illustre ivrogne

Qui s’enluminait la trogne

A la table de Denis

Ne puisait que dans la tonne

Tout le feu qui nous étonne

Dans ses immortels écrits

 

De ce nectar délicieux

Buvons buvons à qui mieux mieux

C’est un secret merveilleux

Pour être toujours joyeux

 

Aristote fit de même

Il fournit plus d’un dilemme

Puisé dans ce jeu charmant

Et chaque jour sa logique

Cherchait dans une barrique

Le fin nœud d’un argument

Voluptueux Epicure

Tu n’as connu la nature

Que dans ce jus si divin

Aussi ton noble génie

Met-il sa philosophie

Dans l’amour et dans le vin

 

Refrain

On nous compte qu’Alcibiade

Dévorait force grillades

Le soir dans les cabarets

Et qu’avec le grand Socrate

Il buvait à pleines jattes

Le vin blanc et le clairet

Chers partisans de la coupe

Sachons imiter la troupe

De ces modèles divins

Que chacun dans cette vie

Mette sa philosophie

A bien sabler tous les vins.

Refrain 

 

RENE BALDELLON

Avec quelques autres, trop oubliés, (Jean-René Baïocco ou Angel Gironès par exemple), René Baldellon a été pendant plusieurs années un des jalons nécessaires ayant permis la survivance de la chanson française de proximité dans notre région.

Portant les grands auteurs jusques dans les plus petits villages, auprès des plus petites associations, il a aussi donné une œuvre personnelle attachante largement inspirée par les thèmes qui ont marqué notre histoire récente : le Larzac (superbe chanson) par exemple, mais aussi la vigne et le vin bien sûr, avec cette chanson qui évoque le drame de Montredon.

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MIDI VIN 

Il était grand il était brun il sentait pas le sable chaud

Mais il savait depuis longtemps que le travailleur se lève tôt

Quand aux petits matins d’été ils se croisaient avec la lune

Puis qu’il s’en allait travailler avant la fin de la nuit brune

 

Ficelé à son bout de terre comme un naufragé à sa planche

Il a trimé la vie entière et la semaine et le dimanche

Et vous voudriez maintenant peut-être qu’aujourd’hui il lâche le manche

Mais qu’il est dur de se soumettre qu’il est dur de quitter sa branche

 

C’était cela mon vigneron celui que j’ai connu naguère

Qui tous les ans vendait son vin et par là même gagnait son pain

Mais aujourd’hui les temps sont durs il n’est plus sûr de son destin

Il ressent comme une blessure de n’être plus sûr de ses lendemains

 

Je ne sais pas vous qui passez si vous connaissez bien l’histoire

De ce vin qui vous fait chanter quand dehors il peut bien pleuvoir

Ce n’est pas du tout par hasard si sa couleur est rouge sang

Car des hommes ont versé le leur pour l’amour de quelques arpents

 

Y’en a même un qui est tombé tout près du pont de Montredon

Et la balle qui l’a fauché n’a pas osé dire son nom

C’est pour cela que ma région terre d’échange et de passage

Où la vigne était religion aujourd’hui pourtant tourne la page

 

Des Faugères jusqu’au Minervois et du picpoul à l’Estabel

Quelques bouteilles que tu bois te rendraient la vie bien plus belle

A toi qui passes à toi touriste laisse-toi griser pour un soir

Car chez nous y’a pas de chimiste qui embouteille le terroir

 

S’il est des imbéciles heureux qui sont issus de quelque part

On revendique comme on peut l’origine de son terroir

Moi je ne renierai jamais cette terre qui m’a vu naître

Que l’on convoite désormais que vous aimez déjà peut-être

 

Le Vin des Poètes – Episode 26 : Le temps des chansons d’ici (2)

 Marie-Hélène COURTIN

Si la parité est, de façon générale, assez bien respectée dans le monde du spectacle, rares par contre sont les femmes qui ont célébré le vin dans leurs œuvres (même si comme on l’a vu précédemment elles sont de plus en plus présentes).

… Sans doute a-t-il fallu à Marie-Hélène Courtin un père vigneron – au cœur de la Vaunage – pour nous donner ce très beau texte d’hommage au travail de la vigne, à cette sorte de combat solitaire, fondamental, avec la terre.

Auteur-compositeur-interprète, musicienne et comédienne, Marie-Hélène Courtin parcourt depuis près de 35 ans les scènes du Languedoc. Elle a cinq albums de chansons à son actif.

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 TU

Tu as passé ta vie

A surveiller le ciel

A craindre trop de pluie

Le mildiou ou le gel

Tu t’en allais dès le chant des oiseaux

Au point du jour au pas lent des chevaux

Tu partais pour ta vigne

Seul comme en éclaireur

Guettant le moindre signe

De vent avant-coureur

Espoudasser en novembre

Gabeller les sarments

Sulfater au printemps

Tailler à carême ou cendres

Sous un mistral cinglant

Soufrer à la St-Jean

Labours par tous les temps 

 

Tu as passé ta vie

A redouter la grêle

Oïdium ou cochylis

Entre bardane et prèle

Gourde et musette au fond d’un cageot

Ton vieux béret ta chemise à carreaux

Tu as passé ta vie

Assis sur ton tracteur

Brinquebalant fier et digne

Chariot enjambeur

Hottes comportes et seaux

Serpette ou sécateur

poissent dans la chaleur

Pastières et tombereaux

S’emplissent d’heure en heure

Sous les mains des coupeurs

Au pas lourd des porteurs

 

Tu as passé ta vie

Dans le froid dans le vent

Dans la boue sous la pluie

Sous un soleil brûlant

Tu as passé ta vie

A bichonner ton vin

De pressoir en demi-muid

A la St-Martin

Muscat œillade cabernet cinsault

Syrah grenache chardonay merlot

Marsanne roussane carignan aramon

Cabernet sauvignon

Tu as passé ta vie

Entre lavande et thym

Oliviers tamaris

Tramontane et marin

 

Tu finiras ta vie

un soir plein de douceur

quand la terre se résigne

à calme et torpeur

Lorsque l’automne incendie les coteaux

Et met au ciel gris des vols d’étourneaux

Quand octobre dans les vignes

Fait place aux grappilleurs

Aux pies aux poireaux de vigne

Perdrix rouges et chasseurs

Roquette pêches de vigne

Et merles moqueurs

 

Daniel BOURGUET

Qui dira les chemins divers qu’emprunte l’inspiration lorsqu’il s’agit d’écrire un poème ? Une chanson ? Tous les textes que nous citons dans ces pages parlent de vin, mais décidément ils le font sur tous les tons, mêmes les plus extrêmes…

Heureusement d’ailleurs que l’irrévérence se pratique encore un peu aujourd’hui, et que dans nos sociétés de plus en plus idéologiquement fermées, il est encore des artistes pour surprendre et interpeller.

Daniel Bourguet, militant engagé sur bien des fronts, est l’auteur d’une oeuvre chantée importante, essentiellement basée sur la fraternité et le rapprochement des peuples, auteur de la Méditerranée.

 

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/08-DBourguet-Le-vin-nouveau.mp3|titles=08-DBourguet – Le vin nouveau]

 

LE VIN NOUVEAU

J’ai jamais obéi à un sergent

J’ai déjà fait les vendanges

J’ai jamais mis la main sur un fusil

J’ai déjà pris une cuite

Qui tue le plus entre un soldat et un patron de bar

J’veux pas l’savoir

Tant j’ai la peur des militaires

Des dictateurs et de la guerre

Refrain : 

Le vin nouveau est arrivé

On va en vendre au monde entier

Ce serait beau Mr Dassault

Si on vendait au monde entier

Plus de pinard que d’armes (bis)

J’aimerais voir Netanyaou un peu saoul

Avec Arrafat danser le zouk

J’aimerais voir tous les salauds d’l’univers

A l’amitié lever leurs verres

Qui tue le plus entre un chauffard et un pilote de char 

J’veux pas l’savoir 

Tant j’ai la peur des militaires

Des dictateurs et de la guerre

Refrain

On m’avait dit qu’il fallait une armée

Pour notre sécurité 

Mais c’est sur nous qu’ils sont venus cogner

Quand on criait liberté

Entre un flic et un verre de pinard qui tue le plus l’espoir

J’veux pas l’savoir

Tant j’ai la peur des militaires

Des dictateurs et de la guerre

Refrain :

Le vin nouveau est arrivé

On va en vendre au monde entier

Ce serait beau Mr Dassault

Si on vendait au monde entier

Plus de pinard que d’armes (bis)

Le vin nouveau est arrivé

On va en vendre au monde entier

Mais Mr Dassault n’est pas beau

Il n’a pas voulu m’écouter

Aussi je vais m’saouler (bis)

 

Christian MIRAILLES

Qui n’a pas connu Christian Mirailles ne sait sans doute pas combien les hommes peuvent aussi gaspiller leurs talents, les perdre dans de pauvres éclats illusoires dispensés par l’alcool.

Dans la brutalité de l’ivresse, rares sont ceux qui s’y voient du génie, et la peur du vide devient terrible alors pour celui qui finit par douter de tout et surtout de lui-même.

Notre ami Mirailles a un jour franchi les limites que la vie essaie (trop souvent en vain) de nous apprendre, et il s’en est allé… Il aurait eu pourtant beaucoup de choses encore à nous dire.

Auteur de cette « nonette » rendue à son humanité, Jean-Pierre Tabard était le parolier favori de Christian Mirailles.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/07-Ch.Mirailles-la-Nonette.mp3|titles=07-Ch.Mirailles – la Nonette]

LA NONETTE

La nonette dansait dans la cave du cloître

Les jupes relevées sur ses genoux trop blancs

La nonette dansait et ses jambes d’albâtre

Faisaient des entrechats

Elle virevoltait légère hiératique

Un sourire d’extase sur ses lèvres d’enfant

Ses sandales glissaient sur les dalles rustiques

Et crissaient sous ses pas

Refrain :   

Seigneur tu fis la vigne et le jus de raisin

Gloire soit à ton nom gloire soit de tes grappes

Maria veritas in vino carpe diem

Trois pater trois ave à celui qui m’attrape

 

La nonette chantait en tenant dans ses mains

Une coupe d’un vin au parfum enivrant

Le liquide tanguait à chaque tour de rein

A chaque pas de danse

Tout en se déhanchant elle portait coquine

A sa bouche ingénue le nectar gouleyant

Par petites gorgées l’insolente frangine

Se grisait en cadence

 

La nonette voguait entre les fûts de chêne

Goûtant de ci de là aux ambres veloutés

Sa langue clapotait et donnait à la scène

Un air de cabaret

Et la petite sœur emportée par les brumes

De l’alcool et du rythme paraissait envoutée

A gorge déployée légère comme une plume

La drôlesse riait

 

La nonette planait au dessus du couvent

Un pâtre doux et blond l’enlaçait à la taille

De jeunes angelots scandaient à tous les vents

Saint-Eloi n’est pas mort

La pauvrette en rêvant poussait de longs soupirs

Agitant ses mollets sous la bure en bataille

La poitrine oppressée du feu des élixirs

Qui lui brûlaient le corps

 

Lucifer jubilait et riait tant que presque

Il en était touchant sympathique ; pour sûr

L’ivresse de la none n’avait rien de dantesque

A peine purgative

L’enfer cré nom d’un diable avait d’autres valeurs

Ce n’était pas le lieu de vénielles encornures

Il supplia le ciel qu’on laisse à ses vapeurs

La cornette émotive

 

La nonette pleurait au fin fond du couvent

Un bol de vin de messe entre ses mains d’albâtre

Elle priait priait fort religieusement

Bacchus et Dionysos

Le tout-puissant là-haut n’en demandait pas tant

La nonette le vieux n’en avait rien à battre

Son verdict retentit sec laconiquement

Votre sœur c’est un os.

 

Gérard FRANCO

 

Dans les vagues de notes aigrelettes qui accompagnent les joutes dans le midi, parmi les cris des hautbois et les percussions des tambourins, du côté de Sète et de l’Etang de Thau, dans sa tenue blanche immaculée, vous apercevrez nécessairement Gérard Franco qui (au-delà de quelques chansons plutôt sympathiques comme « l’Esprit du Vin » que nous donnons ici) s’est essentiellement voué à cette musique populaire très codée qui retentit tous les étés au bord des canaux de nos villes côtières…

Il existe une version de cette chanson « revue et corrigée » par Hervé Tirefort. Heureux également ceux qui la connaissent !

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/09-GFranco-esprit-du-vin.mp3|titles=09-GFranco – esprit du vin]

Vous entendez ?