On sait la minutie avec laquelle Christian Stalla construit ses toiles. Dans le fourmillement qui le caractérise, personnages, situations, attitudes, sont longuement étudiés avant de prendre place sur la grande agora que constitue le tableau… Ainsi aujourd’hui ces deux études pour son « Saint-Saturnin de Lucian ».
Vin des Poètes – Episode 22 : Le temps des chansons (6)
Philippe FORCIOLI
« A pas de loup, à plume d’oiseau, à voix de sarment et de source, il a fait de la chanson son territoire d’homme libre. » (Anne-Marie Paquotte – Télérama)
Amoureux des Lettres, de la nature et de la Corse, un petit peu des Corbières aussi, enfant de Brassens et de Félix Leclerc, depuis plus de trente ans Philippe Forcioli roule sa bosse poétique aux quatre vents, indifférent aux tentations du showbiz comme au flux des modes.
Chanteur par excellence de la connivence, de la complicité avec le public, il aime plus encore cette même connivence et cette même complicité avec dame Nature et c’est dans cette sorte d’idéal qu’il a croisé la route du vin, à hauteur d’hommes !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Vendémiaire-Philippe-Forcioli1.mp3|titles=Vendémiaire – Philippe Forcioli]
VENDEMIAIRE
Je suis de race d’hommes Ouverts sur le côté
Si je meurs à l’été Je renais en automne
Les raisins des vendanges Me font ressusciter
Il me plait de chanter À la vigne louange
Ah les vignes Au petit matin
Soleil cligne Au creux des chemins
On est là pour se jeter Sur les grappes comme des bêtes
Elles ont la hanche fluette Et le sein lourd dans la main
Je trépigne comme un jouvenceau C’est ma ligne
Qu’on me donne un seau À pleine gueule que je l’emplisse
De tous ces petits soleils bruns Que 9a saigne que ça pisse
La boucherie va son train
Vin vin Sang de la misère
Vin vin Cœur du grand mystère
Le Christ qui t’a béni Il avait bon goût pardi
Il savait l’âme humaine L’enfer et le paradis
Vin vin Cul de la bouteille
Vin vin Larmes de la treille
Je perlerai mes sanglots Au ballon de tes voyages
Et riant de mes mirages Je roulerai dans le caveau
Je m’en tape C’est la fête ici
Tournez grappes Jusque dans mon lit
J’en ai brassé des myriades Constellations de raisins
Des entailles aux doigts des mains Me rappellent la bataille
Grasse ivresse Aux guirlandes d’or
Joie paresse Et caresse encore
J’suis moitié gréco-latin Dyonisiaques et bacchanales
Moitié judéo-chrétien À Cana j’étais à table
Vin vin Sang de la misère
Vin vin Cœur du grand mystère
Allah et ses interdits Et yoga et ses régimes
Ah ça jamais je le crie N’arracheront ma feuille de vigne
Vin vin Cul de la bouteille
Vin vin Larmes de la treille
Je perlerai mes sanglots Au ballon de tes voyages
Et riant de mes mirages Je roulerai dans le caveau
Tournez tournez tonneaux Sifflez gargantes à tous les pots
À tire-larigot oh oh oh À tire-larigot
Un vent des anges M’a décoiffé
Sont-ce des vendanges de malignes fées
Qui m’auraient versé dans le coteau
Oh oh oh
Pour tirer de ma glotte Chansons de poivrot
Vigneronne trinquons à l’amour
Viens luronne Il nous reste un jour
Sur un lit de feuilles rousses De mousse ou de champignons
Te croquerai le menton La Madelon faisait carrousse
Viens viens Novembre s’approche
Viens viens Soleil s’effiloche
Viens viens Cache-toi dans ma poche
Viens viens Nous ferons les cloches
Je suis de race d’hommes Ouverts sur le côté
Si je meurs à l’été Je renais en automne
Les raisins des vendanges Me font ressusciter
Il me plait de chanter
Allain LEPREST
Si le vin n’avait pas existé, Allain Leprest l’aurait inventé. Lui qui fut le plus grand auteur, récent, de chansons françaises a toujours eu un rapport très fort avec le vin.
Déjà en son adolescence il écrivait dans Madola, chanson écrite avec son ami Fabrice Plaquevent (Julien Heurtebise) et publiée dans le disque « Chansons du temps qu’il fait » : Encore un verre j’arrive, encore un verre personne poinçonne mon billet dans les charters du spleen…
Ces charters qui ont fini par s’envoler et disparaître avec le poète.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Le-temps-de-finir-la-bouteille-Allain-Leprest.mp3|titles=Le temps de finir la bouteille – Allain Leprest]
LE TEMPS DE FINIR LA BOUTEILLE
J’aurai rallumé un soleil
J’aurai réchauffé une étoile
J’aurai reprisé une voile
J’aurai arraché des bras maigres
De leurs destins mille enfants nègres
En moins de deux, j’aurai repeint
En bleu le coeur de la putain
J’aurai renfanté mes parents
J’aurai peint l’avenir moins grand
Et fait la vieillesse moins vieille
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la bouteille
J’aurai touché la double paye
J’aurai ach’té un cerf-volant
Pour mieux t’envoler, mon enfant
Un lit doux et un abat-jour
Pour mieux l’éteindre mon amour
Dans une heure, un litre environ
J’aurai des lauriers sur le front
Je s’rai champion, j’aurai cassé
La grande gueule du passé
Ca s’ra enfin demain la veille
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la boutanche
Et vendredi sera dimanche
J’aurai planté des îles neuves
Sur les vagues de la mère veuve
J’aurai dilué la lumière
Dans la perfusion de grand-mère
J’aurai agrandi la maison
Pour y loger tes illusions
J’aurai trouvé du pain qui rime
Avec des pièces d’un centime
Rire et pleurer, ce s’ra pareil
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la bouteille
Et chiche que la poule essaye
De voler plus haut qu’un gerfeau
Chiche que le vrai devient le faux
Que j’abolis le noir, le blanc,
La prochaine guerre et celle d’avant
Les adjudants de syndicats
La soutane des avocats
Les carnets bleus du tout-Paris
Le dernier-né du dernier cri
La force, le sang et l’oseille
Le temps de tuer la bouteille
Le temps de tuer la bouteille
Le temps de finir la bouteille
Je t’aurai recollé l’oreille
Van Gogh et tué le corbeau
Qui se perche sur ton pinceau
Encore un pleur, encore un verre
La rue marchera de travers
Le vent poussera mon voilier
Je serai près de vous à lier
Tout au bout de la ville morte
Des loups m’attendront à la porte
J’voudrais qu’mes couplets les effrayent
Le temps de tuer la bouteille
L’écriture d’Allain Leprest est à la fois ce batonnet qui pétille sur le gâteau des fêtes d’enfants et l’explosif que le résistant accroche aux piliers d’un pont à l’approche du convoi ennemi…
Allain Leprest qui nous a quitté en août 2011, écrivait comme Paul Fort « cultivait ses pommes », comme une évidence qui parcourait toute la partition des émotions humaines, les bonheurs comme les drames, c’est à dire aussi les jeux et les joies.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/17-AudioTrack-17.mp3|titles=17-AudioTrack 17]
Chanté par Gérard Pierron
OU VA LE VIN QUAND IL EST BU
1- Où va le vin quand il est bu
A Miami à Malibu
Qu’importe les pissotières du monde
Quand le tonneau lâche la bonde
Les saisons s’en trouvent repues
Où va le vin quand il est bu
2- Quand il est bu où va le vin
Dans un caniveau, un ravin
Il faut bien que ton cœur s’abreuve
Que la rivière enfante un fleuve
Ce que la Garonne devint
Quand il est bu où va le vin
3- Le vin bu sait-on où il va
En Jamaïque ou en Java
Ainsi nos os au cimetière
Il retourne arroser sa terre
Comme le raisin en rêva
Le vin bu sait-on où il va
4- Où va le vin quand il est bu
On pourrait croire qu’il est bu
Au lieu où nos baisers se forgent
Redescendre dans notre gorge
A l’endroit pile où il a plu
Où va le vin quand il est bu
5- Où va le vin quand il est bu
Me vient un dessin de Cabu
Qui peignait Eugène Bizeau
Né vigneron dans le berceau
Mort à cent cinquante guère plus
Où va le vin quand il est bu
6- Quand il est bu où va le vin
Le buveur n’est pas un devin
Terres en friche ou terres riches
Quand on se le trinque on s’en fiche
Moi je m’en fous j’écris des vers
Qui veut le savoir offre un verre
Gérard PIERRON
On l’a vu dans les pages qui précèdent : les chanteurs « connus » qui ont célébré le vin sont finalement assez nombreux,…, comme s’il s’agissait d’une sorte de passage obligé pour affirmer son… humanité… libre…
Parmi eux Gérard Pierron, qui n’est certes pas le plus connu, occupe une place tout à fait particulière, celle d’avoir consacré toute une partie de sa vie d’artiste et d’homme à ces célébrations dont le but est de nous grandir et non de nous réduire à quelques veuleries, d’aller chercher en nous les signes, même les plus ténus, de ce qui fait la grandeur des hommes et non ce qui les rabaisse à de pâles instincts…
Cette chanson d’Yves Sandrier qui a donné son nom à l’album de Gérard Pierron en est la belle illustration.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Chante-vigne-chante-vin.mp3|titles=Chante vigne chante vin]
CHANTE VIGNE CHANTE VIN
Ce soir-là j’avais du bon temps
Un bel amour à mes côtés
Les rayons du soleil couchant
Au fond de mon verre étoilé
Ce beau soir-là je voulais vivre
Loin de ce que j’avais connu
Ce soir-là j’étais un peu ivre
Plus que je ne l’aurais voulu
Chante vigne chante vin
Chasse la peine des hommes
chante vigne chante vin
la vraie chanson de l’automne
sans la vigne sans le vin
ce beau soir-là ne vaudrait rien
Autour de moi comme à la foire
La terre se mit à tourner
Donc il aurait fallu ce soir
Etre ivre mort pour en douter
C’est que le ciel était si pur
C’est que le vent m’était si bon
C’est que la grappe était si mûre
Et le baiser tellement long
Chante vigne chante vin
Chasse la peine des hommes
chante vigne chante vin
la vraie chanson de l’automne
sans la vigne sans le vin
mon amour ne vaudrait rien
Pardonne-moi ma tant aimée
Si ce soir-là je n’ai pas su
Du vin nouveau de ton baiser
Lequel des deux valait le plus
Tu l’oublieras ta jalousie
Si tu savais si tu savais
Comme ce soir de sa magie
Le vin nouveau t’embellissait
Chante vigne chante vin
Chasse la peine des hommes
chante vigne chante vin
la vraie chanson de l’automne
sans la vigne sans le vin
ma chanson ne vaudrait rien
ma chanson ne vaudrait rien
VIN DES POETES – Episode 21 : Ah ! Boire !
Le temps des chansons continue : quand boire est le lieu de toutes les nostalgies…
Francis LEMARQUE
« A Paris », « Marjolaine », « Quand un soldat »… tels sont quelques uns des titres de chansons attachés au nom de Francis Lemarque qui – près de dix ans après sa mort – demeure encore un des grands noms de la chanson française.
Dans ses plongées dans la capitale qu’il a chantée mieux que personne, il ne pouvait que s’arrêter dans un de ces multiples bistrots qui accompagnaient alors le Paris populaire.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Le_Bar_Du_Dernier_Verre.mp3|titles=Le_Bar_Du_Dernier_Verre]AU BAR DU DERNIER VERRE
Au bar du dernier verre, un soir
Que j’étais seul, j’ai cru revoir
Comme à travers un vieux miroir
Tous les amis de ma jeunesse
Aucun ne paraissait me voir
Cette nuit-là, j’ai bu sans cesse
Au bar du dernier verre, un soir
Que j’étais seul, j’ai cru revoir
{Refrain:}
Amis, buvons
Comme au beau temps
De nos vingt ans
Amis, buvons
Comme naguère
Si l’un seul de vous m’est rendu
Rien n’est perdu
Amis, buvons
Un dernier verre
Amis, buvons
J’ai bu jusqu’au petit matin
A leur santé, d’un air lointain
Le miroir n’avait plus de tain
Ils semblaient m’attendre derrière
Et souriaient d’un air lointain
Pour chacun, j’ai levé mon verre
Buvant jusqu’au petit matin
A leur santé, d’un air lointain
{au Refrain}
Peut-être bien qu’ils étaient morts
Il pleuvait doucement dehors
Et j’emportais comme un remords
Ma solitude et ma misère
Quand j’ai laissé mes amis morts
Ce soir, au bar du dernier verre
Il pleuvait doucement dehors
Et j’emportais comme un remords
{au Refrain}
Mes amis, je vois le temps
De nos vingt ans
Glisser dans l’ombre et la poussière
Aucun de vous ne m’est rendu
Tout est perdu
Mais je veux boire encore un verre
Le dernier verre
Au temps perdu
Au temps perdu
Claude NOUGARO
Quelle étrange chanson que cet impossible hommage à un clochard, même pas céleste, et dont le vin, l’impossible pinard-vinasse que nous ne connaissons plus, accompagne la déchéance !
L’ivresse a souvent été présente dans les chansons de Claude Nougaro – on se souvient bien sûr de « Je suis saoul » – mais rarement (et aussi violemment) autant que dans ce pauvre Clodi Clodo où elle atteint un tel degré de destruction, presque d’inhumanité…
Permettez-moi de ne pas me demander pourquoi et de considérer cette chanson passant dans ces pages comme les Grecs, au milieu des orgies, faisaient apporter un cadavre : pour ne pas oublier la condition humaine !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Clodi_Clodo.mp3|titles=Clodi_Clodo]CLODI CLODO
Litron dans la poche, traînant la galoche
Voici que s’approche le clodo
Tous les quinze mètres, minute, il s’arrête
Pour visser sa tête à son goulot
Sur un banc bien stable de l’avenue Junot
Il se met à table, sort son livarot
Et malheur aux mouches, qui ont l’eau à la bouche
Il fait toujours mouche, il les tue d’un rot
Clodi Clodo
Ensuite il allonge sa carcasse et plonge
Plein comme l’éponge l’est de l’eau
Dans une ronflette avec sa liquette
Hors de sa braguette anti-porno
Car pour lui le sexe, c’est plus qu’un tuyau
Fait pour qu’on déverse du champagne chaud
Car pour lui, la femme, c’est plus au programme
De sa vie d’infâme chiqueur de mégots
Clodi Clodo
A part cette garce, harnachée de crasse
Dont la seule grâce, le seul joyau
C’est qu’elle semble faite pour payer les fêtes,
Sauciflard, baguette, tord-boyaux
Parfois il l’entraîne voir couler le flot
Du fleuve la Seine au pont Mirabeau
Quand la lune, jaune camembert, se donne
Ses airs de madone d’avant Apollo
Clodi Clodo
Soyons bonne poire, versons un pourboire
Dans la patte noire du clodo
Pendant que tout foire, lui sur la mer Noire
De son rouge pinard, ho hisse et ho
Il craque et titube comme un vieux rafiot
En gueulant un tube de tuberculo
Litron dans la fouille, traînant sa gadouille
Il part en quenouille dans l’avenue Junot
Clodi Clodo
Clodi Clodo
JULIETTE
Je me souviens de la première fois où j’entendis Juliette : nous étions douze dans une toute petite salle de Montpellier et c’était… fascinant !
Quelques centaines de milliers de spectateurs après, elle est toujours l’une des plus étonnantes chanteuses d’aujourd’hui, et aucun sujet ne lui est étranger : surtout pas le vin
!
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/04-Létoile-Rouge.mp3|titles=04 L’étoile Rouge]
L’ETOILE ROUGE
Au bar de l’Étoile Rouge
Il y a bien longtemps
Je servais des canons de rouge
Aux potes à maman
Ça s’enivrait à la gloire
Du kir et des communards
Rêvant du Grand Soir
Je m’souviens de Vassiliev
Parti en dix-sept à Kiev
Donner vie au rêve
Pauvre moujik qui, autrefois,
N’possédais pas même tes mains
Il ne te resta qu’un bras
Au moins, c’était le tien
Gais rossignols
Cerises et carmagnoles
Quels choeurs, quels luths
Rechanteront ces luttes
Pour ressusciter les Rouges
Du bar de l’Étoile Rouge ?
C’est en trente-six que Pablo
S’en alla bâtir
L’avenir et les châteaux
Sur l’Guadalquivir
Il tomba sous la mitraille
En braillant à plein poitrail
« Ay Carmela ay ! »
Puis Anna chez Benito
A fait changer le tempo
Ô bella ciao, ciao, ciao !
L’hymne eut raison de l’idole
Bottes en l’air et nez au sol
Mais toutes ces cabrioles
Rendirent Anna folle
Et mon index
Trempé dans le Jerez
Sur le mur blanc
Traça « No pasaran »
En hommage à tous les Rouges
Du bar de l’Étoile Rouge
Au bar de l’Étoile Rouge
Reste plus que moi
Une vieille que les canons d’rouge
Ne mettent plus en joie
Il y a toujours sur le mur
Écrit le cri des purs et durs
Mais chacun s’en moque
« No pasaran, c’est du passé ! »
Me disent des clients pressés
Faut changer d’époque
Mais même si ce goût de goulag
Dans mon verre en cristal de Prague
M’a tiré des pleurs
L’avenir est-il si radieux
Que l’on oublie celles et ceux
Qui l’ont rêvé meilleur ?
Anna, Pablo,
Vassiliev, de là-haut
De tout là-haut
Prév’nez vos petits frères
Que le bar
Même tard
Restera ouvert
Anne SYLVESTRE
Bourguignonne, comme Colette, Anne Sylvestre (que l’on appelait alors la « Brassens en jupons ») a manifestement sacrifié avec plaisir et connivence au rite de la chanson sur le thème du vin.
Nous n’étions alors il est vrai qu’au milieu des années 60 et on pouvait, sans crainte de la maréchaussée, avouer sa passion pour la dive bouteille… Déjà elle écrivait : Je m’effraye qu’on ne sache plus, merveille, boire un coup… Que dirait-elle aujourd’hui ? Peut-être après tout qu’on ne connaît guère de poète ou de chansonnier qui ait revendiqué d’être sponsorisé par le Ministère de la Santé…
Heureusement !
COMME MON GRAND-PERE LOUIS
Comme mon grand-père Louis
Saluant d’un chapeau digne
Ses arpents de pieds de vigne
Reconnaissant, ébloui
Comme mon grand-père qui
Devant un crû de Bourgogne
Se découvrait sans vergogne
Avec le sérieux requis
Je voudrais modestement
Esquisser quoiqu’on en pense
La petite révérence
Que m’apprirent mes parents
Car bien que je ne sois vieille
Que de trente et pas beaucoup
Quand j’y pense, je m’effraye
Qu’on ne sache plus, merveille,
Boire un coup !
Comme mon grand-père Louis
Composant avec science
De subtiles alliances
Entre Pommard et Rôti
Comme mon grand-père qui
Ne recevait à sa table
Que de vrais buveurs capables
Que des gosiers aguerris
Je voudrais pieusement
Rappeler qu’en mon enfance
Je m’y tenais vaillamment
Car…
Comme mon grand-père Louis
Faisant creuser dans la pierre
Bien avant sa maison mère
Une cave et ses replis
Comme mon grand-père qui
A nous sa progéniture
Apprit la grande aventure
Des raisins de son pays
Je voudrais à tout venant
Me vanter d’avoir en cave
Deux ou trois bouteilles graves
De riches bourgs triomphants
Car…
Comme mon grand-père Louis
Comme Albert à qui je ressemble
Et qui reposent ensemble
Sur la colline fleurie
Où il fit coucher aussi
Pour les côtoyer sous terre
Madeleine et Philibert
Et la très douce Marie
Je voudrais finalement
M’y coucher un jour, pareille
A une quelconque bouteille
Mais pourtant en attendant
Sans rien avoir d’un ivrogne
Je voudrais qu’on sache enfin
Qu’on peut être de Bourgogne
Qu’on peut aimer sans vergogne
Le bon vin
Car…
(à suivre)
Intermède 18 : sur le Sentier des Poètes
Ouvert depuis juillet 2009 le Sentier du vin des poètes parcourt le terroir des vins de Saint Saturnin. Créé à l’initiative de la Cave coopérative il donne depuis à découvrir le travail des vignerons du crû dans des paysages magnifiques où vigne et garrigue mêlent leurs moutonnements, où ciel et pierre se conjuguent dans des mariages colorés splendides, où modernité et tradition se rejoignent dans l’humain… Il faut aller parcourir ce chemin qui, au travers du vignoble, vous mène de Max Rouquette à Pierre Reverdy, d’Antonio Machado à Omar Khayamm, de Frédéric Mistral à Virgile…
Renseignements :
Les Vins de Saint-Saturnin 34725 Saint-Saturnin-de-Lucian. Tel : 04 67 96 61 52 Mel ; contact@vins-saint-saturnin.com
Vin des Poètes : épisode 20 – Le temps des chansons (4)
Les Quatre Barbus
Ils s’appelaient Jacques Trisch, Marcel Quinton, Pierre Jamet et Georges Thibaut… et c’étaient les Quatre Barbus, un de ces groupes vocaux (tels encore Les Frères Jacques) nés dans l’immédiat après-guerre et qui entendaient porter auprès du plus grand nombre la chanson comique de qualité.
Appréciées à la fois par les publics populaires et par les intellectuels, leurs chansons, traditionnelles, paillardes, ou même anarchistes, étaient en effet drôles et intelligentes.
Comme tant d’autres ils furent balayés par la vague yéyé. La chanson que nous donnons ici est un chant traditionnel venu de Haute Bourgogne.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Les-4-barbus-Ah-que-nos-pères-etaient-heureux.mp3|titles=Les 4 barbus – Ah ! que nos pères etaient heureux]
AH ! QUE NOS PERES ETAIENT HEUREUX
Ah! Que nos pèr’s étaient heureux
Ah! Que nos pèr’s étaient heureux
Quand ils étaient à table
Le vin coulait à flot pour eux
Le vin coulait à flot pour eux
Ça leur était fort agréable!
Refrain :
Et ils buvaient à pleins tonneaux
Comme des trous
Comme des trous, morbleu!
Bien autrement que nous, morbleu!
Bien autrement que nous!
Ils n’avaient ni riches buffets
Ils n’avaient ni riches buffets
Ni verres de Venise
Mais ils avaient des gobelets
Mais ils avaient des gobelets
Aussi grands que leur barbe grise
Refrain
Ils ne savaient ni le latin
Ils ne savaient ni le latin
Ni la théologie
Mais ils avaient le goût du vin
Mais ils avaient le goût du vin
C’était là leur philosophie
Refrain
Quand ils avaient quelque chagrin
Quand ils avaient quelque chagrin
Ou quelque maladie
Ils plantaient là le médecin
Ils plantaient là le médecin
L’apothicair’, la pharmacie
Refrain
Celui qui planta le provin
Celui qui planta le provin
Au beau pays de France
Dans l’éclat du rubis divin
Dans l’éclat du rubis divin
Il a planté notre espérance
Refrain
Boris VIAN
Bien sûr il y eut la mythologie des caves de Saint-Germain-des-Prés, dans l’effervescence de la liberté retrouvée… Il y eut la trompinette et le jazz… une vie intense, multiple, sublimée par la maladie qui le guetta tout au long de ses 39 ans d’existence et qui finit évidemment par l’emporter… Mais c’était bien la maladie, pas les excès.
Car Boris Vian était aussi un homme très organisé qui sut mener de front les multiples taches qu’il s’était fixées : écrire (il faut relire ses romans), composer (avec Henri Salvador cela donna des dizaines de titres), chanter, inventer, aimer… vivre !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Boris-Vian-Je-bois.mp3|titles=Boris Vian – Je bois]
JE BOIS
Systématiquement
Pour oublier les amis de ma femme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier tous mes emmerdements
Je bois
N’importe quel jaja
Pourvu qu’il fasse ses douze degrés cinque
Je bois
La pire des vinasses
C’est dégueulasse, mais ça fait passer l’temps
La vie est-elle tell’ment marrante
La vie est-elle tell’ment vivante
Je pose ces deux questions
La vie vaut-elle d’être vécue
L’amour vaut-il qu’on soit cocu
Je pose ces deux questions
Auxquelles personne ne répond… et
Je bois
Systématiquement
Pour oublier le prochain jour du terme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier que je n’ai plus vingt ans
Je bois
Dès que j’ai des loisirs
Pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule
Je bois
Sans y prendre plaisir
Pour pas me dire qu’il faudrait en finir…
Ricet BARRIER
C’est en 1958 que le nom de Ricet Barrier apparaît pour la première fois parmi les chanteurs, auteurs-compositeurs, connus et reconnus de notre pays. Grâce à La servante du château il accède à la notoruété et débute une carrière qui, hier encore, à plus de 80 ans, l’amenait sur la plupart des grandes scènes françaises.
La chanson que nous donnons ici date de 1978 et la musique, comme souvent avec Ricet, est signée Bernard Lelou.
L’écriture de ce livre se terminait quand nous avons appris la disparition de Ricet Barrier. Au-delà du choix d’une chanson , ayons une pensée pour ce chanteur atypique qui a marqué son temps.
BACCHUS BOURREE
(parlé) Bacchus, Dieu du vin et de l’inspiration,
De la vigueur féconde et de la procréation.
Né du Feu, élevé par la Pluie,
C’est le Dieu des plaisirs de la Vie.
Il vide les tonneaux et remplit les vessies,
Fait rire les chameaux et pleurer le Messie.
Quand on fait la fête, qu’on est un peu bourré,
Qu’on trouv’ la vi’ belle et les fill’s à croquer,
Pour peu qu’un guitareux se mette à la gratter,
Ça y est c’est parti, Bacchus est arrivé …
Refrain : La Bourré’, la bourré’ qui balance,
La bourré’ des bourrés, c’est Bacchus qui la danse
Et tout en louvoyant de barrique en jupon,
Il goutte le bon vin et les jolis tétons.
La bourré’ fait sauter les fillettes,
Bacchus, l’oeil allumé, leur verse une piquette
Et dans la vigne au vin, dans le creux d’un sillon,
L’entonnoir à la main, il trousse leur cotillon.
Bacchus aime tout excepté … Le thé !
Il boit toujours en société, Santé !
Débondez les tonneaux, percez les barillets,
Allez, tous au goulot et videz les pichets,
Quand on voit la vie
Couleur de paradis,
On est bon pour danser
La Bourré’ des bourrés.
Refrain
La Bourré’ chasse tous les soucis,
La Bourré’ des bourrés vous fait voir du pays.
Dans les fumé’s du vin,
Le pauvre a des écus,
Les moines sont coquins
Et contents les cocus !
Bacchus ne connaît qu’un fléau C’est l’eau !
Un seul pays a sa confiance, La France !
Bacchus est malicieux,
En vidant les tonneaux
Il pouss’ les amoureux à remplir les berceaux,
Mariage ou enterrement,
Ca finit en buvant,
Les jamb’s en compote,
Mais l’printemps dans la culotte !
VIN DES POETES : Episode 19 – Le temps des chansons (3)
Des goguettes aux comiques troupiers…
Charles GILLE
Alors qu’au coeur du 19ème siècle, la bourgeoisie étend son emprise économique et politique sur la société française, dans les goguettes mûrit l’esprit révolutionnaire. Charles Gille qui a vingt ans en 1840 est un de ces « goguettiers » qui confèrent à la chanson une véritable mission éducatrice : « Le grand peuple se réveille aux refrains du cabaret » écrit-il.
Vivant le plus souvent dans la misère, pourchassé par la police, il subsiste maigrement grâce à divers métiers toujours provisoires… et peu rémunérateurs. Fatigué, démoralisé, il finit par se suicider le 24 avril 1856. Il laissait derrière lui 150 chansons « une oeuvre qui compte dans l’histoire littéraire et philosophique du 19ème siècle et qu’il faut sauver de l’oubli ».
LE CABARET DE RAMPONNEAU
Nous allons à la Courtille,
N’en soyez pas étonnés.
Femme, laisse ta mantille,
Moi, mes habits galonnés.
Le casaquin des bourgeoises
Pour cet endroit est trop beau
(Refrain)
Vivent les chansons grivoises
Et le vin de Ramponneau.
C’est la… Regardez ces bandes
De buveurs autours des pots ;
On jurerait des guirlandes
De rouges coquelicots.
Point de figures sournoises,
De cafards, surtout pas d’eau.
(Refrain)
On y voit aussi des femmes
Venir avec leurs maris ;
Haut, tout haut, trop haut, ces dames
Les appellent leurs chéris,
Car de l’hymen ces matoises
Savent élargir l’anneau.
(Refrain)
A la table où l’on regarde
Deux vieux soldats s’étaient mis,
Le vin tapant la cocarde
En a fait deux ennemis.
Baisse le fer que tu croises,
On pleure sur le tombeau.
(Refrain)
Très simples dans leurs toilettes,
Mais avec de bien beau yeux,
Voici de gentes grisettes
Que suivent des amoureux.
Sans diamants, sans turquoises,
La jeunesse est leur joyau.
(Refrain)
Pas de prêtre qui dédaigne
De visiter le dit lieu,
Car on voit sur son enseigne
Le fantôme d’un vieux Dieu.
Il est là, bravant les noises,
A cheval sur un tonneau.
(Refrain)
Partons… Vêtus en livrée
De grands seigneurs vont venir.
Et bientôt, l’âme enivrée,
Ils oublieront l’avenir.
Grand, ce vilain que tu toises
Sape en riant ton tréteau.
(Refrain)
Pierre-Jean de BERANGER
Pierre-Jean de Béranger est un des premiers grands auteurs de chansons révolutionnaires de notre pays !… « L’homme-nation » dira de lui Lamartine, tant il sut se faire l’écho dans ses chansons de la voix du peuple.
Véritable star des goguettes qui fleurissaient alors à Paris (vers le milieu du 19ème siècle) il construisit en fait une œuvre véritable et consciente.
En préface à ses œuvres il écrivait : la chanson devait s’élever à la hauteur des impressions de joie ou de tristesse que les triomphes ou les désastres produisaient sur la classe la plus nombreuse. Le vin et l’amour ne pouvaient guère plus que fournir des cadres pour les idées qui préoccupaient le peuple… Ces « vendanges » en sont une parfaite illustration.
LES VENDANGES
BACH
Pourquoi les chansons qui parlent du vin – ici du pinard – échapperaient-elles à l’idéologie dominante ? On est ici dans l’état d’esprit franchouillard qui accompagne les va-t-en-guerre, les généraux toujours triomphants à la veille des batailles, les folliculaires toujours prêts à séduire les puissants…
Ah ! le pinard ! On sait aujourd’hui le rôle qu’il a joué dans le cours de la guerre 14 / 18 : amener les hommes à accepter l’inaccepteble.
« Vive le pinard » a été créé par Bach (interprète de La caissière du grand café, La Madelon) vers 1916 sur des paroles de Louis Bousquet et une musique de Georges Picquet pour servir de chanson de route au 140ème de ligne… Pas d’autres commentaires !
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Les-Charlots-Vive-le-pinard.mp3|titles=Les Charlots – Vive le pinard]
Cette chanson mérite-t-elle mieux que cette interprétation par les Charlots ?
VIVE LE PINARD
Le soldat chante en portant son bazar
Une chanson authentique et bizarre
Dont le refrain est « Vive le pinard ! »
Refrain:
Un ! deux !
Le pinard c’est de la vinasse
Ça réchauffe là oùsque ça passe
Vas-y, Bidasse, remplis mon quart
Vive le pinard, vive le pinard !
Aimer sa sur, sa tante, sa marraine
Jusqu’à la mort, aimer son étendard,
Aimer son frère, aimer son capitaine,
Ça n’empêche pas d’adorer le pinard
On a donné ton nom à des esquarres
Mais dis-nous donc alors, que faut-il faire
Pour honorer l’inventeur du pinard ?
C’est ton devoir, mais songe que plus tard
Cette boisson te paraîtra z’amère,
Un vrai poilu ne boit que du pinard
Le vieux laid’ron, on le met z’au rencard,
La vieille bouteille est toujours bienvenue,
Plus il est vieux, plus on aime le pinard
De parfumer le repas d’un Boyard,
Tu ne vaudras jamais le cep de la vigne,
Vu que c’est lui qui donne le pinard.
N’a jamais soif, mais c’est des racontars,
S’il ne boit pas, c’est qu’il n’a que d’l’eau claire,
Il boirait bien s’il avait du pinard
On tue les puces avecque du coaltar,
On tue les rats avecque des acides
Et le cafard en buvant du pinard
On tend des pièges pour prendre le renard,
On tend son arc pour avoir la main sûre,
Moi j’tends mon quart pour avoir du pinard
Je vous en prie, ne soyez pas flemmards,
Prouvez-moi-le en chantant z’à tue-tête
Le gai refrain de « Vive le pinard ! »
Tous en coeur !
au Refrain
GEORGIUS
Georgius et Trémolo sont à l’oeuvre dans cette chanson datée de 1937… et qui raconte donc une mise en bouteille plutôt particulière dans un château bordelais. Sur une musique très alerte, dansante presque, Georgius est au meilleur de sa forme (c’est l’époque où il triomphe avec Au lycée Papillon ), juste grivois ce qu’il faut à l’heure où le Front Populaire est en train de perdre la rue et où, en Espagne, l’Histoire prépare quelques unes de ses pages les plus sombres.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Georgius-La-Mise-En-Bouteille.mp3|titles=Georgius – La Mise En Bouteille]
LA MISE EN BOUTEILLE AU CHATEAU
Où diable cours-tu si vite,
Jean le tonnelier ?
« Je m’en vais travailler
De mon beau métier
Au château de Bonne Cuite
Je vais mettre en train
Vingt barriques de vin
Livrées ce matin »
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
Pour respecter les tonneaux,
Faut avoir l’âme d’un héros
Y a d’l a mise en bouteille
Au château
Et Louis, le chauffeur,
Vous, soubrettes en fleur,
Et toi, le facteur ?
« Nous descendons à la cave
Jeter un regard
Et goûter le nectar
De ce vieux renard »
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
Mais l’bon vin, quand il fait chaud,
Fait bouillonner du chapeau
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
Qu’ils n’sont point r’montés
Dit l’châtelain, j’vais y aller
Voir c’ qui s’est passé…
Mais derrière mes barriques
Quels sont ces soupirs,
Ces baisers, ces gros rires ?
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
J’ crois qu’ les garçons du hameau
Ont dû s’tromper de goulot
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
Mais bien chancelant
D’où viens-tu, Père Jean
Au nez flamboyant ?
« Ça y est, mes tonneaux sont vides
Hélas, je ne puis
Dire qu’il en est ainsi
Des filles du pays »
Au château
Du bon jus de nos treilles
De Bordeaux
Les soubrettes en prirent trop
Elles ont le ventre un peu gros
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
Le vieux médecin
Va nous donner, enfin,
Le mot de la fin
« Apprenez, c’ n’est pas un drame
Que depuis tantôt
Il y a au château
Douze petits jumeaux »
Au château
Ils aimeront nos treilles
Et l’ bordeaux
Car ils ont tous des marmots
Déjà douze petits pipeaux
Y a d’ la mise en bouteille
Au château
(à suivre)
Musée Fabre : mais où sont les vignes ? où est le vin ?
Heureuse initiative que celle du Musée fabre à Montpellier qui, une fois par mois, accueille gratuitement le public. Au menu de ce dimanche écoulé : la vigne et le vin dans les collections du Musée… Pensez si j’y ai couru! Pensez si j’ai été déçu!
7 tableaux en tout et pour tout, pour l’essentiel des 16ème, 17ème et 18ème siècles, des écoles hollandaise et flamande, c’est sans doute passionnant pour mieux comprendre les différences entre catholiques et protestants, pour mieux connaître aussi les standards de la Bible (les Noces de Cana ou les Filles de Loth…),… , mais pour le vin, faudra revenir une autre fois, quand la politique d’acquisition du Musée aura changé et se voudra aussi à l’écoute d’une région, d’une économie, d’une passion très largement présente dans l’art contemporain, comme le montre ce blog.
Et notamment cette magnifique « Femme au vin » signée Isabelle Marsala. Mais on pourrait également citer Bocaj, Di Rosa, Jacques Rech, Masri et tant d’autres…
VIN DES POETES – Episode 18 : Le temps des chansons (2)
Pierre PERRET
Auteur splendide de chansons populaires de grande qualité, avec un nombre étonnant de « tubes », Pierre Perret a naturellement mis le vin à son répertoire. On est loin certes des Jolies colonies de vacances, de Tonton Cristobal ou de Lily, mais la chanson existe et mérite pleinement sa place ici.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/04-Le-Vin.mp3|titles=04 Le Vin]
LE VIN
Si le bon Dieu nous a donné
Dans sa largesse un trou sous le nez
Pour baiser nos maîtresses
Pour compléter son souhait divin
Il voulut qu’on y verse
De temps en temps un verre de vin
Je cherche une fille en vain
Qui m’aime autant que j’aime le vin
Qui boira mon Bourgogne
Et mon Bordeaux mon Saint-Julien
Et leur violente sève
Coulera le feu dans nos reins
REFRAIN:
Claque ta langue
Fille de Bacchus
Contre la mienne
Et gloire à Vénus
Tandis qu’elle goûte à mon Latour
Au Chambertin au Saint-Amour
Sous sa robe vermeille
Elle m’offrira le fin bouquet
De sa divine treille
Au parfum d’ambre et de muguet
J’écouterai le doux babil
Qu’engendre le Mouton-Rothschild
Et ses fraîches papilles
Cajoleront le grand Pétrus
Qui fait jouer aux filles
L’amour sur un stradivarius
REFRAIN
Elle saura se méfier de l’eau
Le nez dans le clos de Vougeot
Ou fleurant la vanille
Dans le gracieux Château Giscours
J’aimerai qu’elle s’habille
De ce parfum pour nos amours
Sortant mes lettres de cachet
Avec le noble Montrachet
La belle peut me rendre
Et en caresses et en bécots
En accolements tendres
Cent fois le prix de son écot
REFRAIN
Qu’un jour nos académiciens
Boivent quelques gouttes de vin
Ils auront le courage
De définir ce mot abscons
Qui est tout à leur image
Il rime avec le frais Mâcon
Si le bon Dieu nous a donné
Dans sa largesse un trou sous le nez
Pour baiser nos maîtresses
Pour compléter son souhait divin
Il voulut qu’on y verse
De temps en temps un verre de vin
REFRAIN
Guy BEART
Scientifique diplômé de l’Ecole des Ponts et Chaissées, Guy Béart débute dans la chanson en 1954. Comme la plupart des artistes de l’époque, il se multiplie dans les cabarets parisiens et le succés vient finalement assez vite puisqu’il est Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros dès 1958.
C’est au tout début des années 60 qu’il se consacre à des chansons françaises traditionnelles qu’il adapte au goût du jour et fait chanter à des millions de Français. Ainsi la complainte de ce Brave marin revenu en son auberge et où le vin joue d’évidence un rôle primordial, comme souvent dabns les drames.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Brave-Marin1.mp3|titles=Brave Marin]
Magnifique interprétation par Les Frères Jacques
BRAVE MARIN
Brave marin revient de guerre, tout doux (bis)
Tout mal chaussé, tout mal vêtu,
Brave marin, d’où reviens-tu, tout doux.
Madame, je reviens de guerre, tout doux (bis)
Apportez vite du vin blanc,
Que le marin boive en passant, tout doux.
Brave marin se met à boire, tout doux (bis)
Se met à boire et à chanter,
la belle hôtesse soupirait tout doux.
Ah! Dites-moi, la belle hôtesse, tout doux (bis)
Regrettez-vous votre vin blanc
Que le marin boit en passant? tout doux.
C’n’est pas mon vin que je regrette, tout doux (bis)
Mais c’est la mort de mon mari,
Monsieur, vous ressemblez à lui, tout doux.
Ah! Dites-moi, la belle hôtesse, tout doux (bis)
Vous aviez de lui trois enfants,
Et j’en vois quatre maintenant, tout doux.
On m’a écrit de ses nouvelles, tout doux (bis)
Qu’il était mort et enterré,
Que je me suis remariée, tout doux.
Brave marin vide son verre, tout doux (bis)
Sans remercier, tout en pleurant,
S’en retourne à son bâtiment, tout doux.
Jacques BREL
Naturellement plutôt porté sur la bière comme tous les gens du Nord, Jacques Brel a su apprécier le vin et le dire dans ses chansons. Le vin est chez lui un accompagnement indispensable de la fête mais aussi l’exutoire des plus sombres destins; comme dans ce funèbre Dernier repas.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jacques-Brel-Le-dernier-repas.mp3|titles=Jacques Brel – Le dernier repas]
Jacques Brel accueilli dans les années 60 par Jean-Pierre Lesigne
à l’Auberge du Pet au diable, près de Montpellier
A mon dernier repas
Je veux voir mes frères
Et mes chiens et mes chats
Et le bord de la mer
A mon dernier repas
Je veux voir mes voisins
Et puis quelques Chinois
En guise de cousins
Et je veux qu’on y boive
En plus du vin de messe
De ce vin si joli
Qu’on buvait en Arbois
Je veux qu’on y dévore
Après quelques soutanes
Une poule faisane
Venue du Périgord
Puis je veux qu’on m’emmène
En haut de ma colline
Voir les arbres dormir
En refermant leurs bras
Et puis je veux encore
Lancer des pierres au ciel
En criant Dieu est mort
Une dernière fois
A mon dernier repas
Je veux voir mon âne
Mes poules et mes oies
Mes vaches et mes femmes
A mon dernier repas
Je veux voir ces drôlesses
Dont je fus maître et roi
Ou qui furent mes maîtresses
Quand j’aurai dans la panse
De quoi noyer la terre
Je briserai mon verre
Pour faire le silence
Et chanterai à tue-tête
A la mort qui s’avance
Les paillardes romances
Qui font peur aux nonnettes
Puis je veux qu’on m’emmène
En haut de ma colline
Voir le soir qui chemine
Lentement vers la plaine
Et là debout encore
J’insulterai les bourgeois
Sans crainte et sans remords
Une dernière fois
Après mon dernier repas
Je veux que l’on s’en aille
Qu’on finisse ripaille
Ailleurs que sous mon toit
Après mon dernier repas
Je veux que l’on m’installe
Assis seul comme un roi
Accueillant ses vestales
Dans ma pipe je brûlerai
Mes souvenirs d’enfance
Mes rêves inachevés
Mes restes d’espérance
Et je ne garderai
Pour habiller mon âme
Que l’idée d’un rosier
Et qu’un prénom de femme
Puis je regarderai
Le haut de ma colline
Qui danse qui se devine
Qui finit par sombrer
Et dans l’odeur des fleurs
Qui bientôt s’éteindra
Je sais que j’aurai peur
Une dernière fois.
MON ONCLE BENJAMIN
Ayant abandonné la scène des music-halls, Jacques Brel choisit un jour de s’exprimer au cinéma. Comme acteur certes, mais aussi comme réalisateur (les succès du premier ne présageant pas d’ailleurs des difficultés du second).
Brel acteur ? Sur scène il était déjà le comédien-chanteur par excellence, vivant ses chansons comme personne. A l’écran il se révéla immense dans des rôles certes taillés sur mesure pour lui, mais auxquels il conféra une immédiate et pleine vérité… Ainsi cet Oncle Benjamin que le modeste écrivain Claude Tillier semble avoir écrit spécialement pour lui. Un siècle et demi plus tôt !
Ma foi c’est un triste soldat
Que celui qui ne sait pas boire
Mon oncle Benjamin, au dire de tous ceux qui l’ont connu, était l’homme le plus gai, le plus drôle, le plus spirituel du pays…
Toutefois mon oncle Benjamin n’était pas ce que vous appelez trivialement un ivrogne, gardez-vous de le croire. C’était un épicurien qui poussait la philosophie jusqu’à l’ivresse et voilà tout. Il avait un estomac plein d’élévation et de noblesse. Il aimait le vin, non pour lui-même, mais pour cette folie de quelques heures qu’il procure, folie qui déraisonne chez l’homme d’esprit d’une manière si naïve, si piquante, si originale, qu’on voudrait toujours raisonner ainsi. S’il eut pu s’enivrer en lisant la messe, il eut lu la messe tous les jours. Mon oncle Benjamin avait des principes : il prétendait qu’un homme à jeun était un homme encore endormi ; que l’ivresse eut été un des plus grands bienfaits du Créateur, si elle n’eût fait mal à la tête, et que la seule chose qui donnât à l’homme la supériorité sur la brute, c’était la faculté de s’enivrer.
Boire et manger sont deux êtres qui se ressemblent ; au premier aspect, vous les prendriez pour deux cousins germains. Mais boire est autant au-dessus de manger, que l’aigle qui s’abat sur la pointe des rochers est au-dessus du corbeau qui perche sur la cime des arbres. manger est un besoin de l’estomac ; boire est un besoin de l’âme. Manger n’est qu’un vulgaire artisan, tandis que boire est un artiste. Boire inspire de riantes idées aux poètes, de nobles pensées aux philosophes, des sons mélodieux aux musiciens ; manger ne leur donne que des indigestions…
(à suivre)
Vin des poètes : Intermède 17… où des plasticiens peignent le vin.
Permettre aux artistes du Languedoc-Roussillon de montrer dans leurs oeuvres le lien (affectif ? esthétique ? gustatif ? émerveillé ?…) qu’ils ont avec le vin, tel est le pari un peu fou lancé par Gérard Bru, le patron du domaine Puech Haut à Saint-Drézery dans l’Hérault. De ce pari sont nés en effet les Bib’Arts, petits tonnelets métalliques dont les surfaces courbes sont devenues les supports d’oeuvres d’art vouées au vin, à la vigne, aux personnages, aux gestes, aux outils, paysages, formes, traits, couleurs qui font notre région…
Un beau projet qui recense aujourd’hui des dizaines d’artistes parmi lesquels, pour la cuvée la plus récente, Bocaj, Lorenzi, Farina, Guyot, Canova, Cosset, Marcor, Zutter… et tant d’autres.
Au fait, qu’on se le dise sans crainte de se tromper : le contenu vaut très bien le contenant !
VIN DES POETES – Episode 17 : Le temps des chansons (1)
Il y a toujours un bistrot avec un type et une guitare…
(Michel Trihoreau)
Le temps des chansons, qui est quand même un des principaux temps de ce livre, est enfin arrivé… Qu’on se le dise !
GEORGES BRASSENS
A tout seigneur tout honneur ai-je envie de dire au moment de commencer ce premier chapitre chanson du « Vin des Poètes ». C’est avec Georges Brassens en effet que j’ai choisi d’ouvrir ces pages, et avec cette chanson qu’il me semble entendre depuis toujours : « Le Vin » ! Est-ce à cause des racines familiales évoquées dans la chanson ? Plutôt de mes études d’œnologie ? A moins que ce ne soit mon goût pour le vin ?…
Peu de viticulteurs pourtant du côté de Sète ; plutôt des négociants, à l’exception cependant des vignerons éleveurs de picpoul sur les bords de l’Etang de Thau. Le picpoul, un cépage qui donne un vin blanc sec idéal pour accompagner poissons et coquillages…
LE VIN
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Le-vin-chanté-par-Jacques-Palliès.mp3|titles=Le vin – chanté par Jacques Palliès]
Avant de chanter Ma vi’, de fair’ des Harangues,
Dans ma gueul’ de bois J’ai tourné sept fois Ma langue…
J’suis issu de gens Qui’étaient pas du gen- re sobre…
On conte que j’eus La tétée au jus D’octobre…
Mes parents ont dû M’trouver au pied d’u-ne souche,
Et non dans un chou, Comm’ ces gens plus ou Moins louches…
En guise de sang, (O noblesse sans Pareille !)
Il coule en mon cœur La chaude liqueur D’la treille…
Quand on est un sa-ge, et qu’on a du sa-voir-boire,
On se garde à vue, En cas de soif, u-ne poire…
Une poire…ou deux, Mais en forme de Bonbonne,
Au ventre replet Rempli du bon lait D’l’automne…
Jadis, aux Enfers, Certe’, il a souffert, Tantale,
Quand l’eau refusa D’arroser ses a- mygdales…
Etre assoiffé d’eau, C’est triste, mais faut Bien dire
Que, l’être de vin, C’est encore vingt Fois pire…
Hélas ! il ne pleut Jamais du gros bleu Qui tache…
Qu’ell’s donnent du vin, J’irai traire enfin Les vaches…
Que vienne le temps Du vin coulant dans La Seine !
Les gens, par milliers, Courront y noyer Leur peine…
LE BISTROT
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Georges-Brassens-le-bistrot.mp3|titles=Georges Brassens – le bistrot]
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur un’ place
L’est un vieux bistro
Tenu par un gros
Dégueulasse
Si t’as le bec fin
S’il te faut du vin
D’premièr’ classe
Va boire à Passy
Le nectar d’ici
Te dépasse
Mais si t’as l’gosier
Qu’une armur’ d’acier
Matelasse
Goûte à ce velours
Ce petit bleu lourd
De menaces
Tu trouveras là
La fin’ fleur de la
Populace
Tous les marmiteux
Les calamiteux
De la place
Qui viennent en rang
Comme des harengs
Voir en face
La bell’ du bistro
La femme à ce gros
Dégueulasse
Que je boive à fond
L’eau de tout’s les fon-
tain’s Wallace
Si dès aujourd’hui
Tu n’es pas séduit
Par la grâce
De cett’ jolie fée
Qui d’un bouge a fait
Un palace
Avec ses appas
Du haut jusqu’en bas
Bien en place
Ces trésors exquis
Qui les embrass’ qui
Les enlace
Vraiment c’en est trop
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse
C’est injuste et fou
Mais que voulez-vous
Qu’on y fasse
L’amour se fait vieux
Il n’a plus les yeux
Bien en face
Si tu fais ta cour
Tach’ que tes discours
Ne l’agacent
Sois poli mon gars
Pas de geste ou ga-
re à la casse
Car sa main qui claqu’
Punit d’un flic flac
Les audaces
Certes il n’est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse
Pas né le chanceux
Qui dégèl’ra ce
Bloc de glace
Qui fera dans l’dos
Les cornes à ce gros
Dégueulasse
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur un’place
Une espèc’ de fée
D’un vieux bouge a fait
Un palace.
GRAEME ALLWRIGHT
Lui nous vient de Nouvelle-Zélande, et toujours avec une guitare comme beaucoup en ces temps-là. On lui doit quelques chansons très oenophiles dont il a fait des classiques, de celles qu’on sait sans le savoir et qu’on reprend autour de la table, en famille ou entre amis. Il s’appelle Graeme Allwright… et il chante encore !
Mon pauvre ami tu vois pas clair, le vin t’a trop saoulé.
Ce n’est qu’une vieille casserole que grand-mère m’a donnée
Dans la vie j’ai vu pas mal de choses bizarres et saugrenues
Mais une vieille casserole en feutre ça je n’l’ai jamais vu.
… Ou bien encore cette célèbre « jolie bouteille » sur une musique de Tom Paxton.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Sacree_Bouteille.mp3|titles=Sacree_Bouteille]
JOLIE BOUTEILLE
Refrain :
Jolie bouteille, sacrée bouteille
Veux-tu me laisser tranquille
Je veux te quitter je veux m’en aller
Je veux recommencer ma vie
1-J’ai traîné dans tous les cafés
J’ai fait la manche bien des soirs
Les temps sont durs j’suis même pas sûr
De me payer un coup à boire
Refrain
2-J’ai mal à la tête et les punaises me guettent
Mais que faire dans un cas pareil
Je demande souvent aux passants
De me pater une bouteille
Refrain
3-Dans la nuit j’écoute la pluie
Un journal autour des oreilles
Mon vieux complet est tout mouillé
Mais j’ai toujours ma bouteille
Refrain
4-Chacun fait ce qui lui plait
Tout l’monde veut sa place au soleil
Mais moi l’m’en fous j’n’ai rien du tout
Rien qu’une jolie bouteille
Refrain
LEO FERRE
Ce n’est certes pas la meilleure chanson de Léo Ferré; pourtant, dit-il : Quand j’vois rouge ça fait jaser… comme si l’artiste ne pouvait jamais oublier ce qu’il est, ni qui il est.
Et comment ne pas noter à propos de cette chanson que Léo Ferré fut aussi vigneron en Toscane et que l’on peut toujours boire le vin issu de ses vignes.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Lame_du_rouquin.mp3|titles=L’ame_du_rouquin]
L’AME DU ROUQUIN
A coups d’ roulis
A coups d’ rouquin
Il n’est pas dit
Qu’ ça fass’ très bien
Moi j’ m’enlumin’ le genre humain
Du tiers du quart
Tout m’est égal
Mais quand l’ cafard
Déball’ ses mall’s
Moi j’ me débin’ jamais trop tard
L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Ça gueule un peu
Dégueule en deux
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En deux copains
Ça fait qu’on n’est jamais tout seul
Quand on s’ technicolor’ la gueul’
L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Suffit d’en jouer
Pour s’y bercer
Qu’ j’y voye tout blanc
Ou bien rosé
Ça m’fait bon vent
Et bon gosier
Mais quand j’ vois roug’ ça fait jaser
Y’a du canon
Dans la contrée
Ah ! nom de nom !
Quel bien ça fait
Mais quand ça boug’ y’a plus d’ question
L’âme du rouquin
C’est comm’ le pain
Ça fait pousser
Les p’tits français
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En moins de rien
Paraît d’ailleurs qu’on s’rait les seuls
A s’technicolorer la gueul’
Nous on s’en fout
Buvons un coup
Que chante enfin
L’âme du rouquin
(à suivre)