Dernièrement j’ai rencontré l’ami Patric, le troubadour de Mèze, qui m’a fait remarquer que l’Acte Chanson n’accordait pas une grande place à la chanson occitane… Joanda dirait que ce n’est pas vrai, mais manque de pot, voilà qu’en même temps nous sortons un excellent disque sur Aristide Bruant dont l’univers et le langage sont en effet quelque peu éloignés du monde de la chanson occitane… Que faire ? Que dire ?…
Et bien, pour arranger le coup, j’ai décidé de re-écrire quelques textes du barde montmartrois à la façon locale, en espérant que Patric qui vient de sortir un très beau disque de chansons françaises et internationales adaptées en oc, puisse en faire quelque chose.
Exemples :
Le Trinque Fougasse (Le Chat Noir)
Je cherche fortune Près de Trinque Fougasse Au clair de la lune Et ça m’escagasse…
A Odysseum (A la place Maubert)
Mais qu’est-ce que ça veut dire Ces statues qu’on nous livre De Mao Tsé Toung De Churchill et de Lénine Pour la nouvelle ligne A Odysseum à Odysseum…
J’fais la manche (J’pilone)
Je joue Brassens, Jeux Interdits Sur la place de la Comédie Je travaille même le dimanche J’fais la manche…
Les quat’pattes (Les quat’pattes)
Les quat’pattes c’est des chiens du Clapas Ceux qui vont pas aux pissotières, Aux toutounettes jamais d’la vie, Pissan tojorn dins la carriera.
Dans la rue (Dans la rue)
Est-ce que je suis de Figuerolles, Des Abattoirs ou de Candolle, De Renouvier ou Gambetta… Je sais qu’on m’a trouvé tout nu Et plutôt dans un drôle d’état, Dans la rue dans la rue.
Ah ! Les goulamas ! (Ah ! Les salauds !)
Dans la rue de l’Ancien Courrier Y’en a toujours en train d’pisser Ce sont vraiment des dégueulasses Des goulamas !
A Juvignac (A la Gout’ d’or)
En ce temps là les villageoises Allaient blanchir pour les bourgeoises Le linge mis dans des grands sacs A Juvignac A Juvignac.
A Villeneuve (A Biribi)
Ceux qui ont fauté sont envoyés Faire peau neuve Dans une prison surpeuplée A Villeneuve…
Intermittent (Lézard)
On prend une guitare à quinze ans Et puis on apprend C’est facile On devient intermittent On joue de temps en temps Loin d’la ville…
Rôdeuse de berges (Rôdeuse de berges)
Rôdeuse de berges au Verdanson Ou doucement au bord du Lez Et parfois jusqu’à la Mosson Je chante pour un peu de pèze…
Un bel été !
Je le disais voici quelques jours ici-même : j’ai rarement été aussi peu au spectacle que cet été de tous les records festivaliers… Par contre, même si nous avons oublié Avignon, même si nous avons ignoré les initiatives collectives publiques qu’ils nous arrivent de prendre, rarement été aura été pour nous aussi dense, particulièrement dans le domaine de la création… Qu’on en juge !
Dans la foulée du spectacle « Bruant et le Chat Noir », nous avons enregistré un CD éponyme qui sera bientôt en diffusion numérique exclusive sur toutes les plateformes musicales (puisque nous en sommes désormais capables, et ce n’est pas un des moindres acquis de cette période)…
Avec le groupe Marakay, nous avons assuré quelques soirées très « calientes » aux Estivales de Montpellier et en ouverture de la semaine latino de Balaruc-les-Bains notamment…
Nous avons, à la demande du service animation / culture de cette dernière commune, créé un spectacle de chansons sur Paris : « … 25 chansons capitales » donné le 6 août au théâtre de verdure devant plus de 900 personnes… enthousiastes…
Nous avons accompagné le travail des Zbroufs dans les diverses CCAS EDF GDF Suez de la région…
Nous avons continué la diffusion du spectacle « Un amour cerise (30 chansons de Jean Ferrat) »…
Nous avons fait face positivement (sans redressement) à un contrôle URSSAF (mais oui, madame !)…
Et nous avons préparé la rentrée : l’hommage des jeunes artistes à Jean Ferrat le 4 septembre à Dionysos, la Foire aux associations de Montpellier le 12 et notre assemblée générale annuelle le 18…
Si on ajoute à tout ça le travail individuel de chacun d’entre nous, cela donne un bilan artistique estival de belle tenue dont on peut être fiers… et dont personne d’autre que nous ne vous parlera. CQFD, hélas !
Spectaculairement vôtre
Je suis rarement allé aussi peu au spectacle que cet été.
Face aux divers tsunamis du show biz musical, relayés par toutes les collectivités locales ou territoriales (à quelques exceptions près, l’Etat s’en fout…), je reste prudemment sur ma colline et ne me hasarde même plus à constater les dégâts. Circulez, y’a rien à voir ou à entendre !
Enfin presque, parce que le plus terrible est qu’on ne peut rien éviter de ces grandes vagues décervelatrices : ouvrez votre journal régional, allumez France 3, et vous verrez. Ce matin on m’annonce même que les bonnes vieilles « rave parties » qui avaient disparu du paysage, nous rattrapent, avec leur « son », vous savez leur fameux « son » qui n’est pas la nourriture préférée des ânes… Et une fois encore le rock n’roll renaît de ses cendres, les stars de nos enfances n’en finissent pas de décliner leur âge tendre et nos têtes de bois, le flamenco d’aligner ses dégénérescences, le tango de s’inventer des modernités, et les claquettes irlandaises de recommencer, recommencer leur tap tap tragi-comique… Voulez-vous un rappeur, même tranquille ? Y’a de tout en magasin, et même des comiques éculés, des mimiques de sélectionneur français à la Coupe du Monde de football, les plus grandes cantatrices et toutes les réincarnations de Luis Mariano, Mickaël Jackson, Jean-Jacques Goldman (qui est pourtant toujours des nôtres), du cinéma sous les étoiles, du spectacle pour enfants (ne sommes-nous pas tous de grands enfants ?), du blues, du fado, du gospel, de la balade… J’allais oublier, et pourtant, les poètes, ceux du Lodévois et de l’Ile de Sète (c’est beau le lot des voix !), les danseurs, les théâtreux, les circassiens, les qui font des feux d’artifices, et qui défient les précipices, les mous, les gras, les squelettiques (Ah ! la diversité !)… Dans une petite boîte en olivier sang et or, cadeau de Georges Frêche aux habitants de la région tatoués Sud de France sur les fesses, j’ai même découvert une grosse fanfare, festive et décalée, mutualisée…
Heureusement Bruant, me dis-je, en oubliant un siècle d’occitanisme. Et un étrange sourire me vient aux lèvres en imaginant soudain un spectacle du Crazzy Horse Saloon dans les arches du Pont du Gard, et un concert de Ricoune pour les fêtes de la Saint-Roch à Montpellier… L’an prochain, sans doute !
Ma plus grande déception…
Il est dans la vie de terribles déceptions qui vous frappent au coeur comme le couteau du traître dans les opéras.
Enfant on croit au père Noël, il existe ! La preuve : on le voit qui pose au coin des rues avec les enfants pour des photos souvenirs; on sait qu’il vient dans la nuit du 25 décembre porter les cadeaux… Et puis on apprend que le barbu en rouge et blanc n’est qu’un mythe et que les cadeaux sont apportés par les parents… Alors on est les plus malheureux des Gaulois : le ciel nous tombe sur la tête !
Sexagénaire frétillant, on épouse une très jeune fille russe, choisie sur catalogue; la charmante vient en France avec son cousin… Et puis, paf !, on apprend que le cousin en question est son amant et qu’il appartient à la mafia… On était sur un voilier et tout à coup on vous enlève la mer et les voiles !
Ma plus grande déception je l’ai connue récemment. J’avais toujours pensé que Plastic Bertrand chantait lui-même son chef d’oeuvre « Ca plane pour moi » de sa voix veloutée, cette voix que je kiffais grave, et même que je jalousais… Et puis, vlan !, soudain plus de GPS vocal, je suis dans le plus grand désert sonore du monde; en fait c’est son producteur au nom imprononçable qui chantait à sa place…
Où va-t-on aujourd’hui si les artistes peuvent ainsi nous tromper ? L’argumentation du producteur-tricheur est que Plastic Bertrand avait une voix entre Michou et Hervé Vilard… Et bien si je ne me hasarderais à aucun jugement de valeur sur l’organe – vocal – de Michou, par contre je sais que lorsque Hervé Vilard chante « les cafés littéraires » sur le disque d’hommage à Leprest, ça mérite qu’on l’écoute. Et en plus c’est lui qui chante !
Roman
Bon ! On pourrait dire que nous étions en vacances !
En vérité, cette période estivale où la « culture » nous est livrée à profusion, où 562 (!) festivals de toute nature attirent le touriste en Languedoc-Roussillon, où on ne peut aller nulle part sans se heurter aux superlatifs les plus éculés pour vanter les marchandises culturelles… m’écoeure ! Et c’est vrai que l’écoeurement, parfois, mène au silence. Nul ne peut être imprécateur 24 heures sur 24, 365 jours sur 365…
Alors, on expédie les affaires courantes, on range les strates accumulées d’une année d’engagement et de militantisme, on se réfugie dans les échos de ses propres spectacles, on écoute des disques, on échange seulement avec de vieux complices dont on loue la rigueur, on ne lit plus la presse (ça c’est faux !), on répond à peine au téléphone, on fait la grève de ses humeurs, on n’écrit plus… même pas sur la suspecte profusion culturelle, les 562 (!) festivals, les excès ridicules de la communication…
Jusqu’au jour où, loué jusqu’au mois d’août, vous rentrez aux cafés éclatants, vous demandez du tempranillo ou de la carthagène… On n’est pas sérieux quand on a 63 ans et qu’on veut changer le monde comme à 17 ! Na !
Rêves ou illusions ?
Il y a quelques jours, on pouvait lire dans la presse que non seulement Luce, de Montpellier et des Pyrénées Orientales réunis, avait gagné la Nouvelle Star, mais aussi que Anaïs Leforestier, de Saint-Christol, rêvait de trouver un producteur pour devenir la « Anna Montana » française et que plein de gens, parents, amis, semi-professionnels, l’encourageaient à ça. Or, s’il est vrai que, blondinette de neuf ans et demi, elle a plus de chance pour ça qu’une de mes exotiques petites filles à la peau très café au lait, il est vrai aussi qu’on peut d’ores et déjà être convaincus qu’il n’en sera rien et que Anaïs, du côté de Saint Christol ou d’ailleurs, ne pourra que raconter qu’elle aurait pu devenir la « Anna Montana » française si elle avait rencontré un producteur…
Au-delà de l’anecdote (pas question pour moi de nier qu’il y a toujours eu de tels rêves chez les enfants), je crois qu’il est bon de s’interroger. Quel poids a donc l’idéologie dominante pour, devant le plus petit talent, imposer aussitôt de telles illusions alors que tout un chacun devrait raisonnablement se réjouir des chances plus importantes données à un enfant d’exercer un jour un métier de passion, exigeant mais magnifique ?
Bien entendu, aujourd’hui comme hier, nous sommes tous responsables de cet état de fait. Les marchands d’abord qui suscitent et s’appuient sur de tels rêves pour imposer leur loi (et on sait à quel gâchis cela peut conduire avec les mésaventures de l’équipe de France de football…); les pouvoirs publics à tous les niveaux qui leur laissent le champ libre et n’offrent aucune autre perspective (pourquoi par exemple n’y aurait-il pas des classes « art-études » dans les collèges ou les lycées ?); les professionnels du secteur aussi qui, épuisés sans doute par les attaques multiples auxquelles ils doivent faire face, préfèrent subir la loi du showbiz en essayant désespérément de gratter quelques miettes du festin…
Mais au-delà des paillettes et de la profusion des lumières et du son, et je le dis à Luce, à Anaïs et à toutes celles et ceux pour qui la chanson est encore un rêve, je crains que le festin, de plus en plus éloigné de la vraie vie, ne soit bien triste.
Le 17 juin refusons la récession
Communiqué de la CGT Spectacle, de la Fédération CFE-CGC, du SNSP, du SYNDEAC, et de l’UFISC
Les artistes, les responsables culturels, les personnels techniques, administratifs et d’accueil et leurs organisations professionnelles se sont mobilisés depuis des mois pour dénoncer la réforme des collectivités territoriales. Des journées d’actions, les 29 mars et 6 mai, ont permis de rassembler à leurs côtés des représentants d’autres secteurs, des élus, des spectateurs et d’élargir à Paris comme en régions le mouvement de protestation. Le secteur du sport s’est d’ailleurs retrouvé sur les mêmes positions.
Grâce à notre détermination, la loi sur la réforme des collectivités territoriales a fait l’objet d’amendements qui ont finalement intégré la Culture et le Sport dans les compétences partagées entre les communes, les départements et les régions et permis des financements croisés. Nos secteurs sont, de fait, reconnus par la législation « d’intérêt public ». Toutefois, nous ne pouvons pas suspendre nos luttes. L’art et la culture restent en danger :
1. la réforme des collectivités territoriales va priver départements et régions d’une grande partie de leurs ressources et de leur autonomie fiscale ;
2. le gel de leurs dotations 2011 risque de les contraindre à réduire les moyens alloués à la culture et au sport ;
3. la RGPP va provoquer des dégâts considérables sur les missions et l’intervention de la puissance publique dans nos domaines ;
4. le gouvernement veut diminuer la culture de 10 % sur le budget triennal, avec une baisse de 5 % sur la création dès 2011.
Cette baisse manipulée des crédits apportés par l’État et par les collectivités territoriales serait catastrophique pour bon nombre de structures et détruirait durablement de nombreux emplois d’artistes et de techniciens. Nous refusons de voir massivement disparaître des théâtres, des festivals, des équipes artistiques, des compagnies, des cirques, des salles de musique, des orchestres, des centres d’art, des cinémas d’art et essai, des musées, des bibliothèques… La culture n’a déjà que trop payé au fil des années. Il existe une autre politique.
Nous refusons d’être contraints à la récession. Nous exigeons :
– la garantie des ressources financières des collectivités territoriales ;
– l’arrêt de la Révision Générale des Politiques Publiques dans le secteur de la culture ;
– la prise en compte de nos propositions de réforme concernant les labels et les réseaux, la diversité des initiatives artistiques et culturelles, l’éducation artistique, la démocratisation culturelle ;
– un plan de relance pour le spectacle vivant, déjà lourdement touché par la baisse de certains départements ;
– la préservation et le développement des emplois techniques et artistiques nécessaires ;
– la pérennisation des annexes 8 et 10 sur l’indemnisation chômage des artistes et des techniciens du spectacle ;
– la dissolution du Conseil de la création artistique, véritable sous-ministère animé par M. Karmitz, qui accède à des financements dont nous sommes injustement privés et qui continue la politique de démantèlement du gouvernement ;
– La construction avec les professionnels, l’Etat et les collectivités territoriales d’une véritable politique artistique et culturelle pour la France.
Faute d’obtenir des réponses rapides et concrètes, nous appelons à une nouvelle journée nationale d’actions à Paris et en régions le jeudi 17 juin à l’occasion de la réunion du Conseil National des Professions du Spectacle que préside Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture.
En Languedoc Roussillon de nombreux élus (nationaux et locaux) de la région nous ont apporté leur soutien et ont réaffirmé leur conviction républicaine et citoyenne sur la place de la Culture dans notre pays et sur nos territoires. Estimant que ce soutien ne peut être entier et total que traduit par les faits, nous demandons audience à chacun des Présidents des Conseils Généraux du Languedoc Roussillon pour connaître leurs engagements politiques en matière culturelle pour l’année en cours et pour l’exercice 2011. Parallèlement, nous demandons audience aux élus de l’UMP. Nous ne manquerons pas de vous rendre compte des audiences. A suivre…
Chanson… bleue !
Et bien, ça y est ! La grande messe du foot a débuté, comme tous les quatre ans. Depuis le 11 juin et pour un mois, les amateurs de ballon rond vont en prendre plein les mirettes. Tout le monde va se prendre pour un chroniqueur sportif et analyser les matchs à l’aune d’un chauvinisme exacerbé. Si le panem, angelicum ou pas, vient à manquer, rassurons-nous, nous aurons les circences exténuants (en nuançant toutefois la remarque, car si la mort était souvent au rendez-vous des combats de gladiateurs, nos milliardaires du stade ne risquent eux qu’une petite mort orgasmique ou médiatique…)
Les brouteurs de pelouse m’ayant toujours, je l’avoue, toujours brouté, ne vous attendez pas de ma part à des pronostics éclairés ou à des réflexions philosophiques sur le foot. Je ne suis pas Camus (ni même Michéa) et ce sport que je fuis comme la peste m’est étranger. Je vais plutôt ici essayer de le relier à notre passion commune : la chanson, tout en reconnaissant, comme aurait pu le dire Clémenceau que la chanson-foot est à la vraie chanson ce que la musique militaire est à la vraie musique.
Evidemment on ne saurait ignorer l’hymne officiel de la Coupe du Monde chanté par Shakira (ce qui d’ailleurs gonflent fortement les Sud-Africains qui se sentent humiliés que ce soit une bimbo colombienne érotico-trémoussante qui les représente…). Notre Johnny national lui-même s’y est essayé il y a huit ans en nous gratifiant d’une panouille chauvine à la gloire des bleus (on sait le résultat)…
Hors Coupe du Monde, on a eu régulièrement de petits hymnes style « Allez les Verts » ainsi que quelques footballeurs chantants, tels Marius Trésor, Basile Boli ou le très pailladin Roger Milla… Je signale que l’équipe de La Paillade-Montpellier a eu elle aussi, il y a plus de trente ans, son petit hymne à elle composé par Gérard Phalipou qui disait (je ne peux résister à la citation) : C’est à petits pas que la Pa la Pa la Paillade ira un jour à Paris… Une chanson magnifique donc qui eut un certain succès dans les quartiers nord de Montpellier, près du stade…
Bien d’autres chansons ont bien sûr célébré les Dieux footeux. Pascal Obispo a chanté Zidane, Tom Novembre et Charlélie Couture ont vanté Platini… Mais pour moi le seul qui ait tiré son épingle du jeu s’appelle Miossec avec son titre Jouer en troisième division
aux accents très réalistes…
Le grand Aimé Jacquet a eu droit à une singing ovation de la part du groupe Chanson Plus Bifluorée sur la musique de Belle
extraite de Notre Dame de Paris… Quant à Raymond Domenech (il faut bien y venir) il a été célébré musicalement par Catherine Ringer et nous n’en dirons pas davantage.
Le foot finalement n’a guère inspiré que des chansons à deux balles… ce qui est formellement interdit sur un terrain.
Parler, écouter, entendre…
Le métier de chanteur (comme beaucoup d’autres) permet parfois de mettre le doigt sur des questions de société qui dépassent largement les seules conditions d’exercice du métier de chanteur.
Les réalités de la politique culturelle bien entendu seront assez vite perçues au fil des concerts, des spectacles, et cerneront assez bien les volontés de l’Etat comme des collectivités locales… Les relations hommes/femmes seront aussi révélées dans toute leur complexité, même si les métiers artistiques sont moins sujets que d’autres aux discriminations… L’implacable abandon des campagnes au profit (?) des villes pourra également être au coeur des réflexions… Et la révolution technologique qui accompagne aussi nos métiers, qui bouleverse parfois jusqu’au contenu même de nos créations… Et la médiatisation accrue, mondialisée, qui modifie en profondeur les conditions d’exercice de la démocratie la plus élémentaire (souvent dans l’illusion)…
Mais je ne veux souligner ici qu’un aspect qui, hélas, tend à prendre beaucoup d’importance avec l’approfondissement de la crise que le capitalisme a étendu à toute la planète et dans tous les domaines : l’irrespect, l’inattention dont nous sommes capables dans la moindre des relations humaines. Et je ne parle pas seulement de tous les peuples abandonnés à leur souffrance, de tous ces êtres dont nous voulons ignorer les raisons mêmes de leur déchéance… je parle de nous tous qui ne savons plus nous écouter, nous entendre, qui ne savons plus nous parler.
Ces pelés, ces galeux…
N’en ayant pas eu connaissance par l’édition montpelliéraine, je me suis rendu ce matin sur le site de Midi Libre pour lire enfin ce fameux article ayant provoqué tant de lectures et tant de réactions de lecteurs indignés et consacré à « un couple d’intermittents du spectacle » de Carcassonne auquel l’ex-ASSEDIC réclame le remboursement de quelques « 100000 € d’indemnités indûment perçues (!)
Sur les faits ce n’est hélas pas la première fois que l’ASSEDIC se distingue en désignant ainsi à la vindicte publique ces pelés, ces galeux d’intermittents du spectacle par qui, bien sûr, tout le mal arrive… Certes ils ne mouraient pas tous, mais si on pouvait en profiter pour en éliminer un grand nombre, la fable ne ferait que dépasser la réalité… la réalité des désirs de tous « les puissants en place » pour lesquels les intermittents du spectacle (les premiers) sont des boucs-émissaires rêvés…
Certes il peut arriver qu’en période de peste, un âne aussi soit malade et qu’un « couple d’intermittents » (même plusieurs) tente de profiter du système. Après tout le système profite bien de nous… Et pour aller au bout de ma pensée, comparé aux truanderies organisées des banques et des banquiers, aux tours de passe-passe financiers en tout genre des pouvoirs en place, dans tous les pays et à tous les niveaux… j’ai presque envie de féliciter notre couple d’en être resté à l’artisanat, à la tricherie de proximité. Presque un bol d’air dans la puanteur généralisée qui envahit notre planète et dont il faut bien dire aussi que la majorité des lecteurs de Midi Libre faisant des commentaires sur l’actualité sont des expressions particulièrement odorantes.