Il s’appelait Georges Moustaki

Il s’appelait Joseph Mustacchi et s’il se choisit le prénom de Georges c’est bien en hommage à Georges Brassens. Mais je tiens à préciser que son nom – Moustaki – n’a rien à voir avec les moustaches du poète sétois.

Il était juif, égyptien, grec, enfin métèque, aux relents alcoolisés de metaxa. Sur ce sujet il fit d’ailleurs un tube, en cette érotique année 69, lui le Français de cœur et de culture, coureur de jupons et de tout ce qui en portait, entre quelques pauses farniente…

Edith Piaf lui avait mis le pied à l’étrier, comme à tant d’autres, comme à tendres autres. Lui, il lui avait écrit, sur une musique de Marguerite Monnot une de ses plus belles chansons : Milord. Contrairement à l’affirmation de notre ami Henri Jean Servat dans un récent numéro de Midi Libre écrivant que Moustaki n’avait jamais composé une note pour Edith Piaf, signalons qu’il lui a quand même donné deux chansons : Eden blues et Le gitan et la fille dont il est l’auteur et le compositeur…

Georges Moustaki racontait qu’un Américain le rencontrant dans la rue, se présenta à lui comme étant le gestionnaire de ses droits d’auteur outre-Atlantique et en lui disant qu’il faisait régulièrement enregistrer de nouvelles versions de Milord,  il ajouta : « ainsi vous toucherez toujours de l’argent , vous n’êtes pas prêt de mourir de faim ». Par la suite ne voulant pas devenir le Patrick Hernandez des années 60, il enregistra un duo avec Barbara (La longue dame blanche) puis il composa pour son meilleur interprète Serge Reggiani qui commença donc avec lui sa nouvelle carrière de chanteur… Dans la foulée Moustaki connut le grand succès avec notamment le Métèque et tout s’enchaina…

Sur scène il n’était ni Jacques Brel, ni Pavarotti, ni un rockeur et, d’ailleurs il s’amusait lui-même du surnom que lui avait donné Eddy Mitchell : Monsieur 1 volt ! Coluche racontait qu’un jour étant avec Moustaki, celui-ci s’était endormi à l’écoute d’une de ses propres chansons lors d’une retransmission télé… Il y avait pourtant tant de sincérité, tant de poésie, d’amour et tant de belles mélodies que la sauce prenait, durablement…

… Jusqu’au jour, récemment, où le souffle coupé il fut dans l’impossibilité non seulement de chanter mais aussi de grimper les cinq étages de son domicile de l’Ile Saint-Louis à Paris. C’est pour cette raison qu’il s’est éteint à Nice… Mais il repose au père Lachaise – la chaise quel doux nom pour Moustaki ! – et ses chansons courent toujours…

Tristesse

Hélas ! Nous ne verrons plus Pierrette aux concerts de l’Acte Chanson ! Elle qui vivait avec nous toutes nos aventures chansons, elle qui était de tous les combats progressistes, a été brutalement emportée par la maladie, en quelques semaines à peine. C’est aux accents de « Ma France » qu’elle est partie. Nous pensons très fort à Roger et à ses parents qui restent et qui la pleurent, comme nous.

Contre l’ANI : ce mardi 9 avril, journée d’action pour le Spectacle vivant !

Nous répercutons volontiers l’appel lancé par le SFA CGT de manifester ce mardi 9 avril contre l’Accord National Interprofessionnel du 11 janvier 2013 (ANI), dit « Accord de compétitivité », dont la transposition législative, nécessaire pour mettre en œuvre les entorses au code du travail prévues dans le texte, est actuellement en débat à l’Assemblée Nationale.

Dans un contexte d’austérité assumé par le gouvernement et le patronat et caractérisé par une pression difficilement supportable sur les salaires et le pouvoir d’achat des travailleurs et des retraités (par exemple pour les artistes-interprètes : proposition de revalorisation de +0,3% seulement sur deux ans dans le spectacle vivant subventionné, salaires bloqués depuis 2008 dans le doublage, depuis 2010 dans le cinéma et la radio, et depuis 2011 pour les tournées privées…), ainsi que par des restrictions budgétaires qui frappent durement l’emploi dans le spectacle, l’ANI de janvier cherche à détricoter le code du travail, facilitant notamment le non-respect des contrats par les employeurs et la priorité des accords d’entreprise sur les accords de branche.

Ceux qui soutiennent l’accord disent vouloir introduire le concept de « flexi-sécurité » dans le monde du travail en France. Cette notion, importée de la Scandinavie, est censée améliorer à moyen terme la situation des entreprises et des employés, en accordant aux premières plus de flexibilité pour adapter leur masse salariale à leur carnet de commandes, et en offrant aux seconds plus de « sécurité » entre deux périodes d’emploi. Or les pays d’origine essaient d’en revenir, les syndicats se rendant compte que la flexibilité dure, tandis que la sécurité s’effrite au fil de la récession… Le risque de contagion est évident, surtout pour les très petites entreprises (comme celles du spectacle) et pour les travailleurs précaires (comme la plupart des artistes-interprètes).

Discours après discours, le gouvernement avertit que les retraites doivent être rognées et les budgets  réduits, y compris ceux qui, il y a un an, étaient promis par les mêmes à la sanctuarisation. Le dispositif d’assurance chômage des artistes et des techniciens doit être renégocié à la rentrée de septembre et les candidats à la présidence du MEDEF visent déjà directement ce mécanisme de protection sociale dans leurs déclarations publiques.

Les artistes-interprètes ont des raisons très claires pour participer à la résistance du monde du travail organisée par leurs organisations professionnelles, et notamment, partout en France, ce MARDI 9 AVRIL  2013 !

(La liste des rendez-vous peut être consultée ici: http://www.carte.cgt.fr/index.php .)

Le salon de Marie…

Un vieil immeuble du centre ville de Montpellier. Comme pour beaucoup d’entre eux, une fois la porte d’entrée poussée, une cour intérieure dévoile de grandes fenêtres dépossédées de leurs meneaux et, sur le côté, les volées d’un escalier décoré de balustres. La hauteur des étages laisse deviner la hauteur des plafonds dans les appartements… Marie-Christine Harant qui fut journaliste culturelle au Midi Libre, accueille les arrivants, 20 à 25 personnes maximum, réunies sur réservation, qu’on ne connaît pas toutes, mais qu’on reconnait pour les avoir nécessairement croisées dans l’une ou l’autre des salles de spectacle de la ville. Décor improbable datant d’un quotidien oublié et que l’artiste choisi accapare comme il le peut, ou le veut…

Olivier Morin ce soir-là dit ses textes les plus récents inspirés par les bêtes, « les bêtes et lui plus exactement comme le dit le titre de la lecture qu’il est venu offrir et qui annonce peut-être une évolution du poète vers le conte, vers les histoires telles que Jean-Pierre Chabrol aimait les raconter… Des poèmes et des meuglements de vache jalonnent le parcours. Discrètement on jubile. Une heure pas plus ! Car voici le temps du buffet partagé, des accolades à l’artiste, du verre de vin mâché et commenté. De petits groupes se découvrent, se retrouvent autour d’une idée, d’un projet. On échange des adresses, on sourit, on s’interpelle une dernière fois… On sait où se retrouver !

Fin du monde : pic et pog et collégram…

Je me fous de la fin du monde mais je n’aimerais pas la fin de toi, chantait Gilbert Bécaud. Et oui, ça y est si l’on en croit la prophétie de Maya l’abeille on ne fêtera pas Noël. Le barbu en rouge et blanc ne descendra pas dans les cheminées et pour cause :  y aura plus de cheminées ! Heureusement pour les petits malins, il existe une solution : se réfugier à Burgarach, le seul lieu au monde qui sera protégé du cataclysme. Alors j’entend certains qui doivent dire bof, depuis le temps que l’on nous annonce la fin du monde il y a un sacré moment qu’elle aurait du se produire… D’accord, mais on ne sait jamais, il vaut mieux être prudent. D’autres , et peut-être sont-ce les mêmes, vont aussi dire : si c’est la fin du monde, ou que l’on se trouve, sur la place de la comédie, au bord du Merdanson, ou dans un village belge comme Depardieu, si on doit y passer on y passera tous quand même. C’est exactement ce que je pensais moi-même jusqu’à ce que dans le Midi-Libre je lise l’information suivante : Georges Fenech, député UMP du Rhône, président du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée Nationale, se déplacera en personne à Burgarach le 21 décembre… Cela ne vous semble pas un peu étrange ? Sûr que c’est son droit de se rendre à Burgarach, lui qui voit des sectes partout il a des chances d’en recenser bon nombre au pied du pog, mais pourquoi y va-t-il justement le jour fatidique du 21 décembre ? Il pourrait, après tout, y aller le lendemain ou pour la Noël, mais non il préfère le 21…  Je trouve que ça sent le délit d’initié. Avec tous les contacts qu’il a dans les milieux ésotériques et new-age, vu ses fonction, il est au courant de certaines choses : s’il va à Burgarach le 21 c’est pour être sauvé !

Ce n’est pas moi qui vais stigmatiser son comportement. Honnêtement je voulais faire de même, j’avais préparé une tente et un bon sac se couchage pour aller camper sauvagement dans le secteur, mais j’ai appris que cela ne serait pas possible car tout le lieu serait sous la surveillance de l’Armée et de la Gendarmerie  qui seront présentes partout. Finalement que va-t-il se passer à Burgarach pour la fin du monde ? Et bien c’est tout simple : les seuls présents et donc les seuls rescapés seront les soldats et les gendarmes. Quel beau monde en perspective ! Si M. Fenech s’en accommode grand bien lui fasse, je lui souhaite beaucoup de bonheur postapocalyptique.

Rassurez-vous cependant, tout n’est pas joué : on nous dit que la montagne de Burgarach, le Pog, est un lieu magique, magnétique, où convergent de nombreuses influences cosmo-telluriques ce qui explique pourquoi le site sera épargné par l’ultime cataclysme.  Sachez que pour moi il existe un endroit où les mêmes forces se combinent. Cet endroit sacré c’est le Pic St Loup ! Aussi, si vous voulez être sauvés, venez tous avec moi le 21 à Cazevieille, ou mieux dans la chapelle du Pic… On partagera quelques bonnes bouteilles.

Finalement, on dit lorsque l’on parle de fin du monde, qu’il s’agit plutôt de la fin d’un monde. J’espère alors que le nouveau monde qui va suivre fera la part belle à la bonne chanson.

Contre les renoncements et les mesures d’austérité : journée nationale d’action le 20 décembre

Devant la gravité de la situation promise avec la baisse sans précédent du budget de la Culture, le SFA (Syndicat Français des Artistes) communique : 

Malgré les engagements de « sanctuarisation » pris par le candidat à l’élection présidentielle François Hollande, le budget du ministère de la culture et de la communication va connaître en 2013 une baisse sans précédent depuis 1981. Cette dernière amplifie donc les diminutions du budget de la Culture en euros constants depuis plus de 10 ans. Et on nous promet pire en 2014 et 2015 !

L’audiovisuel public et les grands opérateurs nationaux -Opéra National de Paris, Comédie Française, CNC – sont les plus durement touchés. Ces derniers vont en effet voir leurs subventions diminuer sur 3 années (entre 1 et 2,5% par an). Le budget alloué aux arts plastiques, bien que globalement préservé, subit une diminution du fait du transfert de nouvelles charges. Au-delà des répercussions sur les rémunérations, les conditions de travail et l’emploi, ce sont également les missions de service public, l’accès aux oeuvres du plus grand nombre, et la diversité des créations artistiques qui vont en souffrir.

Ces coupes budgétaires, auxquelles s’ajoutent celles des collectivités locales et territoriales, sont inacceptables. Toutes les structures de production et de diffusion seront affectées, quelle que soit leur taille, au détriment de l’emploi des artistes, réalisateurs, techniciens, personnels administratifs, ouvriers, permanents ou intermittents, et de la situation économique et sociale des auteurs et artistes plasticiens.

L’objectif de porter le budget de la culture à 1% du budget de l’Etat s’inscrivait dans une ambition globale pour une politique culturelle digne de ce nom. Si nous le laissons faire, le gouvernement le ramènera à 0,66 % l’année prochaine. Cette baisse que l’on présente comme une participation de notre secteur à l’«effort national » ne représente qu’une part dérisoire du budget de l’Etat. Est-elle en train de révéler bien plus profondément que la culture n’est plus un projet central pour les pouvoirs publics ? Cette explication ne saurait satisfaire ni les professionnels du spectacle ni les besoins du pays. Que seront demain les projets de loi annoncés (loi d’orientation sur la création, de décentralisation, d’éducation artistique à l’école, sur l’audiovisuel public et les différentes missions initiées, sans aucun moyen pour les financer ?

Dans le même temps, l’Etat abandonne ses devoirs sociaux, en prenant une part active pour contrarier l’aboutissement de certains accords collectifs dans le secteur du cinéma, du doublage ou du spectacle vivant où des textes signés restent des mois, bientôt des années, sans être « étendus » ! Par ailleurs, une mission parlementaire sur les métiers artistiques expertise actuellement les conditions d’accès des artistes à l’assurance chômage en oubliant apparemment de s’intéresser aux techniciens du spectacle et de l’audiovisuel ! A la veille de la renégociation de la convention d’assurance chômage nous n’accepterons pas la mise à mal de l’annexe 8 souhaitée par le Medef et ses alliés.

La Culture n’est pas un supplément d’âme que l’on peut sacrifier en période de crise, mais un secteur dynamique qui irrigue artistiquement, intellectuellement, économiquement, toute la société et contribue à lutter contre toutes les formes d’intolérance et d’inégalité. Il est temps de s’opposer à cette politique de régression culturelle et sociale.

C’est pourquoi, nous appelons à des débrayages dans les entreprises et à nous rejoindre le jeudi 20 décembre afin de faire entendre nos voix et de soutenir nos revendications, qui seront relayées par nos représentants au Conseil National des Professions du Spectacle présidé par Aurélie Filippetti. Quel que soit le gouvernement en place, nous ne renoncerons jamais à une politique culturelle ambitieuse et à vivre de nos métiers !

POUR LA SANCTUARISATION DES CREDITS DE LA CULTURE ET DE L’AUDIOVISUEL PUBLIC.POUR L’EMPLOI, LES SALAIRES, LES CONVENTIONS COLLECTIVES ET LES DROITS SOCIAUX : RASSEMBLEMENT EN LANGUEDOC-ROUSSILLON A 10H30 A LA DRAC LR, 5 RUE SALLE-L’EVEQUE A MONTPELLIER »

Quand la réalité se moque de la fiction

Le voici de retour notre « Jean-Pierre président », chroniqueur émérite de ce blog, toujours aussi interpellé par les étrangetés de notre monde et les violences de son quotidien… Et comment ne pas l’être par la pornographie galopante, omniprésente, que véhicule internet ?

Le mois dernier, voulant jeter un coup d’oeil sur le blog de l’Acte Chanson, je tapais distraitement : acte ch. Qu’avais-je fait ? Aussitôt je vis apparaître acte chekchuel et sur  l’écran s’afficher tous les sites osés auvergnats ! « le kama fouchtra », « Trois gaillards chez Giscard », « La bergère légère de Chamalières » et « le chamelier charmeur », « Au son de l’accordéon, avale et rie », Viol et vice à Volvic », etc…

Quelques temps après voulant connaître l’actualité de notre ami Gino de Zarlo, j’eus la naïveté de taper tout simplement italiano pour il canto italiano et paf – c’est le cas de le dire – l’écran fut aussitôt envahi par les impressionnantes filmographie et anatomie de l’illustre Rocco Siffredi.

Plus tard encore, je décidais d’écouter la belle chanson de Hervé Tirefort « les valseuses de Strauss-Kahn ». Je tapais donc Strauss-Kahn Tirefort. Hélas j’appuyais en même temps malencontreusement sur la barre d’espaces et je me retrouvais avec un Strauss-Kahn tire fort dont je pus aussitôt mesurer la violence… Car là – Saint Clair priez pour moi – ce fut l’apocalypse. Heureusement tout à coup « j’ouvris les yeux, l’aube était bien réelle, cher Sully Prudhomme, j’avais fait un cauchemar.

La semaine suivante dans un journal du Lot et Garonne j’appris que dans une école de Marmande des élèves faisant des recherches sur la toile étaient tombés avec leur instituteur sur une avalanche de sites pornographiques… N’écoutant que son courage, l’enseignant avait du arracher la prise de l’ordinateur pour arrêter le flux obscène. Décidemment, il n’y a pas que dans mes rêves torturés et tortueux qu’internet n’est pas très net.

Souvenir de Montpellier Temps Chante

 

Pour inaugurer cette capacité nouvelle de publier aussi des images animées sur ce blog, voici quelques extraits du concert que j’ai eu l’occasion de donner lors du festival montpelliérain Montpellier Temps Chante, salle Pétrarque vers le milieu du mois de juillet dernier. En remerciant Lucy Fauveau pour l’enregistrement et le montage de ces images, mais aussi tous les amis de l’Acte Chanson qui ont permis que ce festival se déroule au mieux. Oui ! Décidemment merci : c’est bien la chanson d’auteur qui était à l’honneur !

Yamari Cumpa n’est plus…

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/08-Aoniken.mp3|titles=08-Aoniken]Vingt jours déjà que notre ami, notre camarade, notre frère Yamari Cumpa est mort. Vingt jours où nous ne savions pas qu’il avait choisi, dans la solitude d’une chambre à Buenos Aires, de mettre fin à ses jours… La nouvelle pourtant nous est parvenue ce matin et elle n’en a pas été moins effroyable.

Yamari je l’avais vu une dernière fois la veille de son départ, après un ultime concert montpelliérain, aux côtés d’Hugo Diaz Cardenas, chargé d’amitié et de confiance… Yamari je le connaissais depuis mes premières années militantes, dans les années 70 où le groupe Quimantu (Chango était là lui aussi) nous apportait toute la magie de la musique des Andes…

Et puis les années ont passé, et ensemble nous avons mené bien des combats, provoqué l’espérance…

Yamari il est vrai n’était pas un homme facile, rempli d’exigences et parfois de sévérité, complexe, austère,…, mais quand il prenait sa guitare et qu’il se mettait à chanter son Argentine, un autre homme surgissait, confiant et chaleureux, un homme, un artiste, que nous aimions, mais que, peut-être, nous n’avons pas su suffisamment entourer, comprendre… Tant de choses nous dispersent, nous éloignent !

Adieu Cumpa ! Je pense à ta famille, je pense à tous ceux qui souffrent à présent de savoir qu’ils ne vont plus te voir et t’entendre.