Le patronat contre les annexes 8 et 10

Décidément les masques tombent. Certes, dans l’esprit, il ne reste plus grand chose du système paritaire élaboré par les partenaires sociaux pour l’indemnisation du chômage… et s’il n’y avait eu les luttes l’addition serait lourde. Sous un gouvernement socialiste, les droits s’effilochent, les promesses se renient… Bientôt la fin pour les annexes 8 et 10 ? Voici ce que rapporte la CGT Spectacles des dernières négociations :

« Le patronat – Medef en tête – a transmis le 12 février une « proposition de document-cadre pour l’accord national interprofessionnel relatif à l’indemnisation chômage » qui s’en prend violemment aux droits des demandeurs d’emploi. Ainsi dans ce document il est recommandé, sous couvert d’équité, de reconfigurer  et de niveler  par le bas les droits de tous les chômeurs.

En fait, au nom du rétablissement de l’équité entre les demandeurs d’emplois, il propose ni plus ni moins que la suppression des annexes 8 et 10 applicables aux artistes et techniciens du spectacle vivant et enregistré, engagés par intermittence.

Dans le document, on peut ainsi lire : « Afin de rétablir l’équité entre les demandeurs d’emploi, il est proposé :

  • d’aligner le régime des annexes 8 et 10 sur le régime de droit commun rénové (mise en oeuvre de droits rechargeables) ;
  • de demander à l’Etat de prendre en charge le surcoût de ce traitement, s’il considère qu’il relève de l’intérêt général de mieux indemniser les demandeurs d’emploi aujourd’hui affiliés aux annexes 8 et 10. »

UNE RIPOSTE RAPIDE EST INDISPENSABLE s’écrit la CGT qui ajoute :  » Décidément, il est urgent de rappeler les engagements pris par Michel Sapin et Aurélie Filippetti devant les députés et lors du dernier Festival d’Avignon.

10 février : la culture marche !

Comme on le dit du bâtiment : quand la culture marche tout marche ! Il ne faut donc pas hésiter à marcher pour que ça marche,…, même (surtout) contre ceux qui nous font marcher !

C’est ce que nous avons commencé à faire, hier lundi 10 février, à Montpellier comme à Paris et dans 15 autres villes de France, devant le siège du PS héraultais, malgré la pluie, banderoles et pancartes déployées, intermittents du spectacle, salariés de la DRAC Languedoc Roussillon, représentants de l’Education Nationale, tous dans une belle unité, colère à fleur de mots relayée dans tous les discours, ceux de la CGT Spectacles à la pointe de tous les combats, comme ceux par exemple du Synavi (syndicat national des entreprises du spectacle vivant) dénonçant la « trahison du pacte républicain »…

Bien des oreilles, hier encore classées à gauche, ont du siffler… On ne les plaindra pas tant les mensonges et les reniements sont devenus monnaie courante ; depuis le sommet de l’Etat (où est la sanctuarisation de la Culture ?) jusqu’aux Régions où l’on se précipite, au nom de la décentralisation, pour brader le Ministère lui-même, certes nécessairement amendable mais aussi seul garant des engagements de l’Etat… Et que dire des reculs financiers constants à l’échelle des villes et des départements ? Dans le climat réactionnaire et obscurantiste qui caractérise bien des mouvements actuels, y compris dans la rue, s’en prendre à la culture peut être très bien perçu… On n’en est pas encore au « révolver » mais presque. Alors ?

… Alors ? Vous chantiez, vous jouiez, vous éclairiez, vous vous battiez pour la culture, et bien marchez maintenant !

Le point sur les négociations à propos de l’indemnisation du chômage…

Artistes et techniciens du spectacle sont particulièrement concernés par les négociations qui viennent de s’ouvrir entre représentants du patronat et syndicats de salariés à propos des conditions d’indemnisation du chômage en France. Voici ce que la CGT Spectacles a écrit après la première réunion :

 » Lors de la première « vraie » séance de négociation, nous avons eu droit à un exposé des chiffrages très orienté par la direction de l’Unedic : les annexes 4 (intérimaires), 8 et 10 (intermittents du spectacle) ouvrent des droits supérieurs à ceux des autres allocataires, un document pointe que certains demandeurs d’emploi « abusent » en restant précaires plusieurs années…

Le représentant du Medef a même repris l’antienne selon laquelle « l’Unedic n’a pas à financer la politique culturelle de la France ».

Il souhaite aussi mettre à la charge de l’Etat un régime de base de solidarité pour tous les chômeurs, l’assurance chômage intervenant alors comme une complémentaire… Une offensive du patronat pour se refaire une unité sur le dos des chômeurs, en particulier sur les plus précaires, les intérimaires et les intermittents du spectacle ? A quoi jouent le Medef et la Cgpme ? S’agit-il d’un chantage au cours des négociations sur l’assurance chômage pour obtenir encore plus de cadeaux du gouvernement lors des discussions sur le pacte de responsabilité ?

Les prochaines séances auront lieu les 13 et 27 février et le 13 mars. Nous appelons les professionnels du spectacle à la plus grande vigilance ! Nous réunissons nos instances en urgence pour décider des moyens de nous faire entendre bruyamment dès la prochaine date de négociation et rappelons les rendez-vous déjà programmés : rendez-vous fédéral dans la manifestation interprofessionnelle du 6 février et Marche pour la Culture du 10 février.

Afin de permettre la présence du plus grand nombre à ces appels, les préavis de grève des 6 et 10 février ont été déposées auprès de toutes les organisations syndicales d’employeurs. »

Pour une meilleure convention d’assurance chômage des intermittents

Alors que ce vendredi 17 janvier viennent de commencer les négociations pour le renouvellement de la convention d’assurance chômage, à l’échelle du pays et de l’ensemble des professions, voilà que l’on entend à nouveau les pires horreurs sur le régime « exorbitant » des intermittents du spectacle.

Pourtant, déclare la fédération CGT des syndicats du spectacle, tous les rapports sérieux – notamment celui, récent, de l’Assemblée nationale – montrent bien la réalité au-delà de la caricature :

* ce régime particulier au sein de la solidarité interprofessionnelle est nécessaire à l’exercice de professions de plus en plus précaires ;

* les comptes de l’Unedic sont surtout plombés par l’augmentation de la précarité dans le cadre du régime général ;

* supprimer les annexes 8 et 10 ne ferait qu’une « économie » de 320 millions d’Euros et non pas d’un milliard comme certains l’affirment, parce qu’une partie des allocataires se retrouveraient avec des droits plus élevés au régime général tandis que les plus fragiles perdraient toute indemnisation ;

* les retombées économiques du secteur culturel génèrent près de 6 % du PIB et, même si la culture et son apport à la société ne sont pas réductibles à cette seule donnée comptable, il est néanmoins vrai que le secteur produit aussi des richesses matérielles et représentent près de 700 000 emplois.

De même que les revendications de la Cgt portent l’ambition d’un autre régime d’assurance chômage capable de mieux indemniser les demandeurs d’emploi, de mieux aider à leur formation et de lutter contre la précarité, la Cgt Spectacle demande non seulement le maintien de l’existence des annexes 8 et 10 mais aussi un système d’indemnisation véritablement solidaire sur la base des revendications que le syndicat porte depuis 1995 et qui ont été popularisées par la plateforme du comité de suivi :

– annexe unique : techniciens et artistes ;

– 507 heures sur 12 mois ouvrant 12 mois de droits ;

– prise en compte de congés maternité et maladie ;

– prise en compte pour 169 H des heures de formation dispensées ;

– plafonnement mensuel du cumul allocations / salaires.

Dans un contexte où la Culture est fragilisée par les attaques budgétaires incessantes, la réduction des moyens à tous les niveaux,  la Cgt Spectacle appelle les professionnels du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle à défendre unitairement leurs droits à une assurance chômage équitable, comme à défendre une juste indemnisation de tous les privés d’emploi, notamment le 6 février prochain lors de la journée d’action interprofessionnelle annoncée partout en France.

Putain ! ça fait mal !

Dans l’univers « hollandais » de cette fin d’année 2013, il est vrai que la lecture du journal « L’Humanité » est rarement réjouissante. Elle est pourtant indispensable pour ceux qui ont besoin de conforter leurs raisons de se battre, et les chemins à suivre pour… vaincre ! Au jour le jour !

On y trouve par exemple des infos qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Ainsi, celle-ci, datée de ce dernier week end, et qui relève que « Le Printemps de Bourges », après les « Francofolies » il y a déjà quelques temps (en 2002), vient d’être vendu au groupe C2G, filiale de Morgane Production, un des grands groupes français de production audiovisuelle et événementielle. Budget de l’affaire (car c’en est une !) : entre 1,5 et 2 millions d’euros…

En avançant un peu plus dans l’info (internet c’est quand même utile au journalisme d’investigation), on apprend que les collectivités locales (région, département, ville), premières sollicitées, ont décliné l’offre de reprise. Sans doute avaient elles d’autres préoccupations en tête.

Vous avez sans doute entendu parler ces derniers mois d’une véritable « festivalisation » de la culture qui, dans l’univers « hollandais » déjà évoqué, allie (ou projette d’allier, car des luttes, même timides, se dessinent) la destruction du Ministère de la Culture et des DRAC telles que nous les connaissons (ô combien amendables il est vrai tant elles sont loin des réalités du terrain) au profit d’une sorte de régionalisation des compétences par l’intermédiaire des collectivités locales et des baronnies déjà en place. (Des députés socialistes ont même déposés des propositions de lois très précises allant dans ce sens…)

Ainsi les affaires culturelles seraient bien gardées : aux marchands la culture marchande qui pour l’essentiel s’appuie sur les industries culturelles, la télévision et ses produits dérivés,…, aux politiques la chasse au « mal-disants » culturels, ceux qui prétendent (quelle impertinence !) inventer, respirer, rêver la culture au jour le jour, au plus près des gens et de leurs émotions, alors qu’on sait bien, n’est-ce pas messioeurs les élus, qu’elle est avant tout outil de communication et vaseline de l’art officiel.

Que penser par exemple de la décision prise par la ville de Montpellier (Hélène Mandroux maire) de confier à Daniela Lumbroso, grande prêtresse de la chanson sur toutes les antennes de la télévision française, l’animation et la production de la Fête de la Musique, le 21 juin prochain à Montpellier, pour… 400000 euros ! Pas mal les montants des contrats de cession chez les riches ! C’en est presque écoeurant…

Bien entendu, comme c’est le cas depuis plusieurs années de crise et de délabrement de toute la société, un tel climat d’affairisme encourage les chevaliers d’industrie, aux plus ou moins grands pieds, qui se croient tout permis dans le domaine du spectacle aussi. Une triste image en est hélas actuellement donnée à Saint-Gély-du-Fesc, autour du festival Brassens.

Bonne année à tous !

C’est un de nos voeux les plus chers : le suivi actif, efficace, de ce blog reprendra avec la nouvelle année. Qu’on se le dise et rendez-vous dès mercredi prochain.

Une nouvelle bannière

C’est une nouvelle photo de notre ami musicien et photographe naturaliste Gino de Zarlo qui illustre désormais la bannière de ce blog. Après les crêtes de l’Hérault et le parc régional Causses et Cévennes à partir du massif de l’Aigoual qu’il a arpenté en tous sens, Gino balade actuellement ses objectifs dans le système lagunaire de notre côte héraultaise et il en a extrait pour nous la très belle image ci-dessus qui pour quelques uns d’entre nous renvoie à notre enfance et aux livres de Gaston Baissette.

Merci Gino !

Artistes et techniciens du spectacle : manifestation ce mardi 15 octobre.

Artistes et techniciens du spectacle, mais aussi journalistes, sont invités à se joindre aux manifestations interprofessionnelles du 15 octobre prochain. Nous donnons ici un article d’Eva Loyer, responsable régionale de la CGT Spectacle, qui exprime les raisons particulières de la profession – au delà de la question des retraites – de se joindre aux manifestations.

On s’y attendait un peu au regard du faible intérêt du gouvernement Ayrault pour la culture, il n’empêche, l’annonce officielle d ‘une nouvelle baisse du budget de la culture en 2014, cette fois de moins 2 % (hors inflation !), a eu l’effet d’une douche froide.

Tout compte fait, les réductions cumulées de 2013 (-4,5%) et de 2014 constituent une forme de record. Très loin à présent des promesses du candidat Hollande qui s’était en son temps prononcé pour une sanctuarisation du budget de la culture : à ce rythme-là, nous allons bientôt toucher le fond !

La ministre de la culture quant à elle, malgré un optimisme convenu, a toutes les peines du monde à porter ces orientations. La ritournelle un peu pathétique du « redressement des comptes publics » et de la nécessaire p articipation du ministère de la culture à « l’effort partagé » ne suffit plus à masquer la réalité : les artistes et techniciens, les agents du ministère, les journalistes, l’ensemble des professionnels et des acteurs de la culture savent eux pertinemment ce que la décision gouvernementale de ramener le budget 2013 à son plus bas niveau depuis 1981 aura coûté.

Nous ne pouvons que nous élever contre ce qu’Aurélie Filippetti vient d’annoncer. Nous ne pouvons pas accepter en effet que les programmes attachés aux patrimoines et au soutien à la création et au spectacle vivant perdent respectivement 4,1% et 3,7%. Nous ne pouvons pas accepter non plus que les principaux opérateurs du ministère de la culture subissent de nouvelles poncti ons – des « prélèvements exceptionnels » mais pourtant renouvelés – comme c’est le cas pour le Centre National du Cinéma avec -90 M€ pris sur son fonds de roulement ou encore pour le Centre des Monuments Nationaux, l’Opéra National de Paris, la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais, le musée d’Orsay, le Louvre, le musée du Quai Branly, l’Oppic (opérateurs des travaux).

Que dire par ailleurs de cet autre « effort » consistant à supprimer 163 emplois en ETPT – équivalent temps plein travaillé – alors que l’on sait ce ministère déjà exsangue et au bord de la rupture dans de nombreux domaines pourtant essentiels à ses missions fondamentales.

Les industries culturelles, le livre, les médias et l’audiovisuel public sont hélas logés à la même enseigne (320 millions d’Euros supprimés pour France Télévisions, 21 millions pour l’Institut National de l’Audiovisuel). Et c’est là aussi un sujet de grande inquiétude si on en juge, notamment, par la situation préoccupante de la presse et plus largement de toutes ces dimensions indispensables à une société libre et démocratique.

C’est dans ce contexte très dégradé que se préparent des lois extrêmement importantes pour nos professions : loi sur le patrimoine, loi sur la création artistique, loi de décentralisation. Il y a donc fort à craindre que, faute de mo yens, ces nouveaux dispositifs législatifs se traduisent par un transfert de compétences à des collectivités territoriales elles aussi en très mauvaise posture dans le domaine de la culture et des budgets qu’elles lui consacrent. Un tel transfert de missions et de charges serait évidemment terrible pour le réseau des DRAC pourtant essentiel au développement de la culture, à la vitalité et à la diversité de la création dans les territoires. 

Ainsi, non seulement l’affaiblissement du ministère de la culture sur le temps long se poursuit-il, mais pire encore il s’est accentué depuis « le changement » après dix ans de gestion à la baisse sous la droite.

Ces reculs et ces retards d’avenir touchent directement de la façon la plus brutale nos professions : la précarité explose, les conditions de travail se détériorent, les missions et le travail lui-même sont ravalés.

La CGT-Spectacle, la CGT-Culture et le SNJ-CGT (Syndicat National des Journalistes) dénoncent avec la plus grande fermeté cette nouvelle remise en cause de la politique culturelle de l’Etat, attaque insupportable contre les missions de service public, abandon de la démocratisation culturelle et paupérisation de tous les professionnels de la culture et de nos différents secteurs d’activité.

Ensemble, plus déterminés que jamais à défendre la culture, la création et l’information, nous allons informer les salariés et les agents, et nous allons organiser la mobilisation.

Eva Loyer – CGT Spectacle Languedoc Roussillon

REMARQUES

Suite à quelques remarques qui nous ont été faites sur l’esthétique quelquefois perturbée de ce blog, nous conseillons à nos lecteurs d’utiliser internet explorer pour l’ouvrir. Ainsi nos photos pourront-elles se déployer dans toute leur splendeur propre et dans toute l’élégance de leur mise en page. Qu’on se le dise !

Salut Jacques !

Notre ami, notre camarade, notre complice Jacques Gauffier est mort. Oui ! Une fois encore, la maladie aura été la plus forte, l’emportant au bout d’une dernière journée où ses ultimes préoccupations auront été pour les jeunes artistes, chanteurs, qu’il avait embauchés dans le cadre du festival Montpellier-sur-Seine, et qu’il tenait à honorer jusqu’au bout, en les payant, en payant les charges de leurs cachets, les droits, les taxes…

Il avait signé les cinq derniers chèques, j’étais présent pour accompagner sa démarche, et je n’arrive pas à croire que quelques heures après il ait cessé de vivre. Certes chaque jour était pour lui un combat, mais il en avait tant connus… Au fil de quelques confidences je sais qu’il avait été plongeur, imprimeur, le premier directeur de maisons pour tous de Montpellier, animateur infatiguable de tant de projets socio-culturels, inventeur fou de mille idées visant à rapprocher les hommes : Jacques Gauffier était unique, trop insoucieux sans doute des conditions de la réussite pour aller jusqu’au bout de ses songes…

« La mort est misérable » chantait Gilbert Bécaud, la mort qui ignore avec mépris les chagrins, les désespoirs, les blessures qu’elle suscite dans l’absence soudaine de l’ami, du père, du frère, cette absence si lourde à porter… Salut Jacques !