Radio Clapas, Festival Brassens… Le retour des chevaliers d’industries… culturelles

Quatre anciens présidents de Radio Clapas, une des plus anciennes « radios libres » de Montpellier : Claude Frigara, Jean-Paul Gambier, Robert Sabatier et Henri Talvat membre fondateur, viennent de publier un communiqué dans lequel ils dénoncent le putsch fomenté par trois salariés pour s’emparer de la radio, sans souci « du projet radiophonique dont Radio Clapas est partie prenante… »

Face à la campagne de communication orchestrée par le trio, à la fois dans la presse, auprès des artistes, des pouvoirs publics et des auditeurs,…, « La manipulation n’a que trop duré » déplorent les signataires qui se sont vus exclus du conseil d’administration, radiés même de l’effectif des adhérents. Or « quelles fautes ont donc commises les exclus ? » interrogent-ils… « Une gestion chaotique » répondent leurs détracteurs, selon un propos rapporté par la presse.

Et pourtant ! Rien depuis la création de la radio, il y a 25 ans, ne semble accréditer cette thèse. Au contraire !… Alors quel avenir pour Radio Clapas ? Quel avenir dans un contexte culturel pour le moins agité et des difficultés objectives pour tous les médias ?

J’ai eu l’occasion de dénoncer plusieurs fois ici même un triste syndrome qui tend à se multiplier en milieu de culture : le syndrome des « chevaliers d’industrie » qui profitent des saccages provoqués par la domination de plus en plus affirmée des marchands et des institutions sur la création culturelle pour en guetter les miettes, sans la moindre vergogne, guidé par leur seul désir (de fortune !!, de gloire !!!), sans respect pour les professionnels du secteur, ni les besoins des populations… Prêts à tout ! Comme l’étaient les chevaliers d’industrie du 19ème siècle dans le flot du développement sans limite, et surtout sans morale, du capitalisme.

A la quête grossière et acharnée du profit financier s’ajoutent aujourd’hui les volontés institutionnelles d’en extraire à tout prix un profit politique… On ne compte plus par exemple les rachats de théâtres, de festivals, de moyens de communication, qui concentrent une large partie du secteur culturel entre les mains de quelques financiers, définissant de façon de plus en plus précise le champ des « industries culturelles »… On ne compte plus les interventions directes des régions, des départements, des villes, se servant tous de leurs « grands événements » pour définir leur politique en matière de culture et en espérer les fruits auprès d’un public de consommateurs soigneusement formatés et inconscients des manipulations à l’œuvre… Et que dire des grands équipements, souvent démesurés, qui accompagnent ces volontés politiques, alors que tout devrait se passer dans la proximité…

C’est dans ce climat malodorant que tentent de s’imposer des personnages pour lesquels la culture n’est qu’un instrument de leurs ambitions, même les plus éhontées.

La colère de Claude Frigara dénonçant le putsch du groupe qui s’est emparé de Radio Clapas, l’illustre de façon éclatante, comme ce qui s’est passé à Saint-Gély-du-Fesc autour du festival Brassens en montre les limites minables.

Qu’importe dans cet autre exemple que le travail de militants soit bafoué, le professionnalisme de l’équipe organisatrice nié… L’intérêt des habitants ? Ridiculement réduit à la dimension d’un Clochemerle… La place des artistes ? Strictement limitée au produit dont ils sont porteurs… Les élus ? Les bénévoles ? Pervertis par les prises de position qu’on leur impose… dans un climat d’intrigues et de manipulations… « Après nous le déluge ! » disait-on à à l’époque des chevaliers d’industrie. « Enrichissez-vous ! » clamaient certains sans la moindre hésitation morale… « Nous avons tous les droits ! » disent aujourd’hui leurs descendants mesquins.

Jacques Palliès

2 réponses sur “Radio Clapas, Festival Brassens… Le retour des chevaliers d’industries… culturelles”

  1. Merci Jacques pour ce billet d’humeur, de compréhension et de soutien.

    Protégez-nous de nos « amis », disait-on (bien avant « ceux » de Facebook), nos ennemis on s’en charge…

    Dans nos combats utopiques, on prête souvent le flanc aux imposteurs et aux arrivistes masqués.

    Apprend-on à vivre tous les jours ? !

    Claude

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