Certes, ni Nicolas Sarkozy ni Frédéric Mitterand ne peuvent incarner un avenir rieur pour la Culture en France, pour l’Art et la création en particulier.
Si avec André Malraux le poids des réalités culturelles si vivaces dans notre pays était tel qu’elles s’étaient imposées aussi dans le champ politique… aujourd’hui l’appesantissement du monde marchand est si fort dans tous les domaines d’activité humaine que la Culture est vue à l’aune exclusive des profits, de la rentabilité… Et là est d’évidence le plus grave danger qui menace non seulement nos métiers, mais la création elle-même et ce qu’on doit en attendre pour le pays, ses hommes, son avenir.
Place au divertissement, aux seules industries du spectacle et du divertissement !
Mais un autre danger, plus insidieux, nous menace également : l’instrumentalisation, la récupération politique de la Culture et de l’Art.
Près des deux tiers du spectacle vivant en France sont en effet aujourd’hui financés par les collectivités locales et territoriales : communes, conseils généraux et régionaux… ce qui est bien. Mais cela ne va pas sans contrepartie.
Bien entendu il ne peut être question de faire le moindre bénéfice pécuniaire dans ces domaines de culture quotidiens que l’on qualifie parfois de « proximité » (Ils sont d’ailleurs abandonnés pour cette raison même par l’Etat et les marchands !)… Seuls des résultats « politiques » peuvent en être espérés. D’où une myriade d’initiatives choisies, bien calées dans le calendrier politique local, l’émergence de groupes d’artistes quasi officiels (chacun se reconnaîtra)… et une information bien cadrée ne laissant que peu de place aux initiatives de toutes sortes qui pourtant continuent d’exister…
Si à cela vous ajoutez la « festivalisation » à l’oeuvre presque exclusive dans les régions à « vocation touristique » (suivez mon regard), vous obtenez les catastrophes culturelles qui nous menacent aussi sérieusement que l’explosion d’une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique.
En vérité, ni la soumission aux marchands, ni l’encadrement politicien, ne peuvent constituer le socle d’une politique culturelle capable d’accompagner, de précéder, d’interroger, de contester les changements à l’oeuvre dans une société… Vous voyez le danger ?
(à suivre)