Lorsque j’ai lu dans la presse que Charles Pasqua était rattrapé par la Justice, je me suis dit qu’il y avait là matière à un vrai roman policier, car on allait sans doute revenir sur l’époque où il était PDG du SAC,on allait enfin avoir de nouveaux éclaircissements sur les liens existant entre cette officine gaulliste et… l’empire du milieu. Des affaires étouffées allaient ressurgir au grand jour, la vérité allait venir sur le devant de la scène…
Et bien que nenni, rien de tout cela, on est même très loin d’un roman de James Ellroy. L’homme qui voulut « terroriser les terroristes », celui qui fit se ronger les doigts aux Américains qui n’eurent pas l’idée de l’engager au bon moment, notre ministre de l’intérieur de la moitié des années quatre vingt, celui qui empêcha le nuage de Tchernobyl de passer les frontières de la France, est seulement condamné pour avoir piqué des sous dans la tirelire comme tant d’autres copains politiciens.
La peine est même si légère, et le coupable si âgé, qu’elle ne sera pas appliquée, même pas dans une prison de retraite. L’homme s’en est sorti, il a plus d’un tour dans son SAC à milice.
C’est peut-être dommage, (non pas que je lui souhaite de finir dans un cul-de-basse-fosse), mais Charles Pasqua dans une maison d’arrêt cela en aurait jeté. Un parrain corse à la Santé parmi les jeunes truands et on avait un remake du film de Jacques Audiard: « Un prophète »… D’ailleurs pourquoi le réalisateur a-t-il fait appel à un acteur d’origine scandinave – Niels Arestrup – pour jouer le rôle d’un truand corse alors qu’il lui suffisait de prendre Charles Pasqua qui en plus pouvait, dans ses relations, lui trouver des seconds rôles – des seconds couteaux – et des figurants hautement qualifiés ? Je suis sûr que le film aurait raflé encore plus de récompenses.
Avec Charles Pasqua du Ricard aux Césars ça sent bon la Provence. Pour un homme tel que lui tout est possible : il a fait du trempolino quand il était jeune, il sait rebondir.
Au fait, c’est pour quand que Charles Pasqua chante le répertoire de Fernandel à la Maison pour tous Mélina Mercouri ?
Nos journalistes (professionnels !) se gardent bien, eux, de rappeler la responsabilité de Pasqua au sein du Sac ! Des fois que des esprits chagrins ne fassent le lien avec la condamnation à mort par contumace du chef du Sac (jamais nommé pendant le procès) quand la « bascule à Charlot » était encore de mise.