Voici quelques mots pour rendre un hommage à deux disparus qui reposent à jamais dans mon Panthéon personnel : le professeur Robert Lafont dont la langue était l’occitan dont on fait les beaux textes, et le Père Jean Cardonnel dont la langue n’était pas du bois dont on fait les croix…
La presse locale a tout dit sur eux, je n’aurais donc pas l’outrecuidance d’en rajouter, je dirais simplement que ce sont deux phares qui ont éclairé et éclaireront longtemps mon chemin. Tous les deux s’étaient rencontrés au cours d’un procès en tant que témoins médiatiques à décharge à l’orée des années 70. Deux militants maoïstes étaient jugés en correctionnelle pour avoir écrit des graffitis (à l’époque on ne parlait ni de graphs ni de tags) sur les murs de la ville, graffitis insultants pour un certain commissaire de police qui s’était montré particulièrement zélé et véhément au cours des événements de mai 68, et même après… Le Père Cardonnel avait fait une véritable homélie au cours de laquelle il avait magnifié la révolte des accusés et l’ignominie de l’accusateur ; le professeur Lafont, lui, avait fait référence aux inscriptions gravées sur les monuments romains…
Je garde encore le souvenir ému de mes chères études, et notamment d’un examen de fin d’année d’une UV d’occitan, la seule que j’ai réussie, avec le professeur Lafont. Celui-ci, après m’avoir demandé quelles études je suivais (histoire de l’Art en l’occurrence) s’écria en souriant : Aquo es pas de historia, es de l’art !
Je terminerai en précisant que le professeur Lafont a tout à fait sa place dans ce blog, car Gui Broglia qui fut le premier chanteur occitan avait mis en musique et enregistré quatre de ses poèmes… Peut-on encore les écouter ?