Vers la fin des politiques culturelles ?

Le Synavi, syndicat national des arts vivants, publie la lettre ouverte suivante : 

Madame la Ministre de la Culture et de la Communication,
Mesdames et Messieurs les Elu.e.s des Conseil Régionaux, des Conseil Généraux, des Municipalités,
Mesdames les Directrices des Affaires Culturelles, Messieurs les Directeurs des Affaires Culturelles,

Depuis des mois, vous nous gratifiez de déclarations de principe, auxquels nous ne pouvons qu’adhérer pleinement :
Oui, la culture est, comme l’éducation, le ciment de notre société.
Oui, la culture est un investissement pour l’avenir.
Oui, l’art et la culture sont les ferments de la citoyenneté.

Pourtant, derrière tous ces discours, nous assistons à une situation inédite depuis plusieurs décennies : on ne compte plus les coupes budgétaires drastiques, les déprogrammations arbitraires, les évictions d’équipes et de directions artistiques, les interruptions de projets engagés.

Sous couvert de « politiques d’austérité » ou de « choix de programmation », le saccage se généralise à tous les niveaux (DRAC, collectivités territoriales) et ne se limite pas à une couleur politique :
Compagnies, lieux indépendants ou labellisés, festivals, de toutes disciplines, dans toutes les régions : tout le secteur artistique et culturel est touché par cette vague dévastatrice, et tous les prétextes sont bons pour justifier ces brusques changements de cap qui fauchent les projets et les équipes artistiques. Quelques exemples :

  • La Ville de Paris paie les nouveaux équipements (Philarmonie, Carreau du temple…) en diminuant la part des aides aux projets. L’augmentation de budget annoncée n’est pas à la hauteur des besoins de ces mastodontes budgétivores. Ce sont encore les plus petites structures qui en subissent les frais.
  • Dans l’Eure-et-Loir, le constat est dramatique : municipalités en retrait, Conseil Général absent, budgets culturels et sociaux amputés pour renforcer la sécurité, annulation de festivals faute de subventions, généralisation du clientélisme à tous les échelons…
  • En Alsace, il est urgent d’entamer un dialogue avec la DRAC et l’Académie de Strasbourg autour des dispositifs artistiques menés en milieu scolaire, dont les volumes horaires sont en baisse constante. Comment les dossiers sont-ils instruits ? Comment sont représentés les partenaires artistiques dans les commissions ? Quels sont les critères qui prévalent pour la validation des artistes intervenants ? Aujourd’hui le programme européen MUS-E pour la France mené à Strasbourg par la Cie Courant d’Art s’est arrêté, laissant de nombreux élèves et enseignants dans un grand désarroi et une forte incompréhension, alors même que l’art et la culture contribuent à renforcer les valeurs de Démocratie aujourd’hui fortement menacées.
  • A Aubervilliers, le « Plan Vigipirate/terroriste » aurait conduit la municipalité à annuler au dernier moment une représentation pour les groupes scolaires. Prétexte abusif qui cache bien mal l’inconséquence de la Ville et une volonté de faire des économies budgétaires.
  • A Viry-Châtillon, l’AMIN Théâtre subit depuis plusieurs mois les assauts de la Communauté d’Agglomération Les Lacs d’Essonne qui tente d’expulser  la compagnie de la Friche par tous les moyens (étranglement financier, supposée insécurité du lieu…)
  • Certaines municipalités, comme St Priest, sont plus décomplexées et invoquent simplement des « choix esthétiques », suppriment ce qui leur paraît « élitiste » au profit d’une programmation « populaire ». Liberté de programmation ? Non, il s’agit au mieux de démagogie … au pire de censure.

Mêmes dérives à Grenoble, Toulouse, Roanne, Evreux, Niort, Collioure, Wissembourg …
Les cas se multiplient. Pire, ils se banalisent. Et ne sont cités ici que les cas les plus emblématiques. Sur l’ensemble du territoire, des milliers de projets ne voient pas le jour ou sont effectués dans des conditions difficiles, pour les mêmes raisons et avec pour seules justifications des alibis indignes.

Le SYNAVI dénonce avec la plus grande fermeté ces décisions scandaleuses et l’absence totale de concertation avec les acteurs concernés.

Le SYNAVI est solidaire des équipes artistiques, lieux et compagnies, victimes du mépris des pouvoirs publics et de décisions qui mettent en péril leur projet, leurs emplois et parfois leur survie.

Le SYNAVI rappelle que la création artistique et les actions culturelles ne doivent pas être la variable d’ajustements des budgets, au même titre que toutes les missions d’intérêt général.

Madame la Ministre, mesdames et messieurs les Elu.e.s, il est de votre responsabilité de passer aux actes et de faire cesser le massacre !

Lyon, le 20 février 2015

Premières appréciations de la CGT Spectacle sur le rapport de la mission de concertation sur l’intermittence

« L’intermittence sanctuarisée… » titrent ce matin les journaux. La CGT Spectacle communique :

Compte-tenu de l’actualité, la Fédération Cgt du Spectacle tient tout d’abord à exprimer sa solidarité avec l’équipe de Charlie Hebdo et les policiers victimes de cet odieux attentat qui a eu lieu en fin de matinée au siège du journal. Nous présentons tout notre soutien et nos condoléances aux proches des victimes parmi lesquelles figurent Tignous et Charb que nous connaissions bien. Avant d’avoir connaissance de cette  attaque, nous discutions du rapport de la mission sur l’intermittence  et des annonces du Premier Ministre concernant le devenir du régime d’assurance chômage des artistes et techniciens du spectacle du cinéma et de l’audiovisuel et au-delà, de l’emploi et de la protection sociale.

Après une première lecture, nous constatons que ce rapport reprend bon nombre de nos  contributions. Il comporte aussi un certain nombre de contradictions. Nous avons également un point majeur de désaccord sur le fait de conférer au niveau interprofessionnel la fixation d’un cadre financier pour les annexes 8 et 10. La Cgt Spectacle, comme toute la Cgt, agit pour que le régime interprofessionnel d’assurance chômage indemnise tous les privés d’emploi. Néanmoins, nous constatons avec une certaine satisfaction que ce rapport et les annonces du Premier Ministre confirment la légitimité du régime spécifique des salariés intermittents qui sera inscrit dans la loi dès le premier semestre 2015, ce que nous demandions depuis 2007. Des mesures phares telle que la recherche pour une ouverture des droits dès 507 heures sur douze mois ne sont plus considérées comme tabous et même jugées comme tout à fait pertinentes.

La méthode de négociation annoncée prend le contrepied des discussions déloyales qui ont eu lieu début 2014 sur l’assurance chômage et qui ont abouti à l’accord du 22 mars. D’importantes mesures pour l’emploi permanent comme intermittent ont été annoncées dans le rapport Gille-Archambault-Combrexelle. Il en est de même avec l’annonce de l’augmentation en 2016 des crédits consacrés à la création et à la Culture tout comme le dégel des 8 % de précaution des budgets création et transmission des savoirs pour l’année 2015.

Dans le domaine de la protection sociale, nous avons pris acte des préconisations de la mission et attendons (et nous y veillerons) la mise en œuvre des mesures annoncées permettant l’accès effectif aux droits; en particulier pour les artistes et techniciennes intermittentes qui peinent à ouvrir des droits au congé maternité.

Dans les jours prochains, nous allons nous livrer à une analyse approfondie du rapport de la mission et des mesures annoncées. Nous allons à cet effet informer les professionnels concernés et organiser des débats dans nos secteurs. Ce rapport est rendu public dans un contexte qui n’est pas anodin. En effet, la situation de l’emploi s’est encore aggravée sous l’effet de la crise et des mesures d’austérité. De plus, la mise en œuvre de la nouvelle convention Unedic bloque depuis le 1eroctobre des centaines d’allocataires du régime général comme des  annexes cinéma-spectacle avec des droits misérables. Force est de constater qu’à l’heure où un chômeur sur deux n’est pas indemnisé et où les contrôles ne cessent de se renforcer, le compte n’y est pas.

Nous revendiquons des mesures immédiates et un plan de travail rigoureux pour que soient mises en œuvre les mesures positives annoncées sur l’emploi, la protection sociale et l’assurance chômage. Nous invitons les artistes et techniciens du spectacle, du cinéma et de l’audiovisuel et toutes celles et ceux qui sont concernés, à prendre connaissance de ce rapport et à en débattre avec le souci de la  mobilisation la plus unitaire possible.

On les aura !

C’était juste avant Noël… Le téléphone soudain se mit à sonner et la voix du policier retentit, claire et sereine : « Suite à une plainte déposée contre vous par des personnes de Saint-Gély-du-Fesc, je souhaiterais vous entendre au plus tôt au commissariat de police de la Paillade… » « Ne vous inquiétez pas » ajouta-t-il un peu plus tard alors que je venais d’accepter un rendez-vous pour le 6  janvier « Ce ne sera pas long et il ne devrait pas y avoir de suite… » Pas de suite ? Très vraisemblablement c’était le père Noël qui venait de passer…

Peut-il y avoir une autre explication ?

JP

Guy Bontempelli s’en est allé…

Quand je vois passer un bateau j’ai envie de me foutre à l’eau… chantait Guy Bontempelli. Mais sur ce bateau il y avait la Camarde et, au bout du bout, c’est elle qui l’a emporté.

Je garde au fond de ma mémoire le souvenir de ce jeune homme pétri de trac qui, au milieu des années soixante, chantait de si belles chansons. C’était dans les émissions télévisées de Michèle Arnaud et Jean-Christophe Averty : les raisins verts.

… Des chansons il continua à en faire, pour lui et pour les autres. Je ne les citerai pas, la liste serait trop longue… Pour Gréco, Dalida, Aznavour et tant d’autres. En 1983 soudain il décida pourtant d’arrêter de se produire et d’enregistrer… Toujours le trac.

Une anecdote pour terminer : lorsque la chanson la Maritza, chantée par Sylvie Vartan, fut attaquée comme plagiat par les ayants droit de Joseph Kosma pour quelques notes des feuilles mortes, Guy Bontempelli dont le thème central de sa chanson une femme ressemblait comme deux gouttes d’eau à  la Maritza, se refusa à déposer plainte auprès de la SACEM…

Salut Guy ! Repose en paix comme l’on dit. Le bateau qu’on continue à voir passer, nous, est plein de tes chansons.

Jean-Pierre Leques

RENOUVEAU (2)

Depuis le 22 novembre dernier, nous avons donc repris la publication de ce site-blog interrompue pendant de longues semaines (exactement depuis le 18 juin 2014) pour diverses raisons d’indisponibilités (surtout mentales) à la réalisation et au suivi d’un tel outil de communication.

Pour nous en effet, alimenter et suivre le contenu de ce blog signifie d’abord être au plus près de toutes les informations qui nous concernent en tant que structure ou concernent nos artistes… et ce n’est pas une mince affaire que de récolter ces informations et de les traduire en rubriques vivantes, personnalisées, attractives…

Car alimenter et suivre ce site-blog exige également de diversifier les angles d’approche du contenu, par le choix des sujets autant que par l’écriture : imaginer par exemple des chroniques, des billets d’humeur… Rien de ce qui concerne la chanson ne nous est étranger, sauf qu’il est une grande part de la chanson d’aujourd’hui (disons la chanson de variété qui est aux mains strictes des marchands) qui n’a pas besoin de nous pour exister.

C’est avec notre ami Guilhem Poisson de Salicorne que nous avons entrepris de redessiner en même temps l' » image » du blog, tant il est vrai que les deux approches (contenu et image) sont liées.

Cette nouvelle image est en cours de réalisation et devrait prendre forme définitive avec les premiers jours de 2015. En attendant nous avons repris les publications et les diverses rubriques, habituelles (comme les « billets de Jean-Pierre »), ou nouvelles (comme les « chroniques poétiques » de Patrick Hannais)… Nous avons poursuivi les billets d’humeur signés Jacques Palliès ainsi que les infos concernant la situation des salariés du spectacle et l’évolution de leurs métiers… Pas toujours drôle, hélas !

Dans le même temps nous allons revoir le contenu du site lui-même : présenter les nouveaux spectacles de l’Acte Chanson et ceux, plus anciens, qui sont malgré tout disponibles. Nous allons revoir CD et livres nés sous notre égide et auxquels tout un chacun peut encore accéder… Ainsi pourra se poursuivre l’aventure de ce site-blog dont nous sommes tous très fiers et auquel il ne manque, peut être, que votre propre voix pour enfin pleinement exister !

Tant va la crèche à l’eau…

Le grand retour des « billets de Jean-Pierre »… Ah ! ça fait du bien !

 

En cette période de fêtes de l’année finissante où tant d’artistes, surtout anglo-saxons dirait Garou, nous livrent une nième et barbante adaptation de chants de Noël, je ne peux m’empêcher de faire mon billet sur les crèches…

Actuellement, au sein d’une municipalité voisine – mais il y en a bien d’autres – la présence d’une crèche dans le hall d’entrée devient comme une croix, une étoile de David, une main de Fatma autour du cou du quidam moyen, le symbole ostentatoire de l’appartenance à une communauté religieuse.

Pourtant, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, on interdit aux municipalités de se balader avec une crèche en sautoir.

J’ai toutefois le souvenir du temps de mon enfance, lorsque mon grand-père, militant communiste de la première heure et qui bouffait du curé comme un ado bouffe des cheese burgers chez Mac Do, installait une crèche près du sapin de Noël dans la salle à manger. Il disait alors, intime conviction ou justification maline que Jésus Christ était le premier socialiste…

Bon ! Ceci dit c’était dans la sphère personnelle et, tant qu’il n’aura pas des brigades de répression des crèches qui feront en tous lieux des interventions musclées, on peut ne pas trop râler : d’autant plus que dans les lieux publics, donc les mairies, il faut des issues de secours réglementaires et qu’il y ait des pompiers et des secouristes parmi les santons.
Ainsi, dernièrement, une crèche où devaient se rassembler 35000 santons a été annulée au dernier moment par la mairie de Pérols pour des raisons de sécurité… Pas assez de pompiers !
En revanche je pense qu’il serait plus judicieux de débaptiser les crèches officielles – vous savez, celles où l’on garde les enfants en bas-âge avec des puéricultrices – on devrait les appeler Maisons de la puériculture, ainsi il n’y aurait plus aucune référence à la religion catholique…

Pour moi, c’est sûr, comme dirait Joanda : gardarem la grepia ! (Nous garderons la crèche !)

Pour en finir avec le sujet, je dirais qu’aujourd’hui il existe une alternative évidente à la crèche : c’est l’UMP. Un sauveur y est né : Nicolas Sarkozy, entre le boeuf Juppé et l’âne Fillon. Il a pour parents : NKM et Bruno Lemaire… Celui qui trouve que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes umpéiste et que tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, c’est Raffarin le ravi ! Dans les crèches catalanes il existe un personnage typique : le caganer qui, pantalon baissé, défèque dans un coin… Or je l’ai reconnu malgré son air crispé : c’est Jean-François Coppé !

Pour une autre politique sociale et culturelle : LE SFA APPELLE A UNE MOBILISATION CE VENDREDI 19 DECEMBRE

Le Syndicat Français des Artistes communique :

Ce vendredi, 19 décembre, se tiendra la première réunion plénière du Conseil National des professions du Spectacle sous la présidence de Fleur Pellerin. Cette instance regroupe tous les syndicats de salariés du spectacle vivant et enregistré, ainsi que toutes les organisations d’employeurs, des représentants du ministère du Travail et bien sûr de celui de la Culture, et de nombreux administrations et organismes paritaires, tels AUDIENS, l’AFDAS, ou encore l’ UNEDIC et Pôle Emploi. Cette réunion de fin d’année, venant après un changement important au niveau de notre ministère de tutelle et à la veille de la sortie prévue du rapport du trio de concertation Gille/Archembault/Combrexelle, doit être l’occasion d’une expression forte de l’ensemble des professionnels du spectacle, dont notamment, bien sûr des artistes-interprètes.

Le projet de loi sur la culture, promis depuis l’élection présidentielle, devenu au fil de la mandature une loi simple, et non plus une loi d’orientation, a été encore dilué et affaibli dans la dernière ligne droite, sous l’impulsion de la nouvelle ministre et de son directeur de la création artistique. Il y a tout à craindre de ce projet, qui doit être officiellement lancé par la Ministre vendredi, mais dont copie a été obtenue par la « délégation renforcée » de professionnels qui s’est imposée à la réunion du bureau du CNPS la semaine dernière.

Les lois sur la réforme territoriale fragilisent le rôle de l’Etat dans le développement d’une politique culturelle. En même temps, de très nombreuses collectivités, à tous les niveaux, réduisent dramatiquement les moyens alloués à la culture, et donc, menacent gravement l’emploi des artistes et des techniciens (et dans certains cas, la liberté d’expression).

La loi sur le financement de la sécurité sociale menace l’existence de la Caisse des congés spectacle, tout récemment adossée à AUDIENS.

Et la Mission de Concertation a retardé la parution de son rapport. Aucune indication ne laisse penser que nos propositions seront prises en compte. Pendant ce temps, de nombreux professionnels du spectacle, surtout des jeunes, mais pas seulement, restent « bloqués » par le nouveau système de « droits rechargeables » avec des indemnités régime général très bas, malgré le fait qu’ils aient 507 heures ou plus de travail dans le spectacle. Les résidences de création ne compteront plus pour ouvrir des droits pour beaucoup d’artistes. Et l’arrêté officialisant le financement par l’Etat de l’infâme « différé » des annexes issues de la Convention Unedic de 2014 a été publié, et comme on le craignait, il ne met pas de date limite à cette opération. Les prémices d’une « caisse autonome » peuvent s’y cacher. Les signataires de l’accord du 22 mars refusent d’envisager la négociation d’un avenant pour revoir les textes d’assurance chômage avant l’expiration de la convention actuelle. Et Fleur Pellerin, qui, au moment de sa prise de fonctions, a évoqué la possibilité d’un instrument législatif en cas de blocage, n’y fait plus référence !

Les artistes-interprètes ont donc toutes les raisons pour interpeller avec force leur Ministre de tutelle. Ce VENDREDI 19 DECEMBRE 2014 est l’occasion pour se rassembler dans des actions fortes, lors de la réunion du CNPS.

Ainsi le SFA se joint aux autres syndicats de la Fédération du Spectacle CGT pour appeler les professionnels à manifester pour une autre politique vis-à-vis de la culture et des travailleurs culturels, pour l’emploi et pour une protection sociale adaptée et conférant de nouveaux droits.

Votre participation est indispensable !