Actualités sociales…

Même si les appels à manifester se font plus rares, même si les médias font le silence, il ne faut pas ignorer que l’actualité sociale est loin de se calmer, et tout particulièrement pour les artistes et techniciens du spectacle.

Outre en effet les questions générales qui interpellent les syndicats (entrisme du Front National, « pacte de stabilité » Sarkozy / Merkel,…), nous sommes directement concernés par les négociations en cours sur l’assurance-chômage. Car une fois de plus les « intermittents du spectacle » sont particulièrement visés et menacés par les propositions patronales, si tant est que l’on puisse parler de propositions quand le patronat annonce seulement vouloir reconduire provisoirement le système en place…

Pour plus de renseignements, voir le site http://www.cgtspectaclelr.org

Ferrat : un an déjà !

C’était le 13 mars 2010… A l’hôpital d’Aubenas, Jean Ferrat décédait. Nous ne le savions pas encore, mais bientôt il fallait se rendre à l’évidence : nous ne reverrions plus sa silhouette amaigrie autrement qu’en images d’archives, images de concerts et d’interviews, tant il avait su mêler ses paroles d’homme et d’artiste. Jean Ferrat disparaissait et je me demandais ici-même si avec lui ce n’était pas un monde qui s’en allait, un monde de plus de dignité et de fraternité, un monde plus humain qui, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale n’avait cessé de progresser, mais qui, soudain, ces dernières décennies redevenait obscur, malade, impitoyable pour les plus faibles, cynique et écoeurant pour les plus forts… Un monde où la culture elle-même regressait !

Un an après, hélas, le monde ne nous a pas fait changer d’inquiétudes et de colères. Peut-être même les choses se sont-elles aggravées… Alors, puisse ce triste anniversaire être pour nous l’occasion de redire que nous continuerons de nous battre. Je crois qu’au-delà de tous les engagements artistiques, il n’est pas de meilleur hommage à rendre à Jean Ferrat.

Henri-Jean Servat… mon « ami »

Je ne l’écrirais pas au Midi Libre, mais le journaliste « ami des stars » Henri-Jean Servat dont on se souvient qu’il débuta à Montpellier – c’était au temps du Grand Odéon et des travestis brésiliens… – est actuellement l’objet d’une véritable cabale parce qu’il a osé dire ce qu’il pense des « prêtres chanteurs » (actuellement en tête de nombreux hit-parades).

Quoi ! Oser dire que l’Eglise fait des affaires commerciales qui n’ont rien à voir avec une détermination artistique… Quel scandale ! répètent à l’envie des lecteurs mal embouchés devant une telle liberté de ton. En plus il se trompe dans ses références religieuses, ajoutent certains.

J’avoue que dans son métier de servir la soupe aux stars du cinéma ou du music hall, voire aux têtes couronnées, Henri-Jean Servat n’est vraiment pas ma tasse de thé. Même quand il lui arrive de se moquer d’elles et de leurs excés, de leur incapacité à mesurer un seul instant ce qui se passe autour d’elles. (Je préfère nettement Stéphane Guillon – pas Bern, allons ! – dans le rôle du « guetteur »). Mais qu’on le tance pour avoir écrit que les prêtres chanteurs font des affaires (commerciales et idéologiques) et non de l’art… m’exaspère. Pour une fois qu’un journaliste se laisse aller à dire sa part de vérité… Vas-y Henri-Jean, montre aussi à tes collègues qu’on peut faire ce métier sans se renier, ni renier ses convictions…

Moi, je te ferais un seul reproche : d’oublier qu’aujourd’hui (curés ou diablesses) ils sont tous pareils : ils font avant tout des affaires ! Mais ce sera peut-être le sujet de ton prochain article ? Après tout y’a pas que la corrida pour déchaîner les passions.

Culture pour chacun… Une mise au point du SFA

Le conseil national du Syndicat Français des Artistes interprètes du 17 janvier 2011 a débattu des deux documents successifs émanant du cabinet du ministère de la Culture et de la Communication. Le premier daté de septembre 2010 intitulé « Culture pour chacun- programme d’actions et perspectives », véritable agression à la fois masquée et frontale contre la création artistique, l’autre, semblant faire marche arrière, intitulé « Culture pour tous, culture pour chacun, culture partagée » qui appelle à un forum national le 4 février prochain.

Il est à noter que l’ampleur et l’unanimité des réactions des organisations professionnelles et de la presse contre les théories dogmatiques, déconnectées des réalités, des idéologues du ministère les ont fait reculer dans les « éléments de langage » : il n’est plus question de dire que la création artistique désignée dans la formule « sous couvert d’exigence et d’excellence » est un « obstacle » à la démocratisation culturelle, mais au contraire qu’il convient de poursuivre « la construction d’une culture commune en préservant l’exigence culturelle ».

D’autre part, la prétention totalitaire d’imposer à toutes les politiques culturelles à venir « le caractère irréversible de la culture pour chacun » est pour l ‘instant mise de côté.

Les artistes, tous les salariés, les citoyens, les élus, doivent puiser dans ce recul la détermination pour en finir avec un projet destructeur et dangereux, car le revirement n’est qu’apparent et le noyau dur du programme « Culture pour chacun » persiste.

En effet si tout ce qui, jusqu’ici, a donné des résultats positifs dans les tentatives de démocratisation culturelle doit être «poursuivi et développé », en particulier en matière de création artistique, nulle part il n’est fait allusion aux moyens avec lesquels cela doit être poursuivi et développé.

Aucune allusion non plus aux moyens pour permettre le développement de l’action culturelle, dont l’objectif consiste, entre autres, à faciliter l’accès aux œuvres artistiques et culturelles.

Pas plus n’est-il question de l’éducation artistique actuellement si désastreuse. Le ministère constate justement que « le capital symbolique de chacun demeure un élément discriminant qui nourrit bien des préventions ». Mais alors, comment faire pour combattre cette situation et combler le fossé culturel sinon par l’apprentissage à l’école de la compréhension des œuvres artistiques ? Le SFA affirme, avec beaucoup d’autres, que pour apprécier une oeuvre littéraire, picturale, chorégraphique, dramatique, cinématographique ou musicale, il faut apprendre à la connaître, libre ensuite à chacun de l’aimer ou pas.

Le SFA exige qu’au-delà des multiples déclarations solennelles de ministres, jamais suivies d’effet, une véritable politique d’éducation artistique se mette réellement en place à l’école avec les moyens nécessaires. C’est une mesure salutaire d’urgence !

On pourrait être agréablement surpris par le projet d’un « service public de qualité en mobilisant des moyens », mais on déchante aussitôt en lisant qu’il se réduit à « une v éritable stratégie du numérique » !!!! Les idéologues de notre ministère nous ont habitués depuis longtemps à pondre régulièrement des solutions miracles pour justifier un recul de la responsabilité publique de l’Etat. On se souvient en particulier du fameux rapport d’Augustin Girard affirmant que les industries culturelles produisaient la vraie démocratisation, et qu’il n’y avait donc plus lieu de financer quoi que ce soit d’autre.

Aujourd’hui, Monsieur Frédéric Mitterrand, avec l’aide de son conseiller Francis Lacloche, a trouvé ce qui lave plus blanc que blanc : le numérique. La télévision ce n’était rien. Le numérique entraîne un nouveau défi : « la montée en puissance de la culture à domicile ».

L’apologie de l’industrie numérique revient, en vérité, à faire de « la culture pour chacun » une « culture du chacun chez soi ». Qui peut croire que quelqu’un qui n’a aucune envie de visiter un musée connaîtra son chemin de Damas par une visite numérique ? Qui peut croire qu’un individu ignorant et donc réputé « intimidé » par Verdi va rester deux heures devant Internet pour assister à une représentation de La Traviata parce qu’il est à domicile ? On se moque de nous !

L’éloge de « la c ulture à domicile » c’est le repliement, cultiver l’isolement, voire les communautarismes, alors que c’est dans la rencontre vivante que s’invente et se partage cette « multitude culturelle » paradoxalement invoquée dans le texte de l’invitation au forum.

Toutes ces contorsions du ministère visent à camoufler la volonté d’appliquer à la culture la segmentation libérale déjà à l’œuvre dans d’autres secteurs de la vie publique (santé, éducation nationale). Ainsi se prépare une culture à plusieurs vitesses au bénéfice essentiellement des industries de consommation.

La culture est et doit être une puissance d’émancipation, il est inacceptable qu’on en fasse un instrument d’aliénation !!! Le SFA appelle les artistes, les salariés, les citoyens, les élus à tout faire pour démasquer l’hypocrisie de ce soi-disant forum national afin qu’il ne se déroule pas aussi sereinement que le souhaitent ses organisateurs.

Qu’ils s’en aillent tous !

J’avoue que ce mot d’ordre lancé par un homme politique au demeurant sympathique me paraissait jusqu’ici entaché d’un certain populisme… Un peu trop facile quoi !

… Et puis il y eut la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, le Yémen, la quasi totalité du monde arabe « républicain » d’où montait la voix tonnitruante des peuples. « Avant tout, qu’ils s’en aillent ! » criaient partout les manifestants. « Qu’ils partent ! » les Ben Ali, les Moubarack, leurs familles, leurs séides… Qu’après des dizaines et des dizaines d’années de pouvoir sans partage ils laissent enfin la place et qu’on ne se souvienne d’eux que pour les juger, les condamner, leur faire payer les saccages, les crimes, les monstruosités…

Comme beaucoup sans doute je me suis dit aussi que les occidentaux, décidemment, nos chefs d’état, nos ministres, nos puissants de tout bord, n’avaient pas à faire les fiers et à donner une fois encore des leçons au monde. « Pas de violence ! » murmuraient-ils, « Des changements peut-être, mais dans l’ordre : »… vieilleries idéologiques mille fois répétées avec une cannonière sur le fleuve, une armée dans la place et des dégats collatéraux bientôt effroyables…

Oui ! Je me suis dit : et s’ils s’en allaient aussi ? Quelqu’un peut-il encore les croire irremplaçables ? Et que la terre s’arrêterait de tourner s’ils n’étaient plus là ? Que la crise deviendrait plus profonde que ce qu’ils ont eux-mêmes provoqué ? Que les drâmes soudain frapperaient plus qu’aujourd’hui les populations livrées à elles-mêmes ?

Bêtement, au bout de quelques instants j’ai souri et j’ai repensé au mot d’ordre de notre homme politique : Qu’ils s’en aillent tous ! Et je me suis amusé à imaginer les « dégats » que provoqueraient les départs des hommes politiques, des grands patrons, des hauts cadres de la fonction publique, des responsables culturels (à tous les niveaux, ouais !),…, tous remplacés par des collectifs citoyens, une démocratie directe assumée, à l’échelle des quartiers, des entreprises, des villages…

Pardieu – et j’étais soudain redevenu sérieux – il y avait bien peu de dégats, mais beaucoup d’air frais !

Décés de Claude Delécluse

Elle avait écrit quelques unes des plus belles chansons de Jean Ferrat, d’Edith Piaf ou d’Isabelle Aubret… la parolière Claude Delécluse est morte mercredi des suites d’une longue maladie.

Parmi les succés donnés à Jean Ferrat, auxquels vous comprendrez que nous sommes particulièrement attachés : Deux enfants au soleil, Les Nomades, C’est beau la vie, Raconte-moi la mer… souvent écrits avec son amie Michelle Senlis.

Pour mieux connaître Claude Delécluse, il faut lire l’interview de Michelle Senlis paru en 1994 dans la revue Je Chante de Raoul Bellaïche (http://www.jechantemagazine.over-blog.com), on y découvre le monde étonnant de deux « faiseuses de chansons » qui, dans la discrétion, ont accompagné le monde de la chanson de la deuxième moitié du 20ème siècle. Un monde qui disparaît aujourd’hui un peu plus…

Les tricheurs

Enfin, ça y est ! Tel le Beaujolais nouveau, ou plutôt le Pic Saint-Loup, le blog nouveau est arrivé et j’en profite pour vous présenter mes voeux tardifs mais sincères pour la nouvelle année, malgré le fait qu’elle ait commencé lamentablement par de tristes faits divers qui me font de plus en plus aimer les chats… L’humanité hélas engendre aussi l’inhumanité !

S’il est cependant des gens qui ont bien terminé l’année 2010, ce sont incontestablement les chanceux qui ont assisté au concert de M dans le nouveau temple de la culture languedocienne : l’Aréna. Pour le même prix ils ont en effet pu écouter notre Jojo national qui nous a refait le coup de la boîte à coucou nous revoilou… Johnny a chanté une belle chanson, merveilleuse déclaration d’amour à sa femme Laetitia : « Tu me fous la gaule ». Il avait déjà chanté à l’époque un truc semblable qui faisait : « Quoi ma gaule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gaule ? » On est en tous cas heureux de savoir que, comme Saint-Eloi, Johnny n’est pas mort, car il chante encore…

Je vais à présent vous parler de quelqu’un qui, à mon avis, commence mal l’année. Le ciel m’en est même tombé sur la tête. Quoi ! L’éternel masculin déguisé en gendre idéal, en cousin, mari, beau-père, pilote d’hélicoptère, lêche-cul, présentateur télé, etc, etc… notre Michou Drucker national lui-même, avait chanté la même chanson que Johnny à l’écrivaine Calixte Beyala qui avait, semble-t-il, fort apprécié la sérénade et l’aubade. Ma déception était même allée crescendo en apprenant que Calixte avait été le nègre – si je puis dire – de Michel qui n’était pas foutu de répondre lui-même à douze questions posées il est vrai par Régis Debray pour un ouvrage qui n’a finalement pas été publié… Quelle histoire ! Pour ce (difficile ? fastidieux ?) travail, Calixte qui n’avait tout de même pas perdu le sens des réalités financières, avait demandé la modeste somme de 250000 €, ce qui met la question à près de 22000 € l’unité… Il est vrai qu’on est loin ici du jeu des mille euros, ou de questions pour un champion. A ce tarif là elle pouvait même dire, comme dans le sketch des Inconnus : Vous pouvez répéter la question ? »

Michel, si tu me lis, et je ne doute pas que tu le fasses car rien de ce qui touche à la chanson ne t’est étranger, toi le grand ami de Jean Ferrat, si tu me lis, ô camarade, sache que si qui que ce soit te pose des questions, même les plus ardues, dis-toi, ô Michel que je peux remplacer Calixte (uniquement pour l’écriture, hein !)… et que mon prix sera plus doux. Réflêchis-y et transmet mes amitiés à Poivre d’Arvor si tu le vois, moi je vais au ciné-club, on y passe « Les Tricheurs ». Avec Dany Saval !

Enfin un agenda !

Oui ! Tout arrive ! Voilà que nous publions un agenda à jour non seulement de nos spectacles, mais aussi des événements ou autres manifestations qui nous intéressent… Pas mal non pour un début d’année. Bon d’accord il ne s’agit pour l’instant que du premier trimestre 2011, mais croyez-nous : le coeur y est ! (A lire dans la rubrique Agenda)

L’aventure continue…


Devenue compagnie de création et de diffusion, l’Acte Chanson entend continuer à se battre pour la chanson à texte de qualité, pour le respect des métiers artistiques qui lui permettent d’exister et la reconnaissance des liens sociaux qu’elle seule peut tisser…

Que cette nouvelle image de notre blog témoigne de cette volonté renouvellée!

Moins de 2 minutes…

jacques55.jpgLe n° 79 de MagSacem, le magazine des sociétaires de la SACEM, nous en apprend de belles…
Dans un article média intitulé La chanson boudée par la télévision on y découvre par exemple que Au cours des dix dernières années la place de la chansons sur les chaînes hertziennes a chuté de 50 % aux heures de grande écoute…… pour arriver à ce chiffre incroyable : … Moins de 2 minutes, c’est le temps d’antenne consacré à la diffusion de concerts, de prestations plateau et de vidéoclips par les chaînes généralistes entre 20h et 23h chaque jour. Vous avez bien lu : moins de 2 minutes !
Ah ! Elle est belle la télévision française, surtout quand on apprend encore que cette baisse invraisemblable est dûe pour l’essentiel à l’arrêt définitif de la Star Academy et de la Nouvelle Star… J’hallucine ! dirait ma cousine…
Bon ! D’accord, moi personnellement je préfère aller découvrir la chanson sur scène et ce qui se passe à la télévision ne me touche guère… mais c’est aussi de service public qu’il est ici question, et là, je me sens concerné : Oui ! la télévision a sa place dans un grand service public de la Culture… comme le clip est une expression nécessaire, qui fait le lien entre la scène (le spectacle vivant) et l’audiovisuel…
Pourtant, attention danger ! Les choses ne sont pas aussi simples. Que croyez-vous qu’il risque d’advenir ? L’association TPLM (Tous pour la Musique) qui regroupe l’ensemble de la filière musicale, veille,… Le syndicat MMFF (Music Manager Forum France) aussi,… Et les directeurs de programme, et les diffuseurs, et la SACEM elle-même, et… etc, etc… tous ceux pour qui la Musique , l’Art, la Culture, la Chanson sont avant tout des sources de profit, sont aux aguets. On ne plaisante pas avec l’argent. Or la raison fondamentale de cet effondrement de la chanson à la télévision est qu’elle y est conçue exclusivement comme un support de promotion (pour la vente des disques, pour les tournées…) et que cela coûte cher. Conclusion, clament-ils, donnez-nous du pognon (ça s’appelle un soutien financier) comme cela a été fait pour les oeuvres de fiction… Et faï tirar Marius !
Mais si l’on en juge par exemple par les effets qualitatifs de la politique des quotas exigée il y a quelques années par les mêmes personnages, ou par les résultats des sommes importantes englouties jusqu’ici dans des réalisations populistes, navrantes de vulgarité et de médiocrité… C’est pas demain la veille qu’on aura au moins 2 minutes 33 de bonheur !