PAUL VALERY
Les hauteurs de Sète et les vieilles rues du centre historique de Montpellier le savent encore et le murmurent parfois à ceux qui savent écouter : Paul Valery a été lui aussi un jeune homme comme tous les jeunes hommes avant tout soucieux de vivre et d’être heureux… Qui peut s’en étonner ?
Ce toit tranquille où marchent des colombes,
entre les pins palpitent entre les tombes.
Midi le juste y compose de feux
la mer, la mer toujours recommencée…
Ô récompense après une pensée
qu’un long regard sur le calme des dieux.
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Le Vin perdu chanté par Jacques Palliès sur une musique de Gilbert Maurin
LE VIN PERDU
J’ai quelque jour, dans l’Océan
(Mais je ne sais plus sous quels cieux)
Jeté comme offrande au néant
Tout un peu de vin précieux…
Qui voulut ta perte, ô liqueur ?
J’obéis peut-être au devin ?
Peut-être au souci de mon cœur,
Songeant au sang, versant le vin ?
Sa transparence accoutumée
Après une rose fumée
Reprit aussi pure la mer…
Perdu ce vin, ivres les ondes !
J’ai vu bondir dans l’air amer
Les figures les plus profondes…
ROBERT DESNOS
Le cadavre exquis boira le vin nouveau est le premier « cadavre exquis » produit par les Surréalistes. Robert Desnos n’était pas encore du nombre, mais il s’est bien rattrapé par la suite, notamment dans les « vagues de rêves » que suscitèrent les jeux de ses amis d’alors : André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, tous ceux qui littéralement firent exploser la poésie française pour la faire entrer dans la modernité.
Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas métaphysicien… Et j’aime le vin pur disait Robert Desnos. La preuve !
Inclus dans le disque du Vin des Poètes, le poème Couplet du verre de vin a été mis en musique pour la première fois par le pianiste Jean-Luc Michel et chanté par Michel Arbatz dans son très beau disque « Michel Arbatz chante Robert Desnos ».
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Michel-Arbatz-Couplet-du-verre-de-vin.mp3|titles=Michel Arbatz – Couplet du verre de vin]
COUPLET DU VERRE DE VIN
Quand le train partira n’agite pas la main,
Ni ton mouchoir, ni ton ombrelle,
Mais emplis un verre de vin
Et lance vers le train dont chantent les ridelles
La longue flamme du vin,
La sanglante flamme du vin pareille à ta langue
Et partageant avec elle
Le palais et la couche
De tes lèvres de ta bouche.
Le groupe surréaliste (ou Le rendez-vous des amis) d’après Max Ernst
LOUIS ARAGON
… Etrange dialogue que celui mené par Louis Aragon avec son ami Pablo Neruda.
C’était en septembre 1965 ; une fois encore un violent tremblement de terre avait ravagé le Chili et détruit la maison de Pablo Neruda, la Isla Negra, au bord du Pacifique.
Aragon, estimant que la terre les avait trahis, avait alors mêlé ses vers à ceux de son ami, parlant d’ une atroce vendange…
Le Vin des Poètes est parfois chose étrange.
Le premier vin est vin rosé Il est doux comme un enfant tendre
Le second vin est robuste Comme la voix d’un marinier
Le troisième est une topaze Incendie et coquelicot
Pablo Neruda
IL SE FAIT TOUT A COUP PAR LE CIEL…
… Je parle de la terre une fois de plus qui nous a
Trahis…
Terre du peuple où mes genoux s’appuient terre du peuple où je meurtris ce front d’orgueil terre du peuple sans pardon terre du peuple ma patrie
Sourde à mon chant sourde à mon cœur à ma parole ô bien-aimée ainsi que toute bien-aimée
Sourde à l’amour de toi qu’humblement je t’apporte
Pablo donne-moi la main je me perds entre tous ces mots pareils et différents qui semblent fausses portes
Que disais-tu Pablo de ces pieds dans le vin
De ces pieds qui foulaient les raisins de l’automne
Ce vin qui naît des pieds du peuple.
Ah ce n’est pas le vin qui naît des pieds du peuple
Mon ami mais c’est notre sang
Palpe la nuit palpe la pluie palpe tes pleurs
Nous sommes neige d’or naissant
Ô poésie
Nous sommes cette sorte atroce de vendange
Nous sommes le chant égorgé
Nous sommes cette fin du monde cette danse
De septembre
Ô pressoir ô tambour cruel ô pitié de mon ventre
Et pas un vers n’est autre chose que le cri…
(à suivre)
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Debout sous un porche avec un cornet de frites,
…il te manquais un verre de vin que j’aurais aimé trinquer avec toi…