Puisqu’on vous dit : culture !… camarades !

Longtemps je me suis certes levé de bonne heure, mais j’ai aussi lu avec naïveté les pages culture de Libération. Quoi ! ce journal issu de la mouvance soixantehuitarde consacrait tous les jours au moins deux pages aux événements culturels et je ne connaissais jamais personne des artistes dont il parlait, rien de leurs oeuvres… Quel ignare ! Quel provincial peut-être, à l’écart de tous les grands bouleversements culturels, de toutes les avancées artistiques !… J’étais nul, et c’est d’ailleurs à peu près à cette époque qu’a commencé à proliférer cette collection implacable : Les Nuls !

… Même en chanson je voyais tout à coup surgir des hordes de jeunes gens appelés à transformer le monde dès le lendemain matin grâce à leur musique, des groupes à l’esprit révolutionnaire évidemment chevillé aux guitares et aux provocations programmées par les attachés de presse… Or je n’en connaissais aucun (ni aucune me disais-je avec le souci de la parité.) Pourquoi ? Comment une telle nullité ? Avais-je râté un train ?

Et puis un jour je me suis rendu compte que, non content de méconnaître les artistes dont on me disait le génie purificateur, j’avais aussi la tendance irréversible de les oublier dans l’instant… et que je n’étais pas le seul dans ce cas. Tout le monde les avait aussitôt oubliés et je ne suis pas sûr que les journalistes de Libé eux-mêmes (ceux qui savaient pourtant) auraient été capables de se rappeler leurs immenses qualités.

En vérité, comme toute marchandise au firmament de notre société, ils étaient passés, remplissant plus ou moins efficacement leur rôle marchand, mais aussi idéologique… car en matière de culture la détente est double camarade artiste, et si ton destin est avant tout d’occuper une place dans la sphère marchande, il est aussi de contribuer à ce que l’édifice, pourtant contraire aux lois de la nature, ne se casse pas la figure.

A ce jeu je découvris soudain que Libération était très fort, parvenant à me convaincre de mon inutilité puisque je ne trouvais pas ma place dans ce que le journal décrivait, ni comme public, ni comme acteur…

Au fait savez-vous pourquoi je vous raconte tout ça ? J’ai lu ce matin l’Hérault du Jour (comme tous les matins, nul n’étant parfait) et notamment les deux pages consacrées au bilan 2011 de la culture à Montpellier… Or, à une exception près, je ne me suis reconnu dans aucun des spectacles, des événements, des moments, des artistes, évoqués par le journal…

Vous avez dit : nullité !?

Tiens ! Une chanson de Jacques Palliès ! (Aux guitares : Pascal Corriu)

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jacques-Palliès-Où-sont-les-équipages.mp3|titles=Jacques Palliès – Où sont les équipages]

2 réponses sur “Puisqu’on vous dit : culture !… camarades !”

  1. De 2 choses l’une, grand Jacques : soit l’Acte Chanson et toi (et nous) n’avez rien fait à Montpellier en 2011, soit aucun journaliste de l’Hérault du Jour n’a daigné se déplacer, voire s’y interesser…

    Asinus asinum fricat *, nous ne devons pas être de la même asinerie !

    * L’âne fraie avec l’âne

  2. Comme quoi la saucisse devant la fac des sciences n’est qu’un Theta mal fait il est certes.
    Y’a beaucoup de plus important nos étudiants, on ne peut pas manger que des pattes à l’eau, il ne faut bien manger pour faire monter notre industrie, on est pas des couillons nous avons un savoir faire en France
    Arrêtez d’achetez nos substances grises, au CNRS, INSERM et autres….

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *