Johnny soit qui mal y pense !

L’idole des jeunes de cinq générations – Johnny Halliday himself – a sorti un nouveau disque, et ce qu’il y a de surprenant pour moi, c’est l’aspect de ce disque collector, celui que vont s’arracher les fans inconditionnels et qui se revendra à prix d’or d’ici quelques années… Je vous en fais juge : sur le boitier du disque on voit Johnny les bras en croix (mais pas dans la poussière); l’idole  (au look Salut les Copains  plutôt qu’Optic 2000) est attachée sur une croix avec une pudique guitare pour masquer sa virile nudité… Et c’est là que je suis resté atteré, choqué, baba : aucune réaction dans les médias, silence radio. J’ai presque envie de dire : Monseigneur Lefèvre reviens, ils sont devenus mous !

Mais que font donc en effet les catholiques intégristes ? Alors qu’ils s’indignent pour un crucifix pieusement conservé dans un peu d’urine (aux propriétés sanitaires bien connues). Ne sont-ils pas choqués par ce blasphème qu’est la représentation du Seigneur sur la croix par un chanteur subversif, alcoolique, camé, hédoniste, amateur de jeunes femmes… ?

Dans le temps, lorsque John Lennon avait déclaré que les Beatles étaient plus célèbres que Jésus, un vent de sainte colère et d’indignation bénie avait soulevé les soutanes du Landernau vaticanesque. Quand Martin Scorcese avait sorti son film « La dernière tentation du Christ » on avait failli assister à une vraie croisade. Quand l’affiche du film de Godard « Je vous salue Marie » représentant la Vierge crucifiée avait commencé à être placardée, le pape avait chié des bulles et l’excommunication coulait à flot. Mocky lui aussi avait fait scandale avec une affiche montrant des anges à l’identité sexuelle dépourvue de toute ambiguité et on avait du les retirer des couloirs du métro parisien…

Or voilà que Johnny fait pire et on s’en fout. cela paraît normal au plus fondamentaliste des cathos, pas de levée de boucliers chez l’autorité ecclésiastique… Bientôt en vérité on va remplacer les cantiques par les chansons de Johnny. Plus de « Je vous salue Marie », mais un « Oh ! Marie, si tu savais »; pendant la messe des morts on chantera « dans la poussière les bras en croix » ou « requiem pour un fou »; pour célébrer le Seigneur, on entonnera « Que je t’aime » ou « Si j’étais un charpentier »…

Devant cette inertie complice, il faut se rendre à l’évidence : Johnny a un statut à part, il est sanctifié et le blasphème en fait est de s’attaquer à lui. D’autant plus que c’est un miraculé : lui aussi est ressucité, sorti du coma. J’ai d’ailleurs eu confirmation de tout cela dernièrement à la télé au cours d’un reportage sur les guérisseurs. On y voyait un de ces thaumaturges soignant ses clients grâce à un tableau représentant Johnny superstar. En effet, grâce à l’énergie cosmique émanant du modèle et se traduisant par des craquements en des endroits précis, le thérapeute pouvait aisément diagnostiquer la pathologie de sa patientèle. Ah ! que c’est le foie, le pancréas, la rate, le gésier, répondait l’oeuvre d’art ! Ah ! que c’est le dos… Si j’osais, je conseillerais pour plus d’efficacité un tableau de Laetitia la sainte qui a sauvé la vie de son mari…

A Montpellier le 15 août, on célèbre Saint Roch, gageons que  ce sera bientôt Saint Rock n’Roll !

Une pensée sur “Johnny soit qui mal y pense !”

  1. Il y a peut-être une autre explication, Jean-Pierre : peut-être que, malgré ce qu’on essaie de nous faire croire, tout le monde se fout de Johnny, même les calotins !!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *