Philippe FORCIOLI
« A pas de loup, à plume d’oiseau, à voix de sarment et de source, il a fait de la chanson son territoire d’homme libre. » (Anne-Marie Paquotte – Télérama)
Amoureux des Lettres, de la nature et de la Corse, un petit peu des Corbières aussi, enfant de Brassens et de Félix Leclerc, depuis plus de trente ans Philippe Forcioli roule sa bosse poétique aux quatre vents, indifférent aux tentations du showbiz comme au flux des modes.
Chanteur par excellence de la connivence, de la complicité avec le public, il aime plus encore cette même connivence et cette même complicité avec dame Nature et c’est dans cette sorte d’idéal qu’il a croisé la route du vin, à hauteur d’hommes !
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VENDEMIAIRE
Je suis de race d’hommes Ouverts sur le côté
Si je meurs à l’été Je renais en automne
Les raisins des vendanges Me font ressusciter
Il me plait de chanter À la vigne louange
Ah les vignes Au petit matin
Soleil cligne Au creux des chemins
On est là pour se jeter Sur les grappes comme des bêtes
Elles ont la hanche fluette Et le sein lourd dans la main
Je trépigne comme un jouvenceau C’est ma ligne
Qu’on me donne un seau À pleine gueule que je l’emplisse
De tous ces petits soleils bruns Que 9a saigne que ça pisse
La boucherie va son train
Vin vin Sang de la misère
Vin vin Cœur du grand mystère
Le Christ qui t’a béni Il avait bon goût pardi
Il savait l’âme humaine L’enfer et le paradis
Vin vin Cul de la bouteille
Vin vin Larmes de la treille
Je perlerai mes sanglots Au ballon de tes voyages
Et riant de mes mirages Je roulerai dans le caveau
Je m’en tape C’est la fête ici
Tournez grappes Jusque dans mon lit
J’en ai brassé des myriades Constellations de raisins
Des entailles aux doigts des mains Me rappellent la bataille
Grasse ivresse Aux guirlandes d’or
Joie paresse Et caresse encore
J’suis moitié gréco-latin Dyonisiaques et bacchanales
Moitié judéo-chrétien À Cana j’étais à table
Vin vin Sang de la misère
Vin vin Cœur du grand mystère
Allah et ses interdits Et yoga et ses régimes
Ah ça jamais je le crie N’arracheront ma feuille de vigne
Vin vin Cul de la bouteille
Vin vin Larmes de la treille
Je perlerai mes sanglots Au ballon de tes voyages
Et riant de mes mirages Je roulerai dans le caveau
Tournez tournez tonneaux Sifflez gargantes à tous les pots
À tire-larigot oh oh oh À tire-larigot
Un vent des anges M’a décoiffé
Sont-ce des vendanges de malignes fées
Qui m’auraient versé dans le coteau
Oh oh oh
Pour tirer de ma glotte Chansons de poivrot
Vigneronne trinquons à l’amour
Viens luronne Il nous reste un jour
Sur un lit de feuilles rousses De mousse ou de champignons
Te croquerai le menton La Madelon faisait carrousse
Viens viens Novembre s’approche
Viens viens Soleil s’effiloche
Viens viens Cache-toi dans ma poche
Viens viens Nous ferons les cloches
Je suis de race d’hommes Ouverts sur le côté
Si je meurs à l’été Je renais en automne
Les raisins des vendanges Me font ressusciter
Il me plait de chanter
Allain LEPREST
Si le vin n’avait pas existé, Allain Leprest l’aurait inventé. Lui qui fut le plus grand auteur, récent, de chansons françaises a toujours eu un rapport très fort avec le vin.
Déjà en son adolescence il écrivait dans Madola, chanson écrite avec son ami Fabrice Plaquevent (Julien Heurtebise) et publiée dans le disque « Chansons du temps qu’il fait » : Encore un verre j’arrive, encore un verre personne poinçonne mon billet dans les charters du spleen…
Ces charters qui ont fini par s’envoler et disparaître avec le poète.
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LE TEMPS DE FINIR LA BOUTEILLE
J’aurai rallumé un soleil
J’aurai réchauffé une étoile
J’aurai reprisé une voile
J’aurai arraché des bras maigres
De leurs destins mille enfants nègres
En moins de deux, j’aurai repeint
En bleu le coeur de la putain
J’aurai renfanté mes parents
J’aurai peint l’avenir moins grand
Et fait la vieillesse moins vieille
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la bouteille
J’aurai touché la double paye
J’aurai ach’té un cerf-volant
Pour mieux t’envoler, mon enfant
Un lit doux et un abat-jour
Pour mieux l’éteindre mon amour
Dans une heure, un litre environ
J’aurai des lauriers sur le front
Je s’rai champion, j’aurai cassé
La grande gueule du passé
Ca s’ra enfin demain la veille
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la boutanche
Et vendredi sera dimanche
J’aurai planté des îles neuves
Sur les vagues de la mère veuve
J’aurai dilué la lumière
Dans la perfusion de grand-mère
J’aurai agrandi la maison
Pour y loger tes illusions
J’aurai trouvé du pain qui rime
Avec des pièces d’un centime
Rire et pleurer, ce s’ra pareil
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la bouteille
Et chiche que la poule essaye
De voler plus haut qu’un gerfeau
Chiche que le vrai devient le faux
Que j’abolis le noir, le blanc,
La prochaine guerre et celle d’avant
Les adjudants de syndicats
La soutane des avocats
Les carnets bleus du tout-Paris
Le dernier-né du dernier cri
La force, le sang et l’oseille
Le temps de tuer la bouteille
Le temps de tuer la bouteille
Le temps de finir la bouteille
Je t’aurai recollé l’oreille
Van Gogh et tué le corbeau
Qui se perche sur ton pinceau
Encore un pleur, encore un verre
La rue marchera de travers
Le vent poussera mon voilier
Je serai près de vous à lier
Tout au bout de la ville morte
Des loups m’attendront à la porte
J’voudrais qu’mes couplets les effrayent
Le temps de tuer la bouteille
L’écriture d’Allain Leprest est à la fois ce batonnet qui pétille sur le gâteau des fêtes d’enfants et l’explosif que le résistant accroche aux piliers d’un pont à l’approche du convoi ennemi…
Allain Leprest qui nous a quitté en août 2011, écrivait comme Paul Fort « cultivait ses pommes », comme une évidence qui parcourait toute la partition des émotions humaines, les bonheurs comme les drames, c’est à dire aussi les jeux et les joies.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/17-AudioTrack-17.mp3|titles=17-AudioTrack 17]
Chanté par Gérard Pierron
OU VA LE VIN QUAND IL EST BU
1- Où va le vin quand il est bu
A Miami à Malibu
Qu’importe les pissotières du monde
Quand le tonneau lâche la bonde
Les saisons s’en trouvent repues
Où va le vin quand il est bu
2- Quand il est bu où va le vin
Dans un caniveau, un ravin
Il faut bien que ton cœur s’abreuve
Que la rivière enfante un fleuve
Ce que la Garonne devint
Quand il est bu où va le vin
3- Le vin bu sait-on où il va
En Jamaïque ou en Java
Ainsi nos os au cimetière
Il retourne arroser sa terre
Comme le raisin en rêva
Le vin bu sait-on où il va
4- Où va le vin quand il est bu
On pourrait croire qu’il est bu
Au lieu où nos baisers se forgent
Redescendre dans notre gorge
A l’endroit pile où il a plu
Où va le vin quand il est bu
5- Où va le vin quand il est bu
Me vient un dessin de Cabu
Qui peignait Eugène Bizeau
Né vigneron dans le berceau
Mort à cent cinquante guère plus
Où va le vin quand il est bu
6- Quand il est bu où va le vin
Le buveur n’est pas un devin
Terres en friche ou terres riches
Quand on se le trinque on s’en fiche
Moi je m’en fous j’écris des vers
Qui veut le savoir offre un verre
Gérard PIERRON
On l’a vu dans les pages qui précèdent : les chanteurs « connus » qui ont célébré le vin sont finalement assez nombreux,…, comme s’il s’agissait d’une sorte de passage obligé pour affirmer son… humanité… libre…
Parmi eux Gérard Pierron, qui n’est certes pas le plus connu, occupe une place tout à fait particulière, celle d’avoir consacré toute une partie de sa vie d’artiste et d’homme à ces célébrations dont le but est de nous grandir et non de nous réduire à quelques veuleries, d’aller chercher en nous les signes, même les plus ténus, de ce qui fait la grandeur des hommes et non ce qui les rabaisse à de pâles instincts…
Cette chanson d’Yves Sandrier qui a donné son nom à l’album de Gérard Pierron en est la belle illustration.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Chante-vigne-chante-vin.mp3|titles=Chante vigne chante vin]
CHANTE VIGNE CHANTE VIN
Ce soir-là j’avais du bon temps
Un bel amour à mes côtés
Les rayons du soleil couchant
Au fond de mon verre étoilé
Ce beau soir-là je voulais vivre
Loin de ce que j’avais connu
Ce soir-là j’étais un peu ivre
Plus que je ne l’aurais voulu
Chante vigne chante vin
Chasse la peine des hommes
chante vigne chante vin
la vraie chanson de l’automne
sans la vigne sans le vin
ce beau soir-là ne vaudrait rien
Autour de moi comme à la foire
La terre se mit à tourner
Donc il aurait fallu ce soir
Etre ivre mort pour en douter
C’est que le ciel était si pur
C’est que le vent m’était si bon
C’est que la grappe était si mûre
Et le baiser tellement long
Chante vigne chante vin
Chasse la peine des hommes
chante vigne chante vin
la vraie chanson de l’automne
sans la vigne sans le vin
mon amour ne vaudrait rien
Pardonne-moi ma tant aimée
Si ce soir-là je n’ai pas su
Du vin nouveau de ton baiser
Lequel des deux valait le plus
Tu l’oublieras ta jalousie
Si tu savais si tu savais
Comme ce soir de sa magie
Le vin nouveau t’embellissait
Chante vigne chante vin
Chasse la peine des hommes
chante vigne chante vin
la vraie chanson de l’automne
sans la vigne sans le vin
ma chanson ne vaudrait rien
ma chanson ne vaudrait rien
Voilà vraiment les auteurs que j’aime. Ce n’est pas une découverte, mais c’est bien de les remettre en écoute.