Pierre PERRET
Auteur splendide de chansons populaires de grande qualité, avec un nombre étonnant de « tubes », Pierre Perret a naturellement mis le vin à son répertoire. On est loin certes des Jolies colonies de vacances, de Tonton Cristobal ou de Lily, mais la chanson existe et mérite pleinement sa place ici.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/04-Le-Vin.mp3|titles=04 Le Vin]
LE VIN
Si le bon Dieu nous a donné
Dans sa largesse un trou sous le nez
Pour baiser nos maîtresses
Pour compléter son souhait divin
Il voulut qu’on y verse
De temps en temps un verre de vin
Je cherche une fille en vain
Qui m’aime autant que j’aime le vin
Qui boira mon Bourgogne
Et mon Bordeaux mon Saint-Julien
Et leur violente sève
Coulera le feu dans nos reins
REFRAIN:
Claque ta langue
Fille de Bacchus
Contre la mienne
Et gloire à Vénus
Tandis qu’elle goûte à mon Latour
Au Chambertin au Saint-Amour
Sous sa robe vermeille
Elle m’offrira le fin bouquet
De sa divine treille
Au parfum d’ambre et de muguet
J’écouterai le doux babil
Qu’engendre le Mouton-Rothschild
Et ses fraîches papilles
Cajoleront le grand Pétrus
Qui fait jouer aux filles
L’amour sur un stradivarius
REFRAIN
Elle saura se méfier de l’eau
Le nez dans le clos de Vougeot
Ou fleurant la vanille
Dans le gracieux Château Giscours
J’aimerai qu’elle s’habille
De ce parfum pour nos amours
Sortant mes lettres de cachet
Avec le noble Montrachet
La belle peut me rendre
Et en caresses et en bécots
En accolements tendres
Cent fois le prix de son écot
REFRAIN
Qu’un jour nos académiciens
Boivent quelques gouttes de vin
Ils auront le courage
De définir ce mot abscons
Qui est tout à leur image
Il rime avec le frais Mâcon
Si le bon Dieu nous a donné
Dans sa largesse un trou sous le nez
Pour baiser nos maîtresses
Pour compléter son souhait divin
Il voulut qu’on y verse
De temps en temps un verre de vin
REFRAIN
Guy BEART
Scientifique diplômé de l’Ecole des Ponts et Chaissées, Guy Béart débute dans la chanson en 1954. Comme la plupart des artistes de l’époque, il se multiplie dans les cabarets parisiens et le succés vient finalement assez vite puisqu’il est Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros dès 1958.
C’est au tout début des années 60 qu’il se consacre à des chansons françaises traditionnelles qu’il adapte au goût du jour et fait chanter à des millions de Français. Ainsi la complainte de ce Brave marin revenu en son auberge et où le vin joue d’évidence un rôle primordial, comme souvent dabns les drames.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Brave-Marin1.mp3|titles=Brave Marin]
Magnifique interprétation par Les Frères Jacques
BRAVE MARIN
Brave marin revient de guerre, tout doux (bis)
Tout mal chaussé, tout mal vêtu,
Brave marin, d’où reviens-tu, tout doux.
Madame, je reviens de guerre, tout doux (bis)
Apportez vite du vin blanc,
Que le marin boive en passant, tout doux.
Brave marin se met à boire, tout doux (bis)
Se met à boire et à chanter,
la belle hôtesse soupirait tout doux.
Ah! Dites-moi, la belle hôtesse, tout doux (bis)
Regrettez-vous votre vin blanc
Que le marin boit en passant? tout doux.
C’n’est pas mon vin que je regrette, tout doux (bis)
Mais c’est la mort de mon mari,
Monsieur, vous ressemblez à lui, tout doux.
Ah! Dites-moi, la belle hôtesse, tout doux (bis)
Vous aviez de lui trois enfants,
Et j’en vois quatre maintenant, tout doux.
On m’a écrit de ses nouvelles, tout doux (bis)
Qu’il était mort et enterré,
Que je me suis remariée, tout doux.
Brave marin vide son verre, tout doux (bis)
Sans remercier, tout en pleurant,
S’en retourne à son bâtiment, tout doux.
Jacques BREL
Naturellement plutôt porté sur la bière comme tous les gens du Nord, Jacques Brel a su apprécier le vin et le dire dans ses chansons. Le vin est chez lui un accompagnement indispensable de la fête mais aussi l’exutoire des plus sombres destins; comme dans ce funèbre Dernier repas.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Jacques-Brel-Le-dernier-repas.mp3|titles=Jacques Brel – Le dernier repas]
Jacques Brel accueilli dans les années 60 par Jean-Pierre Lesigne
à l’Auberge du Pet au diable, près de Montpellier
A mon dernier repas
Je veux voir mes frères
Et mes chiens et mes chats
Et le bord de la mer
A mon dernier repas
Je veux voir mes voisins
Et puis quelques Chinois
En guise de cousins
Et je veux qu’on y boive
En plus du vin de messe
De ce vin si joli
Qu’on buvait en Arbois
Je veux qu’on y dévore
Après quelques soutanes
Une poule faisane
Venue du Périgord
Puis je veux qu’on m’emmène
En haut de ma colline
Voir les arbres dormir
En refermant leurs bras
Et puis je veux encore
Lancer des pierres au ciel
En criant Dieu est mort
Une dernière fois
A mon dernier repas
Je veux voir mon âne
Mes poules et mes oies
Mes vaches et mes femmes
A mon dernier repas
Je veux voir ces drôlesses
Dont je fus maître et roi
Ou qui furent mes maîtresses
Quand j’aurai dans la panse
De quoi noyer la terre
Je briserai mon verre
Pour faire le silence
Et chanterai à tue-tête
A la mort qui s’avance
Les paillardes romances
Qui font peur aux nonnettes
Puis je veux qu’on m’emmène
En haut de ma colline
Voir le soir qui chemine
Lentement vers la plaine
Et là debout encore
J’insulterai les bourgeois
Sans crainte et sans remords
Une dernière fois
Après mon dernier repas
Je veux que l’on s’en aille
Qu’on finisse ripaille
Ailleurs que sous mon toit
Après mon dernier repas
Je veux que l’on m’installe
Assis seul comme un roi
Accueillant ses vestales
Dans ma pipe je brûlerai
Mes souvenirs d’enfance
Mes rêves inachevés
Mes restes d’espérance
Et je ne garderai
Pour habiller mon âme
Que l’idée d’un rosier
Et qu’un prénom de femme
Puis je regarderai
Le haut de ma colline
Qui danse qui se devine
Qui finit par sombrer
Et dans l’odeur des fleurs
Qui bientôt s’éteindra
Je sais que j’aurai peur
Une dernière fois.
MON ONCLE BENJAMIN
Ayant abandonné la scène des music-halls, Jacques Brel choisit un jour de s’exprimer au cinéma. Comme acteur certes, mais aussi comme réalisateur (les succès du premier ne présageant pas d’ailleurs des difficultés du second).
Brel acteur ? Sur scène il était déjà le comédien-chanteur par excellence, vivant ses chansons comme personne. A l’écran il se révéla immense dans des rôles certes taillés sur mesure pour lui, mais auxquels il conféra une immédiate et pleine vérité… Ainsi cet Oncle Benjamin que le modeste écrivain Claude Tillier semble avoir écrit spécialement pour lui. Un siècle et demi plus tôt !
Ma foi c’est un triste soldat
Que celui qui ne sait pas boire
Mon oncle Benjamin, au dire de tous ceux qui l’ont connu, était l’homme le plus gai, le plus drôle, le plus spirituel du pays…
Toutefois mon oncle Benjamin n’était pas ce que vous appelez trivialement un ivrogne, gardez-vous de le croire. C’était un épicurien qui poussait la philosophie jusqu’à l’ivresse et voilà tout. Il avait un estomac plein d’élévation et de noblesse. Il aimait le vin, non pour lui-même, mais pour cette folie de quelques heures qu’il procure, folie qui déraisonne chez l’homme d’esprit d’une manière si naïve, si piquante, si originale, qu’on voudrait toujours raisonner ainsi. S’il eut pu s’enivrer en lisant la messe, il eut lu la messe tous les jours. Mon oncle Benjamin avait des principes : il prétendait qu’un homme à jeun était un homme encore endormi ; que l’ivresse eut été un des plus grands bienfaits du Créateur, si elle n’eût fait mal à la tête, et que la seule chose qui donnât à l’homme la supériorité sur la brute, c’était la faculté de s’enivrer.
Boire et manger sont deux êtres qui se ressemblent ; au premier aspect, vous les prendriez pour deux cousins germains. Mais boire est autant au-dessus de manger, que l’aigle qui s’abat sur la pointe des rochers est au-dessus du corbeau qui perche sur la cime des arbres. manger est un besoin de l’estomac ; boire est un besoin de l’âme. Manger n’est qu’un vulgaire artisan, tandis que boire est un artiste. Boire inspire de riantes idées aux poètes, de nobles pensées aux philosophes, des sons mélodieux aux musiciens ; manger ne leur donne que des indigestions…
(à suivre)
Es tu sur que Guy beart est diplômé des ponts et chaissees?
Bravo c est vraiment sympa tout ce que tu nous fait lire
Bises
Dan Besnainou