Il y a toujours un bistrot avec un type et une guitare…
(Michel Trihoreau)
Le temps des chansons, qui est quand même un des principaux temps de ce livre, est enfin arrivé… Qu’on se le dise !
GEORGES BRASSENS
A tout seigneur tout honneur ai-je envie de dire au moment de commencer ce premier chapitre chanson du « Vin des Poètes ». C’est avec Georges Brassens en effet que j’ai choisi d’ouvrir ces pages, et avec cette chanson qu’il me semble entendre depuis toujours : « Le Vin » ! Est-ce à cause des racines familiales évoquées dans la chanson ? Plutôt de mes études d’œnologie ? A moins que ce ne soit mon goût pour le vin ?…
Peu de viticulteurs pourtant du côté de Sète ; plutôt des négociants, à l’exception cependant des vignerons éleveurs de picpoul sur les bords de l’Etang de Thau. Le picpoul, un cépage qui donne un vin blanc sec idéal pour accompagner poissons et coquillages…
LE VIN
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Le-vin-chanté-par-Jacques-Palliès.mp3|titles=Le vin – chanté par Jacques Palliès]
Avant de chanter Ma vi’, de fair’ des Harangues,
Dans ma gueul’ de bois J’ai tourné sept fois Ma langue…
J’suis issu de gens Qui’étaient pas du gen- re sobre…
On conte que j’eus La tétée au jus D’octobre…
Mes parents ont dû M’trouver au pied d’u-ne souche,
Et non dans un chou, Comm’ ces gens plus ou Moins louches…
En guise de sang, (O noblesse sans Pareille !)
Il coule en mon cœur La chaude liqueur D’la treille…
Quand on est un sa-ge, et qu’on a du sa-voir-boire,
On se garde à vue, En cas de soif, u-ne poire…
Une poire…ou deux, Mais en forme de Bonbonne,
Au ventre replet Rempli du bon lait D’l’automne…
Jadis, aux Enfers, Certe’, il a souffert, Tantale,
Quand l’eau refusa D’arroser ses a- mygdales…
Etre assoiffé d’eau, C’est triste, mais faut Bien dire
Que, l’être de vin, C’est encore vingt Fois pire…
Hélas ! il ne pleut Jamais du gros bleu Qui tache…
Qu’ell’s donnent du vin, J’irai traire enfin Les vaches…
Que vienne le temps Du vin coulant dans La Seine !
Les gens, par milliers, Courront y noyer Leur peine…
LE BISTROT
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Georges-Brassens-le-bistrot.mp3|titles=Georges Brassens – le bistrot]
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur un’ place
L’est un vieux bistro
Tenu par un gros
Dégueulasse
Si t’as le bec fin
S’il te faut du vin
D’premièr’ classe
Va boire à Passy
Le nectar d’ici
Te dépasse
Mais si t’as l’gosier
Qu’une armur’ d’acier
Matelasse
Goûte à ce velours
Ce petit bleu lourd
De menaces
Tu trouveras là
La fin’ fleur de la
Populace
Tous les marmiteux
Les calamiteux
De la place
Qui viennent en rang
Comme des harengs
Voir en face
La bell’ du bistro
La femme à ce gros
Dégueulasse
Que je boive à fond
L’eau de tout’s les fon-
tain’s Wallace
Si dès aujourd’hui
Tu n’es pas séduit
Par la grâce
De cett’ jolie fée
Qui d’un bouge a fait
Un palace
Avec ses appas
Du haut jusqu’en bas
Bien en place
Ces trésors exquis
Qui les embrass’ qui
Les enlace
Vraiment c’en est trop
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse
C’est injuste et fou
Mais que voulez-vous
Qu’on y fasse
L’amour se fait vieux
Il n’a plus les yeux
Bien en face
Si tu fais ta cour
Tach’ que tes discours
Ne l’agacent
Sois poli mon gars
Pas de geste ou ga-
re à la casse
Car sa main qui claqu’
Punit d’un flic flac
Les audaces
Certes il n’est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse
Pas né le chanceux
Qui dégèl’ra ce
Bloc de glace
Qui fera dans l’dos
Les cornes à ce gros
Dégueulasse
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur un’place
Une espèc’ de fée
D’un vieux bouge a fait
Un palace.
GRAEME ALLWRIGHT
Lui nous vient de Nouvelle-Zélande, et toujours avec une guitare comme beaucoup en ces temps-là. On lui doit quelques chansons très oenophiles dont il a fait des classiques, de celles qu’on sait sans le savoir et qu’on reprend autour de la table, en famille ou entre amis. Il s’appelle Graeme Allwright… et il chante encore !
Mon pauvre ami tu vois pas clair, le vin t’a trop saoulé.
Ce n’est qu’une vieille casserole que grand-mère m’a donnée
Dans la vie j’ai vu pas mal de choses bizarres et saugrenues
Mais une vieille casserole en feutre ça je n’l’ai jamais vu.
… Ou bien encore cette célèbre « jolie bouteille » sur une musique de Tom Paxton.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Sacree_Bouteille.mp3|titles=Sacree_Bouteille]
JOLIE BOUTEILLE
Refrain :
Jolie bouteille, sacrée bouteille
Veux-tu me laisser tranquille
Je veux te quitter je veux m’en aller
Je veux recommencer ma vie
1-J’ai traîné dans tous les cafés
J’ai fait la manche bien des soirs
Les temps sont durs j’suis même pas sûr
De me payer un coup à boire
Refrain
2-J’ai mal à la tête et les punaises me guettent
Mais que faire dans un cas pareil
Je demande souvent aux passants
De me pater une bouteille
Refrain
3-Dans la nuit j’écoute la pluie
Un journal autour des oreilles
Mon vieux complet est tout mouillé
Mais j’ai toujours ma bouteille
Refrain
4-Chacun fait ce qui lui plait
Tout l’monde veut sa place au soleil
Mais moi l’m’en fous j’n’ai rien du tout
Rien qu’une jolie bouteille
Refrain
LEO FERRE
Ce n’est certes pas la meilleure chanson de Léo Ferré; pourtant, dit-il : Quand j’vois rouge ça fait jaser… comme si l’artiste ne pouvait jamais oublier ce qu’il est, ni qui il est.
Et comment ne pas noter à propos de cette chanson que Léo Ferré fut aussi vigneron en Toscane et que l’on peut toujours boire le vin issu de ses vignes.
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Lame_du_rouquin.mp3|titles=L’ame_du_rouquin]
L’AME DU ROUQUIN
A coups d’ roulis
A coups d’ rouquin
Il n’est pas dit
Qu’ ça fass’ très bien
Moi j’ m’enlumin’ le genre humain
Du tiers du quart
Tout m’est égal
Mais quand l’ cafard
Déball’ ses mall’s
Moi j’ me débin’ jamais trop tard
L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Ça gueule un peu
Dégueule en deux
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En deux copains
Ça fait qu’on n’est jamais tout seul
Quand on s’ technicolor’ la gueul’
L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Suffit d’en jouer
Pour s’y bercer
Qu’ j’y voye tout blanc
Ou bien rosé
Ça m’fait bon vent
Et bon gosier
Mais quand j’ vois roug’ ça fait jaser
Y’a du canon
Dans la contrée
Ah ! nom de nom !
Quel bien ça fait
Mais quand ça boug’ y’a plus d’ question
L’âme du rouquin
C’est comm’ le pain
Ça fait pousser
Les p’tits français
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En moins de rien
Paraît d’ailleurs qu’on s’rait les seuls
A s’technicolorer la gueul’
Nous on s’en fout
Buvons un coup
Que chante enfin
L’âme du rouquin
(à suivre)
Et un petit coup de BRASSENS en 1957, première version du vin sans le renverser.
Jacques PALLIÈS l’a aussi chanté après avoir bu un verre, j’espère.
http://www.youtube.com/watch?v=QjuW9hLUv-w&feature=share
J’la connais pas, que j’vaye la chantouiller tantôt.