VIN DES POETES – Episode 17 : Le temps des chansons (1)

 Il y a toujours un bistrot avec un type et une guitare…                      

(Michel Trihoreau)                     

Le temps des chansons, qui est quand même un des principaux temps de ce livre, est enfin arrivé… Qu’on se le dise !

 GEORGES BRASSENS

A tout seigneur tout honneur ai-je envie de dire au moment de commencer ce premier chapitre chanson du « Vin des Poètes ». C’est avec Georges Brassens en effet que j’ai choisi d’ouvrir ces pages, et avec cette chanson qu’il me semble entendre depuis toujours : « Le Vin » ! Est-ce  à cause des racines familiales évoquées dans la chanson ? Plutôt de mes études d’œnologie ? A moins que ce ne soit mon goût pour le vin ?…

 Peu de viticulteurs pourtant du côté de Sète ; plutôt des négociants, à l’exception cependant des vignerons éleveurs de picpoul sur les bords de l’Etang de Thau. Le picpoul, un cépage qui donne un vin blanc sec idéal pour accompagner poissons et coquillages…

 

LE VIN

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Le-vin-chanté-par-Jacques-Palliès.mp3|titles=Le vin – chanté par Jacques Palliès]

Avant de chanter Ma vi’, de fair’ des Harangues,

Dans ma gueul’ de bois J’ai tourné sept fois Ma langue…

J’suis issu de gens Qui’étaient pas du gen- re sobre…

On conte que j’eus La tétée au jus D’octobre…

 

Mes parents ont dû M’trouver au pied d’u-ne souche,

Et non dans un chou, Comm’ ces gens plus ou Moins louches…

En guise de sang, (O noblesse sans Pareille !)

Il coule en mon cœur La chaude liqueur D’la treille…

 

Quand on est un sa-ge, et qu’on a du sa-voir-boire,

On se garde à vue, En cas de soif, u-ne poire…

Une poire…ou deux, Mais en forme de Bonbonne,

Au ventre replet Rempli du bon lait D’l’automne…

 

Jadis, aux Enfers, Certe’, il a souffert, Tantale,

Quand l’eau refusa D’arroser ses a- mygdales…

Etre assoiffé d’eau, C’est triste, mais faut Bien dire

Que, l’être de vin, C’est encore vingt Fois pire…

 

Hélas ! il ne pleut Jamais du gros bleu Qui tache…

Qu’ell’s donnent du vin, J’irai traire enfin Les vaches…

Que vienne le temps Du vin coulant dans La Seine !

Les gens, par milliers, Courront y noyer Leur peine…

 

LE BISTROT

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Georges-Brassens-le-bistrot.mp3|titles=Georges Brassens – le bistrot]

 

Dans un coin pourri

Du pauvre Paris

Sur un’ place

L’est un vieux bistro

Tenu par un gros

Dégueulasse

 

Si t’as le bec fin

S’il te faut du vin

D’premièr’ classe

Va boire à Passy

Le nectar d’ici

Te dépasse

 

Mais si t’as l’gosier

Qu’une armur’ d’acier

Matelasse

Goûte à ce velours

Ce petit bleu lourd

De menaces

 

Tu trouveras là

La fin’ fleur de la

Populace

Tous les marmiteux

Les calamiteux

De la place

 

Qui viennent en rang

Comme des harengs

Voir en face

La bell’ du bistro

La femme à ce gros

Dégueulasse

 

Que je boive à fond

L’eau de tout’s les fon-

tain’s Wallace

Si dès aujourd’hui

Tu n’es pas séduit

Par la grâce

 

De cett’ jolie fée

Qui d’un bouge a fait

Un palace

Avec ses appas

Du haut jusqu’en bas

Bien en place

 

Ces trésors exquis

Qui les embrass’ qui

Les enlace

Vraiment c’en est trop

Tout ça pour ce gros

Dégueulasse

 

C’est injuste et fou

Mais que voulez-vous

Qu’on y fasse

L’amour se fait vieux

Il n’a plus les yeux

Bien en face

 

Si tu fais ta cour

Tach’ que tes discours

Ne l’agacent

Sois poli mon gars

Pas de geste ou ga-

re à la casse

 

Car sa main qui claqu’

Punit d’un flic flac

Les audaces

Certes il n’est pas né

Qui mettra le nez

Dans sa tasse

 

Pas né le chanceux

Qui dégèl’ra ce

Bloc de glace

Qui fera dans l’dos

Les cornes à ce gros

Dégueulasse

 

Dans un coin pourri

Du pauvre Paris

Sur un’place

Une espèc’ de fée

D’un vieux bouge a fait

Un palace.

 

GRAEME ALLWRIGHT

Lui nous vient de Nouvelle-Zélande, et toujours avec une guitare comme beaucoup en ces temps-là. On lui doit quelques chansons très oenophiles dont il a fait des classiques, de celles qu’on sait sans le savoir et qu’on reprend autour de la table, en famille ou entre amis. Il s’appelle Graeme Allwright… et il chante encore !

Mon pauvre ami tu vois pas clair, le vin t’a trop saoulé.

Ce n’est qu’une vieille casserole que grand-mère m’a donnée

Dans la vie j’ai vu pas mal de choses bizarres et saugrenues

Mais une vieille casserole en feutre ça je n’l’ai jamais vu.

… Ou bien encore cette célèbre « jolie bouteille » sur une musique de Tom Paxton.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Sacree_Bouteille.mp3|titles=Sacree_Bouteille]

 

JOLIE BOUTEILLE

Refrain :

Jolie bouteille, sacrée bouteille

Veux-tu me laisser tranquille

Je veux te quitter je veux m’en aller

Je veux recommencer ma vie

1-J’ai traîné dans tous les cafés

J’ai fait la manche bien des soirs

Les temps sont durs j’suis même pas sûr

De me payer un coup à boire 

Refrain 

2-J’ai mal à la tête et les punaises me guettent

Mais que faire dans un cas pareil

Je demande souvent aux passants

De me pater une bouteille

Refrain 

3-Dans la nuit j’écoute la pluie

Un journal autour des oreilles

Mon vieux complet est tout mouillé

Mais j’ai toujours ma bouteille 

Refrain 

4-Chacun fait ce qui lui plait

Tout l’monde veut sa place au soleil

Mais moi l’m’en fous j’n’ai rien du tout

Rien qu’une jolie bouteille 

Refrain 

 

LEO FERRE

 

Ce n’est certes pas la meilleure chanson de Léo Ferré; pourtant, dit-il : Quand j’vois rouge ça fait jaser… comme si l’artiste ne pouvait jamais oublier ce qu’il est, ni qui il est.

Et comment ne pas noter à propos de cette chanson que Léo Ferré fut aussi vigneron en Toscane et que l’on peut toujours boire le vin issu de ses vignes.

[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Lame_du_rouquin.mp3|titles=L’ame_du_rouquin]

L’AME DU ROUQUIN

A coups d’ roulis
A coups d’ rouquin
Il n’est pas dit
Qu’ ça fass’ très bien
Moi j’ m’enlumin’ le genre humain
Du tiers du quart
Tout m’est égal
Mais quand l’ cafard
Déball’ ses mall’s
Moi j’ me débin’ jamais trop tard

L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Ça gueule un peu
Dégueule en deux
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En deux copains
Ça fait qu’on n’est jamais tout seul
Quand on s’ technicolor’ la gueul’
L’âme du rouquin
C’est comm’ Chopin
Suffit d’en jouer
Pour s’y bercer

Qu’ j’y voye tout blanc
Ou bien rosé
Ça m’fait bon vent
Et bon gosier
Mais quand j’ vois roug’ ça fait jaser
Y’a du canon
Dans la contrée
Ah ! nom de nom !
Quel bien ça fait
Mais quand ça boug’ y’a plus d’ question

L’âme du rouquin
C’est comm’ le pain
Ça fait pousser
Les p’tits français
Ça va ça vient
Ça fait coup double
Et l’on s’ dédouble
En moins de rien
Paraît d’ailleurs qu’on s’rait les seuls
A s’technicolorer la gueul’
Nous on s’en fout
Buvons un coup
Que chante enfin
L’âme du rouquin

 

 (à suivre)

 

2 réponses sur “VIN DES POETES – Episode 17 : Le temps des chansons (1)”

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