Pour accompagner ces premiers propos à caractère « historique », écoutez cette création du guitariste Marc Roger, du groupe Soleil Nomade, en hommage à l’écrivain et journaliste marseillais Jean-Claude Izzo. (A la 2ème guitare : Jean-Loïc Hannais; à la contrebasse : Laurent Clain; au saxo : Richard Altier).
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Soleil-nomade-Olé.mp3|titles=Soleil nomade – Olé]
Pour commencer
Le vin est apparu il y a près de 8000 ans, dans le triangle fertile
du Proche-Orient, ce creuset des civilisations, berceau de l’agriculture
autant que de l’écriture et des premières grandes métropoles.
Philippe Brénot
(Le Vin et l’Amour – Editions Féret)
De tout temps et en tous lieux le vin a inspiré les écrivains, les poètes, les chansonniers… Depuis la plus haute Antiquité et jusqu’en Chine ! Pas une littérature qui y échappe (seuls les Eskimos peut-être, ou les Indiens d’Amérique), pas une époque… Pas une religion, pas une philosophie… si l’on veut bien ignorer certes les tribus aborigènes d’Australie, ou les Pygmées d’Afrique, qui ont trouvé dans d’autres sources les breuvages nécessaires, aux rives de la magie, pour continuer à affronter leurs peurs, dialoguer avec leurs Dieux, continuer à croire à des lendemains meilleurs, même immuables.
En vérité il serait sans doute plus juste de dire que le vin est surtout présent à l’origine de nos civilisations dites développées… En Méditerranée d’abord, puis partout où nous avons pu mener les échanges commerciaux sans que cela nuise aux qualités du produit, partout ensuite où nous nous sommes installés dans le monde… Y sont donc aussi présents tout ce que le vin a apporté avec lui : la patience et l’ivresse, l’introspection et l’humanisme, la poésie la plus intime et les chants communs, l’égoïsme et l’amour le plus échevelé définitivement mêlés au cœur des bouteilles, des cuves, des amphores, des gourdes, des citernes…
Les écrivains, les poètes, les chansonniers n’ont cessé de le dire et de le répéter : le vin est homme !
La vigne des temps préhistoriques
Depuis quelques années les recherches s’intensifient pour essayer de détecter les plus anciennes traces de vin.
Shoulaveris Gora, site situé entre le mont Ararat et le Caucase, daté d’environ 8000 ans a livré des pépins de raisin de vigne cultivée et des poteries présentant des traces de vin.
Un autre site situé un peu plus à l’ouest, Arslan Tepe daté également d’environ 8000 ans a livré également des pépins et des enduits vinaires sur des céramiques.
Une équipe de chercheurs américains a décelé la présence d’acide tartrique sur une amphore vieille de près de 6000 ans produite par la civilisation sumérienne d’Uruk.
La civilisation sumérienne est bien antérieure à celle de l’Egypte qui ne livrera les premières traces de vin que vers 3500 av. J.C. Uruk, Suse et Babylone ont donc fait bien avant une large place à la vigne et au vin.
Vigne et vin apparaissent en Grèce il y a environ 4500 ans. Nos vignes cultivées occidentales proviennent-elles du travail de nos ancêtres sur diverses souches locales de lambrusques ou s’agit-il d’importation de ceps provenant d’Asie ?…
Michel Bouvier
(Le vin c’est tout une histoire – JEAN-PAUL ROCHER Editeur)
Dès les premiers écrits de l’histoire des hommes, le vin est présent comme un facteur de civilisation…
Ainsi bien avant la Bible, l’épopée de Gilgamesh raconte l’histoire du Déluge, l’histoire de Noë ici nommé Utanapishtim, un roi viticulteur doté de la vie éternelle qui, sur le conseil d’un dieu, construit un immense bateau pour sauver ce qui reste de l’humanité…
Chaque jour je tuais des bœufs et des moutons, raconte-t-il, et pour les travailleurs je fis couler à flots le vin rouge, le vin blanc et le vin nouveau… C’était la fête comme au temps de l’année nouvelle. Au septième jour la construction du bateau était terminée.
Ailleurs dans la légende, on découvre Enkidu, créé à l’image de Gilgamesh pour le combattre. Façonné dans l’argile, c’est en lui apprenant à manger du pain et à boire du vin qu’on lui donne son humanité…
Les origines du vin
Pour les amateurs de vin, plongés dans le monde d’aujourd’hui, qu’elle est étrange cette carte des origines du vin ! La Mésopotamie, l’Euphrate, Babylone… comme ils chantent ces noms qui pourraient être ceux d’appellations magnifiques : Mésopotamie contrôlée, Côtes d’Euphrate ou du Tigre, château Babylone ou Ninive… Comme ils chantent ces noms pourtant livrés à présent à tant de barbaries nouvelles, à tant de négations humaines !
Mais nous savons n’est-ce-pas que là où est né le vin, là où nos civilisations prirent leur envol, la vie, la vraie vie ne peut que renaître…
[audio:http://www.actechanson.fr/wp-content/upload/Gilbert-Maurin-Mes-voyages-en-ballon.mp3|titles=Gilbert Maurin – Mes voyages en ballon]« Sur la carte la géographie de la liberté et celle du vin sont les mêmes »
chante donc Gilbert Maurin mon complice dans le cabaret du vin
à qui je dédie ce livre.
Gilbert est l’auteur d’un très beau disque intitulé VINS
qui regroupe 16 chansons
dont il a écrit – avec quelle belle conviction – la plupart des paroles et des musiques.
(à suivre)