Qu’ils s’en aillent tous !

J’avoue que ce mot d’ordre lancé par un homme politique au demeurant sympathique me paraissait jusqu’ici entaché d’un certain populisme… Un peu trop facile quoi !

… Et puis il y eut la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, le Yémen, la quasi totalité du monde arabe « républicain » d’où montait la voix tonnitruante des peuples. « Avant tout, qu’ils s’en aillent ! » criaient partout les manifestants. « Qu’ils partent ! » les Ben Ali, les Moubarack, leurs familles, leurs séides… Qu’après des dizaines et des dizaines d’années de pouvoir sans partage ils laissent enfin la place et qu’on ne se souvienne d’eux que pour les juger, les condamner, leur faire payer les saccages, les crimes, les monstruosités…

Comme beaucoup sans doute je me suis dit aussi que les occidentaux, décidemment, nos chefs d’état, nos ministres, nos puissants de tout bord, n’avaient pas à faire les fiers et à donner une fois encore des leçons au monde. « Pas de violence ! » murmuraient-ils, « Des changements peut-être, mais dans l’ordre : »… vieilleries idéologiques mille fois répétées avec une cannonière sur le fleuve, une armée dans la place et des dégats collatéraux bientôt effroyables…

Oui ! Je me suis dit : et s’ils s’en allaient aussi ? Quelqu’un peut-il encore les croire irremplaçables ? Et que la terre s’arrêterait de tourner s’ils n’étaient plus là ? Que la crise deviendrait plus profonde que ce qu’ils ont eux-mêmes provoqué ? Que les drâmes soudain frapperaient plus qu’aujourd’hui les populations livrées à elles-mêmes ?

Bêtement, au bout de quelques instants j’ai souri et j’ai repensé au mot d’ordre de notre homme politique : Qu’ils s’en aillent tous ! Et je me suis amusé à imaginer les « dégats » que provoqueraient les départs des hommes politiques, des grands patrons, des hauts cadres de la fonction publique, des responsables culturels (à tous les niveaux, ouais !),…, tous remplacés par des collectifs citoyens, une démocratie directe assumée, à l’échelle des quartiers, des entreprises, des villages…

Pardieu – et j’étais soudain redevenu sérieux – il y avait bien peu de dégats, mais beaucoup d’air frais !

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